You will never hate alone

Si Laurent Sagalovitsch est un romancier publié, les textes proposés par Onlit sont une compilation d'articles issus du blog de l'auteur, billets d'humeur abordant des thématiques diverses et variées, de l'inutilité du téléphone mobile, à la rareté des prix Nobel féminins, en passant par le système fiscal québécois, ou les risques des benzodiazépines j'en passe et des toutes aussi succulentes. L'auteur revendique de se contre-foutre de l'avis du lecteur. Désolée je vais quand même le donner, j'ai parcouru avec un grand plaisir ces commentaires irrévérencieux et subversifs sur ces sujets d'actualité, analysés pour les plus hexagonaux avec le recul que confère l'exil outre-atlantique. D'autant que la langue est fleurie et spirituelle. de quoi donner envie de s'abonner au blog en question, ou de lire le roman Un juif en cavale, pour peu que l'exercice ait été réalisé avec le même brio. Envers et contre vous, Mr Sagalovitsch, je ne sais pas si je vous aime, mais j'aime bien ce que vous écrivez. Et ça m'est aussi égal que ce ne soit pas réciproque
Lien : http://kittylamouette.blogsp..

Traduction du titre: « Vous ne détesterez jamais seul »
Un écrit qui reflète tout le contraire de l'étiquette
« ! Mise en quarantaine/contagieux » qu'on lui a cloutée sur la colonne vertébrale.
De tribulations schizophréniques, paranoïaques, explosives ;
À des instants de réalité poétique, lucides et fluides.
À propos de mails et de lettres papier (à un cheveu de nous chanter « I Will survive »), de la malbouffe a même la barquette (rapido, avaler c'est digérer).
Un tour d'horizon d'une société qui « impexplose ».
Un talent certain au style tranché, au ton grincheux, râpeux, qui pique au vif, qui peut déranger, et qui peut-être juste. Imagé et explosif à gogo. C'est « verbito » qui gerbe de la phrase directe, un impulsif, un égocentrique qui s'assume. Un rêveur et un réaliste aux pensées amères sur une actu qui fouette. Un ensemble de constats lancés au coup de dé : déprimant, délicieux, défibrillateur qui décharge d'un coup. BAM. Ouvre les yeux…
Il y a aussi des airs de nostalgie, de résignation. L'écrivain se joue des lecteurs. Sur l'ensemble du recueil, on avale un maximum de texte qui traite de sujet qui passe de l'inutile différence entre le chien et le chat, à d'autres constats comme celui d'une France malade (limite orange mécanique, je voulais le mettre, trop tentant même si inutile et ridicule) ou encore la concision et la fluidité avec laquelle il traite des sujets littéraires (Kafka, P Roth, prix littéraire, dépôt de manuscrit, adaptations littéraires…) Il saute du sarcasme au sérieux tel l'individu atteint d'une double personnalité.
Il y a quand même une évolution plus douce du début à la fin du recueil. Plus excentrique au départ que sur le reste. À ce titre, l'auteur m'a paru à peu de chose près comme, c'est l'impression qu'il m'a donnée ou qu'il a voulu donner peut-être à travers la diversité des propos avancés, le Jean Echenoz qu'il dépeint : « Il n'a rien à nous dire, mais il le fait avec un tel brio qu'il demeure un romancier magistral » (p76). Dans le cadre de ce recueil, c'est plutôt un chroniqueur magistral. Pour le reste, je ne connais pas ces autres ouvrages…
Vous allez lire un auteur anticonformiste qui n'avait pas de téléphone portable et qui finalement se retrouve publié en numérique. Il ne détestera plus jamais seul.
Update malgré lui.