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EAN : 9782266061759
283 pages
Pocket (12/09/1999)
3.43/5   151 notes
Résumé :
Lorsque Béatrice a négligemment quitté Édouard cinq ans plus tôt, il a été vite remplacé. Il faut dire que ce garçon, bien que séduisant, était très jeune et manquait d’avenir. Mais le voilà désormais auteur à succès, coqueluche du Tout-Paris et toujours aussi amoureux d’elle, Béatrice, la magnifique, la féroce actrice de boulevard. Elle retombe dans ses bras, étonnée de se souvenir encore de lui. Ce beau couple ne manque pas d’exciter les curiosités, chacun se dema... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'aurais voulu aimer ce roman, bien sûr, tout comme j'avais adoré Bonjour Tristesse. Mais voilà ... ce qui fait l'admiration de certains lecteurs - sa capacité à décortiquer les sentiments et les moindres gestes, hésitations etc - m'a personnellement profondément ennuyée. Je pense que contrairement au passé, je n'accroche plus vraiment à cette littérature d'introspection et d'analyse en particulier quand il s'agit de l'essentiel de l'intrigue.
J'ai sans doute aussi mal choisi dans sa bibliographie, car le monde du show-bizz ne m'intéresse pas spécialement et aurait même tendance à vite m'agacer selon la manière dont c'est présenté.
Bref, j'ai suivi laborieusement l'évolution des sentiments amoureux du beau couple que semblent former la "magnifique et féroce Béatrice, actrice égocentrique comme il se doit, et le jeune et talentueux dramaturge, Edouard, que Béatrice reprend dans son lit maintenant qu'il est connu.
Bof...

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Roman écrit en 1977, soit vingt ans après "Dans un mois, dans un an" d'où elle exhume deux personnages secondaires, Edouard Maligrasse et Béatrice Valmont mais en situant l'action cinq ans après leur rupture... Pour notre plus grand bonheur !

Edouard Maligrasse ne croit pas à sa chance quand le hasard le remet en présence de la "belle et violente" Béatrice et surtout s'étonne de l'aimer comme s'il n'avait pas souffert, prêt à endurer à nouveau les tourments que sait distiller la belle : jalousie, infidélité, indifférence affichée et assumée et j'en passe. L'action commence et finit dans une chambre aux draps bleus, aux rideaux bleus, à la moquette bleue, Béatrice dormant, le bras replié sous sa nuque sous l'oeil amoureux d'Edouard.

Il eût été ennuyeux de passer 300 pages dans cette chambre à regarder se prendre et se déprendre ce couple improbable au départ mais qui va gagner en densité au fil du récit. Et c'est mal connaître Sagan qui encore une fois, en profite pour laisser parler Françoise à la fois par la bouche d'Edouard qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau depuis qu'il est devenu un auteur de théâtre reconnu, "théâtre intellectuel" aux prises avec ses doutes quant à son talent en ce domaine et par celle de Béatrice, antipathique, énervante, capricieuse mais intelligente (elle a lu Proust, Paul Valéry et beaucoup de Série Noire) et qui sait se montrer attendrissante quelquefois...entre deux sorties mondaines obligatoires et deux amants facultatifs. Car c'est bien de théâtre dont il s'agit dans ce roman, le théâtre d'auteur, et celui de Béatrice, désormais célèbre actrice "de boulevard", deux mondes qui s'opposent mais se rejoignent dans les mêmes codes du snobisme parisien. Les deux "théâtre" en prennent pour leur grade : celui d'auteur où huit cents mondains s'ennuient en se pâmant comme les dix critiques accourus voir la dernière pièce à la mode, incompréhensible mais vitale pour alimenter les dîners en ville. C'est Béatrice, sortie de rien, qui réhabilitera (un peu) ce théâtre de boulevard boudé de l'intelligentsia par son talent réel qu'elle découvrira, mêlé à sa "vocation" d'actrice. Et chacun ne veut mélanger sa partie à celle de l'autre, en cela bien résumée par le triste Jolyet que l'on retrouve ici atteint d'un cancer en phase terminale, il fraternisera avec Edouard pour le "protéger" de Béatrice en disant à cette dernière : "Il y a une grande différence, c'est que toi, en jouant, tu cherches à t'oublier. Alors que lui, Edouard, en écrivant, il cherche à se trouver. de plus, toi (...), tu as des échos, des preuves immédiates de ton talent : les silences de la salle et ses bravos, tu as des plaisirs immédiats et physiques, sensuels même, qu'un écrivain n'a jamais. Sauf parfois, à l'aube, quand il a l'impression de découvrir ce qu'il savait déjà, mais c'est un plaisir abstrait et inconnu des autres."

En se cherchant, le timide et un peu fade Edouard (malgré son charme), cherche aussi à garder Béatrice telle qu'elle est, libre, sensuelle, infidèle et féroce. Un jour, alors qu'elle le trompe une nouvelle fois, voici ce que l'auteure (Béatrice) en pense : " Car c'était bien la seule circonstance où un homme et une femme se retrouvaient à égalité, puisque soumis à la même délicieuse nécessité : celle de se rejoindre." Ce jeu du chat et la souris n'est ni blanc ni noir chez Sagan, mais tortueux, douloureux pour celui qui aime toujours plus que l'autre. Alors certes, Béatrice est théâtrale, ne sachant jamais quel "jeu" elle doit adapter à la situation mais la témérité, la persévérance et les ruses d'Edouard, son amour sincère et gratuit (valeurs qui lui sont totalement inconnues) viendront à bout de sa carapace surjouée. Son succès mondial et l'argent qu'il gagnera ne seront peut-être pas tout à fait étrangers à cette reddition...L'amour aussi : " (...) ; Edouard, abasourdi, chancelant de bonheur, pensa très vite qu'il ne pourrait jamais, au grand jamais, s'habituer à elle, ni par conséquent se déshabituer de l'aimer".

MON SENTIMENT...

J'ai eu un peu peur au départ, au début de la passion réciproque (si si) des deux amants de m'ennuyer, et très vite, à l'image des bolides qu'elle affectionnait tant, Sagan nous entraîne dans le tourbillon parisien habituel, plus axé sur le monde du théâtre mais très intéressant en faisant même un clin d'oeil à "L'orage immobile", roman qu'elle ne publiera qu'en 1983 et qui, dans le livre, est une pièce à succès... Enfin, quand les sentiments des deux amants terribles glissent vers le bonheur à deux et non plus à trois comme le concevait aisément Béatrice, ne se privant pas de tromper Edouard sous son nez, on y retrouve la Sagan des "Bleus à l'âme", elle s'épanche par la voix d'un des deux, certes, mais on sait qui nous parle et on aime entendre inlassablement cette petite musique qui décidémment n'arrive pas à rayer bien que le disque ait été mis plusieurs fois sous le vieux saphir... "Comme si la mémoire était, tout autant que l'intelligence, délibérement insoumise aux mouvements du coeur".

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Sagan est/était un GENIE !

Béatrice, actrice vedette, et Edouard, dramaturge en pleine ascension, sont amants. le jeune homme est très amoureux, quant à elle... ? Ils ont déjà eu une brève liaison cinq années plus tôt, dont Edouard ne s'est jamais remis. Béatrice est capricieuse, fantasque, volage, cruellement bête et bêtement cruelle. Elle collectionne les aventures, qu'elle soit ou non en couple, et soumet son entourage à rude épreuve en soufflant le chaud et le froid.

Quel talent, quelle plume et quelle finesse d'analyse ! Sagan dissèque brillamment la passion qui brûle le corps et l'esprit, la palette des sentiments amoureux, les comportements humains, conjugaux et individuels. Elle nous ballotte sans cesse entre la douleur d'Edouard - follement épris, rêveur et doux - et la sensualité gourmande, animale, de ce couple et de Béatrice (sans une seule scène torride - tour de force !).

Revers de la médaille, ce roman est tellement brillant qu'on le lit comme un essai, attentif à chaque phrase, chaque mot. J'ai de ce fait éprouvé une légère lassitude aux deux tiers, trouvant de surcroît que le récit tournait en rond, à l'instar de ce couple dont la flamme semble s'essouffler. Léger bémol également sur le parisianisme et le milieu dans lequel les protagonistes évoluent : le gratin du show-biz. J'étais agacée de m'y sentir totalement étrangère, tout en ayant connu cette époque (les années 70), cherchant vainement de qui Sagan s'était inspiré... en plus d'elle-même, très probablement.

Malgré ces minuscules réserves, j'ai adoré ce roman d'une acuité rare.

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Que dire de cette lecture, si ce n'est qu'elle m'a paru longue, interminable, et sans grand intérêt… Edouard, cinq ans après avoir été éconduit par Béatrice, dont il était éperdument amoureux, ne l'a jamais vraiment oubliée. C'est donc toujours aussi amoureux qu'il retombe dans ses bras (ou devrait-on dire ses filets ?), mais avec cette fois la certitude qu'elle le laissera à nouveau tomber, elle, cette femme mangeuse d'hommes et si prompte à assouvir ses désirs. Cette certitude de souffrir à nouveau à court ou moyen terme donne à cette relation une saveur particulière, ce qui la fait au contraire durer plus que prévu. Assez en tout cas pour en faire un roman, mais un roman qui n'a pas vraiment de contenu, ou trop peu. le décorticage des sentiments d'Edouard et Béatrice est assez intéressant par moments, mais ça ne suffit pas.
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Béatrice Valmont est une belle brune piquante, - pommettes hautes, bouche épanouie -, sûre de son charme, une femme sexuellement libérée, une croqueuse d'hommes. Elle affiche trente- cinq ans, un peu plus dans la réalité, une comédienne qui connait une brillante carrière au cinéma, plus encore au théâtre, un « théâtre de facilité » où la qualité première est d'être commercial.
Cinq ans auparavant elle a eu une aventure éphémère avec le jeune Edouard, qu'elle avait abandonné, le laissant inconsolable. Désormais, il vit de sa plume, c'est un auteur à succès pour l'autre théâtre « celui dit incommunicable »
Les deux amants ont renoué. Pour Edouard c'est l'amour- passion, pour Béatrice, c'est d'abord le plaisir charnel qui l'emporte, mais petit à petit, l'amour, le vrai s'installe.
Dans ce roman on retrouve cette l'atmosphère particulière empreinte de parisianisme , que Sagan connait si bien et qu'elle décrit avec acuité, humour et réalisme .
On reconnait aussi son style élégant, sans surcharge, sans ostentation, mais avec de petits détails singuliers qui en disent long et qui sont sa signature, une ponctuation où les - , les …, les ( ) sont pléthores, et qui sont aussi une des caractéristiques de son écriture romanesque.
Un roman intéressant, un moment de lecture un peu plus long qu'un « cinq à sept » mais moi, je n'ai pas eu le coup de foudre !
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Il y eut le bruit de déchirure habituel ; elle se retrouva en pleine lumière devant ces visages pâles, dans le noir, devant cette masse confuse et anonyme. Elle respira à fond, lança d'une voix claire sa première réplique. Elle abandonna le piano où elle s'appuyait. Elle marcha vers son partenaire. Et alors, elle sut : le bonheur, la liberté, l'invention, la sincérité, la force, tout lui était rendu d'un coup. Son cœur ne battait pas de peur, mais il battait sous une autre pulsion très différente de celle du désir, de la fatigue ou de l'ambition – son cœur battait à un rythme nouveau, profond et régulier. Il battait fort, sa voix sonnait juste et enfin, enfin elle disait sa vérité ! L'impression de mensonge, de rêve éveillé, de sentiments contradictoires, de nostalgie qui composait le fond, le décor de sa vie ordinaire, avait disparu ; en face d'elle, tous ces visages s'étaient fondu en un seul, le seul qu'elle aimât puisqu'elle ne lui devait rien et qu'elle ne le reverrait jamais. Et ce visage exigeait d'elle qu'elle lui mentît, qu'elle le fît rêver, rire ou pleurer, ce visage, bref, exigeait tout d'elle, sauf la « vérité ». Cette vérité banale, arbitraire et sans charme qu'avaient toujours sollicitée d'elle, et toujours en vain, ses parents, ses amis et ses amants. Tout au contraire, cette imposture forcenée et totale qu'était son rôle ne le serait jamais assez pour ces gens lointains et proches : son public. Elle serait toujours en deçà de leur exigence. À travers ces mots écrits par un autre, à travers ces gestes décidés par un autre, et devant ces autres qu'elle ne connaissait pas, elle pouvait enfin être elle-même. Et elle disait « Je t'aime » mille fois plus sincèrement à son partenaire (pédéraste notoire) qu'elle ne l'avait jamais dit à un de ses amants. Et ces meubles faussement anglais, loués au mois et vides vingt-deux heures sur vingt-quatre, lui étaient plus familiers que sa propre maison ; et le ciel peint sur une toile, à travers la fausse fenêtre, reflétait un vrai beau temps. Et quand elle dût, selon le rôle de Claire, partir à reculons en abandonnant ce décor minable, c'est d'une voix réellement déchirée qu'elle s'entendit demander à son partenaire de s'occuper chaque jour à sa place de la plante verte en plastique. N'aimant rien de ce qu'elle voyait, ni ce jeune homme brillantiné, ni ces faux meubles, ni ces objets d'emprunt, elle se sentait néanmoins saisie pour eux et pour leur provisoire, leur factice même, d'un amour sauvage et irremplaçable.
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Elle aurait dû savoir pourtant, comme il l'avait lui-même toujours su, qu'entre un homme et une femme qui s'aiment, la confiance, l'estime et la fidélité étaient aussi obligatoires et nécessaires que le plaisir physique.
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Comme il était étrange aussi de penser que cet amant si éperdu, ce garçon si bien élevé écrivait des pièces, et que ces pièces avaient du succès auprès des plus difficiles critiques dans cette ville déjà si difficile.
Et quand elle regardait de près, de très près cet homme, si visiblement, si passionnément occupé d'elle, elle se demandait dans quelle soupente cachée dans sa tête, sous ces cheveux si doux, ces cheveux d'enfant, pouvait bien se dissimuler cette force inconnue, bizarre, peut-être malsaine, mais qu'elle respectait instinctivement : la possibilité d'écrire. (p. 52)
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il y a une grande différence, dit Jolyet, c'est que toi, en jouant, tu cherches à t'oublier. alors que lui, édouard, en écrivant, il cherche à se trouver. de plus, toi, de même que les musiciens qui entendent leurs accords ou les peintres qui voient leurs couleurs, tu as des échos, des preuves immédiates de ton talent : les silences de la salle et ses bravos, tu as des plaisirs immédiats et physiques, sensuels même, qu'un écrivain n'a jamais. sauf parfois, à l'aube, quand il a l'impression de découvrir ce qu'il savait déjà, mais c'est un plaisir abstrait et inconnu des autres.
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Chacun veut, quand il marche, que quelqu'un se retourne, ou quand il ne dort pas, que quelqu'un s'en inquiète, et quand il cède au rire ou aux larmes, que quelqu'un l'entende. Et s'il est heureux, que quelqu'un l'envie. C'est peut-être pourquoi toute rupture, tout divorce est si douloureux. Ce n'est pas l'être aimé, le complément ou la différence, le maître ou l'objet qui vous manque, c'est "l'autre", le témoin, ce micro et cette caméra perpétuellement branchés. Celui ou celle qui avec désir ou avec haine - peu importe - vous voyait vous lever, vous habiller, fumer, sortir, celui ou celle qui vous entendait siffloter, bâiller ou vous taire (même s'il ne vous regardait pas et même s'il ne vous écoutait pas). Et tout à coup, personne !
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Extrait du livre audio « La Laisse » de Françoise Sagan lu par Stéphane Ronchewski. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-laisse-9791035413873/
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