AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les chemins de la liberté tome 2 sur 3
EAN : 9782070368662
505 pages
Gallimard (05/10/1976)
3.91/5   156 notes
Résumé :
"L'avion s'était posé. Daladier sortit péniblement de la carlingue et mit le pied sur l'échelle ; il était blême. Il y eut une clameur énorme et les gens se mirent à courir, crevant le cordon de police, emportant les barrières... Ils criaient "Vive la France ! Vive l'Angleterre ! Vive la Paix !", ils portaient des drapeaux et des bouquets. Daladier s'était arrêté sur le premier échelon : il les regardait avec stupeur. Il se tourna vers Léger et dit entre ses dents :... >Voir plus
Que lire après Les chemins de la liberté, tome 2 : Le sursisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai été aspirée par le rythme effréné de ce bouquin. Pour m'y retrouver avec l'histoire de tous les personnages j'ai du prendre des notes... 6 pages! et contre toute attente, ce coté-là m'a plu... je me suis sentie davantage investie... une bonne expérience.
Commenter  J’apprécie          130
Second roman de la quadrilogie (qui ne sera qu'une trilogie) des Chemins de la Liberté, le Sursis semble pourtant à des lieux des autres livre de la série. Là où la réflexion et l'analyse guident L'Âge de raison et La Mort dans l'âme, c'est ici l'urgence qui mène la danse. Car l'histoire se déroule durant les trois jours de la conférence de Munich, conclusion de la crise des Sudètes survenue en 1938, et sur laquelle, pour l'Europe entière, plane l'ombre de la guerre.

Pour traduire cette angoissante incertitude d'un moment historique où tout peut basculer, Sartre réalise un tour de force littéraire en imbriquant lieux et personnages, laissant les jours, seuls, façonner les chapitres. Ainsi, d'une phrase à l'autre, sans même changer de ligne, nous voilà passé du confort d'un salon anglais à un village de Tchécoslovaquie, sautant, quelques mots plus tard, jusqu'en France, pour finalement rebondir autre part en Europe ; car tous, homme ou femme, vieux ou jeunes, inconnus les uns des autres et séparés par des milliers de kilomètres, sont suspendus au fil de l'Histoire et sa direction, quelle qu'elle soit, changera leurs destins à jamais.

Déroutante au début, cette mise en forme révèle tout son pouvoir lorsque, pris dans l'engrenage des mots, les lieux se confondent peu à peu, à la manière d'un paysage vu au travers de la fenêtre d'un train lancé à grande vitesse, ne restent alors aux yeux du lecteur que les vies, toutes différentes et pourtant toutes liées, qui, un court instant, se retrouvent au même endroit.

Le meilleur ouvrage, à mon sens, de la trilogie. le plus accessible et prenant, aussi. À lire avec l'urgence pour seule guide de lecture, car le fil de l'Histoire, lui, ne s'arrête pas.

Commenter  J’apprécie          20
Un roman qui dans ses premières pages semble tout à fait hermétique, de par sa diversité de personnages - fictifs et historiques - et sa mise en page - sans aucune indication lors de changement de personne - qui est selon moi le plus grand défaut de ce roman.

Au-delà de cet aspect superficiel de l'oeuvre:

1° Les nouveaux protagonistes sont très bien établis et humanisés on reconnaît là le talent de Sartre.
2° Un plaisir de retrouver Mathieu, Boris, Ivich, Daniel et d'autres: Lola, Odette pour qui on découvre de nouvelles facettes touchantes de leurs personnalités.
3° le surcroît de la philosophie Sartrienne dans l'oeuvre, notamment sur les personnages de Mathieu - concernant la liberté - et de Daniel - concernant la reconnaissance de soi par l'intersubjectivité, c'est a dire la reconnaissance de l'être par les autres - et autres..
4° Malgré le fait d'avoir un oeil moderne et omniscient sur les conflits et les aboutissants de la crise diplomatique de Munich en 1938, nous sommes tellement plongés dans l'intrigue et de tout coeur avec les personnages que cette connaissance ne gêne pas en soi et que nous éprouvons avec joie les moments d'euphorie de peur et d'angoisse des personnages. Nous sommes engagés avec les personnages.
5° Un roman qui donne envie de continuer la lecture de cette trilogie avec - je l'espère - des nouvelles de tous ces personnages, uniques, enfermés dans cette terrible - et à la fois très attrayante - époque.

27/10/20
Commenter  J’apprécie          00
[ … ] le vieillard attendait, lui aussi,
dans le salon aux persiennes demi-closes. Il était seul,
il rota et s'approcha de la fenêtre. La colline descendait
vers le fleuve, verte et blanche. le Rhin était tout
noir, il avait l'air d'une route bitumée après la pluie.
Le vieillard rota encore une fois, il avait un goût aigre
dans la bouche. Il se mit à tambouriner contre la vitre
et les mouches effrayées voletèrent autour de lui.

C'était une chaleur blanche et poussiéreuse, pompeuse,
sceptique, surannée, une chaleur à collerette, du temps
de Frédéric II ; au fond de cette chaleur, un vieil Anglais
s'ennuyait, un vieil Anglais du temps d'Édouard VII
et tout le reste du monde était en 1938.

pp. 28-29


À L'âge que j'ai, je puis le dire : C'est de la très belle poésie.

Commenter  J’apprécie          20
j'ai trouvé ce livre fascinant, cette unité de temps avec dans une même phrase l'action dans plusieurs lieu différent. Je me rappelle l'avoir lu très rapidement comme si je vivais moi aussi cette urgence. Cette nécessité de faire les choses vite car on n'aura peut-être pas le loisir de les finir sinon. Comme je l'ai dit dans une autre critique, pour les livres que j'ai lu il y a longtemps je me souviens surtout de l'impression que le livre m'a fait, moins de l'histoire. Celui là je sais qu'il parle de la guerre, de la deuxième guerre mondiale, je me souviens aussi que des trois tomes c'est le seul que j'ai relu.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Il ouvrit les mains et lâcha prise ; cela se passait très loin au fond de lui, dans une région où les mots n'ont plus de sens. Il lâcha prise, il ne resta plus qu'un regard. Un regard tout neuf, sans passion, une simple transparence. "J'ai perdu mon âme", pensa-t-il avec joie. Une femme traversa cette transparence. Elle se hâtait, ses talons clapotaient sur le trottoir. Elle glissa dans le regard immobile, soucieuse, mortelle, temporelle, dévorée de mille projets menus, elle passa la main sur son front, tout en marchant, pour rejeter une mèche en arrière. J'étais comme elle ; une ruche de projets. Sa vie est ma vie ; sous ce regard, sous le ciel indifférent, toutes les vies s'équivalaient. L'ombre la prit, ses talons claquaient dans la rue Bonaparte ; toutes les vies humaines se fondirent dans l'ombre, le clapotement s'éteignit. (...)

Je peux retomber dans ma vie : rien ne peut m'ôter ce moment éternel. Rien : il y aurait eu, pour toujours, cet éclair sec, enflammant des pierres sous le ciel noir ; l'absolu, pour toujours ; l'absolu, sans cause, sans raison, sans but, sans autre passé, sans autre avenir que la permanence, gratuit, fortuit, magnifique. "Je suis libre", se dit-il soudain. Et sa joie se mua sur le champ en une écrasante angoisse.
Commenter  J’apprécie          91
Il se mit à rire : elle fronçait le nez avec application et ouvrait largement sa petite bouche pour en vomir les mots. Il l'écoutait à peine : il la voyait. Un regard. Un regard immense, un ciel vide : elle se débattait dans ce regard, comme un insecte dans la lumière d'un phare.
Commenter  J’apprécie          130
Il y avait plus de dix ans qu'elle ne l'avait pas vu, mais on garde toujours quelque part au fond de soi une tristesse honteuse et inassouvie qui attend modestement un enterrement, une première communion, un mariage, pour obtenir enfin les larmes qu'elle n'a jamais osé réclamer.
Commenter  J’apprécie          120
C'est la petite mort dominicale, la petite mort en famille.(...)
"Ah ! pensa-t-il avec désespoir, pourquoi faut-il que je ne sois plus un enfant ?" Mathieu vint se rasseoir en face de Jacques. Jacques parlait, Mathieu le regardait et tout était si ennuyeux, le bureau dans la pénombre, la petite musique de l'autre côté des pins, les coquilles de beurre dans le ravier, les bols vides sur le plateau : une éternité sans importance. Il eut envie de parler à son tour. Pour rien, pour ne rien dire, pour briser ce silence éternel que la voix de son frère ne parvenait pas à percer.
Commenter  J’apprécie          50
- Quand je couche avec quelqu'un, je veux savoir pourquoi. C'est pour ses yeux ou pour une phrase qu'il a dite ou parce qu'il est beau.
- Je suis beau, dit Marc à voix basse.
Irène se mit à rire et il rougit. (...)

Elle le regarda soudain et se mit à penser. Quand elle pensait, elle s'ennuyait beaucoup moins.
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Jean-Paul Sartre (207) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Paul Sartre
Le 6 mars 2024, le philosophe et académicien Jean-Luc Marion était l'invité de la "Fabrique des idées", la série de masterclass que vous propose Philosophie magazine. Spécialiste de Husserl, le phénoménologue a tracé une petite généalogie de ce courant de pensée philosophique, n'hésitant pas à tacler Jean-Paul Sartre, qui n'est "pas un grand phénoménologue", selon lui.
Pour assister à toutes nos "Fabriques des idées" revoir ces masterclass librement, abonnez-vous à partir de 2€/mois, sans engagement
https://abo.philomag.com/loggia/site/philomag/abo-new/fr/abo/index.html
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (622) Voir plus



Quiz Voir plus

L'oeuvre littéraire et théâtrale de Jean-Paul Sartre

Dans Huis Clos, l'enfer c'est...

Les oeufs
Les autres
La guerre
Les voisins

8 questions
348 lecteurs ont répondu
Thème : Jean-Paul SartreCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..