Nathalie Sarraute a vu ses oeuvres publiées dans La Pléiade de son vivant. Ne manque à l'appel que son dernier livre,
Ouvrez, publié quelques mois avant sa mort. Bien que cette collection ait tendance à sentir un peu trop l'académisme, "Pléiadiser"
Nathalie Sarraute semblait une évidence tant elle a renouvelé et transformé la littérature du XXe siècle.
Lu d'une traite, les romans, critiques, conférences et pièces de
théâtre de Sarraute font apparaître des résonances et des continuités fortes. Sarraute avait son univers, son obsession: les
tropismes, ces mouvements intérieurs qu'elle a tenté inlassablement et patiemment de transcrire dans des "sous-conversations". Parodiant une image qui lui était chère, Sarraute prenait le temps de s'arrêter sur les mots et leur enchaînement, leurs rythmes et leurs intonations, les prenait dans sa main, les scrutait de tous les côtés pour voir ce qu'ils pouvait dissimuler. Comme dans
Enfance, avec sa paire de ciseaux, et malgré les exhortations continues et outrées des critiques et des gens raisonnables, elle n'hésitait pas à transpercer les belles apparences soyeuses du tissu du langage pour en montrer ses dessous inqualifiables et mouvants.