Ce roman aurai très bien pu ne pas voir le jour.
Salvatore Satta était un illustre juriste. C'est en parcourant des documents après sa mort qu'on a découvert ce texte.
le Jour du jugement est donc l'oeuvre d'une vie, une manière de testament, un témoignage pour un auteur qui a connu ce qu'il décrit.
Nous sommes en Sardaigne à Nuoro, dans ce qui n'était alors qu'une bourgade, un ensemble de villages, chacun peuplé d'un type particulier de classe sociale. Ça aurai très bien pu se situer dans n'importe quel endroit du Mezzogiorno, si on ne tient pas compte de l'insularité qui fait qu'on se méfie un peu des étrangers venus d'autre part en Sardaigne et qu'on a encore plus de préjugés sur ceux qui viennent du "continent". Par contre la population du centre principal est assez hétérogène. Alors qu'on donne du Don aux grands propriétaires terriens, on considère aussi bien les avocats sans cause, simples oisifs, détenteurs d'un diplôme comme des notables. le clergé est installé sur une imminence, pourtant les habitants semblent assez réfractaires aux hommes d'église, pour preuve on a fait d'un couvent l'école communale. Si on exclu les funérailles auxquels tout le monde participe, s'il s'agit d'une personne de relative importance, la foi est plutôt une affaire de bonnes femmes, notamment de toutes les vieilles filles qui versent dans le mysticisme. La majorité de la population est faite de simples métayers qui louent leur bras sans grande espérance de pouvoir améliorer leur condition de vie. Les bergers sont aussi du nombre, guère plus privilégiés, rarement propriétaires de leur cheptel et qui doivent se prémunir du vol des bêtes, alors qu'on dit que les bandits ne sont pas loin sur les hauteurs. La vie sociale se partage entre le café du coin, on l'on rencontre la lie des alcooliques, des simples d'esprits et des mendiants. Les personnes de qualités on leurs habitudes chez un simple pharmacien qui est déjà quelqu'un pour les déshérités. Cette vie semble avoir existé de toute éternité. On se connait mais on ne se mélange pas, chacun reste là où dieu l'a placé. La narration est polarisé sur la famille d'un notaire, respecté dans le village, âpre au gain, qui agrandit son domaine pas des manoeuvres qui, si elles ne sont pas illégales, son injustes en exploitant la déveine de quelques un. Les enfants sont promis à un bel avenir, ils doivent mener des études, laisser Nuoro pour acquérir le savoir dans la capitale, Cagliari, à Rome ou en Italie du nord.
On a donc affaire à une chronique pleine d'humanisme, haute en couleur d'une ville modeste.De menus faits prennent des proportions d'événements historiques qui marque la mémoire collective. le style est d'un beau classicisme qui aurait pu être contemporain à l'histoire qui se situe à cheval sur le XIXème et XXème siècle. L'emploi régulier de l'imparfait est le signe d'une certaine nostalgie, de temps qui semblent révolus, bien qu'on à peine à imaginer que cet endroit autrefois arriéré soit rentré dans la modernité. Pourtant Nuoro est devenue une ville relativement importante, peuplé par une trentaine de mille habitants. Parfois le hasard sait être heureux, l'édition de cette belle oeuvre était pleinement justifiée, on a affaire à un très grand livre, témoignage véridique d'une époque.