La principale difficulté de ce livre est la place prise par les annotations, les notes de bas de page, parfois plus importantes sur une même feuille que le texte lui-même. Il leur arrive d'être tellement longues qu'elles envahissent plusieurs pages consécutives et lorsque vous revenez au texte, il faut quelques secondes pour reprendre pied dans la lecture et le thème abordé dans le paragraphe.
Si l'on fait abstraction de cet écueil, c'est une lecture abordable, instructive, intéressante et plutôt complète. Elle se compose de trois parties.
La première partie retrace un historique de la surdité agrémenté de nombreux renvois à d'autres ouvrages ou articles ainsi qu'un début de réflexion sur langue des signes ou oral pour les personnes souffrant de surdité, la place des sourds dans la soiciété.
La deuxième partie, la plus longue et très intéressante d'un point de vue des connaissances qu'elle apporte, se penche sur la langue des signes, son utilisation, sa place dans la vie des sourds. L'auteur aborde aussi la relation à l'autre, et comment les signes sont la parole. le dilemme de certains parents, qui veulent que leur enfant soit bien chez les sourds mais aussi chez les entendants (et pour cela avoir la possibilité de communiquer des deux façons de peur de ne sentir appartenir à aucun des deux mondes.)
Il développe la langue des signes en la présentant, en expliquant comment elle utilise l'espace, la position des mains, les yeux et le visage du signeur. Comment un même signe peut être modifié dans l'espace pour donner différents sens (exemple avec le « signe » regarder qui peut vouloir dire surveiller, dévisager, fixer des yeux, regarder longtemps…)
Il nous rappelle que la langue des signes ( à ne pas confondre avec le français signé ou l'américain signé) est une langue à part entière avec une syntaxe grammaticale qui lui est propre.
La troisième relate une grève en Mars 1988 à l'Université de Gallaudet, destinée aux sourds et malentendants, située à Washington où l'enseignement est bilingue. Les étudiants ont manifesté pour obtenir un président d'université sourd.
Cette partie développe les relations entre sourds et entendants et démontrent combien les personnes sourdes revendiquent d'appartenir à une communauté d'où la nécessité d'un responsable qui les comprenne.
Je côtoie des élèves sourds, je pratique la LSF (langue des signes française) depuis 2004. J'ai donc apprécié cet essai qui m'a donné d'autres éléments pour mieux comprendre la communauté sourde, les respecter encore plus si cela est possible, les connaître et les aimer pour ce qu'ils sont, comme ils sont avec toutes leurs richesses (ce dont je ne doutais pas et dont je suis persuadée depuis des années.)
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