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EAN : 9782226322715
300 pages
Albin Michel (11/01/2017)
3.56/5   41 notes
Résumé :
Finaliste du Man Booker Prize et lauréat du Guardian First Book Award pour Le Cœur qui tourne, l’écrivain irlandais Donal Ryan confirme son talent avec ce second roman grave et singulier, portrait de l’Irlande d’aujourd’hui et récit bouleversant d’un homme qui ne trouve pas sa place.

Jeune paysan naïf et solitaire, Johnsey vit à l’écart du monde. Il travaille à la coopérative du village, avec sa famille pour seul lien. À la mort de ses parents, il hér... >Voir plus
Que lire après Une année dans la vie de Johnsey CunliffeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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.
Voilà un auteur , qui , dès son premier roman " le coeur qui tourne ", se retrouve bardé de distinctions .
Pourtant , je reste méfiante... mais intriguée malgré tout !

Et , surprise , derrière une couverture loufoque , c'est un texte grave qui va se révéler .
On va vivre une année , mois par mois , avec Johnsey .
Fils de paysans irlandais , il a 25 ans et de lourds problèmes psychologiques en font un handicapé social : le rapport aux autres est douloureux et compliqué .
Le développement de sa pensée est bien souvent chaotique et le monde des adultes lui semble bien nébuleux .
Alors , bien sûr , dans le village il passe pour un simplet , un idiot .
Pourtant , il est heureux au sein de sa petite famille : ses parents l'aiment et le protègent .
Mais , un jour tout bascule .
Et , Johnsey va devoir se battre contre la bêtise humaine .

Pendant tout le récit , on va suivre le cheminement de la pensée du jeune homme avec ses mots , ses réflexions .
On passe par toutes les émotions possibles et , ici ou là des notes d'humour , parfois noir ou grinçant , tentent d'alléger un peu l'atmosphère sombre .

Mais ,je dois préciser que je n'ai pas toujours supporté facilement l'hyperréalisme forcené du style de ce roman .
Le personnage est très attachant tant il est sensible et souvent plein de bon sens mais " penser Johnsey "pendant des pages et des pages est plus épuisant qu'on ne croit !

Pourtant , j'ai apprécié cette fresque villageoise , un nouveau tableau de la vaste comédie humaine , bien construit .
L'émotion aussi est au rendez-vous et j'ai souvent pensé à une phrase culte que l'on prête à Audiard :
" Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière "
Maigre consolation face à la dureté de ce roman .








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Découvert avec le coeur qui tourne, son premier roman qu'il avait présenté à la Fête du livre de Bron, revoici l'écrivain irlandais Donal Ryan ! Franchement, j'avais eu un peu de mal avec ce roman choral, le coeur qui tourne, alors que là, l'auteur s'attache à un seul personnage et tout ce qui gravite autour, durant une année entière, Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe.

L'Irlande loin du folklore et du tourisme est à nouveau bien présente car Donal Ryan (photo ci-dessous) sait plonger son lecteur dans le quotidien de vies pas faciles, à la campagne, ou à proximité d'une ville. Ici, c'est un jeune homme simplet, « un gros demeuré », nommé Johnsey, un garçon attachant que l'on aurait envie d'aider alors que presque tout se ligue contre lui.
D'emblée, il y a Eugene Penrose et sa bande. Ils s'acharnent sur lui quand il rentre du travail à la coopérative où Packie Collins lui a donné un travail par respect pour son père. Hélas, celui-ci est mort et son épouse ne s'en remet pas. Les Unthank semblent bien attentionnés mais « L'odeur de papa s'attarde partout. »
Johnsey, harcelé depuis l'adolescence par des garçons avec lesquels il jouait à l'école, est triste, pense souvent aux filles, sans espoir : « C'est dans sa chambre qu'il réfléchit le mieux. Quand on gamberge trop, on risque de se bousiller complètement le cerveau. »
Chacun des douze mois jalonnant le récit débute par de très touchantes considérations sur le temps qu'il fait, sur la nature ou sur les travaux de la ferme. Orphelin, Johnsey subit la commisération des autres villageois qui lui disent qu'il peut passer quand il veut : « Leur porte lui serait toujours ouverte. Il aurait aimé voir leur bobine s'il les avait pris au mot. » C'est tellement juste et bien vu !
Hélas, on sent bien que rien ne va s'arranger mais l'auteur sait bien mener sa barque. Les terres familiales dont Johnsey est le seul héritier sont très convoitées. Fidèle à ceux qui l'ont précédé, il se refuse à vendre.
L'auteur sait faire toucher du doigt les ravages causés par la misère, le chômage, l'emprise de la religion et le pouvoir de ceux qui s'entendent à manipuler les gens en distillant mensonges et fausses promesses : « Maman avait bien raison. Les gens disent et croient ce qui les arrange ; pour qu'une chose se change en vérité, il suffit qu'il y ait assez de monde pour la crier haut et fort. ».

Impossible d'en dire plus mais il faut tout de même citer Dave Charabia, le seul véritable ami qu'ait eu Johnsey et surtout Siobhán, celle qui fait naître un espoir fou dans l'esprit du lecteur… Johnsey Cunliffe peut-il s'en sortir ?
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Traduit par Marina Boraso

Deux ans après le coeur qui tourne, voici le deuxième roman de Donal Ryan, l'Irlandais annoncé comme le nouveau prodige des lettres irlandaises. J'avais dévoré le premier à sa sortie, donc je me suis aussi jeté sur celui-ci..
Si c'est le deuxième roman publié, c'est en réalité le premier qu'a écrit Donal Ryan. le coeur qui tourne se déroule chronologiquement après Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe. Petit extrait de ce que disait l'un des narrateurs du Coeur (mais qui du coup va vous révéler la fin du roman donc attention spoiler si vous n'avez pas lu les deux romans : "Il y a des années de ça, quand on a enterré le fils Cunliffe et que sa vieille tante a raflé les terres pour les partager entre les gros richards, on s'est pris pour des élus, comme des cons." Mais on peut lire l'un sans avoir lu l'autre !

Nous sommes dans un village du Tipperary. Johnsey a toujours été considéré comme les gens du coin comme un gentil garçon qui n'a pas toute sa tête, un simplet. Toute sa scolarité, il a été harcelé et battu par la bande de gus menée par Eugene Penrose. A présent Johnsey travaille pour la coopérative du village pendant que Penrose et ses potes racailles, devenus chômeurs, continuent de lui chercher des noises à la moindre occasion, juste pour s'amuser. Johnsey s'est lui-même persuadé qu'il était un demeuré. Incapable de trouver une place dans le monde, il vit en retrait, seul, avec ses parents, dans leur ferme. Les choses déclinent encore sérieusement quand il perd son père, puis sa mère (qui ne s'est jamais remise du décès de son époux). C'est du lourd. Il hérite de la ferme et se retrouve à la merci d'une bande de requins qui a décidé de lui faire la peau parce qu'il refuse de vendre les terres à un consortium promettant la prospérité aux villageois. du coup, le naïf Johnsey se retrouve malgré lui, dans le rôle du sale type qui va ruiner la vie de tout le monde. On comprend bien qu'on marche sur la tête dans cette Irlande de la spéculation immobilière.
Donc, comme dans le coeur qui tourne, oubliez l'image d'Epinal du village irlandais tout mignon niché dans la campagne, avec de gentils villageois. La pastorale, ce n'est pas la tasse de tea de Donal Ryan. Les personnages ici sont tous des péquenots, bêtes et méchants. Hypocrites et manipulateurs. Des bouseux qui se liguent contre un pauvre gars qui, à force de manquer de confiance en lui, s'est persuadé depuis tout petit qu'il est un crétin.

Johnsey fait pitié et en même temps agace. Donal Ryan ne l'épargne pas. Cependant, si l'on grince des dents de nombreuses fois à cause de ces personnages pas franchement sympathiques et ce pauvre anti-héros à la limite de l'autisme, c'est surtout le rire qui l'emporte. A force de scènes cocasses et du bagou truculent de Donal Ryan, on oublie complètement cette histoire de spéculation immobilière qui en réalité est finalement très peu présente dans le roman. Franchement, j'ai vraiment eu l'impression parfois, et finalement assez souvent, que Donal Ryan se lâchait, débridait son imagination, avec ce qu'il avait dans la tête au moment où il écrivait. Pour l'avoir entendu à la rencontre au centre culturel irlandais jeudi dernier, je sais maintenant qu'il est capable de se mettre à rire tout seul de ce qu'il est en train de raconter. :)
Too much les scènes à l'hôpital, en compagnie de l'infirmière Jolie Voix et du compagnon de chambre, Dave Charabia, (le tout enrobée d'une histoire matérielle de "chat-téteur"), des personnages qui seront les seuls contacts et "amis" de Johnsey une fois sorti de convalescence, pour composer une sorte de ménage à trois. J'ai failli mourir de rire. C'est assez dangereux de lire ce roman dans les transports (vous êtes prévenus !).

J'ai aimé, je ne peux pas dire le contraire. J'ai beaucoup ri. Mais j'ai quand même préféré le coeur qui tourne pour la performance littéraire. Ici on a l'impression d'un gros délire d'humour, très efficace, mais que le fond de l'histoire, finalement, passait à la trappe la majeure partie du roman, pour ne ressurgir qu'à la fin. Pour moi, c'est l'histoire d'un calvaire, celui d'un jeune homme naïf et inoffensif, dans un monde de brutes qui agissent comme une meute de loups pour déchiqueter un agneau assez couillon. On suit sa vie, mois par mois, pendant une année, de janvier à décembre. Et en décembre, il va se passer quelque chose (The thing about december est le titre original)

Corrosif et terriblement drôle. Terrible c'est peut-être l'adjectif qui convient. :)

Extraits :

Le four à micro-ondes : "Ce machin-là pouvait provoquer des tas de maladies, comment savoir ? Elle racontait qu'une dame était restée devant pendant qu'il chauffait, et alors son foie avait grillé et elle était morte en hurlant de douleur."

"Les mots, par exemple. Ils sont formidables s'ils viennent de quelqu'un d'autre et quand ils sortent de la bouche de Jolie-Voix on dirait une glace à la vanille avec une gaufrette par-dessus, en plein été (...)".

" (... on lui a fait passer un chat-nerf. (...) on lui a déjà posé un chat-téteur qui se chargera de vider sa vessie. Décidément, il y a des chats partout là-dedans"

"Un autre problème avec Dave Charabia, c'est qu'il n'arrête pas de péter, alors que Johnsey a des douleurs dans le ventre quasiment tous les jours à force de se contrôler et de serrer les fesses. A ce stade-là, les vents ne prennent même plus la peine d'essayer de sortir : ils s'arrêtent au bord de la raie avant de rebrousser chemin. du coup, ils se bousculent dans ses boyaux et se bagarrent pour se faire une place. Ca ne peut pas être sain, tout cet air qui s'accumule là-dedans."

"Il ajoute que, de nos jours, ce n'est pas la peine de brancher une fille quand on n'a pas de portable. le texto est l'outil moderne de la séduction. Et toi, mon vieux, tu es aussi un outil, mais pas taillé pour la séduction. Il suffit de quelques messages bien tournés pour qu'une fille s'excite et piaffe d'impatience avant même que tu l'aies rencontrée."

"D'ailleurs, ce style de pantalon que tu portes, ça fait blaireau, passe plutôt aux jeans - modèle boot cut, pas ces merdes De Lee et de Wranglers, comme dans les années quatre-vingt. Pareil pour les bottes, c'est fini ça, trouve-toi des mocassins classe, mais les prends pas noirs, plutôt marron, avec le bout pointu. (...) Y a des mecs qui se baissent le futal jusqu'à la moitié des fesses pour montrer le haut de leur caleçon, mais là tu dois mettre la bonne marque, du Calvin Klein, quoi, le kangourou qu'on te vend chez Penneys, ça le fait pas."

"Siobhán insiste auprès de Dave pour qu'il leur présente l'élue de son coeur. Ferait-elle partie de ces bégueules de la ville qui ont peur de subir une combustion spontanée si elles s'aventurent à la campagne? Et elle enseigne quoi, au fait ? le braille ?"





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Après l'intrigue tourbillonnante et polyphonique de son premier roman "Le coeur qui tourne", Donal Ryan nous livre avec ce deuxième titre un récit à la structure plus linéaire, centré sur un personnage, et égrenant ses chapitres au rythme des douze mois de l'année. Une année pour suivre Johnsey Cunliffe, et les épisodes successifs de sa triste épopée.
Johnsey est un esprit simple, le genre d'individu que certains désigneraient sans doute comme l'idiot du village. Certains comme Eugene Penrose et sa bande, pourtant pas des lumières non plus, du genre bêtes et méchants, qui traînent leurs guêtres de chômeurs sur le muret du monument aux morts de la bourgade, en attente d'une victime facile à brimer, voire à tabasser.

Johnsey lui, est un gentil, qui à vingt-quatre ans se soumet à l'immuable et pitoyable routine de sa vie : se lever le matin pour aller exercer un boulot sous-payé de manutentionnaire, se faire brutaliser sur le chemin du retour par Penrose et consorts et s'efforcer de ne pas en pleurer, aller se coucher après avoir diné avec sa chère maman, et penser dans son lit à de jolies filles qu'il n'approchera jamais ou à son défunt père, qu'il n'est pas loin de considérer comme un héros. Il faut dire qu'à l'inverse de son fils, cet homme direct et pragmatique ne s'est jamais laissé marcher sur les pieds et n'a jamais craint une bonne bagarre. Toutefois réputé autant pour son bon coeur que pour ses colères, c'était un pilier de la communauté, qui s'est toujours montré patient et doux avec Johnsey, à qui il a tenté, en vain, d'enseigner la maçonnerie. Face à son souvenir, mais aussi à celui des autres figures remarquables de la famille -qui a notamment compté quelques grands oncles activement indépendantistes- le jeune homme, tristement conscient de ses limites et de la déception qu'il a dû causer à ses proches, se considère comme l'idiot qui a pourri la lignée Cunliffe.

Depuis que le père est mort, deux ans auparavant, l'état de la mère se délite peu à peu, elle se fait de plus en plus distraite et silencieuse, n'arrête pas de se ratatiner. Jusqu'à disparaître elle aussi.

A la familière tristesse qui l'habite depuis le décès paternel, s'ajoute alors la nécessité d'affronter une solitude infinie, l'idée de lendemains éternellement semblables et dénués de tout espoir de tranquillité d'esprit. Car si Johnsey, trop complexé et empoté pour soutenir une conversation normale, est généralement mutique, à l'intérieur ça bouillonne : il rumine incessamment ses échecs, sa lâcheté, son infériorité, la somme de ce qu'il n'a pas su rendre à ceux qui lui ont tant donné.

Mais un événement tragique est bientôt à l'origine de bouleversements qui viennent percuter cette existence mortifère. A l'occasion d'une longue hospitalisation, il se lie presque malgré lui d'amitié avec une infirmière sexy et peu farouche et un voisin de chambre bavard et fanfaron. Il focalise par ailleurs bien involontairement l'attention haineuse de ses concitoyens lorsqu'il refuse, pour des raisons strictement sentimentales, de vendre ses terres subitement devenues constructibles au consortium à la tête du projet immobilier censé apporter le renouveau au village.

C'est une bien triste histoire que celle de Johnsey Cunliffe. Parce qu'il est simple mais pas dupe, qu'il a retenu les leçons de son lucide de père et que son propre silence ne l'empêche pas d'entendre les rumeurs viles et effrayantes émises par ses semblables, il sait le mépris ou la pitié qu'il suscite, et ne se laisse pas berner par la hypocrites tentatives de séduction de ceux qui l'approchent par intérêt. Une lucidité qui le rend d'autant plus malheureux…

Et c'est encore un bien beau titre que nous propose là Donal Ryan, qui évoque le destin de son héros dans une langue simple et précise mais toujours éloquente, sa plume se mettant à l'écoute des sensations, des pensées de son héros, traduisant en mots toute la détresse mais aussi, en définitive, toute la complexité de cet être extrêmement sensible qu'est Johnsey Cunliffe, dont l'irréductible fidélité aux siens ainsi qu'à ce qu'ils lui ont transmis et le total désintérêt pour toute valeur matérialiste nous ramènent à ce que l'on a sans doute un peu perdu…

"Puisque Dieu l'a abandonné, qu'est-ce qui l'empêche de passer dans l'autre camp ? Peut-être que le diable lui apportera davantage de succès".
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Johnsey est le fils unique d'un couple de fermiers modestes des environs de Tipperary. Johnsey c'est un bon gars, mais il a du mal. du mal « à ranger correctement les mots pour qu'ils sortent de sa bouche dans l'ordre voulu et à un rythme raisonnable », du mal à s'en sortir avec les gens. Enfant sensible et timoré, surprotégé par ses parents, son manque pathologique de confiance en lui l'a amené au fil des ans à devenir une sorte d'handicapé social. Mais pour tous au village, Johnsey est un simplet, voire un gros demeuré. Parce que voilà, chez Donal Ryan, les gens ne sont ni tendres ni sympas et lorsqu'ils font preuve d'humanité c'est seulement par crainte de Dieu ou du qu'en dira-t-on, quand ce n'est pas carrément intéressé. On est loin ici des images d'Épinal d'une Irlande souriante et amicale. Ici c'est les commérages et l'intolérance, les gens qu'on met dans des petites cases, la jeunesse désoeuvrée et les vieux désabusés.

Mais ici aussi, il y a Johnsey. Et même s'il saoule souvent de tellement pas avoir confiance en lui, le gaillard, il est vraiment attachant. Il a vingt-quatre ans quand commence cette année. Un chapitre par mois, de janvier à décembre (le titre original est The thing about december). Il raconte les journées à sa hauteur, les souvenirs de son père, et ce qui lui arrive. Et il va s'en passer des choses. Un décès, une baston, un séjour à l'hôpital, une infirmière surnommée Jolie Voix et le comique Dave Charabia. Johnsey va même se retrouver sous les projecteurs pour une affaire de terres et de pognon. Donal Ryan raconte comment la société peut faire de la charpie des gens différents. Et comme dans le coeur qui tourne, il enfonce bien le clou, un peu trop même, sans doute. Allo ? Y'a pas une seule personne de chouette ici dans le troupeau ?!

Heureusement, Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe est éclairé par Johnsey, de jolies trouvailles, une plume enjouée et beaucoup d'humour – Je pense au « chat-têteur » (cathéter) à l'hôpital qui devient, prononcé par une autre infirmière, un « chat-tateur » et Johnsey qui espère que le chat ne va pas se mettre à mordre ; vu que c'est une sonde urinaire, on l'espère effectivement aussi pour lui, haha.

Je suis en tous cas bien contente de l'avoir sorti de ma pile à lire et me voilà maintenant « à jour » si l'on peut dire, en attendant son prochain, Par une mer basse et tranquille, qui paraîtra le 31 mars prochain chez Albin Michel.

NB : Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe se passe avant le coeur qui tourne, mais dans le même village ou pas loin, car de mémoire on y parlait déjà d'une famille Cunliffe. Il est à noter d'ailleurs (voir mon billet sur la rencontre avec l'auteur en janvier 2017 au Centre Culturel Irlandais ICI) que ce roman est en fait son premier, même s'il n'a paru en France qu'en second. Dans le coeur qui tourne, un roman choral à 21 voix, j'avais trouvé que (je me cite : ) « le foisonnement exacerbé de personnages, de malheurs, de griefs, d'absence d'espoir, sur un roman aussi court (180 pages), c'est presque trop. Difficile de s'attacher à quiconque, pas le temps, et du coup c'est un peu frustrant. ». J'avais du coup préféré son troisième roman, Tout ce que nous allons savoir.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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critiques presse (2)
Lexpress
06 mars 2017
Une peinture mordante de la société moderne irlandaise au travers du portrait d'un jeune paysan assailli par les habitants de son village qui convoitent son bien.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
14 février 2017
Donal Ryan nous plonge dans la réalité de la campagne irlandaise de Tipperary par le biais d’un personnage qui évolue malgré lui en marge de ses semblables.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La solitude est comme un drap qu recouvre le monde. elle coule jusqu'au lac avec les eaux de la rivière, se fond dans la gadoue qui macule la cour, dans les ronces du potager, et les dépendances abandonnées pourraient se briser de tant de solitude. Elle ruisselle dans la maison comme si les murs pleuraient, étouffe la façade telle une plante vénéneuse. Elle est dans le ciel, dans les pierres, dans les nuages et même dans l'herbe. Elle rend l'air si épais que l'on croit suffoquer en le respirant. Pareilles à l'eau de pluie, elle va se loger dans tous les creux. Posée sur les arbres et les brins d’herbe, elle épouse leur forme et imprègne la terre en profondeur. Son odeur rappelle le fond d'une casserole - métal écorché, quelque chose de froid et de piquant. Quand elle vous frappe, c'est comme recevoir un coup de crosse sur les doigts par un matin glacial, en cours d'éducation physique : une douleur vive et brutale, mais intérieure, si bien que personne ne s'aperçoit de rien et ne vient s'excuser, et le professeur ne prend même pas la peine d'essayer de vous faire croire que ça finira par passer.
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Tout le travail qu'ont fourni papa et maman, la traite et les foins, le vêlage et l'agnelage, la tonte des moutons et ces allées et venues entre le marché, l'abattoir et la coopérative, maman qui économisait centime après centime et qui se disputait avec papa parce qu'il dépensait à tort et à travers, et papa qui s'est escrimé des journées entières à faire le maçon - ils aurait été aussi bien inspirés de demander le chômage et de passer leur vie devant la télé, vu que les quelques sous auxquels lui donnent droit les papiers de boîte sont des clopinettes comparés à ce qu'ils gagnerait en vendant les terres aux plus friqués.
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Avec tous les cinglés qui ne pensent qu'à massacrer tout le monde en Son nom, il faut croire que Notre Seigneur se fiche royalement de savoir qui couche avec qui. Il a des soucis beaucoup plus urgents.
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Mais qu'est-ce qu'il a pour lui, Johnny ? Une pauvre cervelle ramollie dans sa grosse caboche qui rumine des idées noires sur cette vie de solitude qu'il déteste plus que tout, deux grosses pattes qui ne savent rien faire d'autre que charrier des sacs d'engrais et de pommes de terre, et un cœur brisé de froussard.
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Maman le mitraille de questions, mais elle n'écoute jamais vraiment les réponses. Plus maintenant, en tout cas. Même les questions qu'elle pose, c'est tout juste si elle les entend. (...) Il pourrait tout aussi bien lui répondre, Sacrée journée, maman, j'ai planté une hache dans le crâne de Packie, j'ai raflé la caisse et je me suis enfui avec la Jeep, et puis j'ai écrasé Eugene Penrose et la bande des chômeurs, je les ai tués ils sont tous morts, et maintenant que j'ai bien mangé je m'en vais frimer en ville et draguer les filles.
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Videos de Donal Ryan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Donal Ryan
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