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EAN : 9782253005544
506 pages
Le Livre de Poche (31/08/1992)
3.47/5   68 notes
Résumé :
Des grilles, des portes, des couloirs et au bout un dortoir glacial, des lits durs, une file de lavabos de zinc où les derniers robinets dispensent une eau refroidie : ce pourrait être un de ces internats comme il y en a pas mal en France mais, là, un appel au parloir ne signifie pas une promenade au soleil, une conversation avec des amis. A part les proches parents, seule la visite de l'avocat est admise et les sorties s'effectuent en panier à salade car il s'agit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La cavale est le second roman d'Albertine Sarrazin. Publié la même année que L'Astragale, il est plus long, mais le style reste le même puisqu'elle mélange à nouveau l'argot et la poésie, ce qui ne diffère pas de L'Astragale. J'ai également retrouvé avec plaisir son humour ironique.
Ces deux romans – La cavale et L'Astragale – ont reçu le prix des Quatre-Jurys (et j'aimerais bien savoir ce que c'est exactement, y a-t-il quelqu'un pour me renseigner ?).

Dans ce livre, Anick Damien est incarcérée en même temps que son amoureux, Zizi. Bien entendu, Anick n'est que le double d'Albertine, comme Anne l'était dans L'Astragale ; quant à Zizi, il s'agit de Julien Sarrazin qui l'avait recueillie après sa première évasion.

Elle fait donc une description minutieuse de la vie dans une prison de femmes. Beaucoup plus que dans L'Astragale car dans ce dernier elle venait de s'en évader, elle évoquait donc des souvenirs. En revanche, toute l'histoire de la cavale se passe pendant l'une de ses incarcérations.
Elle présente différentes prisons : celles où l'on a sa cellule à soi, celles où l'on vit en collectivité. Les relations entre les différentes femmes : les alliances, les échanges, les secrets. Les visites de l'avocat qui, seules, apportent un visage moins quotidien que celui de ses codétenues. L'univers fermé dans lequel elles évoluent : le dortoir, l'atelier, la promenade. Les moments limités et surveillés passés avec Zizi : une fois par semaine au parloir, deux lettres hebdomadaires, heureusement qu'il y a les biftons.
Un but : préparer sa « cavale ». Passer les biftons, examiner les lieux, obtenir des outils, se faire bien voir des chefs pour obtenir un peu de liberté.

Ce livre couvre aussi le mariage avec Zizi/Julien. Leurs deux volontés s'opposent : lui veut qu'ils purgent leur peine afin de pouvoir ensuite vivre libre et sans se cacher, elle préfère s'évader pour qu'ils puissent être ensemble maintenant et pour toujours.
« Je t'aime, Zi, mais mon amour a besoin d'air. Je t'ai mis cette idée de cavale dans le cigare ; tu ne la rejettes pas, parce qu'elle est un aspect de moi, mais tu aimerais bien que je vienne la reprendre, mon idée ! »

J'ai encore beaucoup aimé, peut-être même davantage que L'Astragale. Ce qu'elle raconte m'intéresse, j'aime son ton, elle me fait rire. Ça me plaît.
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Bon, on va pas se mentir. Je n'ai pas réussi à le terminer et pourtant, j'étais pas loin de la fin. Je ne saurais donc pas si elle tire de plans sur la comète ou si elle tente vraiment de se cavaler...
C'est tout un univers qu'elle décrit minutieusement : la prison. Ou plutôt les différents types de prison qui existent, les règles tacites et réglementaires qui régissent les relations entre les prisonnières, avec les gardiennes, les sorties... C'est une description presque sociologique, très précise. Elle partage aussi ses états d'âme, son amoureux qui lui manque (puisqu'ils sont incarcérés tous les 2)... On retrouve son ironie et son mordant. Pourtant, je n'ai pas réussi l'à m'y immerger, alors même que j'avais beaucoup aimé L'astragale. J'ai trouvé celui-ci trop bavard, je crois. Je dirai bien répétitif, mais n'est-ce pas le principe de la prison ?
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Dans La cavale, nous retrouvons Anick, qui n'est autre qu'Albertine elle-même, que la prison a reprise. Elle pense à Zizi (Julien, qui l'avait recueillie dans L'astragale) et rêve d'évasion. Lui finit par demander au juge la permission d'épouser la jeune femme. Ils sont enfermés dans les mêmes murs, aspirent à la liberté. Font des plans de cavales.

Ce deuxième roman d'Albertine Sarrazin dépend dans tous ses états la vie en prison, l'atelier, les matonnes, la cantine, le dortoir. Pour autant, bien que cela puisse paraître, à première vue, répétitif, on ne s'y ennuie pas une seconde. La jolie prisonnière a un style réellement prenant et émouvant, où se mêlent au français quelques expressions Pied-noir que presque plus personne n'emploie et que seuls les descendant des gens de "là-bas" comprennent encore.
En somme, nous pouvons dire que j'ai apprécié ce livre-ci autant que L'astragale.

Challenge ABC 2016/2017
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Constat affolant : travaillant avec des femmes détenues, je peux affirmer que ce qu'elles vivent est presque mot pour mot ce que Albertine Sarrazin décrit. Mais son récit-roman date des années 60 !!
Autre constat : ce livre est nettement moins créatif que son Journal de prison, il est plus banal et assez répétitif (comme le sont des journées de prison, certes).
Ce livre m'a infiniment moins touché que le magnifique Journal de prison, tellement plein de poésie et d'originalité dans l'écriture.
Bref, ce livre-ci est très intéressant pour comprendre le vécu carcéral d'une femme, et le style est plus accessible, toujours un peu argotique et cash, mais rien de fracassant.
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oui bon la cavale à côté de Papillon ..ça fait pas le poids ...mai bon on s'incline ......albertine
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
A essayer d'épuiser la taule, c'est moi qui m'épuiserais : elle est de ces sujets qu'on croit avoir longés d'un bout à l'autre, et qui se révèlent être cycliques ; à l'autre bout, je retrouve le début, là où d'autres l'abordent pour leur propre compte et remettent tout en question.
Je suis comme ces élèves, pas bûcheurs mais doués, qui rendent toujours leur copie avant la cloche de la récréation.
En fixant, j'évite la gamberge, mais je risque l'abrutissement.
J'accepte : peu importe l'état où je serai en arrivant, mais j'arrive au bout de l'étape, vite, que je sorte du cercle, vite, vite. Arriver. Tant pis pour la maigreur, l'épuisement et la rouille : tout ceci s'en ira, l'essentiel est de tenir le coup ; sauver si possible les charpentes de la carcasse et de la raison, mais surtout dépouiller les heures. En les bourrant de drogue, d'âneries, de n'importe quoi, je m'en fous pourvu qu'elles crèvent, vite, et que, de leur tas crevé, de cette vie d'infusoire aux limites élémentaires de moi, je m'élève, enfin, jusqu'à la résurrection.
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Je serai libérée avant lui, c'est presque certain ; mais je sais bien que je reviendrai ici, chaque jour, pour partager... Partager, quelle stupidité ! On ne partage jamais, dans un sens d'allégement : la peine ne se tire pas comme une charrette : si nous sommes deux à peiner, la peine se double. Et toute la peine passée, si longue pourtant, ne compense rien, n'aide à rien, tant qu'elle se poursuit sur nous ou sur d'autres, tant qu'elle ne se détruit pas elle-même. Si nous, nous en évadons, d'autres filles et d'autres gars, au même instant, s'y engluent ; la peine nous roule et nous érode en une marée sans fin et ces années - si consistantes pourtant, "faut se les goinfrer" - se liquéfient et s'évaporent à mesure : même la mémoire n'en retiendra rien.
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J'aperçois une lueur humaine dans le regard de la matonne : elle de gros yeux, bleus ; plus facile à déchiffrer. En cet instant de grâce, j'y lis des trucs gelés, des hiéroglyphes taillés dans l'iceberg : pas de doute, elle est aussi frigo que moi. Une vague sympathie de gens frigo circule, j'ai presque envie de rompre la glace, mais je me rappelle que je suis très, très fatigué. Je dis seulement :
"C'est pas chauffé, cette prison ?
- Si, si. Je fouille vos affaires, après je vous mènerai au feu avec les autres."
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Ma mère, c'est pas une casseuse, et, n'en déplaise à Vespasien, son argent a une odeur, une odeur de retraite de veuve de gradé, de bon pognon bourgeois, une odeur franche, quoi. Seulement, moi, entre les versements de ma mère, j'en intercale d'autres, beaucoup plus importants, et ceux-ci ne sentent absolument pas le bon pognon bourgeois.
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Nous aimions les témoignages naïfs, les baisers échangés en public, non tellement pour les baisers - mal goûtés - mais pour les yeux des gens, leur aigreur ou leur tendresse : nous entrions dans la race anonyme et ailée des Amoureux, nous passions partout. Et pourtant, n'importe quelle poupée de Peynet aurait eu à l'amour plus de droits que nous. Vivant en cavale, traînant des avis de recherche, déménageant de planque en planque, nous nous détendions au babillage des amoureux, nous y trouvions une berlue. L'amour, nous pouvions en faire bien des choses... mais pas un mariage : seul, le refus du juge à nos demandes de parloir nous a fait réaliser qu'un mariage est un acte, et que l'acte de présence et l'acte d'amour ne suffisent pas... Puisque nous choisissions d'obéir à la loi, nous voulions que tout le monde le sache, nous approuve et nous aide, même Dieu.
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Vidéo de Albertine Sarrazin
Aujourd'hui dans #ÀLaDernièreMinute Julien nous parle d' , le roman de Patrick Besson. Qui était Albertine Sarrazin ? La romancière entre autres de ' et de . La braqueuse, prostituée, prisonnière. La femme au destin brisé, morte à 29 ans. La scandaleuse, l'amoureuse, la passionnée. Patrick Besson lui consacre une biographie à sa manière, infiniment sensible.
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