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Critique de Alfaric


Pas de la grande littérature ni même de la grande Fantasy, mais de l'agréable novélisation : les aventures de Drizzt Do'Urden et ses compagnons, c'est des parties de jeux de rôles mise par écrit. Malgré une fanbase assez importante R.A. Salvatore jouit d'une réputation de tâcheron. Ayant par le passé hurler avec les loups, je fais mon mea culpa. D'un autre côté je n'avais en tête que la très mauvaise adaptation de Fleuve noir que je n'ose qualifier de traduction… C'est donc tout naturellement que je remercie Milady et Éric Betsch pour cette plaisante nouvelle traduction !


Nous suivons dans ce "Joyau du Halfelin" un satisfaisant pot-pourri Fantasy :
Les rats-garous défaits par une horde de félins surnaturels ? Enorme clin d'oeil aux "Épées de Lankhmar" de Leiber ?
Les Héros du Nord qui viennent foutre le bordel dans une ville méridionale gangrenée par le crime ? Howard ?
Le barbare Wulfgar qui s'énerve contre un dromadaire récalcitrant ? Petit clin d'oeil au film de John Milius ?
Et oui la Fantasy ne se limite pas à JRR Tolkien et aux Terres du Milieu :
http://www.bostonglobe.com/ideas/2013/12/22/sorry-tolkien-not-father-fantasy/pljM6¤££¤82Howard 66¤££¤8bzNSI/story.html
C'est parfois bon enfant et on retrouve les belles sensations du shonen classique avec les tirades sur l'espoir et l'amitié, la foi dans le triomphe de l'amour et de la justice. C'est une Fantasy traditionnelle certes, mais c'est plaisant de retrouver cela dans une époque grimm & gritty post GRR Martin.

Partie 1 : A mi-chemin de partout
Tandis d'Entreri ramène sa proie à Portcalim, proie qui fait tout pour ralentir son ravisseur, Drizzt et Wulfar se lancent à sa poursuite malgré les pièges tendus sur leur route avant de faire à la Porte de Baldur la rencontre de Deudermont le capitaine de l'Esprit follet de la mer. Dans le même temps Catti-Brie hésite entre les rejoindre et tenir la promesse faite à Bruenor de préparer et mener à terme la reconquête de Castelmithral.
Partie 2 : Alliés
Des chapitres très swashbuckling avec la traversée vers le Sud de la Mer des Epées entre les manipulations des assassins Entreri et Rassiter, les fourberies des magiciens Obéron et Lavalle et l'attaque du capitaine pirate Pinochet (non ce n'est pas une blague). Dommage que la bataille navale soit gâchée par des trucs grosbills et qu'ensuite on tombe rapidement dans les clichés sur le Moyen Orient avec OMG un marchand gobelin magouilleur et OMG un riche despote capricieux.
Partie 3 : Empires déserts
Une grosse baston de 150 pages qui n'en finit plus : rats-garous, limon, hydre, démons, géants des collines eunuques, assassins, magiciens en plus des pièges mortels et de rebondissements en veux-tu en voilà dans la plus grande tradition pulpienne ! Mais c'est épuisant voire soulant passé un cap malgré le chouette détour par Tartérus qui annonce les belles heures de "Planescape" (alias le "Stargate" Fantasy).

Globalement un peu moins bon que le 2e car l'action prend le pas sur tout reste à commencer par l'ambiance.
A ce niveau-là, entre les passages en mer, les passages dans le désert, les bas-fonds de Portcalim et l'excursion extradimensionnelle, il avait largement matière à faire. Et même au niveau action le mieux est l'ennemi du bien : la récurrence des trucs grosbills vient tirer l'ensemble vers le bas.
Cette mise en jambe avec une Dame elfique et un magicien malicieux qui expliquent aux héros tout ce qu'ils doivent savoir et qui leur donnent tout ce qui leur est nécessaire était une facilité scénaristique à la limite du ridicule.
Niveau bad guys, Entretri partage la vedette avec ses compères avec qui ils se tirent la bourre à commencer par Pacha Amas son patron ailurophile et Rassiter l'ambitieux rat-garou (non ce n'est pas une blague). D'ailleurs franchement OMG les rats-garous…ça casse un peu tout malgré la sympathique référence au classique de Fritz Leiber.
L'épilogue qui enquille en quelques pages la mainmise sur une guilde de voleur, la reconquête de Castelmithral et un mariage est assez frustrant, mais c'était un peu le mode à l'époque (voir David Gemmell et Glen Cook par exemple).
Niveau personnages entre recherche d'intégration et exploits héroïques Drizzt est égal à lui-même, Wulfgar a du mal à penser à autre qu'à la baston, mais à travers son calvaire Régis gagne en profondeur et en sympathie. Toujours pas fan de Catti-Brie même si on progresse dans la bonne voie avec ce tome…
Mais tout cela donne furieusement envie de rejouer aux "Baldur's Gate" like !

Les intéressants monologues de Drizzt en début de parties tranchent avec le reste. On sent que l'auteur met beaucoup de lui-même dans son personnage fétiche. Dès lors on peut réinterpréter la saga : Menzoberranzan et ses traditions de compétitivité mortifère, c'est une certaine société américaine à qui l'auteur à décidé de tourner le dos, comme son héros, préférant essayer de rendre meilleurs les Royaumes Oubliés, comme son héros. Un monde parfois violent, raciste et fanatique dans son communautarisme certes, mais avec de l'amitié, de la solidarité, et la possibilité de s'intégrer dans un multiculturalisme progressiste. Si on ajoute que le héros est rejeté principalement à cause de la couleur de sa peau et des préjugés qui y sont affiliés, il n'y a qu'un pas pour y voir une critique en bonnes et dues formes de certaines mentalités.
Des héros porteurs de valeurs qui ont envie de rendre le monde meilleur, cela fait du bien : Justice Forever !
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