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EAN : 9782930333489
208 pages
MEO (25/04/2012)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Dans le Sarajevo déboussolé d’après-siège, un avocat s’occupe d’une peintre locale expatriée à Paris durant la guerre, qui voudrait à la fois récupérer son appartement et publier des souvenirs qu’une soif inextinguible de liberté a rendus sulfureux. Celle-ci, de retour dans sa ville, tombe passionnément amoureuse d’un “Jeune homme” qui lui rappelle le “Portrait de Baldassare Castiglione” de Raphaël, un tableau qui l’a fascinée toute sa vie. Dans sa ville natale qu’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour avoir vécu plus d'un an au cours de deux séjours à Sarajevo en 1993 et 1996, j'ai opté pour cet ouvrage proposé par Masse critique. Beaucoup de noms m'ont fait revivre des souvenirs d'une expérience ô combien prégnante, pleine d'enseignements sur la nature humaine.
Déjà à cette époque, en seulement trois ans d'écart, j'avais pu observer l'évolution du fondamentalisme musulman et constater l'étau se resserrer sur le pays.

Actualité brûlante en 2015 que le thème développé par Portrait de Balthazar de Jasna Samic.

Dans la Bosnie, au lendemain de la guerre qui a fait imploser la fédération yougoslave, Livia, une Bosniaque exilée en France, revient en son pays. Elle y retrouve certes une Bosnie réduite à la portion congrue, mais surtout une conséquence qu'elle n'avait pas voulu envisager : l'emprise des islamistes sur son pays.

Avant les années tragiques, la Bosnie était connue pour être un modèle de coexistence pacifique des religions et des cultures. La chape de plomb communiste avait eu au moins l'avantage d'étouffer dans l'oeuf les velléités de domination de l'une ou l'autre des grandes religions monothéistes. Quelques années de guerre plus tard, le fondamentalisme musulman prospère dans les eaux troubles de la corruption, la débauche, la dérive des mentalités et les séquelles psychologiques des drames qui n'ont pas manqué.

Livia est une artiste, ou tente de l'être. Sans être nymphomane, elle est habitée par un désir charnel gourmand, c'est une personne instable qui cumule les aventures, les séparations et les réconciliations. Son statut d'exilée lui avait donné le recul et l'information suffisants pour être avertie des manifestations de l'intégrisme. Et pourtant.

Pourtant elle va tomber sous le charme de celui qu'on ne connaîtra jamais que sous la désignation de Jeune homme, chez qui elle diagnostique parfaitement l'emprise de l'islam dévoyé, mais pour qui elle ira cependant jusqu'à se glisser dans le statut de la femme inférieure.
Quand la passion anéantit la raison.

Cet ouvrage au langage parfois cru dépeint fort bien le climat de ce pays au lendemain des années terribles. Les plaies sont encore vives. On y perçoit pêle-mêle en quelques allusions la haine du Serbe, la manipulation des médias, le désenchantement, les rancoeurs envers les grandes puissances de ce monde et même aussi quelques traces de nostalgie pour l'ancien régime communiste. N'avait-il pas garanti la paix.

Mais ce pays martyr se relèvera d'autant plus difficilement du cauchemar de la guerre que l'obscurantisme prolongera son emprise.

On a malgré tout du mal à s'attacher au personnage de cette femme artiste de retour en son pays. Elle n'offre pas beaucoup de qualités à nos yeux. C'est la femme de tous les abandons. L'abandon de son pays pendant les années difficiles, de ses enfants laissés à deux pères différents, de ses convictions défaites par la seule grâce d'un visage adulé, le portrait de Balthazar ? C'est une femme dominée par ses passions pour qui le sexe est salutaire et qui semble ne s'attacher ni aux êtres ni aux choses. En quête perpétuelle d'ailleurs elle souffre d'une grande frustration. Guidée par ses pulsions elle se laissera envouter par un visage aux yeux clairs, fût-il celui de la perdition.

La description de la main mise du fanatisme islamique sur ce pays nous alarme, s'il n'était déjà trop tard, sur le péril qui guette notre propre pays. Au lendemain des événements tragiques qu'il a connus, voilà de quoi susciter la vigilance.

C'est certainement plus le sujet abordé que le style quelque peu déstabilisant qui a valu à cet ouvrage d'être primé par nos amis Belges. Mais peut-être est-ce l'effet recherché. Il n'a pas fait partie de ces livres qui m'ont fait presser le pas pour les rouvrir à la page marquée. La crainte sans doute d'y retrouver une actualité dérangeante, des personnages peu avenants, voire alarmants. Qui a dit que les deux grands périls du XXIème siècle seraient le fondamentalisme islamique et la drogue était visionnaire. Ce livre, sans être passionnant, ne laisse quand même pas indemne. Il faut se nourrir de son amertume pour rester mobilisé.
Son dénouement est bien amené, car logique sans être prévisible.

Je suis Charlie serait-on tenté de clamer pour coller à notre actualité en refermant cet ouvrage. Mais pour combien de temps ? La mémoire est courte dans le confort de nos sociétés occidentales modernes. La paix est toujours plus difficile à gagner que la guerre, et surtout à conserver.
La paix c'est comme la santé, c'est un équilibre trop fragile que l'homme se plait à malmener.
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Merci à Babelio pour l'opération « Masse critique » et pour l'envoi de ce livre hors du commun.
Portrait de Balthazar
Jasna Samic
Roman
Edition M.E.O
Le « Portrait de Baldassare Castiglione » de Raphaël est la pièce maîtresse de ce roman réaliste et contemporain (trop).
Fil rouge sinueux, imprévisible de cette vaste intrigue, il sera tout au long de la lecture, le Balthazar métaphorique et captivant.
Cette histoire, fragile et encore vive de mille feux pourrait être une fois de plus, des faits actuels. le lecteur pressent un drame à venir qui ne sera dévoilé qu'à la fin de ce majestueux livre. Sarajevo, la belle, la blessée, porte en elle les mouvances et les diktats de cette guerre trop moderne, trop présente encore dans les esprits.
L'écriture fluide de Jasna Samic , saigne encore. Sarajevo ne sera plus jamais la même qu'au préalable. Livia, est le double de l'auteur. Peintre, elle multiplie Les Balthazar comme des appels au secours, en soupape de sécurité, foudroyés malgré elle. Cette dernière a perdu ses repères, le miroir de son pays est fêlé, Baldassare Castiglione est défiguré, symbole initiatique d'un art égaré dans les mouvances d'une perte d'identité. Elle aimera. Tombera dans le piège des « Allahu Ekber » écho d'un intégrisme fou. Pourtant, on espérait pour elle, enfin, la 7ème vague. Celle qui soulage, sauve et ouvre la voie de la quiétude. Il n'en sera rien.
Haris Papo, son avocat, protecteur, et fidèle, constant, , sera lui aussi anéanti par ce mal fondamentaliste.
Ce livre, construit à la perfection, prouve la maturité de son auteur et ses qualités d'écriture.
Cette histoire, de larmes et d'impuissance, porte en elle le « Apprendre à se méfier » de Prosper Mérimée.
Les Balkans de Jasna Samic, sont le symbole d'un volcan en possible éruption, où l'intolérance, lave intégriste, dépasse les entendements du possible vivre-ensemble.
Voici un roman fort, sérieux, et grave, où l'on voudrait que la fiction dépasse la réalité pour une fois. Dans un renversement rare, pacifié, le portrait de Balthazar , serait enfin l' unité d'un peuple déchiré.
A lire d'urgence.
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Ce livre a reçu le prix Maurice et Gisèle Gauchez-Phillipot, prix de la province du Hainaut de Belgique qui récompense le travail d'un auteur belge ou étranger s'exprimant avec la langue française.
"Le Portrait de Balthazar" n'attire pas par sa couverture car celle-ci reprend une représentation du dit tableau et c'est vrai que si on ne s'attarde pas sur la quatrième de couverture, on pourrait croire qu'on tomberait ici sur une biographie de Baldassare Castiglione.
Il n'en est rien. Ici Jasna Samic nous dresse un tout autre portrait. Un portrait dérouté d'un Sarajevo qui panse encore les plaies d'une guerre pas si lointaine et doit maintenant faire face à un obscurantisme religieux.
C'est avant tout le grand message de l'auteure qui veut nous alerter du chaos qui frappe la Bosnie.
On nage beaucoup dans ce roman. C'est vrai l'intrigue manque parfois un peu d'énergie et on a peur de se noyer entre les lignes parfois, mais le courant finit par passer et par nous emporter.
On nage aussi entre deux eaux. On ressent d'une part le malaise du passé : la guerre, le communisme et pour remonter encore plus loin l'empire Ottoman, et d'autre part le malaise actuel : une Bosnie coupée de toutes parts avec ses différents peuples, ses différentes langues et ses conflits intérieurs omniprésents.
C'est un livre très grave, un livre très sombre.
Mais l'intrigue ne parle pas que de ça. Elle met en avant aussi la passion amoureuse. On voit ici des personnages tiraillés par leur foi et leurs démons. Des personnages écartelés par leurs émotions à l'image d'un Sarajevo écartelé par un monde laxiste et un monde ultra rigide.
La fin est bonne et je ne m'y attendais pas vraiment. Lorsque je suis surpris par une fin, je la considère généralement comme bonne, mais si celle-ci tombe comme un cheveu sur une soupe.
Ce qui est le cas ici.
J'ai aussi beaucoup aimé le style, on est balancé sur plusieurs points de vue et les passages à la première et à la troisième personne sont très bien exploités.
On a vraiment l'impression d'être emporté dans un maelstrom de sentiments contradictoires. On nage en eau trouble également. On a l'impression que tout ceci est un mauvais rêve, mais non, j'ai bien peur que Jasna Samic ne fasse que décrire une bien triste réalité.
Une très bonne lecture donc. Une plume à découvrir pour son style et un livre à lire pour le message qui y est passé.

Lien : http://jldragon.over-blog.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Chacun s'imagine avoir quelque chose à nous enseigner de sa propre vie. Formidable époque où tout le monde écrit et personne ne lit ! Freud et la soi-disant liberté sexuelle sont à l'origine de nombreux malheurs.
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Video de Jasna Samic (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jasna Samic
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=49603&motExact=0&motcle=&mode=AND
TROIS HISTOIRES UN DESTIN
Jasna Samic
Théâtres
Quels sont ces ponts qui nous relient, ces abîmes qui nous séparent ? Un crime mène-t-il vers un autre crime ? Pourquoi se venge-t-on sur un innocent ? Ce ne sont que quelques questions que les trois pièces posent sur ces exilés dans les souvenirs, représentant aussi le thème des trois histoires, liées étroitement, par un événement : la guerre, et faisant allusion à une ville où la vie, l'amour, le malheur et la mort se rencontrent et se confondent encore de nos jours, devenant une et même chose.
Broché

ISBN : 978-2-343-07986-8 ? février 2016 ? 184 pages
Prix éditeur : 18 ? 17,10 ?
+ Lire la suite
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