Il y a un avant 18 août 1969 et un après.
Entre deux, il y a The Star Spangled Banner joué par
Jimi Hendrix à Woodstock.
Il y a un avant 27 janvier 2021 et un après.
Et entre deux, il y a
Hymne de
Lydie Salvayre.
Et cette impression d'avoir tellement appris, tellement vibré, tellement expérimenté durant cette lecture.
Je n'irais pas jusqu'à dire que Hendrix était un parfait inconnu jusqu'ici mais jamais je ne m'étais laissé interpeller par cet artiste singulier. Je suis née après Woodstock, à une époque où tout semblait plus simple, où le Vietnam et ses démons étaient lointains, où les hippies rangeaient leurs fleurs et leurs idéaux. J'ai baigné dans les classiques de la chanson française et dans le hit-parade des années 80. La musique américaine, le blues, le rock, le jazz étaient alors pour moi des terres inconnues, presque hostiles. Je jouais le Forestier à la guitare mais l'ignorais tout de Santana, Zappa et Hendrix.
Et puis j'ai grandi, j'ai mûri, j'ai appris à apprécier d'autres horizons musicaux, parfois dérangeants, parfois attirants. Mais, une fois de plus, j'ai laissé Hendrix de côté.
Et puis, il y a ce livre, trouvé dans un Tea-Room un samedi d'octobre 2015. C'est le titre qui m'a attirée avant tout, moi la chanteuse de chorale passionnée. La quatrième de couverture m'en dit plus et c'est une révélation : j'allais enfin rencontrer
Jimi Hendrix.
Il a fallu 5 ans encore pour oser plonger dans l'
Hymne, dans l'âme de cet artiste hors du commun.
Le temps fait son chemin.
En janvier 2021, je suis enfin prête !
"On dit qu'il était timide."
Première phrase. Premier étonnement.
Comment un homme de cette popularité, dont la renommée a traversé les décennies pouvait-il être timide ?
Et les pages se tournent, dévoilant un homme d'une force et d'une fragilité exceptionnelles. "Hendrix avait le génie d'un musicien, et la vulnérabilité d'un enfant. Il était l'exception, et notre part commune. Une figure souveraine, et infiniment désarmée."
Et puis il y a les mots de
Lydie Salvayre, ses 21 ans en 1969, son regard bouleversé, sa sensibilité créative, sa plume poétique et incisive, sa fascination pour l'homme aux trois sangs (noir, cherokee, blanc).
Compagne de lecture, elle m'a captée, happée, transportée où je n'étais encore jamais allée.
Jusqu'à éveiller une boule de tension émue du ventre à la gorge lors de la lecture des derniers chapitres.
Jusqu'à me faire taire.
Jusqu'à bloquer ma respiration devant Jimi et son interprétation de l'
Hymne. Fascinée. Tétanisée.
Je n'ai plus de mots.
Avant de refermer le livre.
Jimi Hendrix est né à ma conscience aujourd'hui.
Il est temps que je le révère.