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Surprise par ce texte surprenant à mi-chemin entre le roman et l'essai. Publié en 1972, il est pour Françoise Sagan l'occasion de faire le point. Eléonore et Sébastien les héros de sa pièce Un château en Suède reviennent vivre à Paris. Ils sont fauchés, toujours aussi beaux ils se mettent en quête de celui ou celle qui leur assurera l'existence oisive et confortable à laquelle ils ont droit...
Leur mère spirituelle les accompagne dans leur quête et fusent pêle-mêle ses avis sur l'amour, la vie , la religion, le féminisme et bien sûr sur le "travail" de l'écrivain.
Un texte qui m'a permis de découvrir une femme portée aux nues par les uns, vilipendée par les autres et qui, par petites touches, se dévoile ou se cache un peu plus aux regards. Qui sait? Un texte qui rien que pour cela mérite le détour.

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Relecture, environ cinquante ans après.

Insolente et anticonformiste, désenchantée et lucide, telle s'affiche dans ce roman, celle qui fit scandale en publiant "bonjour tristesse".
En mars 1971, quand Françoise Sagan ébauche "des bleus à l'âme", à seulement trente six ans, elle a déjà brûlé la vie par les deux bouts, transgressé les tabous, donné libre cours à "la folle du logis", tout en gardant une âme d'adolescente pleine de révolte, de bleus à l'âme et de grisaille.
C'est en cela que son récit m'a profondément touchée.
Entre ses deux personnages et elle, on suit un texte qui oscille entre fiction et confession, échappant à toute règle, et suivant la fantaisie d'une auteure qui refusait les normes.
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Des Bleus à l'âme que j'ai lu juste après et dans lequel elle fait réapparaître les personnages de Château en Suède (“Je ne peux pas faire travailler Eléonore [...] dans une maison de prêt-à-porter. Ce serait comme lancer Sébastien dans les finances ou la Bourse. Ils en mourraient tous les deux.”).

Mais elle en parle comme s'il s'agissait de personnages faisant partie d'elle-même, liés à son travail même d'écrivain qu'elle relate au fur et à mesure de leurs aventures (“De temps en temps, je manque d'écrire : “Mais je m'égare”, vieille politesse pour le lecteur, mais stupide, ici, puisque mon propos est de m'égarer.”)

Bref, un beau morceau de Sagan, désespéré et tendre.
“Éléonore et le jeune homme dansaient dans une boîte de nuit … Catastrophe ! Qu'ai-je dit ? Me voici retombée dans le petit monde de Sagan et des boîtes de nuit … “
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Je me suis arrêtée page 50...
Je n'ai pas réussi à entrer dans l'alternance de l'histoire de ces deux frère et soeur légers, déconnectés de la réalité matérielle, dans un autre monde que je qualifie de "futile" et les réflexions de l'écrivain sur son travail d'écriture, son image, la réputation que les médias lui font…
J'y reviendrai peut-être un jour.
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Éléonore et Sébastien sont frère et soeur et inséparables. Mais surtout, ce sont de vrais pique-assiettes, dépendant financièrement soit des mariages d'Éléonore, soit des liaisons de Sébastien.
Je vais commencer par un aveu, je n'ai jamais lu Sagan avant ce livre. La possibilité de pouvoir la découvrir en livre audio a été pour moi une vraie opportunité. Et j'avoue m'être régalée de ce livre, où Françoise Sagan mêle le récit des aventures d'Éléonore et Sébastien avec des pensées sur son travail d'écrivain et sur la vie en général. le procédé surprend et implique le lecteur dans le roman, rendant le roman plus réaliste, surtout avec la fin qui brouille un peu plus la frontière entre réalité et fiction.
Si l'on peut à priori déteste le frère et la soeur, oisifs vivant de la générosité des autres, on finit par s'attacher à eux, et surtout à s'attacher à leurs pas et à ceux qui gravite autour d'eux. Leurs péripéties frôlent la banalité, mais l'autrice réussit à mettre en relief toutes ces anecdotes du quotidien.
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai écouté ce roman et j'ai beaucoup aimé la narratrice, Lola Naymark, qui arrive a différencier l'histoire que raconte Sagan, de ses pensées. On s'immerge grâce à elle dans ce roman, qu'elle porte avec beaucoup de talent.
Une excellente découverte pour moi.
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C'est peut-être le livre le plus anxiogène et profond de l'auteure à cette époque donnée de son existence.

Dix-huit ans ont passé depuis Bonjour Tristesse et Sagan a 37 ans, le même âge que ses deux héros, Eléonore et Sébastien, qu'elle a fait revenir de leur Château en Suède, pas tout à fait par hasard…Livre écrit à l'ombre d'elle-même, penchée sur ses abîmes d'où elle tente de remonter. Elle y mettra un an avec une interruption de six mois dans l'écriture.

Au début, la forme du livre qui alterne un chapitre sur deux, le roman et ses confessions acides et douces-amères déstabilise le lecteur. « La petite musique » est grippée et elle-même tousse beaucoup pour retrouver « l'envie de » et échapper à l'ennui, son pire ennemi.

Sagan va nous raconter l'intimité avec ses héros en nous confiant l'intime de Françoise. Sagan est malmenée de tous côtés et veut réhabiliter Françoise. Et c'est dans le dernier chapitre, en rejoignant ses héros, qu'elle laissera enfin partir pour les rendre à leur douce vie de château, qu'elle retrouvera dans ce geste, on le devine, un équilibre provisoire car rien n'est jamais définitif avec elle, sauf la mort dont elle nous donne sa vision dès la page 6 : « La mort, je la vois de velours, gantée, noire et en tout cas, irrémédiable, absolue (…). Ma mort, c'est le moindre mal ».

Dans la partie roman, très brève, Eléonore et Sébastien, trop beaux et trop blonds, frère et soeur siamois jusqu'à l'osmose la plus troublante, inaccessibles au commun des mortels, ignorant et méprisant jusqu'à la notion de travail, incarnent une époque révolue. Désargentés et entretenus, ils donnent de leurs personnes à tour de rôle pour survivre. Ils sont gais, légers et mélancoliques, ils écument les soirées mondaines, jusqu'à l'amant de trop, celui d'Eléonore qui causera le suicide de leur meilleur ami. Et là, terminée l'escapade parisienne : un hasard bienvenu leur permettra de rentrer en Suède. Ils avaient des « principes » ces aristocrates bohémiens ! On sent Sagan à la fois triste et libérée de les quitter (car elle aime ses personnages), ce qui permettra à Françoise de tourner une page de sa vie.

Dans les chapitres-confessions, elle explique pourquoi « eux », héros de Château en Suède. Elle décrypte dès le début comment il lui faut leur donner vie à ces personnages, leur « faire faire quelque chose » qui tienne debout, elle prend le lecteur à témoin, elle tape du poing sur la table : elle en a marre d'être reconnue uniquement pour ses frasques, ses accidents de « tôle froissée », ses problèmes avec le fisc et cette société post-soixante-huit qui commence à devenir « correcte » l'ennuie profondément. La critique l'assassine, systématiquement, elle commencera ce livre en mars 1971, le lâchera pendant 6 mois avant de le terminer en avril 1972 et d'égratigner au passage d'une plume mordante ce qui lui fait mal ; la politique aussi y a droit : elle en a une prescience inouïe quant à son avenir : « Et tous ces crétins qui s'occupent du « peuple », qui parlent du « peuple, avec quelle touchante maladresse dans leur redingote de gauche, épuisante à la fin dans ce souci qu'elle nous donne, à nous qui haïssons la droite, de les défendre, d'empêcher qu'un fou furieux (ou un calme) n'en fasse vraiment -de cette misérable redingote- une loque impossible à mettre ».

Elle ne sort plus, refusant délibérément les invitations en tant « que Sagan », « La Sagan, comme ils disent en Italie ». Elle avoue quand même, que « ce masque » sous lequel on la réduit (vitesse, alcool, boîtes de nuit, mariages, divorces, Ferrari) lui a bien servi car il correspond à des évidences de sa nature profonde : « La vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui vous perd et donc vous permet de vous trouver ». Mais qu'il n'est pas incompatible d'être un écrivain sérieux avec toutes les affres que cela comporte (la solitude, la page blanche), de s'engager pour des causes justes ET d'avoir choisi le mode de vie tant décrié qui lui convenait. « Elle avait du recul donc de l'avance sur lui » fera-t-elle dire à Eléonore, petite phrase révélatrice de son propre cheminement…

Et comme dans chacun de ses livres que j'ai lus jusqu'à présent, elle reprend le titre, l'extrait de la p.89, n'est ni plus beau, ni plus déterminant qu'un autre mais reflète superbement l'atmosphère délétère du livre :« Ce ne sont pas les plages qui se dévident dans des décors de rêve, ce n'est pas le Club Méditerranée, ce ne sont pas les copains, c'est quelque chose de fragile, de précieux que l'on saccage délibérément ces temps-ci et que les chrétiens appellent « l'âme ». (…). Et cette âme, si nous n'y prenons pas garde, nous la retrouverons un jour devant nous, essoufflée, demandant grâce et pleine de bleus… Et ces bleus, sans doute, nous ne les aurons pas volés ».

Nous connaissons la suite, mais le passage où elle s'imagine en 2010, avec 74 ans au compteur et des petits-enfants ennuyeux, nous rappelle qu'elle nous a quittés bien trop tôt, qu'elle aurait fait une grand-mère « exquise», que ses lecteurs assidus attendraient impatiemment la sortie du « dernier Sagan » au lieu de ressentir cette infinie tristesse quand on ferme le livre en se disant: « Elle n'est plus là et elle nous manque »…


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Voilà un objet littéraire étrange. C'est l'histoire de deux suédois, frère et soeur, Eléonore et Sébastien. La quarantaine, ce sont des pics assiettes qui profitent des richesses des uns et des autres. Mais à cette histoire, se mêle les réflexions de l'auteur. Sur ses personnages, sa façon d'écrire ce roman, sur sa vie. Et on a l'impression de pousser gentiment la porte de son processus créatif....C'est très intéressant et si l'intrigue des van Milhem tombe assez vite à plat, les commentaires de l'auteur sont très plaisants.
J'ai écouté ce livre et la lecture fut très agréable. La lectrice arrive à incarner aussi bien Sagan que l'intrigue du frère et de la soeur.
Merci à Audiolib et Netgalley pour cette lecture.
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Un roman hybride entre fiction et confession de cette célèbre autrice intemporelle, qualifiée de "charmant petit monstre" par François Mauriac !

A découvrir en version audio chez @Audiolib grâce à l'interprétation très juste de Lola Naymark. Elle glisse avec aisance d'un ton à l'autre, du commentaire autobiographique au roman, du mordant de Sagan au persiflage de Sébastien ou Éléonore.

Ce texte admirable permet de découvrir plusieurs facettes de cette écrivaine culte que Lola Naymark fait revivre grâce à une lecture intimiste très réussie : sa voix détachée, son débit saccadé, son ton cynique m'a d'ailleurs rappelé quelque peu la diction heurtée de Françoise Sagan.

"Sébastien et Éléonore, frère et soeur, complices inséparables, la quarantaine proche, se retrouvent à Paris. Également beaux et blonds, les voici nonchalamment installés dans un meublé de hasard, parfaitement désargentés et parfaitement disponibles.

Presque aussitôt, se pressent autour d'eux Nora, une Américaine aussi riche que mûre, Bruno, jeune premier du cinéma français, Robert, un célèbre imprésario..."

Dans "les bleus à l'âme", Françoise Sagan intervient directement dans le récit en s'adressant à son lecteur, créant ainsi avec lui une certaine complicité. Elle prend parti pour l'un ou l'autre de ses personnages qui font partie de sa personnalité ; elle nous livre ses sentiments en parlant de sa vie, de ses doutes de femme et d'écrivaine ; elle se met en scène comme rarement. Elle utilise le « je » pour justifier ses choix et lui redonne, dans une pirouette finale, son statut romanesque.

Je remercie @Audiolib et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman dont j'ai beaucoup apprécié la version audio. Dès le début, je me suis laissée emportée par les confessions nostalgiques douces-amères de l'autrice non dépourvues d'auto-dérision.
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J'avais ajouté ce livre sur ma liste d'envies après avoir lu des avis positifs et parce que je gardais un bon souvenir de Bonjour tristesse lu en 2010.

Ce livre est court : 179 pages. Il est original car l'auteur alterne les passages sur l'histoire des ses personnages et les passages sur des réflexions sur son écriture, sa vie.

J'ai trouvé ce principe sympathique... au début. Puis, les passages où l'auteur intervient m'on paru longs et bavards, pourtant le livre est court. Je n'ai pas trop apprécié cette introspection, c'est pourtant ce qui fait qu'on aime ce livre ou non.

Certains passages drôles et cyniques m'ont fait sourire, les personnages ont vraiment un côté caricatural mais ils ne sont pas franchement antipathiques. Ils ont très peur de vieillir mais à quarante ans leur jeunesse s'éloigne.
"- Si tu t'habilles dans un rideau, je peux laisser pousser mes cheveux ?
- Dépêche-toi, alors. Leur chute est proche." p.21
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Je me souviens d'une critique qui dit que "Des bleus à l'âme" est le meilleur roman de Françoise Sagan. Je ne trouve pas mais il est certain que c'est le plus original et que c'est un bon roman.
J'ai beaucoup aimé retrouver Sébastien et Éléonore van Millen, le frère et la soeur inséparables de la pièce "Château en Suède" un peu vieillis et transformés en parasites et fiers de l'être. Ils sont à la recherche de personnes providentielles qui, eu égard à leur charme, leur drôlerie et leur chance souhaiterait les entretenir quelques temps.
Pour autant, ce roman ne s'arrête pas à ce petit monde saganesque où il n'y a pas de vrais problèmes mais se prolonge de façon surprenante.
Avec une certaine ironie et un langage franc Sagan prend la liberté de commenter le texte qu'elle est en train d'écrire et même d'aller au-delà.
C'est comme si elle se donnait la parole (je pense qu'elle en avait besoin) et que cela lui semblait évident dans une période de déprime, nostalgique, qui donne un très beau titre à ce livre. D'ailleurs, elle explique elle-même qu'elle est lasse du phénomène d'identification de ses amis ou relations à ses personnages de roman (comme si elle cherchait à reproduire la réalité alors que ce n'est pas le cas).
Ici c'est plus compliqué de penser qu'il s'agit de proches car elle casse les codes en mêlant habilement l'histoire des deux suédois et une sorte d'hypertexte qui nous permet de la découvrir, elle Françoise Sagan. Elle évoque différents thèmes dans la narration : la nature, les sentiments, l'avenir et surtout la création littéraire.
Un roman d'une liberté séduisante.


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