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EAN : 9782070341269
144 pages
Gallimard (04/01/2007)
3.66/5   25 notes
Résumé :
" C'est le plus lointain, celui que j'aime à explorer, qui me donne le plus de frissons. Ecoutez-moi raconter mon pays, l'Egypte, la mère du monde. Remplissez bien votre clepsydre, le voyage compte quatre mille et une années et il n'y a pas de halte. Jadis, en ces temps forts lointains, avant la Malédiction, j'ai vécu en Egypte au pays du Pharaon. J'y suis né et c'est là que je suis mort, bien avancé en âge... "
Que lire après Petit éloge de la mémoire. Quatre mille et une années de nostalgieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Boualem Sansal nous entraîne dans cet essai historique, d'un peu plus de 130 pages, sur les traces de ses ancêtres, nés il y a plusieurs milliers d'années... Quel voyage! le livre est bien écrit, très bien documenté, mais cependant pas si facile à lire pour celui à qui il manque des clés. Imaginez! Remonter dans le temps, sur quatre mille et une années! Quelle aventure! Quel périple! Que de péripéties, de peuples rencontrés, d'événements, de gouvernements... Tout d'abord, nous débutons le voyage par l'Egypte, l'Egypte d'avant la Malédiction avec les ancêtres de l'auteur, nés dans le Cham, le Pays Noir... C'est ensuite la Numidie... Puis l'Algérie... Et pendant ces quatre milles et une années, on rencontre des peuples et tribus (Berbères, Hittites, Massyles, Gétules, Micatanes, Assyriens, Phéniciens,) , des divinités (Athéna, Nit, Antée, Antiwey, Atlas, Hash, Aton, Baal, Hamon, Tanit...), des envahisseurs et des gouvernants... (Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Turcs, Français...)
Je laisse à l'auteur le mot de la fin : "L'Algérie a enfin rejoint ses soeurs de la Numidie de toujours, le Maghreb d'hier, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la petite Mauritanie. Après mille batailles épiques livrées à travers le siècle et sur toute l'étendue de son territoire, elle a accédé à l'indépendance. Massinissa, Jugurtha, Kahina, Abdelmoumen, Abd-el-Kader, Abane Ramdane et les autres, peuvent se retourner dans leur tombe, face vers le ciel. Il reste à son peuple à retrouver sa pleine mémoire, à construire sa liberté, mais c'est là une histoire à venir." (Boualem Sansal)
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C'est petit et dense.
Petit, c'est la collection qui veut ça et c'est sans doute un exercice assez intéressant pour les auteurs. Dense, parce que cela résume 4000 ans d'histoire (environ) ; l'exercice de concision devient indispensable (sauf à écrire une encyclopédie).
Donc. Une histoire très (très) résumée de l'Afrique du Nord, depuis le pays de Cham (soit approximativement la Syrie actuelle), puis l'Egypte puis enfin l'Algérie. Autant dire un coin plutôt agité et convoité depuis l'époque romaine, avec toutefois des petits passages à vide.
Mais là n'est pas le plus important. Ce que rappelle Sansal, c'est que cette histoire est certes faite de batailles et de conquêtes, mais aussi de métissages, d'échanges pacifiques (commerce, idées, religion, philosophie...). Mais aussi que les habitants actuels du Maghreb semblent l'avoir oublié ou occulté, pour (re)plonger dans une ère d'obscurantisme. Et ça le rend triste, lui qui aime son pays, mais pas la direction qu'il prend ; oui triste et non en colère (enfin pas ici).
C'est petit et dense. C'est instructif et Sansal essaie de dresser cette histoire succincte pour montrer à ses contemporain des deux côtés de la Méditerranée que nos destins sont liés depuis bien bien longtemps...
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C'est un tout petit livre, 130 pages, 2€. Et pour ce prix là, vous avez : mille batailles épiques, des héros et des héroïnes, des savants, des mystiques, des pirates, des esclaves, des harems et leurs eunuques, des bibliothèques, de la théologie, du grec, du latin, tous les dialectes berbères, du français, de l'arabe, des langues disparues, des Romains, des Turcs, des Egyptiens, des villes en état de siège, des traîtres, des érudits, des artisans et bien d'autres choses encore.
Si vous pensez qu'on ne peut pas faire tenir tout ça en 130 pages, c'est que vous ne connaissez pas encore le génie de M. Boualem Sansal. Si vous pensez que l'histoire de l'Algérie commence en 1962, ça ne vous fera pas de mal de repartir 4000 ans en arrière et de faire tout le voyage en sa compagnie jusqu'à aujourd'hui.
Ce Petit éloge de la mémoire est une pépite merveilleuse, pleine de douceur et de saveur, un monstre de littérature parce qu'en effet, on n'est pas censé pouvoir faire tenir autant de choses en si peu de pages. de quelque côté de la Méditerranée on se trouve, il faut lire ce toute petit livre, parce qu'on en sort grandi par tout un pan de l'histoire pas assez souvent abordé.
2€, j'insiste : on n'a aucune excuse pour passer à côté.
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Avis après relecture :

Après relecture, j'en reviens à la même conclusion que la première fois : ce petit éloge fait décidément partie de mes préférés dans la série. Boualem Sansal y fait un voyage temporel étonnant et fascinant : celui de la nostalgie. Très humble, il ne s'invente pas des vies antérieures dans la peau de personnages prestigieux ; au contraire, il se place plutôt comme un observateur de son temps et de ses contemporains, un être dont on a oublié le nom et même l'existence, une poussière de plus dans le désert. A travers ce récit, bien plus que sa propre vie, c'est l'histoire de son pays, de son peuple et de sa culture qu'il explore, de façon précise et fine (et malheureusement rapide étant donné le petit nombre de page de la collection Folio 2€). Depuis l'Egypte jusqu'à l'Algérie, en faisant un long arrêt en Numidie, est retracée l'Histoire de ce territoire et de ses habitants, de guerre en guerre, d'une occupation étrangère à une autre, jusqu'à l'indépendance, la situation présente et le futur encore à construire. J'ai beaucoup appris lors de cette lecture, mais j'en retiendrai avant tout la note d'espoir finale et l'esprit : ce passé qui nous construit et qu'on oublie malgré tout, qu'on néglige, cette nostalgie à laquelle nous invite l'auteur, ce regard en arrière pour mieux appréhender ce qui se passe devant nous et aller de l'avant.

Un magnifique voyage relaté dans une écriture fine et ciselée, que je ne peux que vous conseiller vivement.
Lien : http://minoualu.blogspot.com..
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Boualem Sansal s'accapare le « je » de la narration pour incarner un personnage allégorique qui traverse le temps, naît et meurt puis renaît à chaque ère. Il matérialise ainsi l'âme de son peuple.
L'Égypte est la « mère du monde », qu'elle s'appelle Égypte, Numidie ou Algérie ou bien encore Maghreb. le récit à la première personne, au ton simple mais lucide, traverse le pays depuis le temps des pharaons, à l'instar de son peuple qui bouge, change de nom, de rois et de dieux, pérégrine avec cet esprit tribal, nomade et combatif.
Plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/04/21/boualem-sansal-petit-eloge-de-la-memoire/
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'islam eut tôt fait de submerger la Numidie. Par la force, puis par la foi, et l'usage fit le reste, il créa des habitudes, des comportements, des modes de pensée. La Numidie entrait dans une ère nouvelle, elle était le Maghreb, le couchant, l'occident de l'Arabie, et peu à peu les Berbères perdirent ce qui faisait d'eux des Berbères, ils s'arabisèrent et se proclamèrent Arabes. Le zèle poussa certains à se croire plus authentiques que les vrais, ils détruisirent tout ce qui pouvait rappeler leurs origines et leurs croyances passées. Il en est ainsi, le reniement de ce qu'on a été est le premier acte de foi. Beaucoup, des chefs de tribus, des imams, des officiers, se prétendirent cousins du Prophète, neveux d'apôtres, fils morganatiques de califes, frères de commandeurs prestigieux, et ont légué l'heureuse découverte à leurs descendants. Pour toujours, ils seront chérifs en leurs domaines. La Numidie échappait à son histoire millénaire et allait graviter autour d'une autre histoire, celle de l'Arabie, celle du monde arabe et musulman dont elle sera, un temps, un moteur puissant.
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La dispersion s'est faite par les routes, dans la poussière et le cri des enfants et le beuglement des bêtes. La Malédiction n'a épargné personne. L'Egypte éternelle s'est disloquée, les citadelles sont tombées, les dieux sont morts en moins de temps qu'il n'en fallut pour les renverser de leur socle de granit et tout ce qui fut ne comptait plus pour rien. Les pyramides, le sphinx, l'obélisque d'Héliopolis, le temps de Ramsès II à Assouan, et toutes nos gigantesques réalisations n'étaient plus qu'un entassement de pierres et ne défiaient plus que la pesanteur et les vents de sable. Les pilleurs de tombes, les profanateurs, les carriers, les curieux en masse ne leur laissèrent aucun répit. Pire que tout, Pharaon est devenu un homme, un mortel.
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On ne sait pas toujours où mène la nostalgie, il suffit de rien, un air qui passe, un mot, une idée, et on part là plutôt que là. Je suis tombé en plein dans le nid des pirates barbaresques et au pire moment, tous les oiseaux de proie de la création se le disputaient. (...) Les malheureux captifs des pirates, ceux-là qui ne pouvaient s'acquitter de la rançon, étaient vendus sur les marchés d'esclaves d'Orient et on ne les revoyait plus. On parlait de Salé comme du plus important marché de gros. La vente au détail se pratiquait n'importe où, ici, là, dans les ports, autour des mosquées, dans les souks, le long des routes. On se les louait aussi, pour un jour, une semaine. Une fois brisés par l'âge, on les relâchait et ils s'en allaient mourir dans les rues, enfin libres.
Pas une côte du monde connu n'échappait à leurs raids. Ramener de l'Anglais, du Gallois, ou de l'Irlandais était aussi simple pour eux que de capturer du Sarde, du Corse, du Marseillais, du Sicilien, du Maltais, ou de l'autochtone des Baléares. Ils honoraient toujours les commandes. On voulait une Suédoise, on avait sa Suédoise, on rêvait d'un beau Portugais, on recevait son beau Portugais. Leurs galères étaient insaisissables, des trirèmes et des quinquérèmes à l'ancienne, elles ne se vidaient que pour repartir plus vite à la course. Je pense avec émotion à ce brave Cervantès, à ce bon Vincent de Paul, mais il y en eut tant, de tous les bords. (...)
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Je le pense ainsi : la nostalgie, le mal du pays comme on dit, est une richesse, un formidable gisement. Le tout est de savoir où est son pays, ce qu'il a été, ce qu'il est devenu, comment et pourquoi on s'en est éloigné, et par quel fil on s'y rattache encore. C'est tout le problème. Cela fait que souvent la nostalgie mène à l'errance, à l'apathie, à la colère, au renoncement. Au mieux, on s'invente un mythe et l'on s'y réfugie comme dans une prison.
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Les civilisations doivent-elles toujours s'affronter, faut-il que l'une disparaisse pour que l'autre s'épanouisse sur ses cendres? Il en a été ainsi depuis les origines mais on aimerait maintenant que ça cesse.
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Videos de Boualem Sansal (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boualem Sansal
Le prix Constantinople récompense depuis 2022 des oeuvres littéraires qui font le pont entre les cultures et les civilisations d'Occident et d'Orient.
Cette année ont été récompensés l'écrivain algérien Boualem Sansal et Delphine Minoui, grand reporter, correspondante à Istanbul pour Le Figaro. Ils sont les invités de Guillaume Erner.
#orient #occident #littérature ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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