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EAN : 9782702144626
320 pages
Calmann-Lévy (25/09/2013)
3.58/5   12 notes
Résumé :
Dans l’Amérique des années 70, l’histoire touchante et cocasse d’une enfance en marge. Alors que Saïd n’a que neuf mois, son père estime qu’il a mieux à faire que de s’occuper de sa famille : œuvrer pour que la révolution triomphe aux États-Unis. Mahmoud est né en Iran, il a fui le régime du Shah et s’est installé à New York où il devient un membre éminent du parti socialiste des travailleurs. Personnage haut en couleur sachant jouer de son charme, il épouse Martha ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Né d'un père iranien et d'une mère juive new-yorkaise, le petit Saïd rêve d'un skateboard mais sa mère n'a pas les moyens de le lui offrir. Cela importe peu puisqu'un jour les skateboards seront gratuits. Quand la révolution des travailleurs aura vaincu le capitalisme, les patrons, les propriétaires, les salauds de riches perdront leurs privilèges et tout le monde pourra disposer d'un skate à sa guise. En attendant ce jour béni, il faut réveiller la conscience du peuple. Et les parents de Saïd s'investissent à fond dans cette tache. le père quitte sa femme, appelé par la révolution, aux Etats-Unis, puis en Iran où le Shah est sur le point d'être chassé du pouvoir et du pays. Et la mère distribue des tracts, assiste à des réunions, des meetings, des manifestations, bref, est sans cesse là ou le parti des travailleurs socialistes a besoin d'elle. de New-York à Pittsburgh, de logements insalubres en quartiers mal famés, la mère célibataire, militante avant tout, entraîne son fils dans le sillage des causes à défendre, certaine qu'un jour, quand elle sera à la hauteur de ses engagements politiques, son mari reviendra vers elle. C'est ainsi que Saïd grandit, privé de skateboard, privé de raisin quand les ouvriers viticoles sont en grève, privé de ses frère et soeur enrôlés très jeunes par le Parti, privé de ses parents appelés par la cause, obligé de se construire avec une vision du monde faussée par les idéaux politiques de sa famille.


Avec une bonne dose d'humour et de lucidité, Saïd SAYRAFIEZADEH raconte son parcours de fils de militants communistes dans l'Amérique des années 70/80. Né dans une famille atypique et décomposée où la Cause prime sur le bien-être, il s'est construit dans l'antagonisme entrre les valeurs socialistes et les convictions du reste de la population américaine. Quand chacun rêve de réussir, de posséder, de s'enrichir, sa mère vivait pauvrement par choix, renonçant à une carrière d'écrivain pour servir le Parti. Quand ses camarades de classe soutenaient la politique extérieure des Etats-Unis, lui, était pris en otage entre la lutte révolutionnaire, ses origines iraniennes et sa volonté de s'intégrer. Difficile de garder ses amis quand en Iran, des américains sont pris en otage et que l'on est désigné comme coupable car portant un nom exotique. Privée d'un foyer stable, la tête farcie de slogans politiques, Saïd s'interroge. Ils vivent dans des appartements lugubres partageant les conditions de vie des travailleurs mais ne seraient-ils pas plus heureux dans une maison luxueuse comme celle de son oncle, écrivain reconnu? La révolution arrivera-t-elle plus vite s'il ne mange plus de raisin alors qu'il en a terriblement envie? Faut-il dénigrer le mode de vie privilégié des américains quand les cubains vivent de peu mais sont heureux grâce à Fidel Castro? le jour où les skateboards seront gratuits, chacun pourra-t-il en profiter ou les considérations matérielles seront-elles secondaires au regard de la félicité acquise? Entre un père absent et une mère occupée à militer, Saïd saura trouver sa voie, prenant le meilleur (la tolérance, l'anti-racisme, la lutte pour les plus démunis, le combat contre les injustices) et composant avec le reste.
Chroniques disparates, souvenirs épars, espoirs et désillusions, idéaux et convictions, l'auteur livre un roman qui fait sourire mais aussi réfléchir et que l'on quitte avec tristesse. Si Philipp Roth et Jonathan Tropper avait un fils, pour sûr, il aurait la verve de Saïd SAYRAFIEZADEH!
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Le récit autobiographique de Saïd Sayrafiezadeh est un monument d'humour pince sans rire, farfelu ; l'humour du désespoir à la Woody Allen, tout en étant une peinture du monde contestataire américain.
Nous sommes dans les années 70-80. Saïd Sayrafiezadeh a tout pour rater ou compliquer sa vie. Un père iranien, une mère juive, l'ensemble est déjà explosif. Ajoutez qu'ils sont trotskistes purs et durs, membres du Parti Socialiste des Travailleurs et ce, aux U.S.A. berceau du capitalisme. le père les abandonne puis retourne en Iran où le Shah vient d'être renversé. Imaginez le père barbu, chevelu se présentant aux élections présidentielles au pays des futurs Ayatollahs!

L'enfance de l'auteur ne fut pas très, très, gaie, mais que peut-il faire face à l'Idéal, face à une mère abandonnée, dépressive, totalement à côté de la plaque, mais toujours militante. S'écouter dire par sa mère qu'il ne pourra avoir un skateboard, le rêve pour un petit garçon, que lorsqu'ils seront gratuits ; Ou que vous ne pouvez manger du raisin pour cause de boycott du Syndicat des Ouvriers… ça vous forge un caractère ou vous flingue.

Martha seule continue de militer et distribuer le journal accompagnée de Saïd, et, pour vivre son apostolat socialiste, ils habitent des appartements miteux, des quartiers pauvres et sordides « La différence entre les autres familles pauvres du quartier et nous, c'était que notre pauvreté était volontaire. C'était une succession de choix, et non une réalité à laquelle on ne pouvait échapper. ». Avec son patronyme et les évènements iraniens, il ne colle plus dans le paysage scolaire. Il découvre le racisme, l'ostracisme et l'exclusion auprès de ses camarades de classe, même ceux qu'il prenait pour ses amis. Quoique le racisme, la ségrégation il les vit au quotidien puisque les blancs sont dans des classes « avancées », alors que les noirs se trouvent d'office dans les classes dites « normales ».
« La séparation était absolue. Même les rares fois où les élèves noirs et blancs se retrouvaient –au déjeuner, à la gym, pendant la formation professionnelle-, ils discutaient à peine entre eux. »

Ce livre est une véritable plongée dans le monde de l'opposition au modèle capitalisme. Une autre face de ce pays où il ne fait pas bon vivre lorsque l'on est noir, pauvre… ou syndicaliste de gauche. Saïd Sayrafiezadeh met beaucoup d'amour, d'humour de dérision pour nous donner à lire un bon livre. Surtout ne comptez pas sur lui pour geindre sur l'enfant abandonné, délaissé sur l'autel de la lutte des classes qu'il fut.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Être né d'une mère juive américaine et d'un père Iranien est déjà assez inattendu, mais être le fils de deux militants communistes très convaincus et actifs aux États-Unis dans les années 70 devient un handicap au moins sur le plan logistique. Car enfin, est-ce une vie pour un bout de chou de neuf mois que de voir partir son père dans une grande création révolutionnaire (aux USA!), de voir son intellectuelle de mère (de formation littéraire) se transformer en lumpen prolétarienne, déménager dans de multiples appartements minables ou médiocres au prétexte de l'immersion dans la société nécessiteuse, se voir refuser le moindre grain de raisin par solidarité avec les agriculteurs en colère, le moindre skateboard, - tant à la mode et si convoité ! - au prétexte que l'acheter serait faire le jeu des capitalistes exploiteurs, il y a tout de même de quoi susciter l'esprit contestataire chez un gamin mais pas seulement contre le SYSTEME !

Voilà un livre sympathique, drôle souvent, un rien en retard sur notre époque (quelle urgence y avait-il à l'écrire en 2009 ? Tout cela date un peu...) mais qui va propulser les soixante-huitards dans leur jeunesse, avec amusement, avec agacement parfois, un peu de nostalgie aussi. Ah ! Ces réunions interminables où on refaisait le monde, ces distributions de tracts, ces collages parfois périlleux (merci aux musclés du SAC de l'époque) d'où parfois revenaient cabossés les « camarades », les discours du grand Georges sur le grand Kâpitâââl...Quelle époque ! Cuba, le Vietnam, Khomeiny et la révolution en Iran, le racisme aux USA malgré les déplacements scolaires pour assurer la mixité sociale dans les écoles, les manifs, les grèves....Oui mais. Aussi sincère qu'on soit quand on est jeune, est-il juste d'imposer à des enfants qui n'ont rien demandé de vivre cette vie-là. A-t-on une idée de ce qu'ils vont se trimbaler au long de leur vie de regrets, de sentiments d'abandon, de quolibets et d'humiliations, sans parler de l'épouvantable agression sexuelle subie par ce petit garçon de quatre parce que sa maman va à la réunion des camarades et le confie à un vague militant parfaitement inconnu et prédateur au final.

Sans être vraiment conquise par ce livre, j'ai passé un moment plaisant à le lire.
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J'aurais aimé que ce livre porte un autre titre. Celui qui a été choisi (Le jour où les skateboards seront gratuits) n'est pas mauvais en soi. Et il est emprunté à l'un des nombreux passages émouvants de ces Mémoires. Mais il ne rend pas justice à la délicatesse et à la profondeur de l'ouvrage, à son humour subtil et à son ironie débordante.
Lien : http://www.books.fr/en-libra..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le Che est assassiné, Martin Luther King est assassiné, et Nixon est élu (elle a voté pour Fred Halstead –quarante-et-une mille vois). Après ça, un troisième enfant naît –moi- et pendant ce temps la guerre du Vietnam s’enlise, les manifestations se font plus violentes, et les réunions plus fréquentes. Le mari et la femme continuent encore et encore, de plus en plus loin, de plus en plus vite, jusqu’au jour où survient une pause, brève, tandis que le mari se tient à la porte de leur appartement, la main sur la poignée, n’osant regarder ni sa femme ni ses trois enfants. Il a une expression penaude et un sac de voyage à la main. Puis, il ouvre la porte et sort doucement sur la pointe des pieds et s’enfonce à jamais dans la nuit.
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Les membres du Parti pouvaient en apparence railler les idéaux chrétiens qui prônaient la pauvreté et la renonciation aux biens matériels, mais ils étaient au fond d’eux-mêmes persuadés qu’il n’y avait rien de plus ignominieux que de réussir dans une société aussi moralement corrompue que la nôtre.
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Mais plus que tout mon père est membre –camarade- du Parti Socialiste des travailleurs. Il en est l’un des plus éminents camarades, à vrai dire, et l’a été pendant l’essentiel de ma vie.
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C’étaient des connards de riches, après tout, et je leur en voulais de ce que je n’avais pas.
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Mon père est persuadé que les Etats-Unis seront un jour balayés pat une révolution socialiste.
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