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Édith de La Héronnière (Traducteur)
EAN : 9782020146302
312 pages
Seuil (02/03/1992)
4.11/5   516 notes
Résumé :
Oliver Sacks décrit dans ce livre les affections les plus bizarres, celles qui atteignent un homme non seulement dans son corps, mais dans sa personnalité la plus intime et dans l'image qu'il a de lui-même.
Il nous fait pénétrer dans un royaume fantastique, peuplé de créatures étranges : un marin qui, ayant perdu le sens de la continuité du temps, vit prisonnier d'un instant perpétuel ; une vieille dame qui caricature dans la rue les expressions des passants,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Quel titre singulier me direz-vous.
L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau.
Cela pourrait faire penser à un livre d'histoire drôle ou absurde mais ce n'est rien de tout cela.

L'auteur, Oliver Sacks est un neurologue qui a décidé de nous conter certains cas dont il s'est occupé.
Son but n'est pas de nous faire profiter de la misère des autres mais pour nous apprendre, comprendre et peut être ainsi permettre de guérir des cas insolites et donc peu connus.
Nous pourrions nous dire que depuis 1985, date de la première parution, les symptômes doivent être connus du grand public.
Il n'en n'est rien.

Il souhaite aussi et surtout, à travers ses écrits, nous présenter des cas cliniques mais avant tout des êtres humains, luttant contre une maladie.

Enfin, il explique que "l'être profond" du patient a beaucoup d'importance en neurologie car les désordres de ce type entraînent parfois des modifications de l'identité même du patient.

J'ai beaucoup apprécié sa façon de nous présenter ces histoires.
C'est un médecin qui se présente de manière profondément sensible à la détresse de ses patients et qui essaye de nous faire comprendre ce que leurs symptômes impliquent dans leur vie.

Prenons l'exemple de la femme qui n'a plus de proprioception.
Ce sens caché que nous avons tous et qui nous permet de faire les gestes, les mouvements adéquat pour nous tenir debout, parler ou porter.Il nous permet aussi d'avoir conscience que notre corps est bien le nôtre.
Imaginer perdre ce sens dont vous avez à peine conscience.
C'est difficile.
Et bien, il vous faudrait comme le dit la femme qui en est atteinte être les yeux de votre propre corps. Regarder votre bras pour qu'il puisse bouger comme vous le souhaitez.
Mais cela entraîne chez la patiente autre chose : la sensation que son corps ne lui appartient plus, qu'elle se trouve dans un corps mort.
Un sentiment difficilement imaginable et qui ne peut que nous toucher.

Cet essai est pleins de cas comme celui-là qui nous révèle un monde autre, où des hommes et des femmes voient, ressentent, vivent autrement que nous.
C'est aussi un essai pleins d'émotions, de réflexion et d'humanité.
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau est un recueil de récits cliniques. Tous les singuliers caractères qui peuplent ce livre sont authentiques et si l'on a parfois l'impression de naviguer en terrain fantastique, les situations surréalistes décrites par Oliver Sacks sont pourtant bien réelles. Pour le neurologue anglais, " L'être profond du patient a beaucoup d'importance dans les sphères supérieures de la neurologie, autant qu'en psychologie ; car le patient y intervient essentiellement en tant que personne et l'étude de sa maladie ne peut être disjointe de celle de son identité " (p.10). A mi-chemin entre le théoricien et le dramaturge, Sacks considère ses patients comme des " voyageurs de contrées inimaginables - contrées dont, autrement, nous n'aurions pas la moindre idée." (p.11). Réconciliant ainsi le médecin et le naturaliste, le neuropathologiste plaide en faveur de l'émergence d'une science nouvelle fondée sur des études croisées entre psychologie et neurologie...

Publié pour la première fois en 1988, ce livre qui s'inscrit clairement dans une démarche de vulgarisation scientifique, permet au néophyte d'appréhender les difficultés auxquelles sont confrontés les neurologues. Les troubles décrits par Sacks sont incroyables. Ils affectent non seulement les fonctions motrices des patients mais également leur prodonde personnalité. Ce que révèlent ces études de cas, c'est que soigner des patients atteints de troubles neurologiques sans s'attacher à comprendre les corrélations entre corps et esprit relève d'une fastueuse entreprise. D'après Sacks, il est compliqué de soigner un malade " sans approfondir l'anamnèse jusqu'au récit ou au conte : car c'est seulement là que nous avons à la fois un "qui " et un " quoi ", une personne réelle, un patient confronté à la maladie - à la réalité physique." (p.10). Renouant avec la tradition du récit des maladies, technique ancienne héritée d'Hippocrate, le neurologue considère que la rencontre entre les études du psychique et du physique est nécessaire pour progresser dans le traitement des malades. Grande est la tentation de croire que les cas présentés relèvent exclusivement de l'anecdote voire de la fable. Les récits du médecin s'accompagnent pourtant d'analyses argumentées et les cas relatés ne manquent pas de soulever de nombreuses questions : est-ce possible de ne pas reconnaître son propre visage ? Se peut-il qu'on ne puisse vouloir se servir de ses mains qu'au bout de 60 ans de vie ? Que penser de cette femme qui n'a aucune conscience de ce qui se passe à sa gauche ? Que dire encore de la femme désincarnée ou de cette femme qui ne comprenait pas les mots ? Comment croire encore à l'histoire de cet homme qui sous l'effet de la drogue, se retrouve dans la peau d'un chien ? Que se disent encore ces frères jumeaux qui communiquent exclusivement par le biais de nombres premiers ? Toutes ces histoires hallucinantes sont autant de témoignages improbables qui défient toute imagination. C'est déroutant, effrayant, vertigineux mais tellement captivant !

Grâce à l'évocation de ces quelques mystères irrésolus, l'écrivain scientifique invite à un voyage des plus troublants dans les méandres insondables du cerveau : maladie de Parkinson, syndrôme de Korsakov, maladie de la Tourette, maladie d'Alzheimer, autisme... tous ces troubles neurologiques dont nous avons plus au moins connaissance, prennent avec la lecture de ce livre une certaine consistance. le médecin les a regroupés dans quatre chapitres : les déficits qui se caractérisent par une détérioration ou une incapacité de la fonction neurologique (aphonie/extinction de la voix, aphémie/altération de la parole, apahasie/trouble du langage, alexie/trouble lié à la lecture, apraxie/incapacité à coordonner correctement ses mouvements, agnosie/incapacité à reconnaître les objets, amnésie/perte partielle ou totale de la mémoire, ataxie/perte de coordination des muscles des bras ou des jambes). Les excès qui se traduisent par la surabondance fonctionnelle (hyperkynésie/hyperactivité, hyperboulie/tendance à l'exagération, hyperdynamie/hyperactivité musculaire, hypermnésie/exaltation de la mémoire, hypergnosie/exacerbation de la reconnaissance des objets...). Les transports (réminiscence, altération de la perception, imagination, rêve) qui ne sont pas souvent pris en compte du point de vue neurologique mais qui relèvent plus souvent de la psychanalyse (cf. Hildegarde de Bingen). Et enfin, le monde des simples d'esprits, "univers fascinant et paradoxal où tout tourne autour de l'ambiguité du "concret" p.222-226), qui interroge sur " cette qualité de pensée qui caractérise les simples d'esprit et leur confère leur poignante innocence, leur transparence, leur complétude, leur dignité " (p.224) mais qui n'est pas ou peu étudié par la science classique.

Aussi inquiétantes que soient ces histoires (elles relèvent pour beaucoup de l'incompréhensible), elles recèlent une richesse infinie de l'univers mental qui construit nos esprits. Ne serait-ce le vocabulaire parfois très technique, ce livre est tout à fait accessible et il incite certainement à fouiller le sujet. A découvrir !
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Étrange voyage au coeur du cerveau humain. À travers des portraits souvent touchants de ses patients, Oliver Sacks nous montre plusieurs fonctions de notre organe favori qui nous semblent tellement naturelles et évidentes qu'on ne cherche même pas à mettre un nom dessus, et qui pourtant peuvent disparaître (ou ne jamais se développer) : savoir où se trouve le sol en marchant sans devoir regarder à terre en permanence, voir une main et comprendre que c'est la nôtre, reconnaître le visage de sa femme et de ses enfants, se rappeler de ce qu'on a fait la veille, …

Le plus dérangeant dans ce livre, c'est qu'il bouscule la conception que l'on peut avoir de la personnalité. On a tendance à la considérer comme unique, indivisible, voire même éternelle pour une partie de la population (avec le concept de l'âme). Pourtant, les histoires racontées ici semblent plutôt suggérer que nous avons plein de petits « modules » dans le cerveau, connectés mais en partie indépendants, et qu'il suffit qu'il n'y en ait qu'un qui cesse de fonctionner correctement pour transformer radicalement notre personnalité et notre manière de voir le monde ; tout comme le fait que certaines substances chimiques peuvent totalement éteindre ou au contraire exciter des traits de caractère parfois présents depuis la petite enfance.

J'ai aussi beaucoup apprécié la manière très humaine d'aborder chaque patient. Quand on se spécialise dans un domaine, on a tendance à ne plus voir qu'un organe (ou une sous-fonction d'un organe), plus ou moins bien entretenu, à la place d'un être vivant. L'auteur souligne l'importance d'observer une personne dans sa vie quotidienne plutôt de se fier à des tests standardisés réalisés dans des laboratoires. Il se pose aussi la question de la légitimité du corps médical à arracher une personne à une vie potentiellement riche pour la forcer à acquérir une semi-autonomie précaire dans le monde dit normal.

Malgré son titre qui prête à sourire, ce témoignage provoque de sérieuses interrogations. Suffisamment pour donner envie de se plonger un peu plus sérieusement dans le sujet.
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Oliver Sacks , neurologue Anglais avait pris de l'avance sur les pathologies neuro dégénératives.
Grace à ce livre , il décrit toutes les affections neurologiques qu'il a pu rencontrer.
Il va décrire 24 cas cliniques qui peuvent paraitre complètement hallucinants , impressionnants, et chacun de ces 24 cas va représenter une pathologie différente ....et toutes ces pathologies sont bien réelles .
J'étais en école d'infirmière quand nous avons étudié ce livre ..jeunes futures infirmières qui ne connaissions que peu la neurologie à cette époque ..nous sommes restées perplexes.
Les pathologies sont enseignées par la suite et il y avait peu de cas diagnostiqué..on rencontre donc ces pathologies neurodégénératives comme le syndrome de Korsakoff ( démence de l'alcoolique), parkinson ( dégénérescence des plaques cérébrales ) , de même Alzheimer , gilles de la Tourette, prise d'amphétamines chez un jeune étudiant ...les signes cliniques seront tous distincts.
Les patients sont malades dans le corps mais également dans leur personnalité , dans leur esprit, dans leur moi .L'image d'eux même est donc altérée ou n'existe plus .
la neurologie c'est vraiment une spécialité entre la psychologie et la neurologie.
Selon Sacks," il est compliqué de soigner un malade sans approfondir l'anamnèse jusqu'au récit".
Il est évident que certaines personnes peuvent être choquées:"est ce possible de ne pas reconnaitre son propre visage"

Ce livre est simple à lire et décrit bien les choses, les cas cliniques et de façon explicite.Je recommande ce livre ..pas spécialement à des lecteurs jeunes mais des curieux ou des personnes vieillissantes qui angoissent toutes d'avoir un jour une de cette pathologie .
Bonne lecture
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Ce sont différents récits cliniques, aussi intéressants les uns que les autres.
C'est une approche sur de nombreuses maladies telle que le syndrome de la Tourette, l'autisme, et sur multiples déficiences neurologiques et leurs « guérisons ».
J'ai lu beaucoup de livres de ce genre et j'avais envie de me replonger dans ces singulières études.

En connaissant les différents problèmes psychologiques des personnes.
On comprend ainsi, les difficultés que peuvent engendrer ces diverses maladies.
Cela me permet d'être un peu plus humaine et moins terre à terre et de ne pas les juger bêtement comme des idiots… Parce que ça peut arriver à tout le monde.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Cela fait maintenant neuf ans que je connais Jimmie – et, du point de vue neuropsychologique, il n'a pas changé le moins du monde. Il a toujours le syndrome de Korsakov le plus grave et le plus dévastateur qui soit ; il ne se rappelle rien au-delà de quelques secondes et son amnésie depuis 1945 est profonde. Mais, du point de vue humain, spirituel, il est devenu un autre homme – il n'est plus agité, flottant, ennuyé, perdu, mais profondément attentif à la beauté et à l'âme du monde, riches au regard des catégories kierkegaardiennes – c'est-à-dire du point de vue esthétique, moral, religieux, dramatique. La première fois que je le vis, je me demandai s'il n'était pas condamné à une sorte de futilité « humienne » [Cf David Hume], à un flottement sans signification à la surface de la terre, et s'il y avait un moyen possible de dépasser l'incohérence de son trouble « humien ». La science empirique me dit que non – mais la science empirique, l'empirisme, ne tient pas compte de l'âme, ni de ce qui constitue et détermine l'être humain comme sujet. Peut-être y a-t-il là une leçon à la fois philosophique et clinique : dans le syndrome de Korsakov, dans la démence ou dans d'autres catastrophes du même genre, si graves que soient les dégâts organiques qui entraînent cette dissolution « humienne », il reste toujours la possibilité entière d'une restauration de l'intégrité grâce à l'art, la communion, le contact avec l'esprit humain : et cette possibilité demeure même là où nous ne voyons de prime abord que l'état désespéré d'une destruction neurologique.
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["Il faut commencer à perdre la mémoire, ne serait-ce que par bribes, pour se rendre compte que cette mémoire est ce qui fait notre vie.
Une vie sans mémoire ne serait pas une vie (...) Notre mémoire est notre cohérence, notre raison, notre sentiment, et même notre action. Sans elle, nous ne sommes rien (...) (Je ne peux qu'attendre l'amnésie finale, celle qui effacera une vie entière, comme cela s'est passé pour ma mère...) (Luis BUNUEL, "Mon dernier soupir", paris, R. Laffont, 1982)

Ce passage effrayant et émouvant tiré des Mémoires de Bunuel pose des question fondamentales, qui sont de nature à la fois clinique, pratique, existentielle et philosophique : quelle sorte de vie (si l'on peut parler de vie), quelle sorte de monde, de soi, peuvent être préservés chez un homme qui a perdu une grande part de sa mémoire et, avec elle, son passé et son ancrage dans le temps ?]
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Lorsque Christina monte péniblement, maladroitement, dans un autobus, elle ne rencontre que des grognements de colère et d'incompréhension : "Qu'y a-t-il Madame? Êtes-vous aveugle? Ivre?" Que peut-elle répondre? "Je n'ai pas de proprioception"? L'absence de sympathie et de soutien de la part de la société est pour elle une épreuve supplémentaire : invalide, mais d'une invalidité dont la nature n'est pas claire - car, après tout, elle n'est ni aveugle, ni paralysée, elle n'a rien d'évident -, on a tendance à la traiter comme une simulatrice ou une folle. Tel est le sort de ceux dont les sens cachés sont déréglés.
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Chacun d'entre nous est une biographie, une histoire, un récit singulier, qui s’élabore en permanence, de manière inconsciente, par, à travers et en nous - à travers nos perceptions, nos sentiments, nos pensées, nos actions ; et également par nos récits, nos discours. Biologiquement, physiologiquement, nous ne sommes pas tellement différents les uns des autres ; historiquement, en tant que récit - chacun d'entre nous est unique.
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Si un homme a perdu un œil ou une jambe, il sait qu'il a perdu un œil ou une jambe ; mais s'il a perdu le soi - s'il s'est perdu lui-même -, il ne peut le savoir, parce qu'il n'y a plus personne pour le savoir.
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Vidéo de Oliver Sacks
« Les jardins et la nature sont souvent plus efficaces que n'importe quel medicament. » Oliver Sacks Qui soigne son jardin soigne son âme : s'occuper ne serait-ce que de quelques fleurs à sa fenêtre aide à se reconnecter à soi et aux autres. Voltaire ne disait-il pas qu'il « faut cultiver notre jardin » ? Grâce au jardinage, les prisonniers récidivent moins, les ados à risques retrouvent des repères, les personnes souffrant de syndrome post-traumatique gagnent une forme d'apaisement, les personnes âgées une meilleure forme physique et morale… et tout le monde y trouve son équilibre. S'appuyant sur les données scientifiques et sur son expérience de psychiatre et de psychanalyste, tout autant que sur sa pratique, vitale pour elle, du jardinage, Sue Stuart-Smith, explore le pouvoir reparateur du lien avec la nature. Best-seller en Angleterre, traduit dans dix langues, un livre inspirant sur les effets thérapeutiques du jardinage et sa capacité à apaiser notre stress dans le monde moderne.
Sue Stuart-Smith, psychiatre, psychanalyste, enseigne à la Tavistock Clinic de Londres. Avec son mari, Tom Stuart-Smith, paysagiste anglais, ils ont créé le magnifique Barn Garden, dans le Herfordshire.
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