Gouverner au nom de l'Islam, gallimard.
Dans cet essai très clair et bien organisé, l'auteur informe le lecteur sur l'Islam contemporain et il traduit nos interrogations devant l' actuelle islamisation. Son expérience du FIS en Algérie dans les années 80 en fait un connaisseur, auditionné lors du vote de la loi française sur le port de signes religieux à l'école en 2004.
Il dresse un panorama des diverses tendances de l'islam, sunnites, chiites, mais aussi de leurs différentes écoles ou obédiences qui en font une « nébuleuse » dans laquelle il est difficile de se retrouver .
Ses propos se font l'écho des préoccupations actuelles : p.76 « nous sommes inquiets face à l'avancée implacable de l'islam et sa tendance à ne supporter aucune opposition et à se radicaliser devant les difficultés qu'il ne parvient pas à résoudre […] ».
Actuellement l'islam est une religion mal enseignée : « on ne sait plus utiliser sa force bienfaisante et normative pour contrecarrer les idées mortifères propagées par les prédicateurs de l'islam radical ».
L'existence d'un « Islam des lumières » le laisse sceptique :
« Quel islam de paix et de tolérance peut-il sortir des mosquées improvisées, clandestines, échappant à tout contrôle, dont l'enseignement n'est rien de moins qu'un endoctrinement primitif exercé sur des personnes en perte de repères ou en rupture avec leur société ? »
En revanche, il constate l'existence d'une pluralité de structures, parfois officiellement constituées, parfois souterraines, « ne se définissant jamais comme islamistes mais comme islamiques, et très souvent, voire toujours, ne faisant état d'aucun objectif politique dans leurs missions officielles »
Pourtant elles envahissent tous les domaines, éducatifs, religieux, commerciaux, financiers, répondant plus ou moins explicitement à des opérations de prosélytisme conquérant. Notamment via d'innombrables vecteurs, allant des publications imprimées aux réseaux sociaux et virtuels que les islamistes maîtrisent parfaitement et qui s'avèrent très influents.
Face à cette déferlante,
Boualem Sansal s'alarme du silence des intellectuels : « Ils portent une responsabilité lourde : en se dérobant à leur fonction sociale qui est d'expliciter à leur société les enjeux auxquels elle est confrontée, ils livrent la population et notamment les plus fragiles, les jeunes, au chant de l'islamisme et du bazar ou à la corruption et au despotisme des pouvoirs arabes. »
Telle est la double attitude de l'islam contemporain : soit la soumission aux dictatures et pouvoirs exorbitants des régimes arabes, soit la révolte dans une internationale islamiste dont Daech est l'exemple préoccupant.
Chacun peut s'apercevoir de la volonté islamique a tout régenter, dans tous les domaines (religieux, vestimentaires, moraux, alimentaires etc.) avec une violence qui autorise des punitions exemplaires allant des supplices aux peines capitales dont la barbarie nous fait actuellement frémir.
Ces données - et inquiétudes seront développées plus complètement dans « 2084 ».