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EAN : 9782070368785
244 pages
Gallimard (07/04/1972)
3.77/5   986 notes
Résumé :
- Comment s'appellent-ils, ces trois-là ?
- Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien.

Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste :
- Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort.

Vous serez fusillé demain matin.

Il regarda encore :
- Les deux autres aussi, dit-il.
- C'est pas possible, dit Juan. Pas moi.
Le commandant le regarda d'un air étonné... »
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 986 notes
Le Mur, c'est un recueil de cinq nouvelles captivantes, mais en même temps repoussantes, voir répugnantes.
Le Mur est à mon avis la meilleure nouvelle du lot. L'angoissante vanité de la vie et de la mort d'une absurde existence dénuée de sens y est montrée dans tout ce qu'elle peut comporter de visqueux, de poisseux, de désagréablement odorant et de laid. L'ironie de la transposition du sort qui semble peser de manière imminente sur un personnage à un autre par un tour de force arbitraire du destin a quelque chose de vraiment tragique et sublime.
La chambre et Érostate nous entraînent ensuite dans les tourbillons monstrueux de la déraison de l'extérieur et de l'intérieur. On y sent bien le gouffre mystérieux et angoissant que constitue la possibilité de la mort de l'esprit.
L'intimité m'a moins interpellé quelque peu. Les tourments d'une femme dont les besoins sont comblés d'une manière condamnée par une personnalité marquante de son entourage sont toutefois très bien montrés par Sartre. Si on compare avec les nouvelles qui l'entourent, le malaise y est situé dans un horizon franchement superficiel.
Enfin, étant donné le contexte de sa sortie en 1939, la dernière nouvelle, L'enfance d'un chef, où l'adolescent sort de son mal être en grande partie en embrassant l'antisémitisme, me laisse un goût particulièrement acre.
Chacun sait que Sartre contribuera activement à l'hebdomadaire collaborationniste Comoedia et qu'il s'arrangera pour coopérer avec les nazis pour faire jouer Les Mouches en 1943 et Huis Clos en 1944. Si il a tout de même montré subtilement son opposition au régime nazi, ça ne sera pas de manière à risquer de nuire à sa carrière, mais probablement plutôt pour s'assurer de ne pas trop se mouiller afin, justement, de préserver l'impunité au cas où la situation changerait. « Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande » dira Jean-Paul Sartre dans La République du silence. Cet amoralisme narcissique, cette mollesse devant l'horreur, qui ont sans doute contribué à ce qu'il soit nobelisé en 1964, m'ont toujours empêché d'estimer la personne de Sartre malgré ses indéniables qualités de dramaturge.
Bien que les sujets varient, ces variations tournent autour d'une même tonalité de l'existence : le malaise. le malaise devant la mort, puis devant la folie sous deux formes différentes, dans la vie de couple et enfin au cours de l'adolescence.
Autre élément remarquable, la variation de la sexualité du personnage principal alterne d'une nouvelle à l'autre.
Sur le plan littéraire, j'ai vraiment beaucoup apprécié ce recueil que j'ai dévoré très rapidement. C'est vraiment du très bon Sartre.
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Le Mur est un recueil de nouvelles publié en 1939 par Jean-Paul Sartre qui dédia ce livre à Olga Kosakiewicz. le Mur est également le titre de la première nouvelle du recueil.
Le recueil est composé de cinq nouvelles de 25 à 90 pages que Jean-Paul Sartre définit comme « cinq petites déroutes tragiques ou comiques » : le Mur, La Chambre, Érostrate, Intimité, L'Enfance d'un chef.

Mes IMPRESSIONS ;
Je n'aime pas les nouvelles. C'est trop court ! Je pensais que c'était un roman. Ce sont 5 nouvelles .
"Le mur" est l'histoire un condamné sous l'Espagne franquiste ;
"la chambre", c'est l'histoire d'un fou.
La 3e nouvelle est Erostrate, avec ce genre de dialogue :
— Je le connais votre type, me dit-il. Il s'appelle Érostrate. Il voulait devenir illustre et il n'a rien trouvé de mieux que de brûler le temple d'Éphèse, une des sept merveilles du monde.
— Et comment s'appelait l'architecte de ce temple ?
— Je ne me rappelle plus, confessa-t-il, je crois même qu'on ne sait pas son nom.
— Vraiment ? Et vous vous rappelez le nom d'Érostrate ? Vous voyez qu'il n'avait pas fait un si mauvais calcul.

Chaque nouvelle a une chute intéressante, mais c'est trop court !
Mention spéciale pour " l'enfance d'un chef" (5è nouvelle) qui est assez complète, environ 100 pages. On pense que Lucien va devenir un enfant terrible, mais....
On pense, plus loin, qu'il va devenir homo, mais...
On pense plus loin qu'il sera collabo....
Sartre a écrit au sujet de ce recueil : "Voici 5 petites déroutes tragiques ou comiques... Toutes ces fuites sont arrêtées par un mur".
Une symbolique intéressante.
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Le Mur est un recueil de cinq nouvelles.

La première (sans doute la meilleure) donne son titre au recueil. « le Mur » est un impeccable et saisissant texte d'une trentaine de pages, qui rend compte des réactions humaines face à une situation extrême de l'existence.

L'intrigue a pour cadre la Guerre d'Espagne de 1936, entre les républicains et les nationalistes. Trois républicains ont été faits prisonniers par les troupes franquistes. Après un interrogatoire bâclé, on les enferme dans la cave d'un hôpital. Un commandant vient leur communiquer la sentence : ils seront fusillés le lendemain à l'aube. Un médecin belge est introduit auprès des prisonniers pour noter leurs réactions face à l'idée de la mort...

A partir de là, tout en imprégnant son texte d'une ambiance nauséeuse, Sartre parvient à extraire le minerai pur de l'angoisse. Les condamnés ne peuvent fuir leur situation, ils perçoivent leur mort de manière quasi matérielle. Ils sont confinés et englués dans une attitude figée, qui ne relève plus de l'existence mais de l'essence, car la mort, toute proche, va les justifier...

Sartre exploite génialement cette extraordinaire métaphore du mur. le symbole accède alors à une grande puissance philosophique... Au sens propre, il s'agit du pan de mur contre lequel on place le condamné pour l'ajuster et l'abattre. le mur empêche de fuir les canons des fusils braqués... Mais au sens figuré, le mur est infini, impénétrable ; il est ce qui empêche de fuir notre existence, la situation présente, à laquelle nous devons faire face.

La mort n'est qu'un cas parmi tant d'autres. Il est impossible de fuir son existence, sa liberté, et sa responsabilité, car un mur opaque, invisible, omniprésent, arrête toute tentative d'évasion. L'impasse de l'existence ne nous permettra jamais la fuite. L'on ne pourra jamais se fuir soi-même.

Un grand texte.

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En découvrant à la lecture que le Mur n'était pas un roman mais un recueil de nouvelles, j'ai d'abord ressenti une pointe de déception. J'ai toujours l'impression de moins aimer ce genre de la nouvelle que celui du roman (alors que d'autres expériences positives devraient m'enlever cet a priori). Et le sujet comme le ton de la première nouvelle m'ayant vraiment intéressé, je regrettais que l'histoire ne continue pas.

Mais toutes les nouvelles de ce recueil sont intéressantes, dans le traitement du sujet de l'enfermement que suggère le titre. Enfermement réel des prisonniers dans la première; enfermement d'un couple dans la folie dans la deuxième; enfermement d'un homme face à une société qu'il rejette et qui le pousse à un acte inconsidéré dans la troisième; enfermement d'une femme dans le quotidien de son couple dont elle cherche faussement à s'échapper dans la quatrième; et enfin enfermement progressif dans le rôle assigné par la famille et par les attentes des autres dans la dernière.

Sartre nous présente ici une galerie de personnages pour la plupart peu recommandables, totalement englués dans leurs existences et ne nous donne que peu d'espoir sur une issue favorable. Mais ces récits noirs sont éclairés par un humour caustique, l'évocation de l'actualité mais aussi presque du futur (son analyse du tueur de masse (à petite échelle ici) résonne avec certains faits divers américains et le questionnement sur le genre et l'identité sexuelle du dernier protagoniste m'a semblé d'une actualité particulière). Son style est très agréable, plongeant souvent dans les méandres de la pensée de ses personnages par des accumulations de phrases à la ponctuation variable qui m'ont parfois rappelé un Faulkner (je sais je parle toujours de lui !).

Bref, pour un amateur de Camus comme je le suis, il est appréciable de découvrir que son meilleur ennemi Sartre est également très intéressant à découvrir, moi qui n'avait lu de lui que son autobiographie Les Mots.
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Le Mur, recueil de cinq nouvelles publié en 1939 par Jean-Paul Sartre et également le titre de la première nouvelle du recueil.

Cinq nouvelles de 25 à 90 pages que Jean-Paul Sartre définit comme « cinq petites déroutes tragiques ou comiques... Toutes ces fuites sont arrêtées par un mur » : le Mur (1938), La Chambre (1936), Érostrate (1936), Intimité (1936), L'Enfance d'un chef (1938). Au coeur de ces nouvelles enfermement, folie, obsession, haine, troubles de la personnalité...Des nouvelles qui provoquent malaise, dégoût et questionnement chez beaucoup de lecteurs... Un recueil qui ne laissera personne indifférent.

La première nouvelle, le Mur (1938) est le récit à la première personne d'un prisonnier républicain espagnol condamné à être fusillé par les armées franquistes avec deux autres combattants. Une nuit d'attente, torture psychologique s'il en est, et qui s'achève pour le narrateur avec dérision par sa survie surprise grâce à une trahison non voulue.
La deuxième nouvelle La Chambre (1936) est un récit à la troisième personne et au passé qui explore les thèmes de la folie et de l'enfermement. le héros de l'histoire, enfermé dans sa folie comme dans sa chambre, n'a de lien avec l'extérieur qu'avec sa femme qu'il s'évertue à appeler Agathe alors qu'elle se prénomme Eve (folie, dépression, mémoire défaillante?) le Sentiment d'oppression est au rendez-vous dans ce "huis clos" où la folie comme seule réponse à l'enfermement m'a rappelé le titre éponyme du même auteur.
Érostrate, la troisième nouvelle (1936) est un récit à la première personne associant le présent et le passé pour exploiter les thèmes de la haine de l'humanité et de la violence. le héros ou plutôt l'anti-héros de cette nouvelle est un homme angoissé, obsessionnel, psychopathe n'ayant pas d'empathie et ayant clairement des problèmes de sexualité. Obnubilé par son arme, les femmes et la haine de ses pairs, bien avant les fusillades de masse aux Etats-Unis, il n'aspire qu'à tirer sur ses congénères après s'être mis dans un état proche de la transe. Une nouvelle qui m'a beaucoup troublée par l'analyse de la folie meurtrière de sang-froid.
Je n'ai pas aimé la nouvelle suivante, la plus longue, que pour ma part, j'ai trouvée très brouillonne. Beaucoup de personnages au départ attachants puis de plus en plus agaçants par leurs non-décisions, beaucoup de sentiments exprimés puis réprimés...
En revanche, j'ai beaucoup apprécié la dernière nouvelle: L'enfance d'un chef. le jeune Lucien nous fait part de ses états d'âme sur la vie et sa vacuité. J'ai vraiment pu ressentir ce que le jeune enfant puis l'adolescent exprimait. Et même si la suite de ce que je qualifierai de "nouvelle d'apprentissage" est un peu dérangeante, j'ai trouvé l'ensemble très bien écrit et bien construit.
Un livre que je suis heureuse d'avoir découvert aujourd'hui parce qu'il est au programme de l'agreg de lettres et je suis curieuse de voir comment les futurs profs vont pouvoir s'y référer...
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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
On se demande où on trouve le courage de se lever le lendemain matin et de retourner au travail, et d'être séduisante et gaie, et de donner du courage à tout le monde alors qu'on voudrait plutôt mourir que de continuer cette vie-là.
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"C'est ta vie contre la sienne. On te laisse la vie sauve si tu nous dis où il est."
Ces deux types chamarrés avec leurs cravaches et leurs bottes, c'étaient tout de même des hommes qui allaient mourir. Un peu plus tard que moi, mais pas beaucoup plus. Et ils s'occupaient à chercher des noms sur leurs paperasses, ils couraient après d'autres hommes pour les emprisonner ou les supprimer; ils avaient des opinions sur l'avenir de l'Espagne et sur d'autres sujets. Leurs petites activités me paraissaient choquantes et burlesques: je n'arrivais plus à me mettre à leur place, il me semblait qu'ils étaient fou.
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Il était très séduit par le tour scientifique qu'avaient pris leurs confidences et, le jeudi suivant, il lut un ouvrage de Freud sur le rêve à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Ce fut une révélation. "C'est donc ça, se répétait Lucien en marchant au hasard par les rues, c'est donc ça ! " Il acheta par la suite l'Introduction à la Psychanalyse et la Psychopathologie de la vie quotidienne, tout devint clair pour lui. Cette impression étrange de ne pas exister, ce vide qu'il y avait eu longtemps dans sa conscience, ses somnolences, ses perplexités, ses efforts vains pour se connaître, qui ne rencontraient jamais qu'un rideau de brouillard... "Parbleu, pensa-t-il, j'ai un complexe."
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Ce qu’il y a c’est qu’en réalité on ne peut jamais prendre ça dans ses mains, si seulement ça pouvait rester tranquille, mais ça se met à bouger comme une bête, ça durcit, ça me fait peur, quand c’est dur et tout droit en l’air, c’est brutal ; ce que c’est sale l’amour.
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On nous poussa dans une grande salle blanche, et mes yeux se mirent à cligner parce que la lumière leur faisait mal. Ensuite, je vis une table et quatre types derrière la table, des civils, qui regardaient des papiers. On avait massé les autres prisonniers dans le fond et il nous fallut traverser toute la pièce pour les rejoindre. Il y en avait plusieurs que je connaissais et d’autres qui devaient être étrangers.
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