Un garçon naturel

Un titre à double sens, Un garçon naturel comme un gamin sans filtre, sans faux-semblants, mais aussi « naturel » dans le sens d'illégitime. Un roman dont on peut faire également plusieurs lectures, un roman dont la fin vous laissera une grande liberté d'interprétation, enfin, un roman construit d'une manière peu conventionnelle, une structure narrative singulière qui suggère par de brèves anecdotes sans transition, toute l'étrangeté de ce garçon énigmatique, en quête d'identité. On saute d'une anecdote à l'autre grâce à quelques repères linguistiques qui nous éclairent sur la temporalité des événements. Chaque fait ayant son importance pour tenter de comprendre ce gamin précoce, sensible, intuitif, à l'intelligence rationnelle et émotionnelle évidente mais qui semble souffrir d'un mal-être, d'un trouble dont « l'origine » est à « la source »…
A la source de ce père disparu peu après la conception, de retour en étranger 15 ans après, au sein du duo mère/fils.
J'ai trouvé quelques points communs dans la personnalité de cet ado et celui, si touchant, du Saut de l'ange, du même auteur, jusqu'à me demander la part de personnalité de l'auteur qui s'est immiscé dans l'un et l'autre des personnages.
J'ai aimé également les remarques quant à l'étude littéraire de quelques classiques, et notamment celles concernant Jean de Florette et Manon des sources et toute la symbolique entourant ces deux oeuvres dans leur ensemble. Moi qui ne suis pas littéraire, enfin qui me suis arrêtée à l'étude des textes classiques à l'issue de mon bac de Français en 1ère, j'avais eu également les mêmes intuitions, les mêmes déductions, mais sans aucune confirmation puisque mes ressentis n'avaient pas eu d'échos.
Ce gosse angélique, obéissant, mais aux comportements parfois si étranges et si contraires aux attentes et à la logique commune, qu'un sentiment de malaise m'a parfois enveloppée en même temps qu'un sentiment d'attachement profond, de compassion également, peut-être dû au fait que je suis moi aussi, maman d'un gamin parfois surprenant et assez singulier dans sa manière d'appréhender et de décortiquer le monde.
Un roman qui, s'il ne m'a pas autant bouleversée que le Saut de l'ange dont j'avoue avoir eu du mal à me remettre tant deux des personnages m'ont habitée, est impeccablement construit, abordant de nombreux thèmes et sujets à réflexion au delà de celui apparent sur l'origine et la quête de la personnalité. Les références littéraires et artistiques ou les allusions à des oeuvres classiques dans le comportement des protagonistes, nous permettent de décrypter et de confirmer dans ces non-dits, toute la complexité du personnage et de l'oeuvre dans son ensemble. La scène qui se joue devant nos yeux entre le fils et le père dans les dernières pages du roman est digne d'une classique tragédie grecque dont l'auteur multiplie les références subtilement tout au long du récit.
Quel bouquin une fois encore !
Touchée.

Un roman, premier roman de Patrice Salsa, dérangeant!
Dérangeant de par son sujet qui traîte de perversion et de perversité, de pédophilie, de violence et de sado-masochisme, un sujet d'actualité dans une certaine presse à scandale, des faits qui sont il est vrai à dénoncer,mais dérangeant surtout car l'adolescent, "le garçon si beau" qui "produit de l'effet sur tous ceux qui croisent son chemin", "bâtard" en manque de père et de repères, "extrèmement doué" et intuitif.... exacerbe consciemment les mauvais penchants des détraqués.
Une escalade de violence entre voyeurisme et exhibitionnisme dans des cabines de douches collectives, jusqu'au passage aux coups bas et une tentative de meutre.
Un point de vue différent de "l'innocence" présumée des jeunes enfants au comportement mutique ou renfermé qui cache parfois une sourde révolte.
Que ne ferait donc pas un fils (ou une fille) pour se rendre intéressant aux yeux du père ou de ses substituts? Bon, là c'est un peu trop.. et à mon avis, l'analyse psychologique très pointue montre la lente descente de l'adolescent vers une schizophrénie.

Pour un premier roman, ce livre est une réussite. La brièveté du récit est largement compensée par sa densité et sa maîtrise. le dernier mot lu, on referme le livre, et on reste coi, subjugué !
"Un garçon naturel" est construit avec une rigueur implacable, une précision diabolique. Chaque phrase, chaque mot est minutieusement choisi (ou presque), pièces d'un puzzle judicieusement placées, tout concourant vers le mot final "seuls", concernant le père et le garçon (Etrange d'ailleurs qu'on puisse être seuls au pluriel !).
Complexe sans être abstrus, terriblement efficace, tout se tient dans ce roman dont la première lecture déroutera plus d'un par sa construction qui illustre parfaitement l'épigraphe citant F. Truffaut. Pourtant, le propos de l'auteur est clair, net, et précis, brillamment illustré par un récit sans faille (ou presque : on excusera l'utilisation du verbe "emmener" pour "emporter", la faute devenant hélas récurrente, et quelques autres incongruités) et une culture solide. le malaise du garçon (dont on ne saura jamais le nom, pas plus que ceux des autres protagonistes) est perceptible à chaque ligne du roman. Son évolution de l'enfance à l'adolescence, jusqu'à la découverte du père et la difficulté d'être, de se comporter à ce moment-là, est magnifiquement décrite dans ce puzzle-labyrinthe.
Pour le côté "homo", on notera l'étonnant passage de la piscine, à caractère pédophile, qui illustre parfaitement le comportement destructeur de l'adolescent.
"Un garçon naturel", court roman, est un livre à lire et relire, qui surprend par sa justesse.

Etrange oeuvre que ce premier roman de Patrice Salsa.

Ce qui frappe tout de suite, c'est sa structure, déroutante. L'auteur a fait le choix de construire son récit avec une succession de scènes courtes qui nous permettent de suivre le garçon du titre (et ses proches) mais sans souci de chronologie. Tour à tour garçonnet et adolescent, on navigue d'un âge à l'autre pour découvrir un garçon brillant mais étrange.

L'histoire est étrange, elle aussi. Patrice Salsa nous parle de quête des origines à travers un personnage d'enfant-adolescent inquiétant derrière un masque charmant. J'ai toujours eu un faible pour les personnages complexes, à l'intelligence froide. Celui-ci n'échappe pas à la règle.

C'est un roman très court : moins de cent pages, en petit format. Il se lit très vite, d'autant que le style est agréable. Je crois que je vais suivre avec attention les prochains romans de Patrice Salsa, en espérant qu'ils soient aussi réussis que celui-ci.

Nouveau roman du même auteur
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