La Capitaine Crown a été enlevé, mutilé et torturé à mort avant de passer l'arme à gauche. Son second, Mr Redmont se fait son exécuteur testamentaire pour ses cinq bâtards :
- Siltje l'arnaqueuse hollandaise qui souhaite revenir au pays pour faire valoir les titres de leur noblesse de sa défunte mère
- son frère jumeau Jonah, un fou de Dieu qui souhaite revenir au pays pour le reconvertir à la foi catholique
- Faroh, un colossal négrier métis
- le naufrageur défiguré Victor
- le mousse Mael
Il souhaite les mener à la Perla de Oro, un galion espagnol plein à craquer de trésors arrachés aux Amérindiens que leur père a volé au nez et à la barbe de son équipage qu'il n'a pas hésité à trahir… Mais l'un d'entre eux est aussi celui qui a assassiné son regretté capitaine !
L'ambiance est un peu à la "Usual Suspect" : les cinq héritiers se soupçonnent les uns les autres, leur guide les soupçonnent tous et l'équipage se doute bien qu'eux et Redmond cachent quelque chose donc les marins Vries, Tendresse, la Coque et le bosco Whelp espionnent pour connaître le fin mot de cette affaire… Durant un attaque de la Navy, les masquent tombent et au-delà des twists finaux, l'ultime cliffhanger de ce tome 1 est glaçant.
On sent derrière le grimm & gritty voire le côté freaks un récit froid, sombre et cruel, où les chiens des mers sont les alliés des grandes puissances en temps de guerre mais des criminels à abattre en temps de paix, qui puise dans les films de genre des années 1970, quand la violence à fait irruption dans la culture populaire et au cinéma en particulier. Car je ne me voile pas la face : on est un récit de pirates spaghetti, et je suis sûr que les auteurs connaissent non seulement leurs classiques sergioleoniens mais aussi "Le Corsaire noir" de Sergio Sollima (et aussi "La Chair et le sang" de Paul Verhoeven, puisqu'on en reprend la scène de viol). le grand tour de force, c'est que l'ombre tutélaire de Capitaine Crown plane sur les personnages de la première à la dernière page mais que celui-ci n'est jamais montré donc on ne peut se l'imaginer qu'à travers les souvenirs lointains, parcellaires et divergents de ses bâtards…
Les graphismes de Patrick-Henaff, assisté aux couleurs de Jean-Noël le Moal, sont appréciables et collent parfaitement à l'atmosphère qu'on a voulu installer, notamment ces superbes planches en noirs et blancs qui s'inspirent du "Sin City" de Frank-Miller (d'où le grimm & gritty et le côté froid, sombre et cruel). Il y a des fluctuations et quelques maladresses dans le tome 2, qui donne l'impression qu'on a fini un peu à l'arrache, mais franchement rien de bien méchant…
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Ce diptyque est un récit sur la piraterie avec son éternelle chasse aux trésors ainsi que tous les poncifs du genre. L'originalité sera sans doute le destin de ces cinq enfants de putain à qui le capitaine Crown promet un héritage digne de ce nom. Un seul arrivera à tirer son épingle du jeu. Reste à savoir lequel.
Je m'attendais sans doute à quelque chose de mieux. Cela reste malgré tout divertissant. Bref, un pitch classique mais bien mené. Il est vrai que dans le même genre flibusterie, la série "John Long Silver" se situe deux cran au-dessus. En conclusion, une bd de plus sur la piraterie qui remplit son quota d'aventures.
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Crow venait d’une famille protestante. Il avait été élevé dans la haine des papistes, son propre père avait eu les mains et la langue clouées au mât de son navire par les Espagnols, alors qu’il était venu fonder une colonie de huguenots aux Amériques, et puis ils avaient coulé le bateau. Tout ça pour dire qu’on menait la vie dure aux Français, et plus encore aux Espingouins. C’étaient de belles années. Mais Crown se sentait vieillir. Il mit pas longtemps pour tomber raide dingue d’une petite pas farouche. Eden, qu’elle s’appelait. Le genre à faire repousser les couilles d’un eunuque. Elle lui fit promettre de prendre une plantation quelque part avec elle. Mais pour ça, il lui fallait un dernier bon gros paquet d’or…
- Dis-moi, frérot… T’y crois, toi, au bien et au mal.
- Bien sûr, mon fils, c’est la ligne tracé par notre seigneur pour séparer l’homme de la bête. […]
- Le mal n’existe pas. Chacun fait comme il peut. […] Il n’y a pas de bien ! Pas de mal ! Juste la survie du plus fort !!! Vous avez inventez la culpabilité pour que les couilles molles dans ton genre puissent survivre sur le dos des imbéciles comme des parasites.
- Pourrir aux mouettes le matin, et se découvrir riche comme un pape à midi, c’est qu’il y a un Dieu pour les innocents !
- Parlez plutôt d’un diable.
Tue-moi, ou tais-toi. Mais ne me menace jamais.
C'est posséder un trésor que de jouir d'une santé parfaite.
Le premier tome de "la forêt du temps" est disponible en librairie. Il s'agit d'une aventure fantastique, dans laquelle on suit un groupe d'enfants en quête du fragment de la pierre du temps qui a disparu...
Mais qui de mieux que le scénariste de la série, Tristan Roulot, pour nous en parler ? Écoutez son interview et lisez un extrait gratuit de la BD sur notre site !