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EAN : 9782253126294
320 pages
Le Livre de Poche (24/03/2010)
3.5/5   7 notes
Résumé :

Quand Marc Dubreuil arrive à Limoges en 1847, c’est un gamin misérable. Mais il a un don qui va faire de lui, au prix de sacrifices inouïs, le grand maître de la peinture sur porcelaine. Simon Hollister, lui, est un industriel new-yorkais fasciné par cette porcelaine d’une blancheur surnaturelle dont toute l’Amérique raffole. Sous son impulsion, les ateliers insalubres se transforment en usines. Des campa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une visite récente du musée du four des Casseaux, à Limoges, m'a rappelé ce livre, lu il y a longtemps. L'envie de le reprendre avec encore dans les yeux, les images de ce four monumental, dernier exemplaire subsistant des neuf qui se dressaient au même endroit.

C'est l'histoire de Marc Dubreuil par la voix de sa fille, China. C'est aussi celle d'un tout nouveau fabricant de porcelaine de Limoges, américain : Simon Hollister, convaincu que New York et l'Amérique sont un magnifique débouché pour cette production d'un luxe délicat. Il est difficile de ne pas voir la famille Haviland en filigrane derrière le nom de Hollister...

Marc Dubreuil, misérable petit limousin né de père inconnu, qui subsistait difficilement dans une mégisserie de bord de Glane, et y subissait la tyrannie d'un patron vicieux, s'est enfui après une rencontre inattendue avec Corot et sa peinture de grand air : révélation de sa propre envie de dessiner et peindre. Il a gagné Limoges, pensant y trouver le moyen de donner libre cours à sa passion naissante.

Il réussit à s'introduire dans l'entourage de Simon Hollister qui a lancé la construction de sa fabrique, monumentale, et recherche des peintres modernes pour renouveler les motifs trop classiques de la porcelaine de Limoges. Marc fait son apprentissage sous la houlette d'un merveilleux et vieil artiste qui ne jure que par les réalisations japonaises, d'une infinie délicatesse de dessins et de couleurs sans pareil.

Roman d'aventures (oui, oui, à Limoges !), d'amours, de plongée dans le passé ouvrier de la ville au milieu du dix-neuvième siècle, d'évocation des premiers mouvements de révolte et de grève, et de descriptions des porcelaines et de leur fabrication. A défaut de prendre le train, ceux qui aiment Limoges, ou ont envie de découvrir son histoire, se régaleront avec les deux premiers tiers de ce livre !

La dernière partie, un peu rapide sur les évènements, d'une psychologie sommaire quant aux personnages, et tristounette dans son état des lieux autour des années 1920, me laisse un peu chagrine. Mais il n'en reste pas moins que le grand four des Casseaux, découvert il y a quelques jours au bord de la Vienne, a retrouvé vie, activité, chaleur et bruit, grâce à ce texte sous mes yeux.
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De la moitié du XIXe siècle jusqu'à la première guerre mondiale. A peu près. Nous sommes à Limoges. Dont l'activité principale est de fabriquer de la porcelaine. Une activité traditionnelle, avec des us et coutumes ancestraux. Mais là aussi va souffler le vent de la Révolution industrielle. Amené par un Américain, qui vient pour tenter d'adapter aux goûts de ses concitoyens cette production, et qui en vient à ouvrir sa propre fabrique, en modernisant la production et en amenant de nouveaux types de décors et d'esthétique. Et pour ce faire il va s'appuyer sur une nouvelle garde, dont Marc Dubreuil, venu de nul part et qui rêve de dessin et de peinture. Et qui va réaliser en partie son rêve dans le décor de porcelaine. Mais après l'expansion vient le recul, les fils du fondateur se disputent l'héritage, et le modèle décline.

Ce roman a l'ambition d'être un grand roman populaire, aux nombreux personnages, qui décrit une époque, un milieu, le monde de la porcelaine, ses us et coutumes, ses techniques et traditions. Tout en brossant les destins d'un certains nombre de personnages, des humbles et des puissants. Cela se lit sans peine et sans ennui mais aussi sans passion. Il manque un je ne sais quoi pour que la mayonnaise prenne. Peut être des personnages pas assez fouillés, des péripéties plus esquissées qu'exploitées. Il y avait me semble-t-il de la matière à plus que ce livre n'en donne au final. Dommage.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Vous voulez savoir ce qu’est le rouge ? Connaître toutes les nuances de bleu ? Assister au triomphe de l’or ? Suivez-moi !
Désiré avait entraîné ses arpètes dans le quartier des bouchers, où, à certaines périodes de l’année, on promenait les reliques de saint Aurélien et d’autres saints. L’occasion rêvée de leur faire prendre un bain de couleurs.
(...) Ils s’étaient engagés à la suite des reliques se balançant au-dessus de la procession dans la rue Torte, sans conteste la plus ignoble de la cité, qui ondule comme un serpent entre les maisons noires à colombages où les bouchers de Limoges naissent, grandissent, se marient, élèvent leurs enfants, équarrissent, dépècent, thésaurisent et meurent.
Mon père avait toujours pris soin d’éviter ce ghetto nauséabond, fuyant la vue des tripous pendants et déchiquetés, des foies gluants entremêlés de jambons salés, des têtes bleuies, auréolées de guêpes, et du sang ruisselant sur les pavés.
Avec leurs longs manteaux sur leurs vêtements d’Arlequin, leurs pantalons de velours à grosses côtes, leurs chapeaux d’un vert graisseux, amollis et assombris par les ans et le suif, leurs merlins et leurs lardoires, les riches bouchers de la Haute-Vienne faisaient figure de parfaits repoussoirs.
Toutefois, en ce jour d’ostension, revêtus de pourpre et d’or, porteurs de croix et de bannières, ces princes de sang paraissaient presque beaux.
(...)
- Souvenez-vous du quartier de bœuf de Rembrandt, mes enfants, peint comme une crucifixion, ou du saint mélancolique représenté avec un crâne et une bougie, ou des anges de lumière planant au-dessus des charniers. L’éternel et le cadavérique, l’immaculé et le putréfié, indissociables !
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Ils allaient pointer aux Casseaux, la manufacture des frères Alluaud, chez Pouyat fils, chez Molter, chez Baignol ou chez Gibus (...)
Anselme dépeignit brièvement à son ami l’enfer des noiricauds. Après la cuisson, ils devaient pénétrer à l’intérieur des fours pour récupérer les pièces brûlantes. La chaleur était suffocante. Pour se protéger, ils n’avaient que leurs mitaines et des sacs de jute mouillés, jetés négligemment sur les épaules. Il fallait agir vite, sans respirer, avec cette sensation de griller et de se racornir en même temps que l’on procédait à l’extraction des gazettes encore rouges. On sortait tout ruisselant de la fournaise, les oreilles cloquées, le gosier aussi desséché, disait Fontange, que si Lucifer vous avait roulé une galoche. Le plus dur était de retourner au feu. Penser aux barons qu’on sifflerait après la corvée permettait d’accomplir un nouvel acte de banal héroïsme. On commençait par y laisser poils et cheveux, on finissait par y laisser sa peau. On mourait jeune à l’enfournage, le plus souvent d’une cirrhose.
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- Sais-tu ce qu’est un homme, hurla Désiré en lui barrant la route ?
- ...
- Un homme est la somme des coups qu’il a reçus. Une femme est l’addition des ruses qu’elle a commises et des mensonges qu’elle a dû faire pour survivre. Les femmes ont toujours de l’avance sur nous, mon garçon. Ne cherche pas à comprendre pourquoi, c’est dans leur nature. D’abord elles t’escroquent, ensuite elles te croquent. Avant même d’avoir engagé la partie, nous avons perdu.
- Vous avez connu beaucoup de femmes, vous ?
- Je me suis souvent fait avoir, oui !
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Dans moins d’une heure, la belle médoquine serait sur nous, noire comme l’enfer, accompagnée de nuées cataclysmiques, couleur de laves à peine refroidies. Comme leur nom l’indiquait, ces soudaines tempêtes, fréquentes en été, venaient du Médoc, au sud-ouest, et répandaient leur voile funèbre, troué d’éclairs silencieux, sur toute la presqu’île d’Arvert, des falaises de Saint-Georges à la batterie de Terre-Nègre, des dunes de la Coubre au parc de Marennes.
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- Comme toi, j’ai dû vendre mes cheveux à la foire de la Saint-Loup. Comme ça, une partie de nous va connaître la grande vie.
Elle voulait parler de leurs chevelures qui, piquées sur des perruques ou assemblées en postiche, ouvriraient le bal de la Saint-Sylvestre à Vienne, glisseraient le long des canaux d’Amsterdam, patineraient sur la Neva gelée, participeraient au carnaval de Venise ou joueraient au whist dans quelque club très fermé de Londres.
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