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EAN : 9782020351362
974 pages
Seuil (02/02/1999)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Née de l’union de plusieurs tribus germaniques sous la houlette des rois francs, et définie par le partage de l’Empire de Charlemagne, la « Francie orientale », future Allemagne, devint pour mille ans le siège et le support de l’Empire romain rénové, au destin intimement lié à celui de l’Italie.

Dans la désignation officielle du pays, le mot « allemand » n’apparaît qu’en 1815. Si en France l’État s’est forgée une nation, en Allemagne, la nation a pris... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Natif de Munich, et ayant quitté l'Allemagne avec l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, pour s'installer en France, capturé pendant l'occupation pour fait de résistance, Joseph Rosenthal, qui avait adopté le nom de Joseph Rovan, ne fut pas identifié par les Nazis comme Juif et survécut à son passage par les camps. Il appuya de ses conseils et de ses connaissances de nombreux responsables politiques et hommes d'État français et allemands après la Seconde Guerre mondiale.

Son Histoire de l'Allemagne des origines à nos jours est devenue un classique. Bien qu'écrit de tête, pour une bonne part, au fil de la plume, plutôt que construit page après page à l'aide de références détaillées ou d'une chronologie rigoureusement suivie (encore qu'il y ait bien un ordre dans les dates retenues pour servir le propos de l'ouvrage), cet opus offre le sérieux de quelqu'un qui a appliqué sa réflexion sur les données essentielles de l'histoire allemande et les problématiques qu'elle soulève.
Il écarte bien des thèses antérieures à son travail, que ce soit : sur les origines de la "race germanique" (sérieusement relativisée) ; sur la complexité des relations entre les peuplades germaniques et les Romains dans la période antique (loin des simplifications qui laissaient penser que battus à Teutoburg les Romains en restèrent à établir entre et ces "barbares" une frontière étanche) ; sur le sens unique donné aux événements regardés comme marquants et surinterprétés par d'autres avant lui mais sur lesquels il porte un autre regard (comme par exemple sa façon d'aborder la question de la Querelle des Investitures qui opposa longtemps la Papauté au Saint-Empire romain germanique et qui lui permet de montrer comment les relations entre pouvoirs temporel et spirituel furent souvent un jeu d'équilibre entre recherche de compromis ou affirmation de puissance, avec sous la plume de Rovan beaucoup plus de nuances que chez beaucoup d'historiens) ; sur la primauté du "régionalisme" et des duchés ou autres entités politiques par rapport aux tentatives d'instauration d'un pouvoir centralisé par une autorité impériale aux prérogatives sans cesse contestées en raison du mode électif qui portait sur le trône leurs détenteurs successifs, souvent rivaux et incapables de promouvoir sur une longue durée une succession héréditaire continue comme le feront les rois de France ; sur l'identité culturelle marquée par le mouvement de la Réforme et l'appropriation de la Bible en langue allemande avec Luther ; sur l'influence des individus qui ont dirigé leur État au sein du Saint-Empire ; sur le choc que fut l'intrusion brutale des Français sous la Révolution et l'Empire avec l'irruption de l'esprit national qui conduisit les peuples allemands à envisager de songer enfin à leurs destinées communes ; sur la montée en puissance de la Prusse comme élément "fédérateur", par la force, de toute la sphère germanique ; sur ce qui a conduit à l'aberration du nazisme, qui n'en était pas forcément une si l'on songe qu'une unification à marche forcée ne pouvait se faire que dans la violence totalement libérée, le sentiment de supériorité révélant en creux un complexe d'infériorité dont la compensation par une agressivité sauvage ne pouvait conduire l'Allemagne qu'au bord du chaos et lui faire toucher les limites de sa puissance.
Ces leçons seraient à retenir et à réfléchir à l'heure où l'Allemagne est gagnée, en raison de ses succès économiques et financiers, par la tentation de se croire en position de dominer les autres pays membres de la Communauté européenne et d'imposer sa vision à tous.

Le travail de Joseph Rovan s'arrête bien sûr juste avant, mais on peut penser que si l'auteur avait pu vivre plus longtemps, il l'aurait poussé dans cette direction.

C'est puissant, et s'il n'est pas le fruit d'un effort de recherche, il est surtout un outil pour analyser les enjeux, les contextes et les mouvements de fond qui nous aident à mieux comprendre l'Histoire de l'Allemagne des origines à nos jours.

François Sarindar
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Critique originale suite à ma 1ère lecture en 2014 :

"Histoire de l'Allemagne, des origines à nos jours" : le titre donne tout de suite le ton ; ce livre est une oeuvre ambitieuse, qui propose de retracer l'histoire de la nation allemande depuis ses origines jusqu'à aujourd'hui, ou plus précisément jusqu'en 1999, date de la publication de ce livre, moins de dix ans après la réunification allemande.

Ce livre est passionnant pour quelqu'un comme moi dont le coeur est à moitié allemand et de surcroit passionné par L Histoire. le premier atout de ce livre, c'est que contrairement à bien d'autres livres sur L Histoire allemande, il ne consacre pas un tiers de ses pages à Bismarck, un autre tiers à Hitler et au Troisième Reich, et le troisième tiers au Mur de Berlin et à la séparation entre la RFA et la RDA. L'ampleur de ce livre est bien plus grande, plus ambitieuse. Pour donner une idée, je peux me contenter de dire que Bismarck n'est évoqué qu'à partir du seizième chapitre, après plus de 500 pages sur les 950 que comptent le livre.

Avant cela, nous avons le droit au récit - passionnant - de la constitution de la nation allemande, à la destinée des premiers empereurs, à la Réforme de Luther et à la guerre de religions qui a ensuite dévasté l'Allemagne et réduit sa population de moitié, au règne de Frédéric le Grand, aux conséquences de la Révolution Française sur l'Allemagne. Ensuite, seulement, après tous ces épisodes aussi importants et constitutifs de la nation allemande que les suivants, nous suivons l'avènement du nouvel Empire allemand inspiré par Bismarck, la Première Guerre Mondiale, la République de Weimar, l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, la tragédie du Troisième Reich et de la Seconde Guerre Mondiale, le "partage" de l'Allemagne vaincue entre les anciens Alliés occidentaux et soviétiques, et enfin la chute du Mur de Berlin et la réunification.

Tout n'est pas parfait dans ce livre, mais la perfection est certainement impossible pour une oeuvre de cette ambition et de cette ampleur. Dans la dernière partie du livre, sur la seconde partie du XXème siècle, l'auteur amène son propos vers un moralisme catholique et un anti-communisme (voire un anti-gauchisme) quasiment primaire qui m'ont gênés. Cela n'enlève cependant rien à l'intérêt immense de ce livre, que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à L Histoire en général, et en particulier à celle de l'Allemagne.

Compléments suite à ma 2ème lecture en 2020 :

Si je ne remets pas en cause la qualité et l'intérêt de ce livre qui parcourt toute l'histoire de l'Allemagne, des origines à nos jours, je dois dire que les quelques défauts qui m'avaient gêné lors de ma première lecture m'ont sauté au yeux cette fois-ci, au point de rendre déplaisante la lecture de certaines parties. Je n'aime pas quand un historien porte des jugements de valeur, je considère que ce n'est pas son rôle, d'autant moins quand il le fait sur la base d'une idéologie personnelle.

C'est criant dans le cas précis. Entre cette glorification de l'histoire par les grands hommes, ce mépris pour l'analyse matérialiste et marxiste de l'histoire, la critique du roi de Prusse Frédéric-le-Grand, présenté comme le mal incarné et prédécesseur nihiliste du nazisme, face à la gentille et merveilleuse Marie-Thérèse d'Autriche, sans oublier les gentils Alliés démocrates occidentaux face aux méchants soviétiques totalitaires, j'ai été agacé par les partis pris trop présents, et parfois injustifiés, de l'auteur, qui exprime à mon goût trop ses opinions personnelles, voire ses goûts, dans un ouvrage qui devrait au contraire être objectif.

J'ai décidé de maintenir ma note initiale à 4 étoiles, mais je dois avouer que cette deuxième lecture a été un peu gâchée par les éléments dont je viens de parler et que j'ai ainsi hésité à abaisser ma note à 3 étoiles.
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