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L'Herne (01/01/1900)
3.52/5   23 notes
Résumé :
« Vivant aux Etats-Unis pendant la guerre, Bertrand Russell publie son « Outline of intellectual rubbish » (Esquisse de la foutaise intellectuelle)
en 1943, d’abord chez un éditeur de pamphlets socialistes et anti-religieux (Haldeman-Julius Publications), puis en 1950, année où il reçut le
Prix Nobel de littérature, dans une collection de ses écrits intitulée Unpopular Essays.
Désespérant de voir de « grandes nations, qui avaient guidé la civi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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On en a vu d'autres...d'autres guerres, d'autres croyances, d'autres idéologies, d'autres misères, d'autres frontières, d'autres crimes. On a en a connu d'autres mais ces autres ..tous ceux d'avant, d'avant les lumières, d'avant et après les prophètes, d'avant toutes nos guerres... ceux que l'on croit toujours de là-bas, d'autre fois ou de jamais ici, ressemblent atrocement à ceux d'aujourd'hui, de maintenant, qui tourbillonnent dans le maelstrom du présent.
Les fols en dieux, en fracs, en fric, les bûchers, les seigneurs de la guerre ,des famines des pestes, des massacres… oui, on en a connu d'autres... Toujours les mêmes causes toujours les mêmes coups donnés par les mêmes mâchoires qui puisent leur énergie de l'ignorance et de la peur.
On en connaît bien d'autres encore. On en connaîtra probablement et malheureusement encore bien d'autres...
Longue litanie de siècles, et de files humaines, de toutes nos tremblantes et sanglantes traînes humaines.
Est-ce que cela doit nous rassurer ? Ou nous désespérer ? Nous rassurer si on veut y voir notre commune et incroyable capacité de survie. Nous désespérer si nous songeons à l'immobilisme des consciences, au bégaiement stupide de nos peurs et de nos soumissions…
le désespoir est un sentiment inutile nous enseigne Bertrand Russel.
Philosophe, mathématicien, libre penseur, pacifiste, humaniste avant tout et toujours debout face à tous les désordres.
Les faits. Voilà ce que nous demande de considérer le philosophe. Les faits. Non nos croyances, nos préjugés ; les faits scientifiques. qu'ils soient astronomiques, biologiques.
Force est de constater que l'homme a une fâcheuse tendance à se considérer comme étant « le nombril saint et sacré du monde ». Se laisser bercer d'illusions, de fausses promesses...Croire à notre place, à notre « bon droit » au soleil en fermant les yeux...quite à ne pas voir que ces faux soleils brûlent tous les bois dont nous sommes faits. Tous, et cela jusqu'au dernier. Alors croire plutôt que voir. Toujours l'orgueil de croire plutôt que le courage de savoir.
Orgueilleux tel est l'humain..Orgueil stupide et stérile, fécond de tous les démons. Croyances, superstitions...tout est bon pour faire croire, que cela est plus plus aisé que de faire savoir, de connaître et de reconnaître.
Fumisterie intellectuelle, morale, économique, politique, faussement scientifique.
Hiérarchisation de toutes les ordres. Ordres dont la hauteur voudrait répondre au silence des cieux. Alors ordonnancement des corps, des genres, des peuples, des classes sociales…
Faire croire pour mieux faire plier à défaut de faire savoir pour éduquer.
S'attacher aux faits, à la réalité et non au dogme des croyances n'est pas enlever la poésie au monde, s'est au contraire l'amplifier en l'émancipant.
La nature ne connaît ni enfer ni paradis.
L'équilibre des forces de notre monde naturel est régi par l'épanouissement du vivant. Une règle pas un ordre.
Croyances, préjugés… «  la croyance infondée qui alimente ces mythes justifie la persécution et témoigne du désir inconscient de désigner un bouc émissaire. »
Orgueilleux l'humain, orgueilleux et crédule.
Car il est plus facile de croire que de savoir, de connaître et reconnaître.
« les sornettes que l'État est capable de nous faire avaler sont sans limite. Donnez-moi une armée digne de ce nom, donnez-moi les moyens de lui offrir un salaire plus généreux et une nourriture plus abondante que la moyenne et je vous garantis qu'en l'espace de trente ans je me débrouillerai pour faire croire à la majorité de la population que deux et deux font 3 que l'eau gèle à 100 degrés et qu'elle enttre en ébullition en dessous de zéro ou n'importe quel autre fadaise susceptible de servir les intérêts de l'État. Évidemment, même si l'on n'y croyait, nul ne s'aviserait de mettre la bouilloire au congélateur pour faire chauffer de l'eau. le fait que le froid porte l'eau à ébullition serait une vérité sacro-sainte que l'on professe d'un ton exalté mais que l'on n'aurait pas idée d'appliquer dans la vie quotidienne. Toute négation de la sacro-sainte doctrine serait déclarée illégale et les hérétiques récalcitrants seraient « gelés » sur le bûcher. Ceux qui n'embrasseraient pas avec enthousiasme la doctrine officielle serait interdit d'enseigner ou d' occuper un poste à responsabilités. Seuls les plus hauts fonctionnaires se permettraient d'admettre en aparté que ce ne sont que des foutaises, en ricanant dans leur barbe, et en levant leur verre. Je caricature à peine ce qui se passe dans certains États modernes ».
Russell parlait de l'État, mais nous pouvons convenir de la pertinence et de l'urgence qu'il y a de reconnaître que ce comportement sévit au sein de tous les lieux du pouvoir qu'il soient économiques, financier, religieux, familiales et autres.
Oui nous en avons vu d'autres, Russell, lui, peut être même de plus près.
Rejeté de cercles universitaires, mis à l'index, emprisonné, il n'a jamais cessé de penser, de lire, d'écrire, d'enseigner, de raisonner.
Russell nous rappelle que nous ne devons pas croire, mais savoir.
Ne pas laisser croire, mais faire savoir.
Faire savoir avec raison, certes, mais pas sans amour.
La logique comme le signe d'une intelligence, les faits comme la preuve invincible du raisonnement.
Oui il y aura, souhaitons le, d'autres philosophes, d'autres scientifiques, d'autres humanistes comme Bertrand Russell, qui viendront peu à peu rompre obscurantisme que provoque la fumisterie intellectuelle.
Le désespoir est un sentiment inutile, alors espérons le. Espérons le pour notre humanité.

«  VOTRE ACTION DÉSESPÉRÉE. MENACE À LA SURVIE HUMAINE. AUCUNE JUSTIFICATION CONCEVABLE. L'HOMME CIVILISÉ LE CONDAMNE. NOUS N'AURONS PAS DE MASSACRE DE MASSE. ULTIMATUM SIGNIFIE GUERRE... METTEZ FIN À CETTE FOLIE » . Télégramme de Bertrand Russell adressé au Président J.F Kennedy en 1962 lors de la crise des missiles de Cuba.

Masse critique Babelio/ Editions l'Herne – 02.2020
Astrid Shriqui Garain




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Je connaissais le logicien Bertrand Russell. J'ignorais qu'il fut prix Nobel de littérature.
De la fumisterie intellectuelle, voilà un bon petit livre qui se lit très vite, court, simple, efficace. Moi qui m'imaginais suer à quelques grosses gouttes à sa lecture tant il peut être difficile de comprendre et suivre le discours d'un logicien.
D'emblée, il égratigne la religion. Il est très facile pour un athée de démonter les rouages du testament, de la bible, du coran. L'auteur donne des exemples et contre-exemples pour contredire l'institution religieuse, j'avoue, j'ai trouvé cela un peu facile. Non pas que je ne partage pas ses avis, au contraire, mais ce n'est pas là l'apanage de la logique. Par contre il le fait avec un cynisme raffiné et cinglant.
Ce à quoi le croyant répondra : les voix du Seigneur sont impénétrables. Imparable pour éviter les embûches.

Bref. Après la religion, Russell s'attaque aux fausses croyances. Il tente d'expliquer leurs origines, il parle des théories populaires, il emballe le produit avec un peu de psychologie, d'analyse. Son raisonnement est toujours pertinent et sonne aussi juste que la meilleure des cloches de la plus belle des cathédrales.
Viendra le tour de la politique. Extrait : « La politique elle-même est truffée de platitudes sentencieuses et erronées. »
Contre exemples judicieux à l'appui.
Il égratigne tout, tout le monde en prend pour son grade. (Même Aristote. Si si)
Il invective à tout va. Et comme c'est fait de manière intelligente, force argumentation et souvent drôle ou cynique, ses réflexions acerbes sont convaincantes.
« Un spécialiste de cette pathologie (exhibitionnisme) m'a assuré que pour les réformer, il suffisait de leur faire porter des pantalons qui se boutonnent par derrière et non par devant. »
De la fumisterie intellectuelle, ou comment remettre à plat les croyances d'un monde aveugle qui se veut intelligent. Il parlera aussi des femmes, de l'orgueil, la peur…

Je n'ai pas encore parlé de la préface. Souvent je ne la lis même pas. Peu m'importe ce qu'un agrégé ou un grand penseur a à dire sur un texte que je n'ai pas encore lu… J'ai fait exception par égard de la masse critique et des éditions L'herne (très beau livre au passage, beau dans le sens du toucher, de la qualité d'impression, de la qualité des feuilles, ben oui, désolé d'être aussi terre à terre, il y a parfois la forme qui plait aussi et qui peut être importante à bien des égards…. )
Et bien, cette préface est pertinente, ah non, ca je l'ai déjà dit, vite un synonyme, je trouve rien là ce soir…. Je la refais…
Et bien, la préface que d'habitude je ne lis pas, annonçait un livre un peu difficile à lire, (la conjonction de l'idée que les assertions factuelles se réfèrent à un monde indépendant de nous …) mais en revanche mettait parfaitement en place l'idée de ce livre, sa genèse avec des éléments de la vie de l'auteur riches et importants pour bien comprendre son état d'esprit. Je voulais dire que j'ai autant aimé la préface que le livre.
Je conclurais par une remarque personnelle, je trouve que l'auteur fait part d'une modestie touchante, il n'admoneste qu'à juste raison, dénué de tout orgueil, libre penseur, sans arrière pensée, le livre est un combat contre les dogmes et les croyances, construit avec humour, cynisme, intelligence et simplicité.


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Quel régal ! Livre savoureux, irrévérencieux mais combien d'actualité !

Russel se moque de la crétinerie ambiante à son époque -il faut dire qu'il a écrit cet ouvrage en 1943-, mais qui l'est tout autant à toutes les époques de l'histoire.

Je recommande chaudement cette lecture, brève par ailleurs, l'ouvrage ne dépassant pas la centaine de pages.
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Bertrand Russell (1871 - 1970) est un philosophe contestataire à l'esprit critique particulièrement aiguisé. Il cherche à aborder les questions philosophiques de la façon la plus scientifique possible. Il est très critique de certains des penseurs classiques qui ont influencé la philosophie française contemporaine : Kant, Hegel, Marx, Nietzshe, Bergson et Sartre entre autres.

Dans ce petit essai, Russell fustige les superstitions d'origine religieuse, mais aussi les croyances irrationnelles concernant les femmes, les nations, la race ou la maladie mentale. Il ne mâche pas ses mots et s'exprime souvent avec une pointe d'ironie. Les premières phrases de son essai donnent le ton : « L'homme est un animal rationnel, nous dit-on. Ma vie durant, je me suis employé à en chercher une preuve, mais j'ai eu beau visiter plusieurs pays et parcourir trois continents, je suis resté bredouille. » page 19

Faits historiques à l'appui, il nous montre ensuite toutes les absurdités commises pour des raisons politiques ou religieuses. le ton général est plutôt humoristique, mais avec une tendance à la raillerie et l'auteur se montre surtout impitoyable pour les faiseurs de dogmes.

Son éloquence atteint toute sa force page 62, ce passage fait l'objet de la quatrième de couverture : « Les sornettes que l'État est capable de nous faire avaler sont sans limites. Donnez-moi une armée digne de ce nom, donnez-moi les moyens de lui offrir un salaire plus généreux et une nourriture plus abondante que la moyenne, et je vous garantis qu'en l'espace de trente ans je me débrouillerai pour faire croire à la majorité de la population que deux et deux font trois, que l'eau gèle à 100 degrés et qu'elle entre en ébullition au-dessous de zéros, ou n'importe quelle autre fadaise susceptible de servir les intérêts de l'État ».

Un exemple parmi des dizaines cité par l'auteur : Spinoza, reconnu comme l'un des plus grands penseurs de l'histoire de la philosophie, ne voulait pas donner le droit de vote aux femmes au motif que celles-ci étaient moins intelligentes que les hommes ! Évidemment aujourd'hui plus personne (mais il faut le dire vite) ne soutient de telles idées et que même en matière de religion beaucoup de chemin a été parcouru. Mais les propos de l'auteur gardent tout leur intérêt, car qui peut dire si dans deux mille ans, nombre de croyances des savants de notre époque ne seront-ils pas perçues comme ineptes ?

L'auteur propose ensuite quelques règles simples pour se prémunir contre les erreurs de raisonnement les plus idiotes. Il propose par exemple, chaque fois que cela est possible, d'observer par ses propres yeux sans faire une confiance aveugle au jugement des autres. D'autre part, pour se débarrasser de certains dogmatismes, rien de tel que de se confronter aux opinions qui ont cours dans d'autres sociétés que la nôtre et de fréquenter des gens avec lesquels vous n'êtes pas d'accord et aussi de lire un journal favorable au parti opposé au votre.

Un petit texte de 93 pages qui nous aide à introduire plus de rationalité dans nos comportements et à discerner chez ceux qui nous dirigent les erreurs de raisonnement qui manipulent les foules.

— « De la fumisterie intellectuelle », Bertrand Russell, l'Herne (2020), 93 pages.
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J'abhorre les superstitions : passeur de feu, homéopathie, religion, théories complot,… si je ne déteste pas les gens qui continuent à croire, par manque d'information ou incapacité à une trop importante remise en cause, je n'arrive pas à supporter l'idée que l'humanité se complaise dans ses absurdités. J'estime pire encore, qu'on laisse parfois se propager ses idées, pour des raisons pratiques court-termistes, ne voyant pas (ou feignant de ne pas le comprendre), qu'à long terme, ces pratiques placent au même niveau dans l'esprit des moins initiés à l'épistémologie, des pratiques coûteuses et intellectuellement complexes mais enrichissantes avec des techniques de zozos. Quid des financements des recherches scientifiques ou médicales lorsque les décideurs croiront avoir été soignés par le don d'un magnétiseur ? Quid de l'enseignement de la théorie de l'évolution lorsque les politiciens ne comprendront plus la différence entre une théorie scientifique et un conte théologique ? Quid de la confiance envers les acteurs de la santé, lorsque des pharmaciens sans hygiène mentale (ou mercantiles) dévalueront les produits "chimiques" face à des alternatives homéopathiques soi-disant "naturelles" ? Il me semblerait tellement plus judicieux d'étudier l'effet placebo pour le maîtriser sans créer des schémas-réflexes de médication (alternative, systématique et hors prescription avisée, qui plus est). Il me semblerait tellement plus intéressant de comprendre les mécanismes de la douleur pour que nos enfants contrôlent ceux-ci plutôt que de ne laisser le choix qu'entre la subir, la médicaliser ou faire appel à une magie inexplicable… Bref, j'abhorre les superstitions…

Alors lorsque j'apprends qu'il existe un texte de Bertrand Russell, philosophe rationaliste fondateur de la logique contemporaine, qui s'attaque à la fumisterie intellectuelle de son époque, je ne peux que plonger avec délice. Si le texte n'a rien à voir avec la logorrhée qui sert d'introduction à cette critique, ne vous attendez pas non plus à une argumentation particulièrement bien structurée, développant consciencieusement des concepts philosophiques qui vous permettront de déconstruire les discours obscurantistes, il s'agit là plutôt d'une courte raillerie ! Comme si, admettant qu'il sera impossible de faire disparaître la superstition, Bertrand Russell, victime de censure religieuse comme le rappelle très bien Jean Bricmont dans sa préface, choisissait a minima, de profiter d'un texte pour se défouler. Un pamphlet amusant qui permet à un lecteur rationaliste de se sentir moins seul, de savourer quelques moqueries, de constater que de grands penseurs sont passés par les mêmes questionnements… En quelques pages, ça réconforte et donne le sourire.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Afin de mettre cet orgueil en sourdine, rappelons-nous que l’humanité n’est qu’un épisode éphémère dans la vie d’une petite planète nichée dans un recoin de l’univers et que pour autant que l’on sache, d’autres galaxies abritent peut-être des êtres qui nous sont tout aussi supérieurs que nous ne le sommes aux méduses.
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(p. 30)

A ce propos [la résurrection] les orthodoxes invoquent contre la crémation une objection bien étrange, laissant à penser qu'ils sous-estiment l'omnipotence divine. Ils arguent en effet qu'il sera plus difficile à Dieu de recomposer un corps incinéré qu'un corps putréfié. Certes, il serait laborieux de récupérer les particules dispersées dans l'atmosphère et d'inverser le processus chimique de la combustion, mais n'est-il pas blasphématoire de supposer que cette opération soit impossible à Dieu ? Cette objection à la crémation me semble tout à fait hérétique. Mais je doute que les orthodoxes fassent grand cas de mon opinion.
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Si la moindre contradiction vous met en colère, c'est qu'inconsciemment vous vous savez incapable de justifier l'opinion qui est la vôtre.
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La peur collective favorise l'instinct grégaire et la cruauté envers ceux qui n'appartiennent pas au troupeau.
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La persécution est une arme propre à la théologie, et non à l’arithmétique : l’arithmétique, en effet, repose sur un savoir, mais la théologie repose simplement sur des opinions.
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Vidéo de Bertrand Russell
Confrontée à la guerre, la philosophie semble intempestive, à contre temps. Elle se déploie quand la guerre n'est pas encore là, tentant de retenir tout ce qui pourrait prolonger la paix, ou quand la guerre n'est plus là, s'escrimant alors à penser la «réparation», panser les blessures, accompagner les deuils, réanimer la morale, rétablir la justice. Lorsque «la guerre est là», lorsque fusils d'assaut, bombes et missiles éventrent les immeubles, incendient fermes, écoles, hôpitaux et usines, rasent des quartiers entiers, laissant sur le sol carbonisé enfants, hommes et femmes, chiens et chevaux, lorsqu'on est contraint de vivre tremblant dans des caves, lorsqu'il n'y a plus d'eau potable, lorsqu'on meurt de faim et de douleur – eh bien la philosophie ne trouve guère de place dans les esprits. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il n'y a pas une «philosophie de la guerre» comme il y a une «philosophie du langage» ou une «philosophie de l'art», et que le discours de la guerre renvoie plus aisément à la littérature ou au cinéma, aux discours de stratégie et d'art militaire, d'Intelligence, d'histoire, d'économie, de politique. Pourtant – de Héraclite à Hegel, de Platon à Machiavel, d'Augustin à Hobbes, de Montesquieu à Carl von Clausewitz, Sebald Rudolf Steinmetz, Bertrand Russell, Jan Patoka ou Michael Walzer – les philosophes ont toujours «parlé» de la guerre, pour la dénoncer ou la justifier, analyser ses fondements, ses causes, ses effets. La guerre serait-elle le «point aveugle» de la philosophie, la condamnant à ne parler que de ce qui la précède ou la suit, ou au contraire le «foyer» brûlant où se concentrent tous ses problèmes, de morale, d'immoralité, de paix sociale, d'Etat, de violence, de mort, de responsabilité, de prix d'une vie?

«Polemos (guerre, conflit) est le père de toutes choses, le roi de toutes choses. Des uns il a fait des dieux, des autres il a fait des hommes. Il a rendu les uns libres, les autres esclaves», Héraclite, Frag. 56) #philomonaco
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