"J'allai comprendre dans quelle circonstances j'avais été conçu, dans quelles circonstances j'étais né et comment j'avais grandi, dans ma vie bien sûr mais aussi dans la tête de mes parents. Les enfants grandissent d'abord dans la tête de leurs parents."
Le mensonge par omission est pire qu’un silence. On peut écouter les silences, les interroger. Le mensonge par omission est un non-dit qui avec le temps devient une forme d’impensé, impossible à démasquer.
Ce devait être un lundi plus gris et plus triste que d’habitude. L’âme mélancolique, embourbée dans la réalité où je ne trouvais pas ma place. Sans autre désir qu’être à demain. J’étais à deux doigts de la dépression, j’ai choisi l’analyse.
"Écrire, c'est commencer à faire face. C'est le premier mouvement, la première réaction, le premier souffle. C'est le moment où seul avec soi-même, la page blanche en miroir, on reprend le dessus. On peut effacer, revenir en arrière, analyser, remettre en question. On peut se tromper, bien sûr, mais ni mentir ni tricher. Écrire, c'est un moment de vérité infalsifiable."
On ne dira jamais à quel point la névrose sait déployer ses charmes . Avec elle , même si c'est dans une impasse , derrière une fenêtre sans jour , au moins on est en terrain connu .
« J'ai su assez tôt que je voulais être psychanalyste, et cela m'est venu de la tragédie grecque ; dans toutes les tragédies classiques, le héros est confronté à son destin, souvent l'héritage du père, le pouvoir, l'amour d'une femme, sous l'oeil vigilant du choeur. Mais il y a toujours un moment où se présente à lui l'opportunité de s'échapper. Ce moment-là est passionnant ; c'est cette opportunité que l'analyse doit mettre en lumière pour permettre au patient d'échapper à la fatalité. » Je ne rapporte pas là, mot pour mot, ce qu'il [Pierre Fédida] m'a dit, mais ce que j'ai compris.
(p. 151)
Comment conserve-t-on un moment comme celui-ci ? Il n’y a pas d’aquarium, ni de cage à bonheur ?
Nous [...] allions deux ou trois fois par an [au cinéma], dont une fois certainement à Noël pour voir la nouveauté de Disney. A l'exception des '101 Dalmatiens' et, plus tard 'Un amour de coccinelle', je détestais cet univers mièvre et dégoulinant de bons sentiments avec des fées roses et pistache et des daims sautillants.
(p. 63)
Tant que l'on utilise des béquilles, comment sait-on que l'on peut marcher sans ?
On croit - à cause du poème de Prévert, sans doute - que le cancre est un doux rêveur, le cœur gros comme une maison, qui s'invente un monde merveilleux. On se trompe, le cancre est un résistant. Il ne sait pas à quoi, mais il résiste. Le cancre est un enfant perdu qui souffre en silence. Et cette douleur est si vive qu'il l'enfouit au plus profond de lui.