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Critique de Woland


Harry Potter and the Philosopher's stone
Traduction : Jean-François Ménard

C'est dans la banlieue aisée de Londres, 4, Privet Drive, que réside la famille Dursley. le père, Vernon, énorme et moustachu, dirige une entreprise spécialisée dans les perceuses et autres instruments du même type. La mère, Petunia, est une maniaque du ménage. Après son époux, son second amour, c'est son fils, Dudley, qu'elle surnomme allègrement (dans la traduction française, en tous les cas) "Dudleynichou."

Et puis, au numéro 4, Privet Drive, vit aussi le neveu des Dursley, le jeune Harry Potter, seul enfant de la soeur de Petunia, disparue onze ans plus tôt dans un accident de voiture aux côtés de son mari, James Potter. (Telle est en tous cas la version que Harry a toujours entendue jusque là.)

Comme le souligne J.K. Rowling dans je ne sais plus quel passage, on ne peut pas dire que les Dursley privent Harry de nourriture. Cependant, sans évoquer les Thénardier d'hugolienne mémoire, ils n'apprécient pas du tout leur neveu qu'ils laissent allègrement brutaliser par Dudley et ses amis.

D'ailleurs, Harry a droit au placard sous l'escalier en guise de chambre à coucher, c'est tout dire.

Quand débute cette saga promise à l'avenir brillant que l'on sait (mais qui ne se bâtira de bouche-à-oreille qu'à partir du troisième tome), Harry, comme d'ailleurs son cousin, va avoir onze ans. Et c'est quelques jours avant cette date symbolique que la Magie fait son entrée officielle dans son existence.

Harry est en effet né sorcier, fils de sorciers et, en tant que tel, inscrit d'office dès son premier vagissement à l'illustre Ecole de Magie de Poudlard que, conformément à la Tradition, il se doit de rejoindre à la rentrée scolaire suivant ses onze ans.

Cette histoire effarante, qu'il prend au début pour une mauvaise blague, il l'apprend, après bien des péripéties (l'oncle Vernon, traqué par des tonnes de lettres ensorcelées qu'il n'entend pas remettre à leur destinataire, Harry, et qui, de ce fait, soumettent littéralement le 4, Privet Drive à un siège intensif reste un moment-culte du livre autant que du film qui en fut tiré), de la bouche de Rubeus Hagrid, Gardien des Clefs et des Lieux à Poudlard, le même Hagrid qui alla le recueillir tout enfant dans la maison où ses parents avaient été assassinés par Lord Voldemort, le plus grand mage noir de tous les temps.

Cette nuit de cauchemar, dont le jeune garçon ne conserve que le vague souvenir d'une fulgurante lumière verte, lui a en outre laissé sur le front une cicatrice en forme d'éclair, celle que lui infligea la baguette de Voldemort lorsque celui-ci, pour compléter son oeuvre de mort, tenta d'assassiner également le nourrisson.

Seulement voilà : si prodigieuse que fût la magie du Seigneur des Ténèbres (autre nom pour désigner Lord Voldemort), elle n'eut sur Harry aucun effet. Mieux : elle se retourna contre celui qui voulait l'utiliser à son encontre et depuis ce jour, nul ne sait ce qu'est devenu Lord Voldemort.

Mais, ainsi que le dira plus tard Albus Dumbledore, le seul sorcier que Voldemort, qui fut jadis son élève à Poudlard, ait jamais redouté, le Seigneur des Ténèbres ne possédait plus en lui suffisamment d'humanité pour mourir. En foi de quoi, il est quelque part, on ne sait trop où, guettant son heure ...

Tel est le point de départ d'une série pour la jeunesse qui aura marqué la fin du XXème siècle et le début de celui-ci à un degré tel que beaucoup s'en sont agacés. A tort car les aventures de Harry Potter sont aussi morales que celles que nous concoctait jadis la comtesse de Ségur. Simplement, elles sont plus modernes et résolument tournées vers un fantastique qui, d'abord aimable, commence à s'assombrir dès le troisième volume.

Il n'y a pas d'ailleurs que les créatures fantastiques qui se fassent plus inquiétantes. Rowling a eu l'habileté de calquer le "gouvernement" du monde des Sorciers sur celui des Moldus (= les non-sorciers) et le personnage de Dolores Ombrage, qui fait son apparition dans le cinquième volume, s'inspire bien plus de l'Inquisition que des monstres lovecraftiens. Mais nous y reviendrons.

Un volume par année passée à Poudlard : si l'idée n'est pas neuve, elle permet en tous cas à Harry de grandir avec ses lecteurs. Ses émotions et ses angoisses font de même. Et, bien sûr, ses condisciples : tout d'abord, ses deux plus fidèles amis, Ron Weasley qui appartient à l'une des plus vieilles familles de sorciers connues, et Hermione Granger, une Moldue pur-sang dont les parents sont ... dentistes ; mais aussi les inénarrables jumeaux Fred et George, frères aînés de Ron, toujours à l'affût d'une bêtise à faire ou d'une nouveau passage secret à découvrir, Neville Londubat, dont les parents sont devenus fous après avoir été torturés par les sbires de Lord Voldemort et bien d'autres ...

Les professeurs, quant à eux, ne changent guère. D'année en année, tous sont fidèles au poste, sauf celui à qui revient la charge d'enseigner la Défense contre les Forces du Mal - on en connaîtra les raisons dans un autre volume.

Parmi ces enseignants, mention spéciale au professeur Severus Rogue, l'un des personnages les plus ambigus et aussi les plus puissants de la série. Retenez bien son nom ...

... si vous ne le connaissez pas encore, ce dont je doute.

Enfin, on ne se lasse pas de le dire et de l'écrire, la première magie de ce livre, la plus puissante sans doute, est de ramener le lecteur adulte et blasé au temps de son enfance, quand il rêvait encore de sorcières, de balais volants, de dragons ... et d'un univers aussi vaste que ses rêves les plus secrets.

Et c'est pourquoi, en dépit d'un style un peu faible et que la traduction dessert souvent, J. K. Rowling mérite de figurer à jamais au Panthéon des Ecrivains pour la Jeunesse, aux hauteurs vertigineuses où planent depuis longtemps deux autres Anglo-saxons : le très britannique Lewis Carroll et l'australienne Pamela J. Travers, la "mère" de Mary Poppins. ;o)
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