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EAN : 9791022604550
90 pages
Editions Métailié (25/08/2016)
3.91/5   39 notes
Résumé :
Un trentenaire désabusé traîne son spleen à La Havane, entre son bureau et le Malecón… L’espoir se fait rare, la vie est un disque rayé. Rhum, salsa, tabac, et parfois un détour chez la Russe du neuvième étage. Il fait une chaleur criminelle et la révolution semble s’être oubliée au milieu du gué.
Seule la mer, au loin, promet encore quelque chose…

Canek Sánchez Guevara, petit-fils du Che, fait vibrer Cuba comme jamais : le désenchantement s’éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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J'ouvre la fenêtre de ma piaule, sortir les odeurs de moisissure, de peinture défraichie et de sueur aigre, rentrer le parfum iodé de la mer, le parfum jasminé de la femme, respirer cet air irrespirable de nostalgie et de désespoir. La fenêtre ouverte, c'est un peu le disque rayé de ma vie. Des vies et des rêves qui se hachent et se bloquent inlassablement, comme des vagues qui s'échouent sur le rivage avec quelques détritus de radeaux de fortune ou d'infortune. Je referme la fenêtre, trop ébloui par le soleil et l'azur. La radio du voisin braille comme un appel à la prière, ce n'est qu'un énième discours du chef, fidèle à lui-même pendant des heures. Au neuvième étage, je repense à cette vieille russe, blonde et soviétique jusque dans ses poils pubiens. Elle m'ouvre sa porte, de temps en temps, en même temps que sa robe, et je lèche son parfum, je respire frénétiquement sa sueur.

Dans la rue, les femmes font la queue avec leurs tickets de rationnements, les vieux s'attablent à des terrasses de café, cigare et verre de rhum, occupent le temps d'une vie à faire danser des dominos dans leurs mains ridées, les jeunes filles dansent au son de la brise qui fait virevolter leurs jupes légères. le même décor depuis des années, avec des vieilles carcasses d'automobiles sillonnant la poussière des bouts de trottoir. Les mêmes hommes, tristes ou rêveurs, les mêmes femmes, blondes russes ou noires mulâtres. le disque rayé de multiples vies. Elles sont quand même belles, ces cubaines, sers-moi un verre de rhum, poupée, même si je ne suis pas ton homme, trop triste devant ce sourire si éblouissant. le disque rayé de ma vie.

Le petit fils au tee-shirt, tel que la presse l'a souvent défini, ne sera l'auteur que d'un unique disque, un 33 tours rayé comme un roman à 33 Révolutions. Une oeuvre désenchantée et poétique sur Cuba, son île avant son exil. Elle est aussi fascinante qu'hypnotique comme un disque rayé. Une nouvelle tempête s'approche, les nuages noirs se forment, mais les gens s'en foutent totalement. Ce n'est pas la première tempête, ni même la dernière. Une nouvelle surviendra, encore et encore, répétition du temps et des embruns. Des gens partiront sur un radeau, un canot ou un vieux rafiot. Ils reviendront probablement, noyés ou abattus. Rien de nouveau, le disque rayé de l'espoir. Peut-être certains atteindront la côte américaine, ceux-là échapperont aux disques du Commandante ou Presidente.

Sans espoir ni guère d'envie, comme lassé par la vie, je retourne vers ma chambre d'hôtel, m'allonge sur le lit aux draps défraichis, rêve de rhum et de poils pubiens blonds – ou noirs. Les yeux clos, le vent souffle sous la fenêtre amenant ses embruns chargés d'amertume, j'entends le souffle de son coeur et de ma langue parfumée au rhum, je me vois lui lécher son sexe imbibé de sueur et de rhum. le disque rayé de ma putain de vie.
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33 Révolutions, 33 chapitres très courts, à peine le temps d'un refrain, d'une rengaine, cubaine, toujours la même. Pauvreté, pénuries, panne d'eau chaude et de courant.

33 Révolutions (hasta la victoria, siempre), 33 révolutions, 33 tours sur un disque rayé, avec l'aiguille qui trébuche et retombe sans arrêt dans le même microsillon. 33 p'tits tours et puis ne s'en vont pas mais tournent en rond, pas moyen d'en sortir, pas moyen d'en finir avec cette Révolution échouée sur la tombe de l'utopie communiste comme un radeau de candidats à l'exil lamentablement refoulé par les vagues sur la plage, cubaine, toujours la même. Patriotisme de façade, faux semblants de loyauté, tout va très bien Madame la Marquise, le meilleur des mondes. Mieux vaut se taire.

Cuba, une île mais pas un refuge, des plages mais pas le paradis, la chaleur qui ne réchauffe pas le coeur mais l'accable davantage. Rhum frelaté, tickets de rationnement, salsa, tabac, un peu d'amour pour tromper l'ennui et la désespérance. Cuba, une île prisonnière de la mer.

La mer, seule solution pour fuir cette inertie plombée, un tourbillon de vagues pour échapper à la spirale d'une routine abrutissante. Prendre la mer et risquer la mort plutôt que vivre cette vie sans issues.

33 révolutions, écrit par le petit-fils du Che. Rebelle et anarchiste, Canek Sanchez Guevara a peu à voir avec son grand-père, qu'il n'a pas connu. Il en a reçu en héritage un patronyme parfois pesant (« le petit-fils du T-shirt »), et un idéal de liberté qui transparaît dans ce roman et dans les entretiens en fin de livre.

33 révolutions, 33 saynètes intenses, 33 flashes saisissants, 33 photos poétiques, pour rendre un hommage éloquent à Cuba.
On en aurait voulu davantage, malheureusement l'auteur est décédé en janvier 2015.
Hasta siempre, señor Canek.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Canek Sánchez Guevara, « le petit fils du t-shirt » comme le surnomme « la presse impérialiste et démagogue », aura peu publié : un roman, 33 révolutions, un essai avec Jorge Masetti , le fils du « Commandant Segundo », Les héritiers du Che, et quelques autres textes dont des carnets de voyages sur les traces de son grand-père, Journal sans motocyclette. Et il ne publiera pas davantage maintenant - le « disque rayé » de sa vie s'est arrêté de tourner en 2015 à la suite d'une opération du cœur, un peu comme le héros de son unique roman dont le « disque rayé » de la vie s'arrêtera après 33 révolutions.

En plus d'un héritage lourd à porter tant à Cuba où l'on attendait de lui qu'il se comporte comme le petit-fils du Che qu'en dehors de Cuba où sa famille en exil européen cacha sa filiation, Canek Sánchez Guevara était écrivain, musicien, punk, révolutionnaire.

33 révolutions est un roman court - moins de 80 pages - composé de 33 chapitres, des « trente-trois tours par minute » d'un « disque rayé », des « trente-trois révolutions » de ce même disque et celles auxquelles participent le héros noir et sans nom de Canek Sánchez Guevara et les autres habitants de Cuba avec lesquels il interagit - la Russe du neuvième, son chef, un ancien camarade de fac amateur d'appareils photo, les flics, et d'autres habitants de l'île.

Le roman est à la fois empreint de l'esprit punk - pas celui des Sex Pistols mais celui de Fugazi, le vrai esprit punk pour faire court - et de musique répétitive. Esprit punk pour la brièveté du roman et des chapitres, pour l'esprit révolutionnaire disséminé ici et là dans le roman et pour une espèce de lente urgence qui apparait à la lecture. Musique répétitive - appellation en français de la musique minimaliste - non seulement pour le minimalisme du roman* et la répétition du « disque rayé » qui constitue une espèce de fil rouge dans les 33 chapitres - et si vous n'aimez pas les disques rayés, le roman n'est probablement pas pour vous. Tout n'est que « disque rayé » donc - le travail, l'Histoire,... et au final « La vie tout entière n'est qu'un disque rayé ».

La chanson de ce 33 tours, de ces 33 révolutions, de ce « disque rayé » est une chanson triste comme le destin de son auteur. Mais les chansons tristes sont (souvent) les plus belles et les plus émouvantes.

*Le roman est complété par d'autres textes de Canek Sánchez Guevara.
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Une petite pépite, dénichée dans ma bibliothèque municipale.
Un livre qui cherche à être le témoignage des pensées d'un homme dont la renommée est liée à l'Histoire ... être le petit fils d'une légende mondiale n'a pas dû être facile … Canek est le petit fils du Che, cet homme dont le portrait a décoré de si nombreuses chambres d'étudiant.

Il y a pour commencer,
33 révolutions, qui est le seul roman de l'auteur, cela ressemble à une nouvelle dont le titre peut être interprété de différentes façons …
33 chapitres pour décrire la vie comme une autre à La Havane dans les restes d'une révolution ratée …
33 tours comme un disque d'un autre temps qui nous répète jour après jour la même rengaine, musique lancinante, épuisante et surtout sans espoir …
33 révolutions comme nous le suggère la dernière ligne, une tentative pour en finir.

Un sentiment de tristesse, de mélancolie ne peut que nous envahir en pensant aux drames qui ont lieu ou ont eu lieu à Cuba mais il pourra aussi nous faire penser à ce qui se joue chaque jour beaucoup plus près de nous dans la Méditerranée transformée en cercueils.
Une lecture qui m'a replongée dans mes souvenirs …
Coppelia, le glacier révolutionnaire dans le quartier de Vedado à La Havane (1), ce qu'il en reste, un parc décrépi où une foule de cubains continue de venir, des queues interminables aux quatre coins de cet îlot, des gardes qui laissent passer des heureux élus prêts à s'installer à l'une des nombreuses terrasses, l'étranger lui se verra dirigé vers un unique escalier qui dessert une salle climatisée où il pourra déguster l'un ou l'autre des parfums du jour réalisés (la carte des 26 parfums n'étant là que pour la légende) …
Attendre son tour, que ce soit au poste à essence, au distributeur de billets, une logique qu'il faut comprendre sous peine de représailles vociférantes, une simple question résolvant la question … qui est le dernier ? … prendre sa place dans la longue file à l'ombre et attendre …
Traîner sur le Malecon, d'un bout à l'autre, à toutes heures toujours une foule, observant la mer qui se jette et se jette encore sur ce mur déglingué, le Malecon, une légende comme une autre qui garde dans la furie de la mer déchaînée le souvenir des engloutis.
Souvenirs nostalgiques qui se fracassent sur le mur de la réalité cubaine, pas un paradis enchanteur mais un rêve ou un cauchemar comme un autre : il faut parler pour faire arrêter le supplice … mais parler de quoi ?
L'éditeur a souhaité pour notre plus grand plaisir, complété ce texte par d'autres écrits de l'auteur et des extraits d'un interview au Monde Libertaire.
Salutaire initiative qui nous montre la complexité d'une vie si on ne souhaite pas n'être que le petit fils d'une légende.

(1)
Commandé par Fidel Castro en 1966, il ressemble à une soucoupe volante ! Ce bâtiment étonnant raconte toute l'histoire d'une marque de crème glacée mythique à Cuba. Quelque 26 parfums proposés et des générations de Cubains conquis.
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Tout est rayé chez le trentenaire cubain de ce roman. La vie est un disque rayé, son travail de fonctionnaire est un disque rayé, les pénuries quotidiennes de café ou de cigarettes sonnent comme un disque rayé, sa solitude est un disque rayé se répétant à l'infini. Il a pourtant eu une femme, « maladivement frigide ». « le mariage n'a pas duré longtemps : un disque rayé de discussions et de reproches dont la détérioration progressive a fini en rigidité cadavérique ». Il traîne donc son spleen seul, le long du Malecon, la célèbre promenade de front de mer de la Havane. Enfant, il avait été un patriote zélé, jusqu'au jour où il a commencé à lire, activité lui offrant une porte ouverte sur un horizon bien plus vaste que son univers et soulignant davantage encore l'étroitesse de son quotidien. Son intérêt récent pour la photo lui offre bien quelques perspectives, mais rien de transcendant. Reste l'éventuel départ. Quitter son île et rêver d'Amérique. Car finalement seule la mer a encore tout d'une promesse…

Beaucoup de mélancolie dans ce court roman déployé en 33 tableaux minimalistes brossés d'une plume désabusée. Sans rage, sans violence mais avec beaucoup de résignation, Canek Sanchez Guevara, le petit-fils du Che, dresse le portrait d'un peuple anesthésié par l'ennui, la soumission et le rhum. Impossible de juger ce personnage neurasthénique en diable que l'on aimerait parfois sortir de sa léthargie à grands coups de pompes dans le derrière tant il est difficile, à notre échelle, d'imaginer la réalité quotidienne d'un cubain lambda.

Canek Sanchez Guevara est mort début 2015 à l'âge de 40 ans suite à une opération du coeur. 33 révolutions, pourtant prometteur malgré quelques faiblesses, restera donc son premier et seul roman. Dommage, vraiment dommage…

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (4)
Telerama
16 novembre 2016
Dans 33 révolutions, on entend les télévisions qui diffusent les telenovelas et l'on sent l'humidité poisseuse de La Havane.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
12 octobre 2016
Une ambiance, des sensations immédiatement perceptibles, pénétrantes, stimulées par une écriture laconique et sans effets ni équivoque.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
06 octobre 2016
Avec panache, Canek Sánchez Guevara, le petit-fils de Che Guevara explore les quartiers populaires de la capitale, sur fond de désillusion généralisée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeJournaldeQuebec
12 septembre 2016
Ce regard acide sur la Révolution cubaine a de quoi nous glacer.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Pause déjeuner. La cantine déborde de techniciens et d’employés et la queue ressemble à celle du cinéma quand un nouveau film est à l’affiche. La nourriture est aussi bon marché que peu copieuse mais c’est mieux que rien et tout le monde s’en réjouit. “Qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui ?” demandent ceux qui attendent à ceux qui sortent : “La même chose qu’hier”, répondent-ils d’un ton fatigué. Quand c’est enfin son tour, il observe avec résignation le plateau réglementaire : le cercle de potage, le carré de riz, le rectangle de patate douce, le verre dans son support circulaire et les couverts dans la rainure. Il mange en dix minutes et sort acheter des cigarettes. Les rares ombres de midi n’atténuent pas la chaleur, et encore moins l’humidité de cette jungle de constructions décadentes à la beauté séculaire. Au loin, on devine la mer, mais aujourd’hui sa brise est pure absence. Il grogne une plainte en direction du ciel et s’arrête devant le kiosque au coin de la rue : Ni cigarettes ni café, proclame un écriteau écrit à la main.
Comme un disque rayé, grogne-t-il une fois de plus.
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Tout bouge de l’autre côté de la fenêtre : arbres en papier, machines jouets, maisons de brindilles, chiens de paille. Une tache d’écume envahit les rues, laissant au passage de l’eau, des algues, des objets cassés, jusqu’à la vague suivante qui balaye tout. La marée arrache ce que le vent ne parvient pas à abattre. L’immeuble résiste à l’assaut de la mer. À l’intérieur, les coursives sont remplies de visages effrayés et de gens qui récitent des instructions et des évidences (“restez calmes, camarades, ça ne va pas durer”). Tous s’expriment à la fois (vingt disques rayés tournant en même temps) : tous disent la même chose avec des mots différents, comme dans la file d’attente ou au meeting – manie de parler : douze millions de disques rayés qui piaillent sans cesse. Le pays entier est un disque rayé (tout se répète : chaque jour est la répétition du précédent, chaque semaine, chaque mois, chaque année ; et, de répétition en répétition, le son se dégrade jusqu’à n’être plus qu’une vague évocation méconnaissable de l’enregistrement original – la musique disparaît, remplacée par un incompréhensible murmure sableux). Un transformateur explose au loin et la ville est plongée dans l’obscurité. L’immeuble est un trou noir au milieu de cet univers qui n’en finit pas de s’effondrer avec fracas. Plus rien ne fonctionne, mais on s’en fiche. On s’en fiche toujours. Comme un disque rayé, qui se répète sans cesse…
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Il se dirige vers San Lazaro, s'enfonce dans une rue pour échouer dans un bar sombre qui sent l'urine masculine : long comptoir, tables sales, rhum bon marché : rien d'autre. Personne ne sourit ni ne dit bonjour.
Chacun pour soi.
Quatre types jouent aux dominos dans un coin, comme chaque jour de l'année et comme chaque année depuis la nuit des temps. Le défilé des rectangles blancs, des points noirs, des doubles neufs, des cris et des jurons ne varient pas. Posé à côté de chacun des joueurs, le sempiternel verre de rhum ; au centre, un cendrier rempli de mégots. Voilà, se dit-il, le disque rayé de la culture nationale.
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Il fume, allongé dans l'obscurité, à côté du dos nu de la femme - des fesses puissantes qui gonflent les draps et les rêves -, et il se dit que les métaphores sont inutiles à cet instant où la fumée se dissipe en montant vers le plafond, se mélangeant au parfum de la sueur, du sexe et des tropiques.
Elle dort et il en profite pour renifler son corps (l'odeur des aisselles velues lui brûle les fosses nasales et attaque violemment ses neurones. En douceur, il la fait se retourner - les seins pointent vers le plafond -, il enfouit le nez dans son pubis, s'emplit les poumons de l'acidité sans pareille de ce sexe exubérant et blond, plein de réalisme socialiste. Elle sourit dans son sommeil, - elle murmure quelque chose en russe (de retour à la steppe) - et il s'allonge pour en fumer une autre et se laisser entraîner par le disque rayé du plaisir et de la fatigue.
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Le vent s'infiltre à travers les fentes, les tuyauteries sifflent, l'immeuble est un organe commun aux familles qui l'habitent. Rien ne ressemble à la musique d'un cyclone : elle est unique, reconnaissable entre toutes, d'une qualité sans égale. Dans le petit appartement, les murs peints d'une couleur indéfinissable, sans ornements ni images, s'accordent avec les quelques meubles, le téléviseur en bois, le tourne-disque russe, la vieille radio, l'appareil photo pendu à un clou. Le téléphone décroché et les livres par terre. L'eau se glisse par les fenêtres, les murs dégoulinent et des flaques d'eau se forment sur le plancher. De la boue. De la crasse, encore de la crasse. Un disque rayé et crasseux. Des millions de disques rayés et crasseux. La vie toute entière n'est qu'un disque rayé et crasseux. Répétition sur répétition du disque rayé du temps et de la crasse.
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