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Jean-Claude Garcias (Éditeur scientifique)Mathilde P. Crémieux (Autre)
EAN : 9782705659509
254 pages
Hermann (30/09/1986)
3.85/5   13 notes
Résumé :
Au mois de septembre 1845, un jeune homme de vingt-six ans arrivait à Venise, portant un carton à dessins sous le bras.
Il disparaissait dans l'ombre de Saint-Marc pendant de longues heures. Sa silhouette d'extasié batailleur s'attachait à tous les piliers du Palais ducal, comme un pic-vert à un tronc d'arbre. C'était Ruskin, Pour cet anglican austère et moraliste, Venise fut une révélation. Dans les pierres de Venise, son texte le plus célèbre, qui a enchant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est un monument que ce livre sur l'architecture de Venise avec quelques belles envolées poétiques très bien traduites par Mathilde Crémieux.

Mais il est vrai que John Ruskin ne peut pas se défaire de son jugement anglican et que par moments il mélange esthétisme et morale comme s'il s'agissait d'un sermon.

Néanmoins, pour les fervents de la Sérenissime, que d' informations intéressantes et des références de premier ordre. Pas étonnant que ce livre ait été un ouvrage de référence pendant longtemps.
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y eu de notables différences de tendances entre les diverses branches de la science, leur puissance d’orgueil augmentant en raison de leur infériorité. La philologie, la logique, la rhétorique qu’on enseigna dans les écoles, eurent un effet si pestilentiel sur leurs adeptes qu’ils finirent par croire que la connaissance des mots était le résumé de tout savoir : certaines grandes sciences, au contraire, telle que l’histoire naturelle, rendent les hommes aimables et modestes en proportion de leur juste conscience de tout ce qu’ils ignoreront toujours. Les sciences naturelles apportent l’humilité au coeur humain; toutefois, elles peuvent aussi devenir nuisibles en se perdant dans les classifications et les catalogues.

Le plus grand danger vient des sciences des mots et de méthodes et ce sont elles, justement, qui absorbèrent l’énergie de l’homme durant la période de la Renaissance. Ils découvrirent, tout à coup, que depuis dix siècles, les hommes avaient vécu ingrammaticalement, et ils firent de la grammaire le but de leur existence. Peu importait ce qui était dit, ce qui était fait, pourvu que ce fût dit suivant les règles de l’école et fait avec système. Une fausseté émise en dialecte cicéronien ne trouvait pas d’adversaire; une vérité énoncée en patois ne trouvait pas d’auditeurs. La science devint une collection de grammaires : grammaire du langage, grammaire de logique, grammaire d’éthique, grammaire de l’art; et la langue, l’esprit et l’imagination de la race humaine crurent avoir trouvé leur plus haute et divine mission dans l’étude de la syntaxe et du syllogisme de la perspective et des cinq ordres de colonnes.

De pareilles études ne pouvaient produire que l’orgueil; leurs adeptes pouvaient en être fiers, mais non les aimer. Seule, l’anatomie, fortement creusée pour la première fois, représenta, à cette époque, une véritable science à à laquelle il manqua pourtant aussi l’attrait qui appelle l’affection. Elle devint, à son tour, une source d’orgueil, car le but principal des artistes de la renaissance fut de prouver, dans leurs œuvres, qu’ils connaissaient à fond les principes anatomiques.

[...]

Raphaël, Léonard et Michel-Ange furent, tous trois, élevés à l’ancienne école; leurs maîtres, presque aussi grands qu’eux, connaissaient la véritable mission de l’art et l’avaient remplie; imbus du vieil et profond esprit religieux, ils le communiquèrent à leurs disciples qui, se désaltérant, en même temps, aux vives sources de savoir qui jaillissaient de toutes parts, excitèrent l’admiration universelle. Dans son émerveillement, le monde crut que leur grandeur venait de leur nouvelle science, au lieu de l’attribuer aux anciens principes qui apportaient la vie. Et, depuis lors, on a essayé de produire des Michel-Ange et des Léonard, par l’enseignement aride des sciences et on s’est étonné qu’il n’en apparût pas, sans se rendre compte que ces nobles patriarches tenaient par leurs racines aux grands rochers des siècles passés, et que notre enseignement scientifique d’aujourd’hui consiste à arroser, avec assiduité, des arbres dont toutes les branches ont été coupées.

Et j’ai été généreux pour la science de la Renaissance en admettant que ces grands maîtres en ont profité, car ma conviction, partagée par beaucoup de ceux qui aiment Raphaël, est qu’il peignit mieux alors qu’il savait moins. Michel-Ange fut souvent entrainé dans une vaine et désagréable démonstration de ses connaissances anatomiques qui cache encore à beaucoup de gens son immense puissance; et Léonard gâcha tellement sa vie dans ses travaux d’ingénieur qu’il reste à peine un tableau portant son nom.
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La renommée des succès persiste et fait oublier pour quels motifs ils ont été obtenus: plus d'un lecteur de l'histoire de Venise serait peut-être surpris si on lui rappelait que l'expédition commandée par un de ses plus nobles chefs et qui lui valut sa plus grande gloire militaire fut celle où, tandis que l'Europe était dévorée par le feu de la dévotion, Venise commença par calculer quel serait le plus haut prix que sa piété pourrait tirer des renforts armés qu'elle devait fournir; ensuite de quoi, pour le plus grand profit de ses intérêts privés, elle manqua à sa parole et trahit sa foi en dirigeant les armes des Croisés contre un prince chrétien(pg 9).
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Ce changement dans l'architecture se manifesta tout d'abord, dans le monde entier, par une diminution de sincérité et de vie. Le gothique, au nord comme au sud, se corrompit. En Allemagne et en France, il se perdit dans un flot d'extravagances; le gothique anglais se sangla follement dans un étroit vêtement de lignes perpendiculaires: l'Italie se livra à l'efflorescence d'ornementation sans motif de la Chartreuse de Pavie et de la cathédrale de Côme, et on vit apparaître à Venise, l'insipide et confuse "Porta della Carta" et les extravagantes crosses de Saint-Marc. Toutes les architectures, notamment celle des édifices religieux, se corrompirent à la fois; signe manifeste de l'état de la religion en Europe, de l'avilissement particulier des superstitions romaines et de la moralité publique, qui aboutirent à la Réforme (page 22).
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En 1454, la première parmi les cités chrétiennes, elle dut s'humilier devant le Turc :cette même année fut établie l'Inquisition d'État. De cette période date la forme de gouvernement mystérieux et perfide sous laquelle on dépeint habituellement Venise. En 1477, la grande invasion turque répandit la terreur dans les lagunes, et, en 1508, la Ligue de Cambrai marque la date qu'on assigne d'habitude à la décadence vénitienne, la prospérité commerciale de la fin du quinzième siècle empêchant les historiens de discerner un affaiblissement intérieur, déjà trop évident (page 7).
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Les Pierres de Venise sont, après les Peintres modernes, l'ouvrage le plus considérable de Ruskin. Publié de 1851 à 1858, il formait d'abord trois gros volumes, avec un grand nombre de planches dues aux meilleurs graveurs anglais de l'époque : Armytage et Cousen, Cuff et le Keux, Boys et Lupton, et, sous cette forme, il a été souvent réédité.
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Vidéo de John Ruskin
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :  « Jusqu'à ce dernier ! », _in_ John Ruskin, _PAGES CHOISIES,_ avec une introduction de Robert de la Sizeranne, troisième édition, Paris, Hachette et Cie, 1911, pp. 256-257.
#JohnRuskin #LittératureAnglaise #JusquàCeDernier
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