Citations sur La saga du Sorceleur, tome 6 : La saison des orages (14)
- J'accepte ton invitation, répondit-il (Geralt) par la formule habituelle. Je ne faillirai pas aux lois de l'hospitalité.
- Tu ne failliras pas, répéta-t-elle (Edwina) en insistant sur les mots, mais tu portes une épée.
- Telle est ma profession.
- Les épées blessent. Et tuent.
- La vie aussi.
Le sorceleur poussa un soupir. Il avait eu l'occasion à plusieurs reprises déjà d'observer les effets d'une téléportation sans danger. Il avait vu également, car il avait participé au travail de tri, les restes de ceux qui en avaient bénéficié. Il savait donc que les déclarations concernant la sûreté des portails de téléportation étaient à ranger dans la même case que les affirmations du style : "mon chien ne mord pas", "mon fils est un bon garçon", je te rendrai ton argent après-demain au plus tard", j'ai passé la nuit chez une amie, "seul compte à mes yeux le bien de la patrie" ainsi que : "tu réponds à quelques questions et nous te libérons juste après".
Il est grand, et alors ? déclara le nain en promenant son regard sur les autres. Il fait juste un peu plus de bruit quand il tombe.
"Il est bon de ressentir de la peur. Si tu ressens de la peur, c'est qu'il y a une raison d'avoir peur, sois donc vigilant. La peur, il ne faut pas la vaincre. Il suffit de ne pas s'y soumettre. Et il n'est pas inutile d'en tirer des leçons."
- Lytta Neyd... Ce n'est pas non plus ton vrai nom, n'est-ce pas ? (Geralt)
- Mon vrai nom était embarrassant à l'usage.
- C'est à dire ?
- Essaie un peu de dire rapidement : Astrid Lyttneyd Asgeirrfinnbjornsdottir.
C'est une magicienne. Une magicienne et une femme en même temps, en un mot, un genre étranger, qui fonctionne selon des mécanismes et des principes incompréhensibles pour des hommes ordinaires.
Dans la plupart des royaumes, principautés et autres formes d'organisation du pouvoir et collectivités publiques connues de Geralt, on pouvait admettre que les affaires, d'une manière générale, prospéraient et se portaient bien.
Le système, il est vrai, était un peu bancal parfois, mais il fonctionnait. Dans les collectivités publiques, la classe régnante dirigeait, plutôt que de se contenter de voler et de s'adonner aux jeux de hasard ou à la débauche, en alternance. Seul un faible pourcentage d'hommes et de femmes constituant l'élite sociale pensait que lhygiène était le prénom d'une prostituée, et la chaude-pisse, un oiseau de la famille des alouettes. Une partie infime du peuple ouvrier et agricole se révélait n'être que des crétins vivant uniquement au jour le jour et ne jurant que par la vodka du jour, incapables, avec leur cervelle fruste, de concevoir une chose aussi incroyable qu'un lendemain et une vodka du lendemain. Les prêtres, dans leur grande majorité, n'extorquaient pas d'argent au peuple, ils ne dépravaient pas les mineurs, mais ils demeuraient dans les temples, se consacrant sans partager à essayer de résoudre les insolubles énigmes de la foi. Les psychopathes, les extravagants, les vautours et les imbéciles ne se tournaient pas avec empressement vers la politique ni ne visaient les postes importants au sein de l'État et des administrations, ils se chargeaient plutôt de la destruction de leur propre vie de famille. Les paysans un peu nigauds restaient dans leur campagne, prostrés derrière la grange, sans essayer de jouer les tribuns. Cela se passait ainsi dans la majorité des États. Mais le royaume d'Emblonia n'appartenait pas à la majorité. Concernant tous les points précités, il était une minorité. Et pour beaucoup d'autres encore.
La peur n'est jamais irrationnelle, s'abstint de le démentir Geralt. Si on laisse de côté les troubles psychiques. C'est l'une des premières choses que l'on apprend aux petits sorceleurs. Il est bon de ressentir de la peur. Si tu ressens de la peur, c'est qu'il y a une raison d'avoir peur, sois donc vigilant. La peur, il ne faut pas la vaincre. Il suffit de ne pas s'y soumettre. Et il n'est pas inutile d'en tirer des leçons.
- Les épées blessent. Et tuent.
- La vie aussi.
"Gardez-vous des illusions, car les apparences sont trompeuses. Rarement les choses sont telles qu'elles semblent être. Et les femmes, jamais. "
Un demi-siècle de poésie, Jaskier