Mais ce même banc public, dans le registre de la chanson et du cinéma populaires, évoque les plaisirs simples des gens qui s'aiment et qui jamais n'éprouveront envie ou haine. Si la rengaine de Georges Brassens a connu un tel succès, c'est parce qu'elle s'inscrivait naturellement dans notre imaginaire collectif. "bancs publics, bancs publics": l'expression rejaillit d'elle-même, joyeuse. C'est encore un Paris où des amis, des amants se donnent des rendez-vous, non point dans un café mais sur un banc ou près d'une bouche de métro. En signe d'une existence aux moyens modestes, mais aussi parce que la rue leur est accueillante et qu'il suffit de si peu pour être heureux. (p.24)
Chapitre sur le " gardien des jardins publics"
- Le gardien- nous préférons ce terme à celui de jardinier, car il veille sur les animaux, les enfants, les humains, les objets tout autant que sur les espèces végétales-, nous paraît, en dernière instance, l'instituteur et le protecteur, le chevalier, l'amant, le serviteur et le maître du jardin public. (p.151)
-Je lui délègue le rôle de poète, au sens le plus noble de ce terme. Celui d'un témoin qui demeure, à travers les heures, les saisons, parfois les générations, susceptible d'une affection désintéressée pour un lieu public...- (p.150)
Le banc public apparaît comme le minimum civique citadin auquel tout homme a droit, au même titre que le pain et l'eau à la campagne. Il concrétise un droit formel à la vie. (...)
Quand la ville supprime ses bancs, elle affiche son désintérêt à l'égard des faibles. (p.31-32)
Un banc public se partage comme le vin, comme le pain, comme la joie. il importe donc de bénéficier d'un agréable voisinage. (p. 30)
Un objet, avons-nous écrit, est poétique lorsqu'il s'illimite, lorsqu'il franchit ses propres frontières pour éclairer le monde d'une certaine lumière. tel est le cas du banc public qui, paradoxalement, malgré sa massivité, allège nos existences. (p.24)
Les "richards" de vents : Pierre Sansot, philosophe, sociologue et écrivain