C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'ai ouvert ce livre, car je suis une grande fan de
Lilith Saintcrow que j'ai découverte grâce à sa série Danny Valentine. Malheureusement, si entre Danny et moi, ça a été le coup de foudre immédiat, avec Jill, malgré ma persévérance, le courant n'est pas passé.
J'ai eu beaucoup de mal à me glisser dans cet univers à la richesse appréciable, et cela a tout à voir avec la personnalité de l'héroïne qui s'apitoie sur son sort en exposant ses états d'âme à outrance. le pire, c'est qu'on compatit vraiment avec elle du fait de son passé douloureux, de la perte de son maître et de la piètre image qu'elle a d'elle-même. Mais on a juste envie de la secouer un peu, comme avec Danny dans le tome 3 de la série qui lui est consacrée. Si on pardonne plus facilement à Danny, c'est tout simplement parce qu'on a eu le temps de la connaître forte et déterminée avant de la découvrir brisée. Et concernant son lien avec Japh, il s'est créé sous nous yeux, crédibilisant cette relation pour mieux nous faire pleurer par la suite. Ici, avec le défunt Mikhaïl, cela reste trop lointain pour vraiment justifier que Jill se perde en digressions à son propos. Les passages en italique sont poignants, mais on a la sensation de pleurer quelqu'un qu'on n'a pas connu, dont on nous impose le souvenir. de ce fait, si le tome ne manque pas d'action, le rythme n'en demeure pas moins en dents de scie.
On côtoie aussi une galerie de personnages secondaires nombreux et pas assez approfondis pour nous marquer durablement. le trio de garous qui aide Jill dans son enquête est sympa, mais sans plus, tout comme la romance très effacée qui se dessine entre elle et Saul, un personnage mignon qui nous plaît par sa simplicité et son côté fée du logis.
Il y a quand même des réussites dans ce roman, toujours en rapport avec l'univers que
Lilith Saintcrow a bâti avec soin. Il y a un certain mimétisme avec son autre série, sans le côté futuriste ceci dit, mais l'ambiance générale est plus glauque. On rencontre également un panel d'êtres variés, l'aspect mythologique étant tout de même moins étoffé, même si la foi de Jill reste solide. Les infernaux sont des créatures très intéressantes, des démons particuliers qu'on apprend à craindre. Perry, l'infernal avec lequel Jill a pactisé, est inquiétant au possible. On n'arrive pas à le cerner, ni même à comprendre ses motivations. C'est une relation malsaine et fascinante qui a le potentiel pour captiver sur le long terme, car Periclès est en somme le méchant qu'on a envie de revoir rien que parce qu'il nous colle des frissons glacés.
Le métier de chasseuse de Jill est très crédible du fait de ses relations avec la police et de l'entraînement auquel s'astreint notre héroïne. Son sang-froid et son côté tête brûlée, alliés à un humour très noir, séduisent dans bon nombre de scènes.
Voici donc une série à l'univers copieux et sombre, dont on se délecte sensoriellement parlant comme toujours avec
Lilith Saintcrow. Hélas, en dépit d'un humour noir efficace, l'héroïne se perd dans les explications en rapport avec sa profession de chasseuse, qui conjuguées à un auto-apitoiement chronique alourdissent le récit. C'est donc un rendez-vous manqué cette fois, mais je suis certaine que c'est une affaire de goûts, et le moins bon chez Lilith reste meilleur que ce qu'on peut rencontrer par ailleurs.
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