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Arnaud Rykner (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070412655
86 pages
Gallimard (30/09/2000)
3.5/5   18 notes
Résumé :

Un homme est torturé par une idée qui loge dans la tête de sa collaboratrice. Cette idée, qui lui semble défier tout ce à quoi il croit, tout ce qu'il tient pour assuré, le fait souffrir par sa seule existence. Intolérant H. 2 ? Non, simplement attentif à tout ce qui se joue entre les êtres, à la contamination des esprits, à la torture des corps. Corps et idées se tiennent, pour le meilleur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bon, là, je m'avoue vaincue. C'est la première et la seule pièce de Nathalie Sarraute qui m'ait ennuyée et à laquelle je ne n'arrive pas à m'intéresser. Peut-être d'ailleurs suis-je passée à côté de certaines choses, car plus j'avançais dans la lecture, moins j'étais concentrée. La pièce est pourtant très courte.

Il est bien question, encore une fois, de tropisme, mais je ne vois pas bien où l'auteure a voulu en venir. Ici deux hommes, H.1 et H.2, sont certains que F., l'associée de H.2, est en désaccord avec eux sur une "idée" précise dont ils ont parlé plus tôt devant elle. Ils sont également persuadés qu'elle-même porte une idée différente, mais plus ou moins idiote ou aberrante selon leurs propres critères. Mais H.1 s'en moque, alors que ce désaccord, cette idée contraire à la sienne, obsède H.2. Qui s'en va chercher du soutien et le trouve en la personne de H.3, sorti du nulle part (ou peut-être du public, auquel il s'est adressé pour trouver un appui). Ils essaieront de convaincre F. de son erreur, en vain, et H.2 terminera sur un monologue pour le moins curieux sur la vérité.

L'idée dont ont parlé H.1 et H.2 avant le début de la pièce, on ne la connaîtra pas. Pas plus que celle de F. On voit bien que Nathalie Sarraute a voulu aller jusqu'au bout de l'idée (justement) que le tropisme est indicible, qu'il reste une petite chose floue et entêtante, mais jamais tangible. Donc on reste dans le flou autant que faire se peut, à tel point qu'il me semble que Sarraute se heurte là à une limite qu'elle n'arrive pas à franchir. Parler de ce qui ne se dit pas, c'était pour elle une gageure dès sa première pièce. Seulement, en arriver à ce point de non-dit au théâtre, en ne s'appuyant que sur des paroles, ce n'est plus une gageure, c'est un obstacle de la taille d'une montagne.

Pour moi ça ne fonctionne pas, et pour le coup, je ne peux guère dire autre chose de la pièce. J'ai la sensation que le sujet de la pièce est dévoyé, qu'on ne voit plus qu'un type qui ne supporte pas qu'on ne soit pas d'accord avec lui, notamment s'il considère que les gens qui ne sont pas d'accord avec lui lui sont inférieurs (socialement, intellectuellement, etc.) Et pourtant on saisit bien que ce n'est pas là le sujet de la pièce.

Soit la pièce est ratée, soit je n'ai rien compris, soit c'est un peu des deux, mais toujours est-il que là, à cet instant précis, le but de Sarraute ne me paraît pas voir été atteint. Sans doute faudrait-il que je la relise avec plus d'attention, sans doute devrais-je approfondir ma connaissance de Nathalie Sarraute. Toujours est-il que je reste pour l'instant très dubitative face à ce texte.



Challenge Théâtre 2018-2019
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Cinquième pièce de l'auteur, la première qu'elle dit avoir écrit vraiment pour le théâtre, c'est pourtant à la radio de Cologne qu'elle est créée en 1978. La création théâtrale en français eut lieu en 1980 dans la mise en scène de Claude Régy.

Le personnage principal, H. 2, est très perturbé par l'attitude de F., son assistante. Cette dernière a semblé par son silence réservé, mettre en cause l'exposition d'une opinion que H. 2 pensait d'un bon sens incontestable. Il n'arrive pas à chasser cette pensée de son esprit pendant une conversation avec H. 1. F. lui paraît avoir une idée en tête, différente de la sienne, et qui remet en cause cette dernière. H. 1 se retire, il est remplacé par H. 3 qui va essayer d'apporter son soutien à H. 2 pour faire abdiquer F. et chasser son idée. Mais F. résiste, et son idée, dont on ne saura rien, semble menacer tout le monde de H. 2 d'effondrement. F. finit par rendre les armes : mais le fait-elle vraiment, où joue-t-elle un jeu pour être tranquille ? Et l'idée qu'elle avait en tête, n'a-t-elle pas sa propre vie ailleurs ?

Une pièce que j'ai trouvée assez vertigineuse. La difficulté extrême à supporter la différence de l'autre, la menace que cela représente, la vie autonome des idées, qui se répandent, comme une maladie. L'impossibilité du contrôle aussi, l'autre est imprévisible et peut toujours échapper d'une façon ou d'une autre, même s'il semble se résigner. Un geste, une expression du visage, ont des sens qui peuvent ouvrir des perspectives sans fin.

Cela n'empêche pas la pièce d'être drôle pas moments, en particulier par des jeux d'interaction avec le spectateur (lecteur?). Une belle réussite.
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Elle est là, encore une expression-titre dans l'oeuvre de Sarraute. Expression qui déclenche les mouvements tropismiques chers à l'auteur du Planétarium. Ce qui est là est une idée, idée qui ne semble pas coller avec celle d'un personnage qui est convaincu de détenir la vérité. Mais quel est le là ? Où se situe-t-il ? Chez un autre personnage au départ, puis, ce personnage étant parti, cette idée rebelle est partout, telle une obsession, hantant la pensée du "petit dictateur". Obsession d'autant plus grande que le personnage n'a seulement connaissance que de l'existence de cette idée et ne connaît rien de sa définition puisqu'elle n'a jamais été citée par le contradicteur. Sujet anodin en apparence, mais pouvant porter à de sombres conséquences.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
H.1 : Mon pauvre ami, si vous devez vous préoccuper... vous avez du pain sur la planche. Je vois très bien ce qui peut lui trotter dans la tête... pas que dans la sienne, du reste... C'est une idée qui court...
H.2 : Qui court ? Oui, qui court... ça se propage... il y en a partout... chez tous...
H.1 : Et vous savez, vous aurez beau vous échiner, vous ne les persuaderez pas...
H.2 : Oui, c'est ça. C'est ce que je dis... Elles donnent à ceux en qui elles sont implantées cette certitude... cette assurance... exaspérante... Vous n'avez pas vu ? Elle a eu comme un petit sourire. Elle nous trouvait à plaindre... J'aurais dû aussitôt la provoquer, la forcer... et j'ai laissé passer... Alors maintenant, c'est là... elle est là, en elle... une bête nuisible... qui vit, qui prospère... impossible de l'atteindre, de la...
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H.2 : C'est idiot... c'est très difficile... Je ne sais pas comment... Par où commencer...
F. : Allez-y toujours. Qu'est-ce que j'ai encore fait ?
H.2 : Oh rien. Rien. Rien justement, vous n'avez rien fait. Rien dit. Vous vous taisiez...
F. : Il fallait que je parle ?
H.2 : Oui, ça aurait mieux valu...
F. : Que je parle quand ? Que je parle de quoi ? je ne comprends rien.
H.2 : Si, si... vous allez voir, vous allez comprendre... Tout à l'heure, quand il était ici, oui, cet ami... quand nous parlions devant vous, vous vous rappelez, vous êtes entrée...
F. : Je n'aurais pas dû ?
H.2 : Mais si, mais si, voyons... il n'y avait aucun secret... il m'a semblé... j'ai senti... vous n'étiez pas d'accord, n'est-ce pas ?
F. : Bon, peut-être... et alors ?
H.2 : Alors vous aviez tort.
F. : Tiens, vous croyez ?
H.2 : Si je le crois ? Mais j'en suis sûr. Architort. Ce que nous disions, c’en était ridicule tellement c'est évident...
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F. : Ah parce que je ne réfléchis pas... Jamais ? J'ingurgite comme une oie. Il n'y a que vous... Vous, vous "pensez"... Vous, vous "savez". Vos "vérités" on ne les "ingurgite" pas, elles s'imposent, voyons, on les "reçoit". D'ailleurs, c'est ce que j'ai fait... je n'ai pas bronché... Mais ce n'est pas encore assez... Mais où est-on ?
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(H.3 se penche vers H.2) : "C'est embarrassant... Je crois qu'on est coincés. On n'a pas le droit d'y toucher, à ce poison..."

(H.2) : "Oui, le voir agir et ne pas bouger. La tolérance. On est pris là-dedans... pieds et poings liés... Quel mot, hein ? Une vraie camisole de force..."
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Quand on s'interdit les facilités et les conventions en usage dans le roman, et qu'on poursuit dans une voie purement littéraire, à l'exemple du nouveau roman, quel est le thème qu'aucun écrivain d'avant-garde ne songerait jamais à aborder ?
« Enfance » de Nathalie Sarraute, c'est à lire en poche chez Folio.
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