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EAN : 9782846790956
205 pages
Ginkgo (01/09/2011)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Ce livre raconte l'enfance et l'adolescence de Léodine, fille de colons.

Née au Congo Belge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle apprend adolescente que dans ses veines coule du sang noir, celui de son arrière grand-mère, esclave en Louisiane. Cela va changer sa perception du monde. Mais peut-on changer «qui l'on est» ?

Albert Russo est l'écrivain par excellence du métissage. Nous allons du Noir au Blanc, de l'homme à la fe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Léodine l'Africaine" est l'histoire de Léodine, jeune fille dont les origines s'étalent sur plusieurs continents. Sa mère, Astrid, est belge, son père, Gregory, américain, ils se sont rencontrés en France peu après la libération. Après une cour assidue au Congo Belge, où le grand-père occupait un poste dans les colonies, ils se marient. Mais leur bonheur dure peu, puisque l'avion que prit Gregory pour aller voir sa fille qui venait de naître s'écrase.

Quelques années plus tard, son oncle Jeff apprend à Léodine que son arrière grand-mère paternelle était esclave, et noire. Cette révélation est un choc pour la jeune fille : les opinions de l'époque et le milieu du colonialisme dans lequel elle vit rend ce fait difficile à supporter. Les mots utilisés pour décrire son "sang noir" sont durs : impure, péché, souillée. Sa mère lui demande de garder absolument le secret, Léodine vit désormais avec la hantise que son secret soit révélé. Au-delà de la simple question existentielle "D'où viens-je ?", il y a une véritable crainte d'être mis au ban de la société si la nouvelle se répand : les deux "races" ne doivent pas vivre ensemble. Léodine se lie alors d'amitié à l'école avec une métisse, Yolande, tout en ayant peur que cette promiscuité donne des soupçons aux autres, et lui révèle son secret. La situation sociale est assez bien illustrée par la famille de Yolande : son père est blanc et a épousé une angolaise. le père et la fille, métisse mais plus blanche de peau, vivent dans la maison, la mère noire est reléguée dans la boyerie au fond du jardin, le demi-frère plus noir de peau n'est accepté que dans une école de missionnaire, et doit rejoindre la cité indigène tous les soirs. "De cette manière [...] il leur épargnait à tous les trois des situations confuses, voire humiliantes, qui se répèteraient forcément".

Vient ensuite un passage où la famille de Léodine part en voyage à travers le Congo. J'ai été un peu déçu de cette coupure, je venais seulement de prendre vraiment conscience du problème racial et de toutes les conséquences que ça amenait dans la vie des familles, je ne voulais pas le quitter pour un autre thème. On découvre dans cette partie les différents paysages qu'offre le Congo, la faune si particulière, et la culture du pays (des anecdotes, des dictons, une rencontre avec un ancien). Lors de ce voyage, deux collègues du nouvel époux d'Astrid invitent Léodine à visiter le pays en avion avec eux. Après une soirée alcoolisée, l'un deux viole la jeune fille, qui garde le silence.

Au retour, les soucis retombent sur Léodine : sa promiscuité avec Yolande en font la cible des ragots, certaines étudiantes la prennent en grippe. Elle tombe presque amoureuse du demi-frère de Yolande. Ils vont s'embrasser et avoir une relation sexuelle ensemble. Persuadée après d'être enceinte (d'un noir, qui plus est), Léodine tombe malade et finit par tout révéler à sa mère, qui décide de l'envoyer en Amérique chez ses grands-parents paternels. Malgré la nostalgie et le mal d'Afrique, Léodine est persuadée que son "exil" est un bien, puisqu'elle lui a évité de poursuivre une relation de "couple maudit".

La lecture de ce livre a été assez heurtante pour moi, puisque les préjugés sociaux et raciaux sont exposés sans fard, et sont certainement fidèles à ce qui se faisait et se disait à l'époque. C'est d'autant plus choquant qu'il n'y a qu'une soixantaine d'années entre cette époque et la nôtre. Je suis content d'avoir pu découvrir cet ouvrage, témoignage très vivant d'une époque dont on m'a trop peu parlé.
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Comme beaucoup d'autres histoires se déroulant sur la terre d'Afrique j'y ai trouvé un récit nostalgique. Nostalgique des paysages, décrits magnifiquement, mais aussi des relations tissées au fil du temps ; ce qui laissent entendre un temps révolu.

Léodine nous retrace l'histoire de sa famille, tout du moins ce qu'elle en connaît au début de l'histoire depuis ses grands-parents. le contexte historique qui est d'ailleurs fort intéressant vient compléter l'histoire personnelle des personnages et des lieux.

Le rythme m'a donné l'impression d'une réflexion à voix haute de la narratrice Léodine à l'âge adulte se souvenant de son enfance et de son adolescence et restant fidèle à la compréhension du monde que l'on a à cet âge.

Le voyage entrepris avec ses parents, hormis ce qu'elle subit par une connaissance de la famille, est un excellent témoignage de cette Afrique tant contée avec ses images, ses odeurs, ses contes, son aspect sauvage.

Les personnages n'y sont décrits que de façon imprécise telles des silhouettes. La narratrice ne nous en dévoile qu'une partie, le reste est à découvrir entre les lignes ou non dites car Léodine n'en a pas toujours saisi tout le sens.

Tous témoignent des relations qu'il y avait entre noirs et blancs, noirs et noirs, blancs et blancs mais aussi entre celles assez particulières des métisses.

Même si beaucoup de respect existe pour certains envers les noirs, la place et l'estime qui leur sont données en font des êtres considérés inférieurs.

Avec sa famille : Bien que les relations soient bonnes et qu'elle y trouve de l'affection, ses origines sont considérées comme un secret de famille qui ne doit en aucun cas être trahit sous peine de perdre ses conditions de femme blanche. le sujet est d'ailleurs évité. Sa mère et son cousin par qui elle apprend la vérité font en sorte de la rassurer mais en vain.

Avec Amélie et Tambwe – employés africains s'occupant de la maison : Léodine les apprécient énormément, leur envie la simplicité qui les caractérise. Mais l'influence de l'opinion occidentale l'empêche d'établir des relations plus intimes avec eux.

Avec ses camarades de classe - d'origine occidentale : très difficiles et distantes d'autant plus que Léodine est effrayée à l'idée qu'elles découvrent son secret. le comportement très médisant de certaines laissera Léodine à ses réflexions qui n'arrive pas à adapter le raisonnement de cette époque sur la seule différence de couleur de peau. Seule Yolande, une métisse, deviendra sa confidente. Une relation que Léodine considère un peu comme une bouée de sauvetage. Elle lui démontrera l'intérêt de ne pas prendre en considération la médisance de chacun afin de se préserver. Léodine sera cependant toujours partagé entre l'envie de devenir réellement amie et celle de couper les ponts avec celle lui rappelant ses réelles origines.

Avec Mario-Tendé – frère de Yolande : Un métisse à peau foncée qui ne lui permettra pas de partager la même condition sociale que sa soeur à peau un peu plus claire. Une relation d'amitié s'établit petit à petit entre eux pour devenir une relation un peut plus intime. Léodine l'admire mais n'arrive pas à casser les barrières qui façonnent son raisonnement et l'empêchent de voir les choses autrement.

La découverte de ses origines pour Léodine va être très lourde à assumer pour elle. Difficile d'accepter ce sang d'origine africaine qui coule dans ses veines, les a priori réservés aux métisses, au point de refuser d'avoir elle-même des enfants afin que son secret ne soit pas révélé. La fin se déroule très vite, presque trop vite comme une fuite. Je suis d'ailleurs restée navrée pour Léodine qui visiblement n'a pas eu d'autres solutions.


Une lecture plaisante, un beau témoignage, des mots bien choisis pour raconter cette histoire.
Lien : http://unepauselivre.over-bl..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Jusqu'à présent, j'avais mené l'existence d'une petite Européenne privilégiée et qui, si elle témoignait d'une réelle sympathie envers ses serviteurs, ne se démarquait pas vraiment des autres coloniaux qui, eux, ne mettaient jamais en doute la supériorité dont ils se croyaient dotés vis-à-vis des autochtones. N'était-il pas implicite que "nous" contribuions tous à la grande œuvre civilisatrice ?
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Ayant vécu en Afrique, je me suis fait conseiller ce livre par un vendeur de la Fnac. J'ai été transporté du début à la fin. Ayant déjà lu Sang Mêlé auparavant, je connaissais déjà l'auteur. Ce livre est remarquablement bien écrit et l'histoire est vraiment enivrante. Je le recommande chaudement...

Un lecteur conquis
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Ayant vécu en Afrique, je me suis fait conseiller ce livre par un vendeur de la Fnac. J'ai été transporté du début à la fin. Ayant déjà lu Sang Mêlé auparavant, je connaissais déjà l'auteur. Ce livre est remarquablement bien écrit et l'histoire est vraiment enivrante. Je le recommande chaudement...

Un lecteur conquis
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Non seulement, comme tout autre catholique, j'étais née avec le péché originel, que le baptême seul pouvait effacer, mais j'en portais un autre en moi, bien plus grave, car inavouable, celui-là.
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