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sur 355 notes
Un huis-clos insulaire, oppressant et mystérieux. Entre L'île mystérieuse de Jules Verne et L'ancêtre de Joan José Saer, un récit subtil en une boucle temporelle désespérée et profondément humaine.

Les récits dans lesquels une poignée de personnes, lorsque ce n'est pas une seule personne, se retrouvent sur une île isolée ne manquent pas. Une liste a même été créée sur Babélio pour tenter de les rassembler, liste riche que je vous invite à découvrir : https://www.babelio.com/liste/6366/les-maudites.
C'est cette liste et quelques très belles critiques récentes qui m'ont attirée vers ce livre à la couverture énigmatique.

le narrateur est un météorologue irlandais. Les conflits entre l'Angleterre et l'Irlande, puis la guerre civile au sein même de l'Irlande, ont émoussé son patriotisme qui a perdu tout son sens, et l'ont poussé à fuir cette spirale de violence et ses semblables. Il s'engage alors pour rejoindre un poste, un an durant, sur une île minuscule, « terre écrasée entre le gris de l'océan et celui du ciel, entouré d'un collier d'écume », totalement isolée, de l'Atlantique Sud. Cet isolement, choisi, va lui permettre de se retrouver, de lire de la philosophie, de couper un temps avec la civilisation…croit-il. En réalité, il va découvrir, après le départ du bateau qui l'a déposé, que lui et le gardien du phare, uniques habitants de l'île, seront soumis toutes les nuits aux terribles assauts meurtriers de créatures venues de la mer, des monstres effrayants de prime abord, fascinants au fur et à mesure que nous les découvrons, des créatures maritime très musclées, agiles, aux yeux d'un bleu intense, aux doigts palmés, recouverts d'une peau de requin vert salamandre, d'une peau froide.

« A mesure qu'ils foulaient le sable, ils se transformaient en reptiles. Leur peau mouillée ressemblait à l'acier d'une sculpture huilée. Ils rampaient sur une centaine de mètres puis se relevaient, dans un bipédisme parfait. Mais ils avançaient le torse un peu penché en avant, comme quelqu'un qui lutte contre la bourrasque ».

Pour sa survie, en échange des munitions qu'il possède, à savoir deux pistolets et de très nombreuses balles, il va réussir à quitter son fragile cabanon, frêle station météorologue qui ne peut en aucun cas le protéger bien longtemps des assauts nocturnes, et à venir vivre dans le phare avec cet homme très particulier qu'est Batis Caffo. Un homme rustre, égoïste et farouche, au passé que nous devinons trouble. Un homme qui ne vit en réalité pas seul. Il détient une créature, une femelle, la « mascotte », dont il a fait son esclave sexuelle. Nous sommes tiraillés, notamment lors de certaines scènes intimes, entre le malaise lié à l'exploitation malsaine de cette pauvre créature et son érotisme qui, associé aux chants envoutants qu'elle entame par moment, font penser à une sirène au corps parfait, à la beauté étrange.

« Des hanches de ballerine et un ventre plat, très plat. Des fesses plus denses que le granit de l'île. La peau du visage en accord avec le reste de la peau, alors que chez les humains la texture des joues et celle du reste du corps ne sont pas généralement pas homogènes (…) les cuisses sont un miracle de sveltesse et s'ajustent aux hanches avec une exactitude qu'aucune sculpture ne saurait reproduire ».

C'est avec l'oeil de l'anthropologue (Albert Sanchez Pinol est d'ailleurs anthropologue et cela se ressent dans cet écrit) que notre homme aborde la psychologie de son compagnon d'infortune, mais aussi les relations avec les « faces de crapauds », et notamment, après la terreur et le dégout, la compréhension progressive de leur mode de vie, de leur organisation, via l'observation approfondie qu'il va mener sur la femelle captive et sur les enfants des créatures qui viennent peu à peu jouer au pied du phare. Albert Sanchez Pinol ne veut pas seulement divertir son lecteur, au moyen d'efficaces et multiples rebondissements tous captivants, parfois gore même, où le sang, bleu, gicle en tous sens, il décortique également au scalpel cette peur que nous avons de l'autre, de l'inconnu, de l'étranger. Monstrueux sont celles et ceux que nous voyons comme tels, avec notre regard empli de préjugés et de filtres. Si nous prenons le temps de ne pas simplement regarder mais de voir, de comprendre, alors les monstres se transforment en êtres doués d'âme et de sentiments. La question est alors non pas ce que nous pouvons leur apprendre mais ce que nous apprenons d'eux.
Ce que nous voyons avec dégout et haine est souvent le reflet des peurs que nous cachons en nous, profondément enfouies. Des peurs que nous faisons rejaillir sur l'autre. Comme le souligne avec subtilité l'incipit :
« Nous ne sommes jamais très loin de ceux que nous détestons. Pour cette même raison, nous pourrions donc croire que nous ne serons jamais au plus près de ceux que nous aimons ».

Lorsque la recherche de la paix du néant et du silence aboutit à un enfer peuplé de monstres… Un livre haletant, mystérieux, oppressant, bien rythmé mais aussi une riche réflexion sur notre rapport à l'autre, servi par une belle écriture, sensible et élégante. Un livre à découvrir sans hésiter !

« Tous les yeux regardent, peu observent et très peu voient »

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On dit de lui que c'est un magicien ; ceci est son premier roman ; certains parlent de talent d'hypnose (coucou Péco !) ; il a depuis convaincu tout ceux qui l'ont lu, avec son « Victus », qu'il est à suivre à la trace, dans le genre « oh toi…je m'en vais lire tous tes livres » ; les chanceux vont le découvrir ; voici Albert Sànchez Piñol, le catalan universaliste.

Ce roman commence avec les mêmes qualités que le susmentionné, bien maîtrisées par le bougre : celles du roman d'apprentissage hors de tout pontife ou poncif, rare performance à l'époque où la notion même d'autorité professorale se voit menacée, voire détruite, par le relativisme postmoderne.
Réduite à peu de pages, elle sert ici d'introduction, autant à ce roman qu'à son oeuvre, avec cette évocation du nationalisme irlandais face à l'impérialisme anglais, évident miroir des préoccupations catalanes que Piñol développera avec maestria lors de son roman sur le siège de Barcelone.

Son approche humaniste libérée des bons et des mauvais semble d'une telle évidence, qu'on en reste toujours ébahi qu'elle ne soit pas simplement la norme. L'histoire ne connait jamais de méchants et des gentils, mais les livres ou les mémoires, si…

Toutefois, ce premier roman laisse pour les prochains ces considérations, nous entrainant plutôt vers un froid et humide huis-clos sur une île perdue de l'Atlantique sud, qui dégénère rapidement en un surprenant et gore récit d'épouvante, la rouge hémoglobine remplacée par de larges éclaboussures d'un intense bleu désaturé, virant avec la nuit polaire vers le noir brillant, ou pour faire court, d'une couleur de Sélénite.

L'affrontement entre deux hommes, alliés de circonstance face à l'Etrange, compliqué par une trouble troisième pointe du triangle, amours extra-ordinaires, évoquant l'impossible « Possession », hallucinant film d'Andrzej Żuławski — sûrement le meilleur rôle d'Isabelle Adjani (désolé Pin-Pon…) — artisans d'un érotisme impossible.
Ce livre évoque surtout une autre grande réussite cinématographique, plus récente, « The Lighthouse », dont les correspondances ne peuvent être fortuites ; bien que l'intrigue diffère totalement, l'ambiance psychologique, et la très réussie représentation du sexe des sirènes, appellent au rapprochement.

Cette Peau Froide va très loin, avec une grande facilité, dissimulant parfaitement le faisceau des possibles, ce serpent se mordant la queue n'en devenant pas pour autant un animal à sang chaud.
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Un homme, en fuite de lui-même, est dépêché pour 1 an sur une île loin de tout en tant que climatologue. Là, se trouve Batis Caffo, un homme taciturne, sauvage. Réfugiés dans le phare, les 2 hommes vont subir les attaques nocturnes d'étranges créatures marines.

"La peau froide" est un très bon roman fantastique qui mêle habilement action et réflexion.
La mise en place est rapide. L'auteur ne perd pas de temps et propose un récit rythmé qui se lit très vite.
Il parvient à renouveler régulièrement son intrigue, ce qui n'était pas gagné d'avance au vu de l'argument de départ. En effet, le huis-clos est un art délicat, ici très bien maîtrisé. L'auteur dose parfaitement la tension. le côté routinier des attaques des créatures auraient pu facilement donner lieu à des redondances et s'avérer ennuyeux. Il n'en est rien. A chaque fois, un nouvel élément vient renouveler le récit.

Les créatures marines sont à la fois effrayantes et fascinantes. La "mascotte", avec sa sensualité envoûtante et ses chants mystérieux, m'a évoqué une sirène.
Les personnages sont bien campés. Ils ont de l'épaisseur, tout en gardant une part de mystère. L'évolution du climatologue est particulièrement intéressante, à l'image du récit qui semble former une boucle.

Au delà du divertissement efficace, "la peau froide" décortique subtilement les mécanismes de la peur de l'autre. L'auteur ne désigne ni victimes, ni coupables, il raconte simplement comment la peur de l'inconnu, les préjugés et l'absence de communication engendrent la violence.

Voilà un récit très intéressant et bien mené, servi par une belle écriture, simple et élégante. Je ne connaissais pas du tout Albert Sanchez Pinol mais il ne fait aucun doute que ma route de lectrice croisera de nouveau un de ses livres.

Challenge Multi-défis 2017 - 18 (33- un livre d'un auteur du pourtour méditerranéen)
Challenge Atout-prix 2016-2017 - 20 (prix ojo critico de narrativa 2003)
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Les aventures d'un naufragé volontaire sur une île peuplée d'un type acariâtre et de créatures étranges. Si l'auteur use de certaines caractéristiques de la littérature dite d'horreur/fantastique, le propos de ce roman n'est pas là puisque les monstres ne sont, ici, que prétexte à réflexion... miroirs où se reflète notre propre bestialité. Outre une aventure palpitante, l' intérêt du roman réside donc dans la confrontation du personnage à la solitude, à l'inconnu, à la peur de l'autre, de la différence... Une exploration intelligente des profondeurs de l'âme humaine et des logiques ancestrales des conflits. Un roman habile, bien construit (même si, au début, l'histoire peut paraître un peu longue à se mettre en place), que vous ne pourrez reposer avant de l'avoir fini et qui ne vous quittera plus.
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Une île perdue dans l'océan, un phare, une maison, quelques arbres... et deux hommes sur cette île.

Notre héros (le roman est raconté à la première personne) est un ancien révolutionnaire irlandais, déçu par l'humanité, qui vient s'isoler sur cette île pour un an en tant que climatologue. Et il y a Batis Caffô, être énigmatique, taciturne, inamical...

Des créatures sanguinaires, fantastiques et inquiétantes s'invitent toutes les nuits pour en découdre avec les deux hommes. L'ambiance est angoissante, terrible. On se retrouve un contexte et une mise en place qui n'est pas sans rappeler « l'île du Docteur Moreau », avec un mystère pesant, une animosité entre les protagonistes. Les scènes de luttes sont vraiment bien menées, avec le grand classique de l'angoisse : les créatures qui grimpent de tous bords sur le phare où sont assiégés nos deux hommes (Vikings, Fog, Moi moche et méchant 2...). La tension est toujours au maximum grâce à l'écriture juste et efficace, bien rythmée, ce qui contribue à la qualité du livre. On ne peut que le lire d'une traite tant l'atmosphère nous tient en haleine et nous absorbe.

J'ai littéralement dévoré ce roman, en apnée totale... et cette lutte ne s'arrête pas à la lutte des bons contre les méchants, elle nous laisse plein de questionnements sur l'humanité, les motivations belliqueuses des protagonistes, les préjugés...

Je ferais tout de même quelques reproches : j'ai regretté que le second personnage ne nous ai pas dévoilé un peu plus son histoire, ses états d'âmes, il se maintient dans une sauvagerie trop uniforme, sans jamais ouvrir sa garde, or sur la durée de l'histoire, on a du mal à envisager que la curiosité du personnage principal n'ait pas cherché à le cerner plus profondément. Ensuite, j'ai trouvé la dernière partie moins bien réussie, l'évolution de notre irlandais n'est à mon avis pas suffisamment claire, un peu brouillonne et trop brusque, le chapitre XVI aurait mérité un développement plus lent, plus étendu, pour mieux amener le final.

Malgré ces petits défauts, La Peau Froide reste un bon roman, prenant, bien écrit, que je n'hésiterais pas à recommander.
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Un homme, cherchant à se faire oublier, débarque sur une petite île de l'Atlantique Sud. Très rapidement, il est surpris par l'apparition de créatures qui sortent des flots marins dès que le soleil disparait derrière l'horizon. Il s'allie alors avec l'unique autre homme de l'île, Batis Caffo, qui semble habituer à ces batailles nocturnes.
La couverture m'avait marquée : une fille très pâle, nue, avec un crâne bleu avec un air un peu rêveur. J'étais curieuse de ce qui pouvait se cacher derrière une telle couverture. La peau froide est un huis-clos très prenant : les luttes sont acharnées entre les deux camps, ça ressemble beaucoup à un roman d'horreur. le narrateur essaye de décrypter le comportement de ces créatures et le roman tourne au psychologique avec toujours une tension palpable. La fin laisse un goût amer… J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous questionne sur nous, notre peur de l'autre. Un auteur que je relirai, j'ai déjà noté Pandore au Congo.
(Je ne savais pas que le film adapté du roman allait sortir, je note pour une prochaine sortie ciné.)
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Je vais juste écrire un petit billet doux : je suis vraiment impressionnée par ses écrivains aux idées incroyables : un phare, une île, des monstres aquatiques, deux hommes seuls sur cette île et une créature féminine improbable. Et voilà, le mec te sort un super roman de 250 pages.
Je vous invite à lire des critiques plus constructives que la mienne mais je tenais quand même à partager mon émoi.
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Je pense être passée à côté de ce roman.
L'histoire du narrateur, naufragé volontaire sur une petite île du bout du monde, ne m'a pas transportée.
Je n'ai pas compris l'intérêt de ces monstres marins qui surgissent chaque nuit sur l'île, ni celui du deuxième personnage.
Je reconnais que la lecture à été facile et quelques réflexions m'ont semblé intéressantes, d'où une note intermédiaire, mais je n'ai vraiment pas accroché.
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Etonnant ! La peau froide fait partie de ces romans qui nous convainquent qu'il y a encore tant d'histoires à raconter. Albert Sanchez Pinol nous emmène dans une île perdue et loin de tout, en compagnie de deux hommes qui doivent cohabiter malgré leurs visions de la vie contraire.

L'auteur nous livre un roman étrange et atypique, à la fois fantastique et très philosophique. le narrateur est un Irlandais qui a une vision très humaniste du monde, à cause de son passé de rebelle face à l'occupation anglaise de sa petite île. Batis Caffo est l'autre occupant des lieux. Supposément climatologue, probablement autrichien, silencieux et pragmatique, la cohabitation avec le narrateur s'annonce compliquée. On se retrouve face à la même constatation que Sartre : "L'enfer, c'est les autres".

Les deux hommes subissent les attaques de créatures marines mystérieuses et méconnues. Ils s'enferment chaque nuit dans le phare comme dans un bunker, vivant dans une angoisse constante. L'opposition entre les deux hommes est fascinante. L'Irlandais répugne à la violence, Caffo s'exalte lors des batailles qui lui donnent une raison de vivre.

La question de l'altérité est abordée avec une certaine finesse mais aussi une forme de brutalité animale. Caffo a adopté l'une des créatures, une femelle, qui lui sert à la fois d'esclave et concubine. Appelée "la mascotte", elle est traitée comme un vulgaire animal, transportant le bois et servant à la copulation. Il y a quelque de chose de révoltant dans la façon dont elle est traitée, mais elle démontre bien le processus de réification opérée dans certains cas, où les personnes sont déshumanisées au maximum.

Le roman illustre beaucoup la façon dont notre passé et nos expériences forgent notre caractère et notre personnalité. le personnage principal évolue tout le long de l'histoire et c'est assez réussi, même si la fin peut sembler un peu abrupte. On observe une forme de destinée cyclique qui offre une conclusion assez bien trouvée, même si on pourra la trouver un peu étrange. Au fond, Caffo nous met face à l'absurdité de l'existence, où nous nous créons sans cesse une forme de divertissement pascalien pour trouver une raison de plus à notre existence. Même si ces mêmes raisons semblent décalées à des observateurs externes.

Le tout est porté par une écriture qui va droit au but. L'histoire est racontée sous la forme d'un journal, ce qui favorise l'immersion dans ce huis-clos délicatement teinté de surnaturel. Malgré quelques moments de flottement, l'action est rondement menée et je ne pouvais pas vraiment lâcher le roman sans avoir le mot de la fin.

Mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet, je risquerais de spoiler ! Sachez simplement que La peau froide est une lecture déstabilisante qui nous emmène dans les tréfonds étranges de l'âme humaine. Il nous met face à la difficulté de comprendre l'Autre, qu'il soit une créature mystérieuse venue des mers, ou notre voisin de pallier.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Un huis clos fantastique, étouffant et barré...

Une nouvelle découverte due à mes ami(e)s et collègues de Charybde... Ce premier roman écrit en 2002 (publié en France en 2004) a rencontré un succès mérité.

Le narrateur, météorologue irlandais, rejoint son poste pour un an, sur une île minuscule et isolée de l'Atlantique Sud, pour y découvrir, après le départ du bateau, que lui et le gardien du phare, uniques habitants de l'île, seront soumis toutes les nuits aux assauts meurtriers de créatures venues de la mer...

"Dans ces moments, il rappelait un de ces voltairiens qui en faisant des efforts d'imagination parviennent à créer des barricades. C'était le modèle de l'homme circonscrit à une vérité solitaire et unique, mais fondamentale. Il avait le courage de simplifier. On pourrait dire qu'il simplifiait tant et si bien, que même lui était capable de comprendre la base du problème. Quand il abordait les aspects techniques, par exemple, il avait un esprit clair et serein. Dans ce domaine, il était insurpassable, et c'était à cela qu'il devait sa survie. À d'autres moments, en revanche, il se laissait aller et tombait dans une esthétique de cosaque déserteur. Philosophe de la musculature, aux principes hygiéniques plus qu'ordinaires, quand il mangeait il ressemblait à un authentique ruminant."

"Mais je n'avais pas l'obligation de le suivre. C'était par essence la seule liberté humaine qu'il me restait là-bas, au phare. Et dans le cas où l'on démontrerait que ce n'étaient pas des bêtes, l'ordre de Batís serait détruit avec plus de violence que celle que cachaient les arsenaux militaires de toute l'Europe.Cela, je le compris plus tard. Ces jours-là, je voyais un Batís Caffó qui ne faisait pas la part des choses. Mais qui ne serait pas disposé à modifier son angle de vue, quand la vie et le futur dépendent du regard que l'on porte sur l'ennemi ?"

Anthropologue de formation, Sanchez Piñol convoque avec habileté le Jules Verne de "L'île mystérieuse" et le Roy Lewis de "Pourquoi j'ai mangé mon père" (voire le James Cameron d' "Aliens"...) pour nous emmener dans cette fable lancinante, alternant légèreté des journées au soleil paradisiaque et oppression des combats nocturnes incessants, des vagues d'assaut toujours renouvelées alors que munitions et défenses s'épuisent..., tandis qu'un huis clos étouffant s'empare peu à peu du météorologue et du gardien de phare...
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