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EAN : 9782070142897
160 pages
Gallimard (10/10/2013)
4.07/5   61 notes
Résumé :

Boualem Sansal propose un panorama synthétique de l'islam contemporain et de ses rapports avec les pouvoirs politiques.

L'ouvrage est didactique, sans être pour autant neutre : l'auteur n'y abandonne pas ses prises de position humanistes, intransigeantes, qui l'ont amené à dénoncer en Algérie à la fois le pouvoir militaire et le totalitarisme islamiste.

Il explique en détail l'histoire de la religion musulmane, ses mouvances m... >Voir plus
Que lire après Gouverner au nom d'Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Boualem Sansal prévient d'emblée son lectorat : il n'a pas la prétention d'être un grand spécialiste des courants islamistes. C'est pourquoi il n'hésite pas à renvoyer à d'autres auteurs, islamilogues confirmés tels Gilles Kepel.
Son essai n'en est pas moins très riche et très instructif pour toute personne s'intéressant à l'islam et ses dérives fondamentalistes. Il permet surtout de mettre des définitions claires sur des termes qu'on entend quotidiennement dans les médias et qui prêtent parfois à confusion (islamisme politique, islamisme radical, salafisme, wahhabisme, etc).

Il dresse tout d'abord un tableau descriptif de la religion musulmane. Il explique la séparation entre chiites et sunnites, ainsi que les diverses subdivisions de chaque partie. Il démontre ainsi la grande pluralité des musulmans et que les assertions des islamistes sur une communauté toute unie n'est qu'une vaste illusion, si ce n'est une manipulation.
Il revient également sur la dimension historique des pays arabes et musulmans, abordant les conquêtes des premiers siècles de l'islam, les croisades, la colonisation et les luttes pour se défaire du joug des puissances colonisatrices et s'émanciper jusqu'à l'indépendance. Il traite des premiers gouvernements post-coloniaux, souvent révolutionnaires et d'inspiration socialiste. Il cite en exemple le cas de l'Algérie, qu'il connaît tout particulièrement.
En parallèle, il montre la naissance des premiers groupes constitués revendiquant un islam plus rigoriste tels les Frères musulmans dans l'Égypte des années 1920. Ces groupes essaiment leurs idées dans les États arabes, infiltrant la société. Boualem Sansal décrit leurs manoeuvres pour propager leur vision, s'insérer dans le paysage social et politique, jusqu'à prendre le dessus ouvertement. Les conditions de la réussite des islamistes sont souvent identiques dans les différents pays: un pouvoir en place affaibli et/ou corrompu, une crise économique et moral, une jeunesse touchée par le chômage, un passé de colonisés souvent mal digéré, un ressentiment vis-à-vis de l'Occident, etc. Autant de points d'appui que les islamistes utilisent avec maestria pour manipuler les opinions en leur faveur.
Les courants fondamentalistes et djihadistes ne touchent pas seulement le Maghreb et les pays musulmans. Ils se diffusent de plus en plus en Europe, avec les conséquences que l'on connaît.

Je trouve l'essai de Boualem Sansal indispensable pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants d'un problème d'une ampleur majeur.
Il présente son propos de façon claire, avec pédagogie, permettant au néophyte d'appréhender la diversité du monde musulman et des mouvements intégristes. Cette meilleure compréhension contribue à éviter amalgame et contresens. L'auteur, menacé lui-même par les fondamentalistes en Algérie, donnent des éléments pour lutter contre ces dérives et, plus fondamental encore, pour prévenir leur mainmise et leurs manipulations.

Un ouvrage à lire, à relire et à diffuser au maximum si l'on ne veut pas que son roman 2084 devienne une réalité.
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Pas facile, de parler de ce sujet brûlant qu'est « l'islamisme politique » comme l'appelle judicieusement l'auteur.
Voici en effet qu'après "Le village de l'Allemand", Sansal revient sur une question qui lui tient à coeur, celle de l'islamisme radical, dans un essai lucide et serein, très pédagogique, sans les flamboyances de ses romans, et avec une construction plus solide que ses précédents essais. L'ouvrage est bien documenté et mené sans polémique excessive : il n'en est que plus glaçant. Pour les non-musulmans (et pour bien des musulmans aussi, sans doute) il présente un grand intérêt didactique : classification qui semble pertinente des différents courants de l'islam, historique de leur apparition, définition des enjeux spirituels des différentes branches de la religion musulmane - sunnisme, chiisme, soufisme et leurs ramifications - question dont il n'est jamais vraiment parlé ailleurs. L'histoire de l'islam politique depuis les premiers califes jusqu'aux printemps arabes est clairement exposée, les enjeux, fantasmé comme le califat universel, ou réels, comme le maintien d'oligarchies féodales, bien étudiés, les immenses moyens utilisés, mis au jour.
Bien entendu, malgré le ton mesuré, l'objet du livre n'est pas neutre, il reste la condamnation de l'islamisme politique tant sous sa forme fanatique (Salafistes) que sous sa forme modérée (Frères musulmans), condamnation menée par un Algérien qui a connu les années de violence et par un Kabyle que choque l'arabisation de l'Islam : on y trouve donc, malgré tout une dimension pamphlétaire. Notons enfin que, publié au dernier trimestre 2013, ce livre est déjà dépassé dans ce qu'il dit de la Turquie, de l'Egypte et de la Tunisie, tant les courants qui traversent ce monde en devenir sont violents et contradictoires.
Clairement exposé par un « homme des lumières » (que je considère comme le plus grand auteur francophone vivant), dans une écriture limpide, avec (évidemment) de belles trouvailles de style, ce livre devrait être lu par tout ceux qui désirent s'informer et tourner le dos à l'hypocrisie ambiante.

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« Les réactions toujours trèes violentes des islamistes à la moindre remarquer sur l'islam […] ont fini par dresser une sorte de ‘'mur de Berlin'' entre l'islam et la critique que tout homme peut émettre à l'endroit de toute idée, fût-elle sacrée. » Avec une pareille remarque (que je partage), et plusieurs autres du même genre, Boualem Sansal a attiré l'attention (et la colère, selon le point de vue). Son ouvrage Gouverner au nom d'Allah lui a attiré les foudres de certains milieux en Algérie. Parfois oublié, son ouvrage comporte un sous-titre : Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe. Ainsi, il ne porte pas sur l'islam en tant que tel mais plutôt sur des mouvements et groupes politiques radicaux qui s'en réclament (il faut éviter les amalgames), leurs dérives et les menaces qu'ils constituent, tant à l'extérieur du monde arabe qu'à l'intérieur.

Un essai ? Sansal s'en défend, nous rappelant à quelques reprises qu'il n'est pas un spécialiste et nous renvoyant à des sources crédibles. Il prétend plutôt s'interroger, tenter d'apporter des réponses à des questions que plusieurs se demandent (ou n'osent pas demander). Très documenté, il propose une synthèse qui me semblait faire un tour d'horison assez complet et, surtout, suffisamment accessible. J'ai compris les différentes branches de l'islam, comment elles s'opposent, l'historique de la radicalisation, la décolonisation, les élites intellectuelles de plus en plus muselées, les divers pays (états), les émigrés dans leur pays d'accueil, la situation actuelle dans le monde, etc. En ce sens, les annexes à la fin constituent un supplément d'informations tout aussi apprécié. Ce que je comprends surtout mieux, ce sont les manoeuvres employées par les groupes radicaux et comment les pays occidentaux jouent leur jeux, bien souvent malgré eux. Décidément, il est plus que temps que les leaders se concertent et établissent un plan de lutte efficace !

Gouverner au nom d'Allah m'a beaucoup éclairé mais il m'a également fait peur par moment, bien malgré moi et surtout malgré l'auteur. Ce n'est pas du tout son but, Boualem Sansal est un auteur engagé depuis longtemps qui doit être écouté et lu. Il mérite plus de reconnaissance. Des voix comme la sienne (et il y en a d'autres) sont utiles et nécessaires pour mieux comprendre le monde d'aujourd'hui. D'ailleurs, on retrouve dans son ouvrage des messages d'espoir, comme celui-ci : « le dialogue interreligieux a réellement besoin d'être relancé, soutenu et démocratisé. » Ne reste à espréer qu'il ait été entendu. Quand on lit le reste de sa biographie, entre autres son populaire 2084 – La fin du monde, on l'espère encore plus…
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Gouverner au nom de l'Islam, gallimard.

Dans cet essai très clair et bien organisé, l'auteur informe le lecteur sur l'Islam contemporain et il traduit nos interrogations devant l' actuelle islamisation. Son expérience du FIS en Algérie dans les années 80 en fait un connaisseur, auditionné lors du vote de la loi française sur le port de signes religieux à l'école en 2004.

Il dresse un panorama des diverses tendances de l'islam, sunnites, chiites, mais aussi de leurs différentes écoles ou obédiences qui en font une « nébuleuse » dans laquelle il est difficile de se retrouver .

Ses propos se font l'écho des préoccupations actuelles : p.76 « nous sommes inquiets face à l'avancée implacable de l'islam et sa tendance à ne supporter aucune opposition et à se radicaliser devant les difficultés qu'il ne parvient pas à résoudre […] ».

Actuellement l'islam est une religion mal enseignée : « on ne sait plus utiliser sa force bienfaisante et normative pour contrecarrer les idées mortifères propagées par les prédicateurs de l'islam radical ».

L'existence d'un « Islam des lumières » le laisse sceptique :

« Quel islam de paix et de tolérance peut-il sortir des mosquées improvisées, clandestines, échappant à tout contrôle, dont l'enseignement n'est rien de moins qu'un endoctrinement primitif exercé sur des personnes en perte de repères ou en rupture avec leur société ? »

En revanche, il constate l'existence d'une pluralité de structures, parfois officiellement constituées, parfois souterraines, « ne se définissant jamais comme islamistes mais comme islamiques, et très souvent, voire toujours, ne faisant état d'aucun objectif politique dans leurs missions officielles »

Pourtant elles envahissent tous les domaines, éducatifs, religieux, commerciaux, financiers, répondant plus ou moins explicitement à des opérations de prosélytisme conquérant. Notamment via d'innombrables vecteurs, allant des publications imprimées aux réseaux sociaux et virtuels que les islamistes maîtrisent parfaitement et qui s'avèrent très influents.

Face à cette déferlante, Boualem Sansal s'alarme du silence des intellectuels : « Ils portent une responsabilité lourde : en se dérobant à leur fonction sociale qui est d'expliciter à leur société les enjeux auxquels elle est confrontée, ils livrent la population et notamment les plus fragiles, les jeunes, au chant de l'islamisme et du bazar ou à la corruption et au despotisme des pouvoirs arabes. »

Telle est la double attitude de l'islam contemporain : soit la soumission aux dictatures et pouvoirs exorbitants des régimes arabes, soit la révolte dans une internationale islamiste dont Daech est l'exemple préoccupant.

Chacun peut s'apercevoir de la volonté islamique a tout régenter, dans tous les domaines (religieux, vestimentaires, moraux, alimentaires etc.) avec une violence qui autorise des punitions exemplaires allant des supplices aux peines capitales dont la barbarie nous fait actuellement frémir.

Ces données - et inquiétudes seront développées plus complètement dans « 2084 ».
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Boualem Sansal aborde dans cet essai un sujet d'actualité brûlant, l'islamisme.
Prenant racine dans l'islam – mais en gommant toute sa diversité – c'est un mouvement plus politique que religieux, dictatorial, qui prétend s'opposer à la culture occidentale et en premier lieu à la démocratie.
Les premières victimes en sont les peuples musulmans, les femmes et les jeunes. Véhiculant comme tous les régimes totalitaires une vision du monde rassurante et revancharde, il arrive à s'imposer dans de nombreux pays, utilisant toutes les failles pour s'infiltrer, crises économiques, désarroi des jeunes, misère, besoin de repères, conflit israélo-palestinien.
Le risque c'est l'amalgame avec l'islam et l'auteur dénonce le silence des intellectuels du monde arabe dont le rôle serait d'expliquer les enjeux en cours et de prendre clairement position contre la montée de ce mouvement obscurantiste qui brouille toutes les pistes pour mieux élargir son champ d'action.
Quant aux réponses des Occidentaux, soit elles sont timorées – peur de passer pour raciste – soit elles se radicalisent – montée des partis d'extrême-droite en Europe, du fondamentalisme chrétien aux Etats-Unis.
Boualem Sansal nous donne quelques clés pour mieux comprendre le phénomène – qui reste malgré tout assez complexe et génère des attitudes de rejet global envers les musulmans.
On se prend à espérer un monde éclairé par la raison où l'homme vivrait simplement en paix avec lui-même sans religions, idéologies, guerres fratricides…
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Nous voyons par exemple que les activistes islamistes, dont on parle souvent, et presque exclusivement quand on aborde la question de l'islam, dont désignés par de nombreux vocables : musulmans, fondamentalistes, intégristes, salafistes, jihadistes. Le profane est rebuté, l'islamisme lui paraît plus mystérieux que jamais, il s'imagine avoir affaire à une hydre à mille têtes échappée de l'Antiquité. De la même manière, le mot "islamisme" est concurrencé par autant de vocables : fondamentalisme, intégrisme, salafisme, islam politique, islam radical. La confusion est totale lorsque, en plus, et c'est ce qu'on fait souvent, on accole à ces mots d'autres vocables tels que wahhabite, sunnite, chiite, etc. On comprend qu'avec une telle profusion de mots d'aucuns en viennent à faire des amalgames, dont le plus préjudiciable pour tous est de confondre l'islam, religion respectable et brillante s'il en est, et l'islamisme, qui est l'instrumentalisation de l'islam dans une démarche politique, sinon politicienne, critiquable et condamnable. Le lecteur avisé ne tombera pas dans le piège, il cherchera plutôt à approfondir sa connaissance pour rester maître de son jugement.
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"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", disait Camus.
Dans tous les pays, le débat s'est ainsi fermé à force d'intimidation, de censure, d'autocensure et de précautions oratoires. D'ores et déjà, le débat sur l'islam a disparu des enceintes publiques. Pourtant l'islam doit être étudié, discuté, interpellé, critiqué éventuellement. Comment faire évoluer le statut de la femme, comment concilier islam et modernité, islam et démocratie, droits et devoirs du croyant et du citoyen, comment ensigner l'islam aux jeunes en quête d'identité, comment construire un "vivre-ensemble" entre musulmans et non-musulmans, ce sont des questions qui attendent des réponses depuis des siècles, et de plus en plus urgemment dans le monde moderne qui bouleverse bien des certitudes du passé.
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L'islamisme est aujourd'hui une réalité installée dans le monde. Il a su le faire discrètement, à l'ombre des dictatures qui gouvernaient les pays musulmans et sous couvert de l'islam que peu à peu il a transformé en un discours idéologique dont la finalité est le contrôle de la société et la prise de pouvoir
Ce projet politico-religieux est en passe d'être concrétisé dans plusieurs pays musulmans arabes et commence à s'enraciner au-delà des frontières des terres musulmanes.
Tout cela, il faut le noter, et c'est un élément important de l'analyse, s'est fait en très peu de temps, ce qui démontre d'une part la fragilité et la permissivité des systèmes politiques, juridiques, philosophiques, moraux et autres mis en oeuvre dans les États à l'effet de protéger les institutions et les populations contre les dérives extrémistes, et d'autre part la puissance des moyens modernes de communication (Internet, réseaux sociaux) et que les islamistes utilisent avec un talent certain.

Tout cela surprend mais nous savons que ne se laisse surprendre que celui qui le veut bien.
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De plus, un peu partout, et paradoxalement dans les pays de vieille démocratie, le politiquement correct, inspiré par la peur ou le souci de ne pas exacerber les tensions entre les communautés, fait des ravages. Il empêche le vrai débat et l'émergence de contrepoids aux intimidations des uns et des autres. Aux yeux des radicaux, cette retenue est vue comme la preuve que la société est prête à capituler, qu'il suffit de la pousser pour qu'elle se brise.
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Les réactions toujours très violentes des islamistes à la moindre remarque sur l'islam, réactions promptement relayées et amplifiées par les médias, ont fini par dresser une sorte de "mur de Berlin" entre l'islam et la critique que tout homme peut émettre à l'endroit de toute idée, fût-elle sacrée.
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Videos de Boualem Sansal (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boualem Sansal
Le prix Constantinople récompense depuis 2022 des oeuvres littéraires qui font le pont entre les cultures et les civilisations d'Occident et d'Orient.
Cette année ont été récompensés l'écrivain algérien Boualem Sansal et Delphine Minoui, grand reporter, correspondante à Istanbul pour Le Figaro. Ils sont les invités de Guillaume Erner.
#orient #occident #littérature ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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