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Critique de bina


bina
26 novembre 2012
Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau.

Je ne m'attendais pas à un tel discours sous la plume de Jean-Jacques Rousseau, et l'académie de Dijon, qui a organisé ce concours, a du être aussi bien surprise. Cela ne l'a pas empêché de désigner Rousseau comme lauréat, lançant ainsi sa popularité.
Je m'attendais, vu l'époque d'écriture, à une réflexion sur les Lumières, et nous entrons dans une diatribe contre les sciences et les arts, auxquels il oppose la vertu. Vertu dans son sens premier, celui d'être au service des autres. Il remonte à l'Antiquité et fait référence à de multiples civilisations, souvent disparues dans leur état premier, pour apporter de l'eau à son moulin.
Dans les siècles passés, selon lui, une civilisation qui refusait l'accès aux sciences et aux arts était forte, il était bon d'être ignorant, ces peuples perdaient leur puissance au fur et à mesure qu'ils « s'éclairaient ». Les sciences et les arts sont donc perçus comme « des guirlandes de fleurs sur des chaînes de fer », c'est-à-dire qu'ils servent à camoufler la réalité du régime oppresseur. La culture met un vernis d'hypocrisie sur les actions des hommes, ce qui ne permet plus de clairement comprendre l'Autre. Pour exemple, il met en avant Sparte, connu pour « la sagesse des lois » et son « heureuse ignorance », qu'il oppose à Athènes, dont le recours aux beaux-arts plonge l'état dans le vice. le vrai courage « s'énerve » (au sens littéral, privé de nerf), et les vertus militaires disparaissent, ainsi s'explique la chute de grands empires (grecs, romains…)
Il explique alors le processus de perversion : les arts sont nourris par le luxe, la jurisprudence par les injustices humaines, l'Histoire n'existe que parce qu'il y a des tyrans, des guerres, des conspirateurs. La science est donc INUTILE, car elle éloigne les hommes du droit chemin de la vertu. Si la science est inutile, les autres arts le sont encre plus
Il termine sa démonstration en précisant que ceux qui refusent de se plier aux conventions du succès, et de la gloire, ceux qui refusent de s'avilir (allusion à lui-même) sont donc condamnés à vivre dans l'oubli et la pauvreté.

En conclusion, j'ai été déçue par cette démonstration. Mais qui suis-je pour m'opposer au grand Rousseau ? Malgré sa démonstration, je ne parviens pas à le suivre. Il laisse complètement de côté les références à Dieu si fréquentes à cette époque, les arts et les sciences devant alors pour certains nous rapprocher de Dieu, et non nous en éloigner. Avec ce paradoxe de Rousseau, nous pourrions bien fabriquer un sujet de philo pour le bac, sur le rôle des sciences et des arts dans la société. Peut-être Rousseau avait-il une perception futuriste des Arts, lorsqu'on voit aujourd'hui le décalage entre la réalité de certaines oeuvres et leur valeur. Là effectivement, il y a perversion. Ou la remise en cause de la recherche pure, sans aboutissement concret pour le bien de tous.
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