Robert Sabatier a publié une monumentale histoire de la poésie française en 9 tomes. Le présent volume est consacré au XVIIIème siècle. Il me semble exhaustif, voire trop détaillé.
Ordinairement la grande majorité des critiques considèrent que la "vraie poésie" a été presque absente pendant le Siècle des Lumières, siècle des philosophes et plus généralement des intellectuels, mais pas lyrique pour un sou. Pourtant, ce livre montre que beaucoup de vers ont été écrits à cette période; les auteurs présentés ici sont très nombreux. On y trouve des prosateurs célèbres, qui ont aussi "commis" des vers (comme Voltaire, par exemple). Mais la plupart des poètes me sont inconnus; Jean-Baptiste Rousseau, Lefranc de Pompignan, Piron, Delille, Parny, et consorts sont considérés comme des poètes (très) mineurs. Grâce à ses fables, Florian a pu échapper à l'oubli. Quant aux poètes de la période révolutionnaire, ils n'ont pas laissé un souvenir extraordinaire. Seul André Chénier (qui a été guillotiné pendant la Terreur) fait figure d'exception et mérite vraiment sa consécration comme grand poète: quelle oeuvre il aurait laissé s'il n'était pas mort jeune !
J'ai mis en citation sur Babelio quelques poésies qui ont retenu mon attention.
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Un beau dictionnaire sur la poésie au XVIIIe siècle.
Complet mais un peu partisan.
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[La forme de cette poésie, quand elle est imprimée correctement, affecte celle... d'une bouteille. Mais ceci n'apparait pas dans Babelio]
LA BOUTEILLE
Que mon
Flacon
Me semble bon :
Sans lui
L’ennui
Me nuit,
Me suit ;
Je sens
Mes sens
Mourants,
Pesants,
Quand je le tiens,
Dieux ! que je suis bien !
Que son aspect est agréable !
Que je fais cas de ses divins présents !
C’est de son sein fécond et de ses heureux flancs
Que coule ce nectar si doux, si délectable,
Qui rend dans les esprits tous les coeurs satisfaits;,
Cher objet de mes voeux, tu fais toute ma gloire,
Tant que mon coeur vivra, de tes charmants bienfaits
ll saura conserver la fidèle mémoire.
Ma muse à te louer se consacre à jamais,
Tantôt dans un caveau et tantôt sous ma treille.
Ma lyre, de ma voix accompagnant le son,
Répétera cent fois cette aimable chanson :
Règne sans fin, ma charmante bouteille ;
Règne sans fin, mon cher flacon !
Charles-François Panard (1694-1765)
.
Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson ;
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ;
Je veux achever ma journée.
Ô mort ! tu peux attendre; éloigne, éloigne-toi ;
Va consoler les coeurs que la honte, l'effroi,
Le pâle désespoir dévore.
Pour moi Palès encore a des asiles verts,
Les Amours des baisers, les Muses des concerts.
Je ne veux point mourir encore.
André Chénier (1762-1794)
Non, la langue n'était pas prête, rompue, vivifiée, pour accompagner le changement social.
Ami passant, qui désires connaître
Ce que je fus: je ne voulus rien être;
Je vécus nul, et certes je fis bien;
Car, après tout, bien fou qui se propose,
De rien venant et retournant à rien,
D'être ici-bas, en passant, quelque chose.
Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.
Alexis Piron (1689-1773)
"Quelle idée de génie que la publication de cette trilogie de rêve qui m'a fait aimer les livres" - Gérard Collard.
A l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivain et poète Robert Sabatier, les trois romans qui composent Les allumettes suédoises (Les allumettes suédoises ; Trois sucettes à la menthe ; Les noisettes sauvages), sont réunis pour la première fois en un seul volume. Un chef-d'oeuvre à découvrir ou à redécouvrir.
https://lagriffenoire.com/les-allumettes-suedoises-trois-sucettes-a-la-menthe-les-noisettes-sauvages.html
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