Le tatouage de la concubine

Je me demande bien où mon petit frère va dénicher tous ces livres alléchants mais ignorés des Babéliotes. Il faudra que j'enquête comme le fait si bien Sano Ichirô grand investigateur du Shogun avec l'aide de son adjoint Hirata et celle plus insolite en ce 17ème siècle de sa jeune épouse Reiko tout au long des 419 pages de cet excellent policier historique.

Fascinant Japon et intriguant grand intérieur du château Edo où se bousculent les concubines du shogun dans une aile interdite aux hommes hors le médecin qui vient régulièrement contrôler leur fertilité. Que de messes basses, que de lourds secrets, de querelles intestines, de jalousies féroces pour ces recluses dans leur prison dorée. Néanmoins par un réseau connu d'elles seules ...

Une d'entre elles, Harume, meurt empoisonnée alors qu'elle est en train de se tatouer à l'endroit le plus intime le nom de son amant. Le grand intérieur est en émoi et si ce crime n'est pas résolu dans les plus brefs délais c'est le Shogun Tokugawa Tsunayoshi qui risque de basculer. Toute la maisonnée mais aussi tous les notables de l'entourage sont des assassins en puissance et donc suspects. L'affaire s'annonce particulièrement délicate pour Sano. Est-ce encore un piège que lui tend son grand rival le chambellan Yanagisawa ?

L'écriture de Laura Joh Rowland n'est pas particulièrement travaillée, ni poétique mais elle est efficace et nous emmène à la suivre facilement dans toutes les (fausses) pistes que le trio explore. Outre l'intérêt pour ce Japon historique et la découverte des moeurs, des us et coutumes en cours dans cette société féodale et de castes, j'ai particulièrement apprécié la profondeur psychologique de chacun des personnages.

Ainsi les héros ont aussi leurs défauts et une part de noirceur et les suspects ne sont pas que mauvais. C'est un plaisir de les découvrir petit à petit, au fil d'un récit qui nous en apprend aussi sur les jeux de pouvoirs.

Dans le tatouage de la concubine les conflits extérieurs finissent par révéler les conflits intérieurs des personnages qui eux-mêmes vont générer d'autres conflits extérieurs débouchant sur quelques morts tragiques. Un roman qui a donc beaucoup pour plaire.

Plongée dans le Japon du XVIIe siècle. L'histoire est prenante et les personnages bien décrits. On sent fort la patte féministe de l'auteure.