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EAN : 9782890525948
186 pages
Boréal (14/03/1994)
4.06/5   47 notes
Résumé :
Gabrielle Roy relate la vie aventureuse du peintre Pierre Cadorai : sa soif de beauté et de plénitude forment une fable, non seulement de la condition de tout artiste, mais de celle de chacun d'entre nous.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'ai pas jubilé autant depuis l'adolescence à la découverte d'un nouvel auteur !
Pourtant, l'histoire que nous raconte Gabrielle Roy, romancière canadienne francophone, qui m'était totalement inconnue donc jusqu'ici, mais apparemment populaire au Canada, n'a rien en soi d'exceptionnellement singulier en son synoptic du moins.
Un peintre, Pierre Cadorai, en quête d'absolu, de beauté et du sens de sa vie, s'est réfugié dans le Grand Nord Canadien. Il y croise divers personnages, Gédéon tout d'abord, un vieux chercheur d'or solitaire, Nina, jeune serveuse.... dont il croque les portraits car Pierre dessine, puis plus tard peindra, C'est en fait le mystère de la création artistique qui sert de matérialisation à sa quête de vérité, d'intimité avec la nature et les choses, quête infinie d'harmonie qui constitue le sujet du roman.
Sa quête qui se fera de plus en plus exigeante, l'entraînera toujours plus loin, au Québec, en pays du Mackensie... parcours jalonné de bien d'autres rencontres marquantes,.. jusqu'à la découverte enfin de « sa » montagne « fière incomparablement », resplendissante... Mais l'infinie beauté ne se laisse pas apprivoiser si facilement . ne saurait se fixer, ni l'absolu emprisonner... l'hiver approche et la montagne disparaît dans la tempête....Sa quête impérieuse et désespérée de ses espaces intérieurs et sa soif d'ailleurs capables de lui donner la paix et l'harmonie recherchées, se poursuivra et le conduira jusqu'à Paris, puis dans le Midi de la France, la France « la plus humaines des patries ».

Il règne dans ce roman une atmosphère énorme, sauvage, de tension, de douleur, où le personnage de Pierre, insatiable dans sa quête jusqu'à l'obsession, avide de liberté et d'absolu, se confond avec une nature, la nature, immensément grandiose et rebelle, inquiétante autant que généreuse, reine incroyablement belle mais impitoyable... c'est époustouflant de beauté et de tragique condition humaine.
On ne lit pas ce roman, on le vit.

L'écriture quant à elle est d'une richesse inouïe, belle et pure, et surtout unique. Ce ne sont pas les mots, par une recherche d'originalité ou de beauté, non, ce n'est pas cela. Les mots sont simples, appropriés, mais ils sont juste à leur place, à leur sens exact, et alimentent des phrases pleines, nourrissantes, efficaces, Combien de fois ai-je relu un passage pour le seul plaisir d'en savourer la lecture ? Rares sont les livres dont on a envie d'apprendre par coeur des passages entiers... celui-ci pour moi en fait partie.

Incomparablement beau, incomparablement humain. Incomparablement désespérant au sens philosophique que j'attache à ce mot.
Une vraie rencontre en somme pour moi que cette auteure et je crains qu'aucun autre ne la surpasse de sitôt dans mon coeur, mais surtout dans mes tripes.
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Au départ, je n'aurais jamais imaginé l'ampleur de ce prodigieux récit et l'immensité sublime des mots de Gabrielle Roy. Au fil des premières pages, nonobstant mon appréciation envers la plume de l'auteure, je trouvais l'histoire particulièrement étrange et je me demandais clairement dans quoi je m'embarquais. Cependant, mes doutes furent bien vite dispersés au gré des images, dans les fabuleuses contrées du Canada, à savoir Mackenzie et l'Ungava, jusque dans la ville artistique de Paris. Un récit spirituel et envoûtant qui nous emporte au côté de Pierre, cet artiste en quête de sa montagne secrète. Nous traversons avec lui la beauté des paysages et à travers ses yeux, nous voyons toutes les subtilités de chaque détail naturel, allant de la simple goutte d'eau jusqu'à l'immense montagne dont il n'oubliera jamais les contours. Ce livre recèle bien davantage qu'un simple conte ; mais plutôt la beauté du monde, l'immersion totale dans le présent et la quête de soi, ce long chemin ardu de notre vie. Et ce, au sein des étendues nordiques les plus belles qui soient, filant sur les rivières impétueuses ou délicates, croisant à l'occasion le regard de quelques personnes qui intégreront la vie de l'artiste pour quelques instants. Nous suivons cet homme solitaire jusqu'à son illumination et grâce à sa conquête de l'interprétation parfaite des objets, nos regards s'entrouvrent. le mien s'est ouvert, a croisé les parcelles les plus pures de l'univers et a su toucher l'éclat de mon âme. La plume de Gabrielle Roy est sans doute l'une des plus angéliques plumes que j'ai eu l'honneur de rencontrer jusqu'à présent tant une poésie délicate découle de ses mots choisis avec soin. Une rencontre inoubliable, un appel de l'âme !


Pierre Cadorai est un homme solitaire qui vit une vie d'anachorète, méditant avec son âme d'artiste par l'entremise de ses toiles et de ses dessins dont le talent ébloui quiconque les entrevoit. Il est peut-être retiré de la société, a ses déceptions et ses erreurs personnelles, mais au cours de sa quête, il a vu et compris des choses que nulle autre personne ne peut comprendre sans qu'elle ne se détache de la réalité et s'ouvre à la splendeur de l'énergie qui parcoure ce vaste monde. D'autre part, en dépit de son érémitisme, il est constitué d'une ténacité et d'une endurance exemplaires qui feront leurs preuves lors des chemins sinueux qu'il entreprendra. Entre son hivernage dans les bois, ses visites brèves au sein des villages, ses parcours pérennes à travers la flore canadienne, ses moments méditatifs et son passage dubitatif dans la ville touristique de Paris, il fera connaissance avec des êtres qui auront chacun leur impact dans sa pérégrination. À commencer par un vieil homme esseulé et chercheur d'or, sa fille Nina qui a su capter l'essence pur des yeux du voyageur, Steve le chasseur badin qui a un amour inconditionnel pour son loisir, l'honnête inuit fasciné par ses oeuvres, l'étudiant en art Stanislas dont la philosophie témoigne de sa gaieté et finalement Augustin Meyrand, ce maître de l'art tout a fait drastique qui poussera Pierre à se dépasser davantage dans ses peintures. Ainsi s'illuminent tous ces personnages sous la plume svelte de l'auteure, Pierre étant le guide de leur âme, dont la mienne.


En outre, c'est un livre enchanteur qui mérite la caresse de votre attention, car il a tant de choses à nous transmettre. Un chef d'oeuvre québécois émérite qui touchera votre âme et régalera votre imagination dont celui-ci verra défiler les détails les plus simples de la vie primitive, celle que nous avons oublié pour la chaleur de nos logis. Une aventure incontournable au sein de l'art, des paysages canadiens et des trésors que cachent l'unicité de notre esprit. Je lève mon chapeau à Gabrielle Roy et je lui offre une place privilégiée sur ma liste de mes auteurs préférés, son livre ayant l'honneur d'arborer la mention de coup de coeur à perpétuité.

Lien : http://shana.vefblog.net
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Après dix années d'errances en d'autres univers, j'ai eu le goût de renouer avec celui de Gabrielle Roy et, pour mieux savourer ces retrouvailles, j'ai choisi La Montagne secrète que j'avais lu dans ma jeunesse sans être certaine d'avoir tout bien aimé. Je voulais voir si l'adulte en moi apprécierait l'oeuvre ou découvrirait de nouvelles beautés. Certes, le personnage de Pierre Cadorai, le trappeur, est encore bien loin de moi et ses batailles avec la forêt aussi, mais l'homme et le peintre me rejoignent dans leur humanité et leur questionnement sur l'art et la beauté. La nature qu'il apprivoise et contemple donne lieu à de magnifiques descriptions sous la plume de cette grande écrivaine. Et même si quelques inversions nous donnent parfois du fil à retordre, le style est pur et la langue si belle que l'on se surprend à vivre au rythme des hivers et de ces printemps qui libèrent l'eau et la vie.
Entrer dans l'univers de Gabrielle Roy, c'est pénétrer dans un monde fraternel, plein d'humanité si tant est que l'homme est à la fois humain et seul. Là, les contraires coexistent : la forêt répond à la ville, l'affection à la solitude, la quête à la désespérance. le passé devient ici source d'inspiration et les pas incertains finissent toujours par trouver un chemin même si l'absolu ne se trouve parfois que dans une ultime fulgurance. Et nous, sous la finesse psychologique et les mots tout en nuances de l'auteure, on découvre des connaissances irremplaçables sur l'être et sur les routes qu'il emprunte.
La Montagne secrète n'est pas l'oeuvre qui m'a parlé le plus, ce n'est pas la plus facile non plus, mais la recherche d'absolu du personnage demeurera en moi longtemps et, avec Gabrielle Roy, j'ai toujours l'impression de rentrer chez moi. Je la relirai encore.
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Appréciation : Chaque phrase contient en elle-même une leçon de vie. Dans ce récit, on est transporté au coeur de notre grand pays dans ses zones sauvages et arides, là où peu d'hommes sont capables de vivre et c'est là que l'on assiste à la naissance d'un artiste, Pierre Cadorai. Il pratique son art sur des bouts de papiers, des planchettes de bois, en fait sur tout ce qui lui tombe sous la main. Son besoin : exprimer la beauté qu'il voit dans son quotidien. Un monde dur, rude dans ses grands froids d'hiver, intense et où la survie dépend de chaque choix qu'il fera. Par la
suite, j'ai fait une recherche sur ce peintre dont s'est inspirée Gabrielle Roy (René Richard) et j'ai tout de suite aimé ses magnifiques peintures qui pourraient s'apparenter à celles du groupe des sept (7 peintres canadiens du début du 19e siècle)
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Gabrielle Roy s'est inspirée de la vie d'un de ses amis, le peintre René Richard (1895-1982), pour créer le personnage de Pierre Cadorai, peintre-trappeur. Pierre aime plus que tout vivre dans la nature. Il passe sa jeunesse à arpenter inlassablement le Nord du Canada, se risquant dans les régions ou l'homme ne s'aventure guère. Peintre autodidacte, très exigeant avec lui-même, il dessine et peint des animaux sauvages, les personnes qu'il croise sur sa route et surtout... la montagne, son thème de prédilection.

Un jour, fait la rencontre un homme qui va changer le cours de sa vie. Il s'agit d'un père missionnaire qui, subjugué par la qualité de ses oeuvres, lui obtient une bourse pour aller étudier la peinture à Paris. Cette période de sa vie, bien que riche en enseignements, sera sans doute la plus difficile. Pierre n'est pas un homme de la ville...

Roman d'apprentissage et de nature-writing, "la montagne secrète est aussi un roman sur la création artistique. J'ai aimé ce personnage sauvage et attachant. J'ai visualisé les paysages qu'il traversait et tenté d'imaginer sa peinture. En regardant les oeuvres du peintre René Richard, après ma lecture, je me suis rendu compte que j'y étais assez bien parvenue, grâce aux descriptions de Gabrielle Roy.

Bien que j'aie aimé "La montagne secrète", je garde une préférence pour "Ces enfants de la vie", qui m'avait vraiment enchantée (voir : ici)

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
« Tout homme est rare et inimitable par ce que la vie a fait de lui ou lui d'elle. » p. 13.

« Il y avait là comme une histoire écrite sur la neige. Des empreintes la racontaient. » p. 43.

« Depuis si longtemps il n'avait vu ces jeux exquis auxquels se livrent les choses les plus ordinaires sous l'effet de quelque lumière. » p. 56.

« Les fines couleurs éphémères n'avaient plus d'abri et de vie que dans ce regard fixe qui en lui-même les poursuivait. » p. 57.

« À perte de vue, en été, le ciel regarde cette terre vide, et la terre vide regarde ce ciel si curieusement plein de clarté. » p. 89.

« Qui n'a rêvé, en un seul tableau, en un seul livre, de mettre enfin tout l'objet, tout le sujet ; tout de soi : toute son expérience, tout son amour, et combler ainsi l'espérance infinie, l'infinie attente des hommes. » p. 104.

« La mort du présent n'est rien ; c'est la perte de l'avenir en soi qui est déchirante. » p. 124.

« Sans doute entre l'homme et certains aspects de l'univers y a-t-il des ententes secrètes dont rien ne transpire. » p. 145.

« Idée, forme, matière, tout cela n'était qu'un ; la vision même d'une âme, et si claire, si limpide, qu'on y pouvait entrer sans heurt comme dans la vérité. » p. 173.

« Il lui semblait avoir assisté à un geste d'art pur, le peintre en quelques mots brefs, sans hésitations, abandonnant l'entière récolte de sa vie aux seuls amis. » p. 217.

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De pitié, Pierre s'était arrêté, laissant s'abreuver le caribou dont il connaissait, par sa propre soif, la soif intolérable. Puis il se ressaisit, bondit, frappa le cou ployé.
Les yeux du caribou écroulé se tournèrent vers lui, le fixèrent avec une détresse vivante encore, infiniment résignée, puis s'obscurcirent. Alors, transi de froid, Pierre se laissa glisser près du caribou mort qui doucement commença à le réchauffer.
L'aube parut. L'intensité de sa faim ranima Pierre.
Mais quelques heures plus tard, lorsque, l'animal dépecé, un morceau cuit sur un feu vite fait, Pierre porta à sa bouche un peu de cette viande à vrai dire coriace, il eut un haut-le-cœur, s'efforça d'avaler et, subitement, se mit à pleurer. La souffrance des bêtes lui apparaissait infinie, horrible, à jamais inacceptable.
Il voyait des visons ronger leur patte meurtrie par le piège, des chiens hurler leur faim atroce, le regard du caribou mourant. Il mangeait et pleurait - pleurait sur cette création, son inimaginable dureté.
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Toujours donc la même chose, pensait-il. Le talent que l'on a à profusion ne console pas de celui que l'on préférerait. Quel être bizarre que l'homme ! N'est-ce pas toujours un peu sa peine en son œuvre qu'il chérit.
__
De tous les biens que nous recevons, dit-il, aucun ne nous fait plus de mal, malgré tout, que les amis, avec leur confiance en nous, leur espoir... leur attente.
__
Puis lui était venu le sentiment qu'à l'homme tout est vite arraché.
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Il lui semblait que la montagne se plaisait à être regardée et qu'elle lui parlait.
Je suis belle extraordinairement, c'est vrai, disait-elle. En fait de montagne, je suis peut-être la mieux réussie de la création. Cependant, personne ne m'ayant vue jusqu'ici, est-ce que j'existais vraiment ? Tant que l'on n'a pas été contenu en un regard, a-t-on la vie ? A-t-on la vie si personne encore ne nous a aimé ?
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Qui n'a rêvé, en un seul tableau, en un seul livre, de mettre enfin tout l'objet, tout le sujet ; tout de soi : toute son expérience, tout son amour, et combler ainsi l'espérance infinie, l'infinie attente des hommes.
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Vidéo de Gabrielle Roy
Sean Mills lit un extrait du texte ''Ma rencontre avec les gens de Saint-Henri'' de Gabrielle Roy.
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