Mon attitude peut paraître mesquine si l'on ignore que les gestes, les pensées et les propos tenus dans un bureau partagé ne sont compréhensibles que par ceux qui travaillent également dans un bureau partagé.
Si je n'étais pas entrée dans la Tour de Verre ce jour-là, il est probable que rien de tout cela ne serait arrivé. Personne ne serait mort, personne n'aurait perdu la tête et les secrets seraient resté sous clé, dans leurs coffres. Mais parfois on trouve nécessaire d'intervenir dans la vie d'autrui. Et il arrive aussi qu'on intervienne sans le vouloir.
Je n'aime pas l'aventure, je trouve absurde le risque inutile, la vie est déjà assez incontrôlable en soi, elle m'effraie quand je pense à combien elle passe vite, si vite que je n'ai pas le temps de l'atteindre.
On a tendance à penser que ne pas être aimé ou être détesté provient de notre propre nature, alors qu'en réalité c'est tout simplement lié à celui qui nous aime ou qui nous haït.
Son geste quand il l'a prise par la taille et la façon qu'elle a eu d'approcher les lèvres de la commissure de sa bouche m'ont mis la puce à l'oreille. Nul doute que ces deux corps se reconnaissent : lorsque les corps se reconnaissent, qu'une certaine intimité s'est établie entre eux, il est difficile de le dissimuler.
Rien de tel que le monde du travail pour apprendre à se connaître soi-même, pas de meilleur endroit pour que les défauts des autres croissent et s'épanouissent, pareils à des fleurs géantes.
L'habitude est une prison.
La duperie et la vérité ont en commun qu'il est aussi choquant de les découvrir l'une que l'autre.
La manière la plus rapide de perdre son innocence, c'est bel et bien de regarder par le trou de la serrure.