Dans ce tome 2 qui poursuit et conclut le récit, la course au trésor se transforme en survival car les survivants de l'Astarté s'élancent à la poursuite des cinq enfants de putain pour récupérer le magot tandis que Yaya l'amazonien fait bande à part pour tuer ceux qui ont assassiné son seul ami…
Le petit Mael qui n'a connu que gentillesse de la part de son père et n'a pas encore développé sa marque (le Capitaine Crown était un lépreux qui a transmis sa maladie à sa descendance), ne comprend pas la haine des ses demi-frères et demi-sœurs envers leur géniteur. Chaque personnage se dévoile dans la plus grande tradition des films à la Sergio Leone :
- la cynique Siltje retrouve brièvement l'espoir d'accomplir le rêve d sa défunte mère violé par son géniteur de revenir en Europe et de faire revivre le domaine familial quand elle apprend que ses lettres de noblesse existent encore
- l'illuminé Jonah, gueule d'ange souffrant le martyr à cause la lèpre qui l'a rendu eunuque, entrevoit avec le possibilité d'accomplir l'autre rêve de leur défunte mère… (défendre la cause catholique dans la Hollande protestante)
- le métis Faroh que son géniteur a abandonné lui et sa mère malgré ses promesses, souhaite trouver une place dans un monde raciste où la prêtresse-prostituée d'Erzulie qui l'a mis au monde a été lynchée par les siens à cause de son succès auprès des hommes…
- le violent Victor qui n'a ni Dieu ni maître et qui crache sa haine à la Terre entière se damnerait pour retrouver un lambeau de sa vie d'avant, quand il n'était pas défiguré par la lèpre et quand son père n'avait pas encore massacré sa mère adultère
On meurt beaucoup, violemment et salement : les derniers rescapés se retrouvent dans un vilain marron pour découvrir une nouvelle trahison du Capitaine Crown, qui avait promis que lui ou ses enfants viendraient un jour délivrer les naufragés d'un navire négrier pour les ramener dans leur Afrique natale… Et là on entre dans le dernier acte du récit, entre "L'Homme qui voulut être roi" et "Aguirre la colère de Dieu"… Triste et amère fin pour tout le monde, y compris pour celui qui avait le coeur pur et qui espérait tourner la page de cette cruelle tragédie…
C'est très bon, voire excellent mais le propos est à mon sens dense pour un album de 48 page : un cycle de 3 tomes, avec un tome 2 consacré au survival et un tome 3 dédié à la chute libre de tous et de toutes dans les abîmes de la folie humaine n'aurait pas été de trop…
On sent derrière le grimm & gritty voire le côté freaks un récit froid, sombre et cruel, où les chiens des mers sont les alliés des grandes puissances en temps de guerre mais des criminels à abattre en temps de paix, qui puise dans les films de genre des années 1970, quand la violence à fait irruption dans la culture populaire et au cinéma en particulier. Car je ne me voile pas la face : on est un récit de pirates spaghetti, et je suis sûr que les auteurs connaissent non seulement leurs classiques sergioleoniens mais aussi le Corsaire noir de Sergio Sollima (et aussi "La Chair et le sang" de "Paul Verhoeven", puisqu'on en reprend la scène de viol). le grand tour de force, c'est que l'ombre tutélaire de Capitaine Crown plane sur les personnages de la première à la dernière page mais que celui-ci n'est jamais montré donc on ne peut se l'imaginer qu'à travers les souvenirs lointains, parcellaires et divergents de ses bâtards…
Les graphismes de Patrick Hénaff, assisté aux couleurs de Jean-Noël le Moal, sont appréciables et collent parfaitement à l'atmosphère qu'on a voulu installer, notamment ces superbes planches en noirs et blancs qui s'inspirent du "Sin City" de Frank Miller (d'où le grimm & gritty et le côté froid, sombre et cruel). Il y a des fluctuations et quelques maladresses dans ce tome 2, qui donne l'impression qu'on a fini un peu à l'arrache, mais franchement rien de bien méchant…
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Une clôture de diptyque très réussie qui vient, sans équivoque, trouver sa place sur le même piédestal que d'autres aventures du même genre telles Long John Silver, Hannibal Meriadec, Barracuda, Le diable des sept mers…
Lire la critique sur le site : Sceneario
- Pourquoi tu n’a pas de boucle à l’autre oreille, maman ?
- Parce que je l’ai donné à ton père, Faroh. Il me la rendra le jour où il viendra nous chercher, il l’a promis.
- C’est ton amoureux ?
- C’est ça mon bébé.
- Alors pourquoi c’est toujours d’autres hommes qui viennent te voir ?
- C’est mon pouvoir, Faroh… L’amour est mon pouvoir. Tu vois les cadeaux qu’ils amènent à chaque visite ? Ce sont leurs offrandes.
Tu es très fort, Faroh, très fort… Ta force est ton pouvoir… Mais la force n’est rien sans la peur. Sache de faire craindre Faroh…
Le premier tome de "la forêt du temps" est disponible en librairie. Il s'agit d'une aventure fantastique, dans laquelle on suit un groupe d'enfants en quête du fragment de la pierre du temps qui a disparu...
Mais qui de mieux que le scénariste de la série, Tristan Roulot, pour nous en parler ? Écoutez son interview et lisez un extrait gratuit de la BD sur notre site !