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EAN : 9782070301676
601 pages
Gallimard (25/08/2003)
3.94/5   2889 notes
Résumé :
La grande aventure des Français au Brésil est un des épisodes les plus extraordinaires et les plus méconnus de la Renaissance.
Rouge Brésil raconte l'histoire de deux enfants, Just et Colombe, embarqués de force dans cette expédition pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. Tout est démesuré dans cette aventure. Le cadre : la baie sauvage de Rio, encore livrée aux jungles et aux Indiens cannibales. Les personnages - et d'abord le chevalier de Vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (218) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 2889 notes
Mon grand tort avec "Rouge Brésil" a sans doute été de me lancer dans ma lecture avec de trop grandes espérances.

Férue de romans d'aventures et, tout particulièrement, d'aventures en mer, et plus spécifiquement encore d'aventures historiques, je pensais me régaler avec ce Goncourt 2001, premier roman de Rufin qu'il m'était donné de découvrir. Un peu comme Chartier ou Colomb, je sentais que j'étais au seuil d'une belle épopée, palpitante de passion et de chaleur tropicale, dans laquelle mes émotions seraient mises à mal... Mais on a toujours tort de vouloir anticiper la trame et la couleur d'un roman. Je me rends compte (une fois de plus) qu'il faut laisser toute liberté au roman de nous montrer "ce qu'il a dans le ventre". Si on veut construire un roman "sur mesure", autant faire une sieste pleine de rêves que notre imagination ne manquera pas de nous inspirer mais ne prétendons pas dicter à un écrivain ce que nous voulons qu'il écrive.

C'est sans doute pourquoi, m'étant mise dans la peau de cette petite fille capricieuse qui demande à sa maman de lui raconter une histoire mais qui chouine dès que celle-ci n'est pas conforme à ce qu'elle attend, je n'ai pas pleinement apprécié ma lecture. le roman en lui-même est très bien construit. Tout commence en France, on cherche à embarquer des "volontaires" pour peupler une colonie au Brésil ; vient la traversée ; l'accostage ne se fait pas sans heurts puis la vie en exil s'organise. L'homme, fidèle à sa nature, applique le schéma de qui construit sa civilisation en en foulant aux pieds une autre, cherche à imposer son autorité puis à y échapper, attend des cieux et de ses chefs des commandements à suivre pour mieux se les approprier ou les rejeter...

Au milieu de ce souffle colonisateur guerrier, deux enfants, les héros, Just et Colombe, parcourent leur propre destinée. Frère et soeur, ils sont l'un pour l'autre un allié naturel dans ce parcours doublement initiatique, celui de l'adolescence et celui de l'exil, duquel il faudra bien s'émanciper à un moment donné, quand les expériences et les aspirations personnelles prendront le pas sur l'épopée commune.

Côté plume, on sent la patte d'un académicien. Si le fond est très bien documenté, la forme est alourdie par un style souvent pesant où le foisonnement des adjectifs lasse les yeux. L'utilisation de quelques mots anciens, savants, oubliés donne un sentiment d'irrégularité, on a envie que l'écrivain prenne son parti une fois pour toutes : soit il écrit comme Robert Merle dans "Fortune de France" en recréant complètement un langage proche de celui De La Renaissance, soit il abandonne toute prétention dans ce sens et écrit modestement avec notre langue moderne. Je n'ai donc pas particulièrement apprécié les poignées de poudre aux yeux que Rufin semble jeter à la face de son lecteur pour le convaincre qu'il est vraiment érudit.

Je ne peux pas dire que le roman n'est pas agréable, ce serait mensonge. Mais voilà une rencontre qui m'a semblé manquer de souffle, de vie, de couleurs et ne m'a pas enfiévrée "jusqu'au transport", comme le Chevalier des Grieux le fut en rencontrant Manon Lescaut.

***ALERT SPOILER***

Quoi ! Il s'agit quand même de débarquer au Brésil !
Là où je pensais être écrasée par les couleurs, la jungle, les odeurs, la chaleur et les corps des indigènes, je n'ai eu que la vague impression de contempler une peinture à l'huile, évocatrice mais pas assez prégnante, laissant entre le paysage qu'elle décrit et son admirateur la distance infranchissable de sa toile.

Les guerres de Religion couvant en Europe, ce climat délétère se propage jusque dans les lointaines colonies. Toutes les considérations spirituelles développées par Ruffin à l'arrivée des protestants à Fort-Coligny sont très intéressantes mais semblent davantage freiner l'action que la nourrir. D'où, petit à petit, ce spectre de l'ennui qui ne semble pas rôder aux seuls environs de la forteresse. A quarante pages de la fin, alors qu'on attend une montée en puissance, l'auteur avoue lui-même que tout le monde s'ennuie ferme !

Un mot sur les héros, Just et Colombe.
Un frère et une soeur mais personne pour affirmer qu'en réalité ils sont bien issus des mêmes géniteurs. de doux sentiments de protection et d'amour les unissent... Inutile donc de jouer la surprise quand on découvre le dénouement proposé par l'auteur... Mon seul étonnement fut de constater que Rufin n'était pas allé jusqu'à conclure son roman en expliquant le nom de la future Colombie par le patronyme de son héroïne ; là, il m'a bien eue, je croyais le voir venir avec de gros sabots.

Just peut bien être beau et avoir, pour son âge, un corps bien découplé, il peut bien nous inspirer la pensée qu'il incarnerait à la perfection ce héros viril prêt à conquérir toute l'Amérique latine à lui tout seul... hélas, il n'en est rien. Manquant cruellement de volonté, se laissant ballotter et influencer par son chef et par les femmes, il faut attendre patiemment la page 489 (sur 594) pour qu'il se découvre enfin une volonté propre, à la grande stupéfaction du lecteur qui y avait depuis longtemps renoncé !
"- Jamais, redit-il avec la fermeté d'un être qui découvre en lui-même une irrémédiable volonté."
On a envie de dire "ouf !" en lisant cette page, la seule de l'édition Folio qui ne soit pas paginée, serait-ce un message subliminal ?

En résumé, je suis contente de cette découverte (celle de la tentative de colonisation du Brésil par le chevalier de Villegagnon), je suis heureuse d'avoir achevé cette lecture et de passer à une autre et j'espère pouvoir bientôt me procurer "l'Abyssin" pour redonner à Rufin une chance de vraiment me... conquérir !


Challenge ABC 2012 - 2013
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Nicolas Durand de Villegagnon, ça vous dit quelque chose ?
Non, ce n'est pas un nouvel homme politique sorti d'on ne sait quel chapeau !
C'est bien plus ancien...
Allez, je ne vais pas garder le secret plus longtemps ; c'est un explorateur du 16eme siècle. N'essayez pas de remuer vos anciens souvenirs d'école. Parce que vous aurez beau cherché, ce nom là ne vous reviendra pas parmi les Christophe Colomb, Magellan, Vasco de Gama, Jacques Cartier et autres explorateurs célèbres de cette période faste. A moins que vous ne soyez érudit en la matière, bien sûr, ou alors que vous n'ayez déjà lu Rouge Brésil !

Villegagnon, chevalier de Malte, est envoyé au Brésil en 1555 pour y installer une nouvelle France, la « France antarctique », ainsi qu'il la nomme.
Mais pour cela, il faut d'abord se rendre sur place, prendre place et bâtir une place forte destinée à faire peur aux Portugais, déjà en place !

Villegagnon s' entoure alors de quelques personnes de bonne volonté de confession catholique mais aussi protestante, mais croyez-moi, il y en a peu pour affronter ce pays lointain qui grouille de cannibales. Alors, on recrute des débauchés, des brigands, des prisonniers et des enfants aussi qui serviront de « truchements », destinés à apprendre la langue des « sauvages » afin de devenir interprètes et intermédiaires avec les tribus indiennes.
Et Villegagnon part, en conquérant, comme au bon vieux temps des croisades, mû par son esprit chevaleresque et il faut bien le dire aussi par un caractère âpre et peu enclin aux concessions. Il oublie juste les femmes et le ravitaillement...

Après un voyage un peu laborieux, les flottes françaises débarquent dans la baie de Rio de Janeiro, appelée Guanabara par les indigènes et s'installent dans une petite île, proche de la côte continentale, où Villegagnon entreprend la construction du Fort-Coligny et imagine déjà un lieu idyllique où la liberté de croyances ferait foi, une sorte de refuge pour les protestants, alors persécutés en France...
Mais, le rêve va vite tourner au cauchemar !
Bon, je n'en dirai pas plus !

Sachez juste que Rouge Brésil incarne tout à fait l'idée que je me fais du roman historique reposant sur une documentation précise et riche relatant le plus authentiquement possible les événements réels connus, à laquelle se mêle une fiction fondée sur une hypothétique mais fort probable destinée de personnages au demeurant fort attachants (Just et Colombe, deux adolescents embarqués en tant que truchements). En outre, s'ajoute à cela , comme une cerise sur le gâteau, une réflexion philosophique empreinte d'une délicieuse ironie.
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Rouge Brésil est le récit romancé de l'expédition menée par le chevalier de Villegagnon en 1555 pour conquérir le Brésil au nom du roi de France Henri II. Le récit est basé sur le livre de Jean de Léry, « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique », édité en 1578. Ayant rejoint Villegagnon au Brésil, Léry y décrivait plusieurs aspects de la vie indigène. Ce livre reçut un vif succès qui entraina plusieurs rééditions.

A partir de faits réels extraits du livre de Léry, Rufin accorde une grande place à l'imagination. Pour émouvoir, il laisse de côté sa documentation et trouve des espaces de liberté dans la trame du réel. On retrouve toutefois plusieurs scènes décrites par Léry, la première rencontre dans la crainte des indigènes, l'obstacle de la langue, l'horreur du cannibalisme, l'embarras de la nudité…

Au XVIème siècle, le roi de France Henri II décide de concurrencer la domination portugaise en Amérique du Sud en envoyant une expédition de plusieurs navires au Brésil. Deux adolescents, Just et Colombe sont embarqués de force pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. A travers le vécu de ces deux personnages fictifs et du personnage réel Villegagnon, Rufin expose les idées de cette fin de siècle chargée de débats idéologiques entre catholiques et protestants. Les conflits théologiques, le manque de tolérance et le fanatisme vont conduire à la perte de cette nouvelle colonie au profit des Portugais.

L'aventure des Français au Brésil, au cours du XVIème siècle, est un des épisodes les plus étonnants et les plus méconnus de notre histoire. Le roman de Rufin rappelle l'essai de Montaigne sur les cannibales, Montaigne fut le premier à inverser la vision des « sauvages » et à écrire « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ». Rufin échappe toutefois au mythe simpliste du bon sauvage et de la nature rédemptrice. L'Indien n'est pas meilleur, il est différent.
Du reste, qui est le plus sauvage ? Le « civilisé » aux moeurs barbares, qui se veut libérateur et se découvre meurtrier, ou l'indien qui recherche la paix et l'harmonie sur son territoire ?
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Je voulais connaître une aventure mystérieuse au milieu des ancêtres des Cariocas , vivant en symbiose avec la nature .

Je dois reconnaître qu'ils m'ont touchée par leur amour de la vie , sans tabou , sans haine .
Par contre , je suis toujours sidérée de constater combien l'homme , soi- disant évolué , est le pire de tous . Seul compte , pour lui , le pouvoir de contraindre par ses idées , par sa religion les minorités , les personnes les plus faibles .


Mais qu'est-ce la colonisation , si ce n'est la conquête de territoires et son peuplement par un pays ou des groupes . Un processus d'expansion territoriale ou démographique qui se caractérise par flux migratoires se déroulant sous la forme d'une migration , d'une occupation plus ou moins rapide , voire d'une invasion brutale d'un territoire .


Qui mieux que Jean-Christophe Rufin pouvait nous expliquer cet épisode de la baie de Guanabara .
Il suffit de lire sa biographie pour constater combien cet homme de terrain , est un humaniste , poète et artiste .
Tel un paon , il étale ses plumes à travers ses descriptions pittoresques et colorées de paysages et de personnages .
Son vocabulaire riche , précis et si recherché , intimide tout ignorant de l'Histoire .
En chroniqueur objectif , il nous raconte l'expédition vers l'île Serigipe , dépendant de Rio de Janeiro par l'amiral Villegagnon _ qui laissera son nom à l'île _ .


Nicolas Durand de Villegagnan, ce grand homme de guerre , chevalier de Malte , coincé par une discipline rigide , est un puritain , idéaliste , sensible aux idées de Calvin .
Il part du Havre avec deux navires chargés de six cents hommes . Il s'entoure d'un cosmographe André Thevet et de Jean de Léry ( qui laisseront des écrits de ce voyage ) mais , aussi , de deux jeunes truchements , Just et Colombe , qui lui serviront d'interprètes auprès des autochtones - ( la jeunesse est la plus apte à apprendre les langues assez vite _ les " petites cellules grises " intègrent rapidement les informations vu les cent milliards de neurones dont elles disposent à la naissance et qui évoluent , sans cesse grâce à l'apprentissage _ .
La construction du fort Coligny demande toutes les forces des hommes . Ceux-ci , affaiblis par le manque de nourriture , les sens en éveil devant les beautés nues et libres des Indiennes , ces femmes qui leur sont interdites pour une raison morale et religieuse , montent une conspiration .
A quoi peuvent servir la gloire et le courage , si le coeur pleure l'amour et le sexe !
L'amiral devient de plus en plus paranoïaque , voire sanguinaire . Il ne supporte plus la contestation ; il ne veut pas des faiblesses de ce monde .
Il quémande alors l'aide des Calvinistes qui débarquent avec leurs convictions religieuses , différentes de celles de Villegagnan.
Voilà un prélude aux guerres de Religion dans ces terres lointaines .

Au milieu de ces intrigues , de ces haines , l'auteur adoucit le récit avec la présence de Colombe .
Colombe est un baume sur les blessures des coeurs .
Elle est si belle , si simple , si naturelle ; elle est tellement en harmonie avec la nature , avec les premiers habitants de l'île . Peu à peu , elle devient une véritable " Tupi "







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En 1554, Henri II demande à son ministre l'amiral de Coligny de préparer une expédition au Brésil en vue d'échanges commerciaux et pour y installer une colonie de protestants français. le chevalier de Villegagnon, un marin cultivé au caractère excessif, est nommé commandant de la flotte qui jette l'ancre un an plus tard en Amérique.

Sur Serigipe, une petite île de la baie de Rio Janeiro, avec l'aide d'indiens autochtones, les colons, dont deux jeunes gens qui vont vivre une histoire d'amour, bâtissent un fort. Mais des dissensions entre les membres de l'expédition, catholiques et protestants, vont vite compromettre la survie de la colonie. Des tensions, qui transformées en véritable bataille rangée, conduiront à sa reprise par les Portugais en 1560.

Dans ce récit d'un épisode peu connu et peu glorieux de l'occupation éphémère française au Brésil, j'ai aimé la mise en scène des différences dogmatiques entre les catholiques et les protestants qui aboutiront aux guerres de religions en France, mais j'ai été gênée par l'histoire sentimentale, qui semble plaquée par son ton décalé et mièvre, dans un roman au style étudié (trop peut-être) et aux solides bases historiques. Une petite déception pour cette première lecture de Jean-Christophe Rufin.

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critiques presse (1)
LeFigaro
18 avril 2022
Chronique d'une fantastique utopie, ce roman nous parle du rêve d'une seconde France, amazonienne et tropicale, à six mille kilomètres de sa matrice.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (218) Voir plus Ajouter une citation
L'horizon devant eux était rouge à l'endroit où le soleil finissait de disparaître. on ne voyait aucune terre ni, quand le ciel s'assombrit, aucun feu. [...] A vrai dire, rien n'était perceptible sauf une odeur étrange, tout à la fois faible et immense. Faible parce qu'il fallait concentrer toute son attention pour en discerner la pointe dans l'air tiède ; immense parce qu'elle envahissait toutes les directions, entourait le bateau et paraissait s'était s'étendre sur toute la surface de la mer.

Pourtant, elle ne lui appartenait pas. Le nez, de science aussi certaine que la vue ou l'ouïe, affirmait que c'était bien une senteur de terre.

Il est des terres qui exhalent l'herbe, le bétail, la pourriture, les labours. Cette odeur-là n'évoquait rien de tel. Elle était acidulée, juteuse, turgescente, printanière. En fermant les yeux, on avait envie de dire qu'elle était colorée, rouge, peut-être orangée.

Soudain quelqu'un découvrit le mot juste et cria que cela sentait le fruit. En effet c'était bien une essence subtile de pulpe qui se répandait en vapeur sur toute l'étendue de la mer, une immense odeur de fruit mûr. Une île se voit mais elle n'a pas ce parfum lointain et puissant. Seul un continent peut jeter aussi loin ses fragrances végétales, tout comme l'océan envoie dans la profondeur du littoral ses embruns salés et ses senteurs de varech.
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Les vents étaient réguliers dans la baie et les bateaux bien manœuvrables. Ils approchèrent de la côte et passèrent presque au pied de l’immense silhouette qu’ils avaient vue de la mer.Ni capucin de pierre ni chevalier infernal, le rocher, d’apparence lisse et bombée, évoquait plutôt pour ces Normands un pot de beurre et, pour les plus riches, un pain de sucre. À son pied grimpait un tumulte de grands arbres qui cherchaient à échapper au corps à corps végétal des basses terres. Le long de la côte, ce n’était qu’une débandade de branches torses, de racines aériennes, de lianes, sans la rémission d’une clairière ni d’un pré. D’autres rochers, aussi gros que le pot de beurre, d’un gris brillant sous le soleil, émergeaient de la forêt dense.
Quand un navire les doublait, il paraissait si petit qu’on prenait la mesure surnaturelle de ces dents de pierre. Toute la côte semblait résulter d’un combat violent, d’une farouche résistance de la terre à l’heure de la création. Le Grand Ouvrier avait brisé ses outils sur cet ouvrage et la violence du lieu gardait la trace de cette grandiose défaite.Toutefois, pour monstrueux qu’il fût, ce chaos n’était pas sans harmonie. Le caressant travail de la mer calmait ces terres en rébellion en tirant sur leur fouillis les traits réguliers de ses plages. À certains endroits, la terre ferme, en mangroves, en marécages, en falaises abruptes, plongeait directement dans les eaux. Mais, sur de longues étendues, des armées de cocotiers s’interposaient, en rangs serrés, pour préserver la sérénité de la mer et laisser jouer les jeunes vagues sur d’immenses esplanades d’arènes et de sablons.
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- Ainsi, s'écria Colombe, c'est vous qui avez découvert le Brésil !
- Cela n'a rigoureusement aucune importance. Il faut toute la prétention des Européens pour croire que ce continent attendait leur venue pour exister.
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Colombe cheminait derrière un Indien guère plus grand qu'elle et ne pouvait quitter des yeux la mécanique de sa musculature. Jamais elle n'avait imaginé qu'un être humain fût ainsi fait de cordages tendus et de muscles gonflés comme des voiles. Tout à coup, elle prenait conscience du mystère de ses propres mouvements, de l'affleurement, à la surface du corps, de forces communes à l'univers des minéraux et des bêtes. Et elle sentait dérisoire l'obstination que mettent les hommes de par deçà à n'exprimer l'intelligence que par les minuscules mouvements de leurs visages quand ceux, amples et superbes, de leurs corps les reflètent si parfaitement.
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[Il] se jura une fois de plus de ne jamais la quitter, fût-ce dans la mort. C'est un âge [l'adolescence] où l'on fait facilement ce serment mais il semblait à Just que personne avant lui ne l'avait prononcé si gravement, ni n'était pareillement résolu à l'exécuter.
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