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Critique de pgremaud


J'ai découvert ce livre « par hasard » car j'ai répondu trop tard à l'opération Masse critique d'octobre et je n'ai pas vraiment choisi les ouvrages pour lesquels je me suis inscrit. le hasard a bien fait les choses puisque j'ai découvert un livre qui m'a beaucoup plu et un auteur dont je me suis senti assez proche.
Cet ouvrage est un « collage » de fragments de différents cahiers que l'auteur a écrits entre 1991 et 1998. Il n'y a donc pas vraiment de continuité entre ces textes, mais on peut quand même y trouver une unité. Il ne s'agit pas du récit d'une ou de plusieurs grandes expéditions en montagne, en haute altitude. Non, mais de simples promenades dans le Vercors ou dans les Préalpes du Dauphiné ou dans les Hautes-Alpes, en dessous de 2000 mètres d'altitude.
Jeanine Salesse observe avec une grande attention toute la nature qui l'entoure, les rochers, les fleurs, les animaux et elle nous la présente avec un vocabulaire très riche et précis. Elle vit réellement un grand partage avec la nature. Muflier, pistachier, épine noire, orchis, Sabot de Vénus, amélanchier, céanothe, scylle, pyrolle : elle nous fait découvrir un grand nombre de fleurs dont j'ignorais même l'existence. Tout ce monde végétal fait remonter le souvenir de sa mère.
Le monde minéral et le monde animal, c'est plutôt celui de son père, photographe, avec qui elle continue de faire des randonnées malgré son âge et la fatigue due à la vieillesse et à la maladie. « La montagne, c'est le père. Difficile de cohabiter avec lui. Imprévisible. Un maintien raide .» On sent que la relation est parfois difficile avec lui, mais elle l'accompagne toujours.

Les différents carnets que Jeanine Salesse remplit, « Encore des notes dans le carnet. En vrac », – et qu'elle égare parfois ! – ne sont pas que les relations, si précises soient-elles, de ses randonnées. La marche est comme un symbole de la vie, elle nous conduit « dans les pas de la randonnée intérieure ». Elle nous permet de partager la difficulté de mettre des mots sur ce qu'on ressent vraiment, le lien entre l'écriture et la lecture, comme entre le silence et la parole. La marche fait aussi remonter les souvenirs familiaux, avec les parents ou avec les enfants : « Je retrouve certains lieux en y glissant mes pas. » Alors, c'est toute la tension entre la présence et l'absence qui surgit entre les mots et les pas. J'ai relevé de nombreux passages qui me parlent, j'en ai cité plusieurs, mais il a bien fallu que je m'arrête !

Pour terminer, une appréciation plus personnelle. Originaire du Plateau suisse et des Préalpes plus précisément, je me suis bien retrouvé dans ce livre comme quelqu'un du même « pays ». Par les paysages et par certains mots comme « pleuviner » par exemple. Mais j'y ai aussi retrouvé une part de mon enfance. Pour moi aussi, les fleurs évoquent ma mère qui les connaissait très bien et qui est décédée. Quant à mon père, il est aussi un amoureux de l'alpinisme et comme le père de l'auteur, il entre dans la vieillesse avec le poids de la maladie. Mes propres souvenirs ont donc coloré ma lecture d'un regard plus aiguisé.
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