Les autorités de Wallachye ont pris des mesures draconiennes d'assainissement et ordonnent d'évacuer cette verrue insalubre, ce bidonville immonde qui s'est développé et qui porte si mal son nom : Dieu-le-fit. Les habitants sont invités manu militari à quitter prestement les lieux et à repartir , sans demander leurs restes, d'où ils venaient, chacun dans leur douar respectif, surveillés de très près par le gardien de l'ordre motorisé , el mawtar. La télévision a été conviée à filmer cet oeuvre d'utilité publique.
Pourquoi Bayda, une intellectuelle qui vit à la périphérie de ce cloaque va s'attacher à récupérer des traces de ce qui fut vie en ce lieu ? Pour les autorités, elle est inquiétante, c'est un complot qui se prépare, il faut trouver les complices, tous les séditieux et les arrêter.
Ce roman métaphorique a été écrit en 1996 , Nourredine Saadi vit alors en France, il a quitté l'Algérie plongée encore en pleine tourmente de guerre civile .
Ici il veut raconter, tout à la fois l'épuration, la douleur de l'exil, du déracinement , la déportation.
Wallachye, comme « waallech » - pourquoi – en arabe, parce que c'était écrit, Mektoub ! C'est aussi le roman du fatum, la fatalité. Pourquoi une vie sans histoire bascule?
Quelque fois pour un pas grand chose, un petit rien qui déclenche le drame, parce que tout simplement, c'était écrit !
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Alentour une mélopée : le roseau du berger.
Soleil, canicule et poussière et des paysages séparés par l'invisible frontière : ici, la terre sèche et qui crie ; là-bas, le vert bleuté des vignes ou l'or des orangers sur l'ocre mouillé des mottes. Et l'impossibilité d'assembler l'horizon du regard : un pays mal partagé, éternellement divisé, en fratricide guerre contre lui_même.
Des barbelés d’encre s’entortillaient attardés dans le ciel enguenillé et peu à peu , tel un miroir trop usé, le jour prenait cette couleur indécise du pétrole lorsqu’il jaillit pour la première fois à la lumière. Déjà plus noir mais encore ni gris ni bleu.
Et très vite, Dieu-le-fit, livré aux employés de la voirie, disparut au loin comme un lieu vidé par Dieu entre ciel et terre.
Entretien avec l'écrivain algérien Nourredine Saadi