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EAN : 9782267026405
224 pages
Christian Bourgois Editeur (10/04/2014)
3.62/5   12 notes
Résumé :
« Edward St Aubyn fait partie des quelques géants de la fiction anglaise contemporaine, qui se comptent sur les doigts d'une main. Il a toujours élaboré avec talent une forme de satire qui n'exclut pas une forme de compassion et de compréhension. À présent, son regard se pose sur l'univers absurde de l'attribution des prix littéraires. Le résultat est désopilant. » Edmund White. « L'esprit de Wilde, la légèreté de Wodehouse, la cruauté de Waugh. Aucun résumé de l'in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le livre parle de la remise d'un prix littéraire, et est en même temps une satire sur les prix littéraires : les organisateurs, les membres du jury et les auteurs qui soumettent des manuscrits y passent. Mais en plus, c'est aussi une satire sur le monde littéraire et les profs de la littérature en général. Et même le lecteur moyen, qui achète de plus en plus de livres de cuisine plutôt que des romans, reçoit une petite réprimande à ce sujet.


Malheureusement, pas de satire réussie
Ce livre n'apprend rien de neuf au lecteur. Tout ce qui est censé être drôle est connu. de plus, la satire est souvent assez molle, alors que le sujet des prix littéraires est vraiment propice à être mordant. St Aubyn aurait dû bien se documenter et oser écrire des choses qui ne doivent pas voir la lumière - mais que certaines personnes savent vraiment. Ce livre se limite à un petit sourire dans le milieu de la littérature. Très bien écrit, mais j'en attendais beaucoup plus.


Opportunité manquée
Il est vraiment dommage que St Aubyn n'ait pas fait un meilleur livre, car il est nécessaire qu'une bonne satire sur les prix littéraires soit publiée. Personnellement, je pense qu'un écrivain de la trempe de St Aubyn, un auteur qui a déjà fait l'expérience des prix littéraires de l'intérieur, et qui a lui-même raté le Booker Prize, ne devrait pas écrire un livre sur les prix littéraires s'il est aussi mou que cette histoire. Il a une obligation envers le lecteur. Soit un tel écrivain, qui sait très bien de quoi il parle, livre une satire solide, mordante, soit, s'il veut apporter une satire superficielle ou de l'humour ordinaire, il vaut mieux qu'il choisisse un autre sujet. Il va de soi que les lecteurs qui aiment lire attendent plus d'un tel livre sur un tel sujet important.


Imaginez-vous qu'un livre ait été écrit par un coureur cycliste connu, avec le titre "dopage", et que ce livre ne contiendrait rien d'autre que ce que nous savons depuis longtemps, pire, même ce que nous savons depuis longtemps et qui est déjà assez grave, n'est pas abordé avec fermeté. Ce ne serait pas décevant?


Lire ou pas?
En fin de compte, ce n'est pas un mauvais livre, car il est vraiment bien écrit. C'est une histoire légère qui se déroule dans le monde littéraire. Ceux qui sont prévenus qu'il n'y a rien à obtenir de plus que de l'humour et une belle écriture, et qu'ils devront parfois subir des stéréotypes ou rester sur leur faim parce que les bonnes idées ne sont pas développées, ne regretteront pas de le lire.


Style
Le livre se compose de trente courts chapitres, et St Aubyn alterne habilement entre les styles selon qu'il s'agit d'un personnage ou d'un autre. Avant qu'on s'en rendre compte, on est déjà plongé dans un autre univers, un autre personnage, un autre usage de la langue. Et cet usage de la langue est impressionnant. Parfois chargé d'un usage littéraire ridicule ou de considérations philosophiques creuses, parfois tendant vers la chicklit, ou même parodiant les romans historiques, mais c'est toujours une succession de mots soigneusement choisis qui forment de belles phrases, paragraphes, chapitres et qui avancent à toute vitesse. C'est souvent très humoristique, même si l'humour reste toujours superficiel ou stéréotypé. Dommage que le contenu ne puisse pas suivre la qualité du style.


Personnages
Il y a beaucoup de personnages dans "Sans voix": l'organisateur du prix, les membres du jury, les écrivains, les critiques, les journalistes et parfois un amant ici ou là, c'est beaucoup pour les différencier. En outre, on attend également du lecteur qu'il se souvienne des titres des livres et des intrigues associées. Cela fonctionne, mais j'ai quand même été un peu perdue à certains moments.
Il est désagréable que les personnages soient soit stéréotypés, ce qui les rend moins drôles, soit qu'ils ressemblent trop les uns aux autres, soit qu'ils soient des personnages qui ont vraiment quelque chose à offrir, mais alors, comme mentionné, l'idée, la possibilité qui se trouve dans leur caractère n'est pas exploitée. Pourquoi ce personnage a-t-il été créé? Pour l'idée seule?
Les personnages restent superficiels, le lecteur ne peut pas s'y attacher. Dans une bonne satire, ce n'est pas un problème, mais dans une histoire qui veut simplement être drôle, c'est un véritable défaut.


A part les personnages, plein de choses ne sont pas développées. Ainsi, le lecteur apprend dans le premier chapitre que l'organisateur du prix littéraire est corrompu, qu'il fabrique même des armes biologiques. Cela stimule l'imagination du lecteur mais plus tard dans le livre, cela n'est jamais mentionné à nouveau. le lecteur reste sur sa faim.


Wodehouse Prize
L'ironie est que St Aubyn a remporté le "Wodehouse Prize" pour la littérature humoristique avec ce livre, un prix littéraire prestigieux... et cela alors que c'est vraiment un de ses moins bons livres. Ou alors le jury était tellement soulagé que la critique n'avait pas été plus grave, qu'ils ont attribué le prix à Saint Aubyn ? Car honnêtement, si ce livre avait creusé plus loin, l'auteur n'aurait pas reçu le prix, tout de même ? Ou est-ce que l'auteur n'a délibérément pas voulu faire une vraie satire, parce que dans ce cas il ne recevrait aucun prix ? le fait que l'auteur ait reçu ce prix pour ce livre est peut-être la vraie seule bonne satire du livre, car cela démontre comment fonctionnent ces prix…


Conclusion
Mais bon, malgré la déception, je rappelle que le livre est bien écrit et se lit à toute vitesse. le lecteur peut passer de bons moments. Il restera peut-être finalement avec le sentiment que plus était possible, mais entretemps, il s'est amusé.
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Auteur britannique sachant manier l'humour, Edward St Aubyn s'attaque ici au grotesque ou au charme désuet, comme on veut, des prix littéraires. Bien sûr, tout cela se passe de l'autre côté de la Manche et ne nous concerne guère… quoique…
Ici, il s'agit de décerner le prix Elysian, du nom d'une firme agrochimique faisant bien penser à un géant des pesticides dont Marie-Monique Robin a démontré tout le mal qu'il cause à la planète. Sir David Hampshire demande à Malcolm Craig de présider le comité dont il a déjà choisi les membres. On y trouve Jo Cross, « une garce condescendante », Vanessa Shaw, universitaire d'Oxford, Penny Feathers, ancienne maîtresse d'Hampshire, et Tobias Benedict, filleul du même Sir David…
Tour à tour, l'auteur nous présente les membres du jury avec beaucoup d'humour mais ne cache pas toutes les interférences existant forcément dans ce petit monde. Nous savons tout : que la fille de Vanessa est anorexique, qu'Alan Oaks, éditeur, couche avec Katherine Burns qui, elle-même, auteure à succès a bien d'autres amants mais que son livre n'a pas été sélectionné.
Chaque membre du jury a choisi de défendre un livre différent mais le président compte bien imposer son choix en tentant de s'allier les voix de Penny et de Tobias. Tout se complique avec l'arrivée de Sonny qui fut Maharaja de Badanpur, en Inde et qui est l'auteur d'un roman à succès : L'éléphant de Mulberry…
L'auteur ou plutôt sa traductrice utilise le mot peu utilisé et pourtant judicieusement formé : un tapuscrit, pour désigner les textes remis par les écrivains aux éditeurs. À plusieurs reprises, Edward St Aubyn se moque des logiciels facilitant l'écriture et n'hésite pas à citer des extraits très amusants des livres en lice pour le fameux prix.
Dans ce véritable jeu de quilles, la tante du Maharaja, Tantine, risque bien de jouer les trouble-fête avec La cuisine du palais que certains qualifient de roman mais que Vanessa traite de simple livre de cuisine ! Didier Leroux, un Français, joue aussi son rôle dans une remise du prix Elysian complètement rocambolesque : « Les invités allaient fourmiller dans le Salon officiel, buvant du champagne, regardant les portraits royaux, examinant le plan de table posé sur un chevalet non loin de la porte. »
Nous laisserons la conclusion à Katherine et à Sam… sur l'oreiller :
« J'en ai marre des prix, dit-elle.
- Comparaison, compétition, envie et souci, dit Sam.
- Faisons juste l'amour et soyons heureux.
- Vaste programme, dit Sam, comme De Gaulle a répondu au perturbateur qui avait crié : « Mort aux cons ! » »


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Voici un plaisant court roman qui se gausse des prix littéraires. L'auteur nous emmène dans les coulisses d'un prix britannique, qu'il dépeint avec un humour féroce. Et pour ne pas déflorer l'histoire, je n'en dirai pas plus.

C'est une satire acerbe, mais bien agréable à lire. Sans doute, lire le livre en version originale doit apporter un plus, car parfois la traduction m'a parue un peu plate, comme souvent chez l'éditeur Bourgois.
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Dans Sans voix, le romancier décortique toute la mécanique derrière un prix littéraire, brossant au passage une galerie de portraits du monde de la culture voire au-delà. On y croise plusieurs écrivains hauts en couleur, du pédant verbeux avide de concepts à la belle femme libérée qui collectionne les hommes pour ne pas se faire attendre ; éditeurs, journalistes et politiques. Les défauts y apparaissent sous une lumière crue, frappants et drôles, sans pourtant que les personnages ridiculisés deviennent détestables. C'est peut-être ce qui me fait le plus apprécier une satire, je crois : que l'auteur ne sombre pas dans le mépris et la condescendance trop facile. L'exercice est difficile et je suis assez admirative devant St-Aubyn d'avoir su garder le cap. J'ai beaucoup apprécié également les petites réflexions distillés sur le rapport de l'écrivain à son art. Quand certains se débattent avec le silence, d'autres ont à faire avec un trop plein de mots qui les habitent. Ainsi Didier dont la logorrhée donne lieu à des délires interprétatifs sans cesse renouvelés. Ainsi Katherine, qui s'abîme dans l'amour pour faire taire un instant le bavardage qui l'obsède. Tout tourne donc autour du silence - silence, tentation ou effroi de tous les écrivains - et du brouhaha - idem. Dans l'autre extrême, Penny, écrivain médiocre, se raccroche à Scriptor Royal Plus (suite du logiciel Scriptor puis Scriptor royal), un logiciel providentiel qui propose des suites possibles au mot écrit :

" Quand on entrait un mot, par exemple, « réfugié », plusieurs suggestions bien utiles apparaissaient :« serrant un ballot pitoyable » ou « aux yeux tourmentés par la faim » ; pour « assassin », on obtenait « une eau glacée coulait dans ses veines » et « son regard était mince et froid ». Au mot « chaussures », on trouvait « sérieusement éraflées », « soigneusement cirées », « qui avaient fait leur temps » et « achetées à Paris ». "

L'image est drôle et dit pourtant toute l'inquiétude d'un glissement vers une langue standardisée et des clichés envahissants. Cela pourtant ne reviendrait-il pas à demeurer "sans voix", justement ? Les livres sélectionnés pour le prix sont presque tous cités au fur et à mesure du roman, lus par l'un ou l'autre des protagonistes, à l'exception de deux d'entre eux qui occupent pourtant une grande part de l'intrigue. Les autres sont l'occasion d'autant de pastiches, mettant en lumière les tics d'écriture propres à chaque genre. Ceux que l'on n'entend pas, paradoxalement, sont ceux qui semblent le plus proches, parfois, de la littérature. Sans doute, vu la conclusion du roman, parce que la littérature selon St-Aubyn, c'est réussir à faire cesser le bavardage, pour faire entendre les mots qui comptent. Je ne peux que le remercier de m'avoir rappelé cette leçon, et par le rire encore. J'en avais particulièrement besoin ces derniers temps.

(Challenge Bookopoly)
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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En cette période fébrile (pour certains) d'attribution des prix littéraires, je me suis plongée dans les dessous du prix Elysian, sorti de l'imagination de l'auteur. le comité de sélection est une équipe d'individualités en désaccord sur ce que doit être un roman et pour lesquels lire les romans en lice n'est qu'un point de détail. le lecteur aura tout de même droit à quelques extraits parfois ahurissants de la prose des auteurs. L'on suivra aussi avec joie un prince indien et sa Tantine, dont le livre de cuisine envoyé par erreur sera dans la dernière sélection, tandis que la même erreur privera Katherine, la femme aux multiples amants (!) de toute participation au prix. Vraiment jubilatoire.

Penny écrit des romans en utilisant le logiciel Scriptor Royal Plus:
"Quand on entrait un mot, par exemple 'réfugié', plusieurs suggestions bien utiles apparaissaient : 'serrant un ballot pitoyable' ou 'aux yeux tourmentés par la faim'; pour 'assassin', on obtenait 'une eau glacée coulait dans ses veines' et 'son regard était mince et froid'. Au mot 'chaussures', on trouvait 'sérieusement éraflées', soigneusement cirées', 'qui avaient fait leur temps' et 'achetées à Paris'. Si on tapait 'rivière' [..] on obtenait 'sombres flots pailletés d'or' ou 'dans sa tenue vespérale de soie chatoyante'."

Un très beau passage (il n'y a pas que du caustique dans ce roman)
"Elle se rendit compte qu'elle pensait au roi Lear après la mort de Cordelia.
Et elle se demanda pourquoi un livre devrait remporter ce foutu prix auquel elle participait à moins d'avoir une chance de faire comme la pièce de Shakespeare à l'instant : revenir à la mémoire d'une personne lorsqu'elle voulait pleurer mais n'y arrivait pas, ou voulait réfléchir mais ne réussissait pas à penser clairement, ou voulait rire mais ne voyait aucun motif de gaieté."

Didier (un français prolixe et difficile à suivre -pour moi en tout cas -mais hilarant), sur le fameux Livre de cuisine:
"Manifestement nous sommes en présence du texte-textile, tissage ourdissant un voile qui dissimule son sujet évident, exprimant l'excès de la langue figurée sur tout sens assigné ou, plus généralement, la force excessive du signifiant par rapport au signifié qui essaie de le contenir. Une recette du Livre de cuisine du palais est aussi une recette du Livre de cuisine de l'anarchiste! Précisément parce que la langue éclate de sens qui subvertissent notre lecture logocentrique du texte, y compris le texte que nous appelons 'Réalité'."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ils s'étaient éloignés, comme le font les gens lorsqu'ils se promettent de rester en relation ; ceux qui vont rester en relation n'ont pas besoin de promesse.
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Avant que les inévitables contre-courants des bonnes nouvelles inattendues et des occasions forgeant le caractère compromettent l'avenir, le pessimisme demeurait parfait, hors d'atteinte de cette qualité beaucoup plus insidieuse et dangereuse, la déception. Le promesse de jeunes écrivains était parfaite aussi, avant qu'ils n'échouent, s'épuisent ou ne meurent - mais cela se produirait sous un autre gouvernement et un autre comité.
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Il y a tellement de bruit autour de "Le livre de cuisine du Palais" que je pense qu'il vaut mieux que je vienne moi-même. Il semblerait que j'aie écrit un roman incroyable, ce qui doit sûrement être vrai, même si j'avais l'intention d'écrire un livre de cuisine. Quand on pense à toutes les personnes qui se donnent tant de mal pour écrire un grand roman, c'est amusant que je l'aie fait sans m'en rendre compte.

(ma traduction de la version néerlandaise)
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"Tu as donc soumis ton roman avant la date limite", dit Sam.
"Oui," dit Katherine, se demandant ce que ça ferait de coucher avec tous les deux en même temps.
"Oh bien sîr," dit Didier. "Le renommé Elysian. En France, nous avons le Goncourt. Une énorme corruption, c'est pourquoi les règles sont parfaitement claires. Voilà le paradoxe de la corruption : elle est beaucoup plus formaliste que la loi ! Mais ce prix Elysian, "c'est du pur casino".
'J'ai une petite idée,' dit Katherine, bien décidée à persévérer maintenant que Didier avait recommencé à parler. "Peut-être qu'on devrait d'abord boire un verre."

(ma traduction de la version néerlandaise du livre)
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L'impulsivité indique toujours une absence de spontanéité.
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