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EAN : 9782916207681
50 pages
Editions Ca et Là (14/04/2012)
3.91/5   11 notes
Résumé :
Les cinq années que Pietro Scarnera a passées auprès de son père, dans un état végétatif de 2003 à 2008, deviennent dans ce livre un témoignage conçu pour montrer au monde extérieur comment une personne vit dans des conditions aussi critiques. Au cours de l’élaboration du projet, le témoignage s’est transformé en récit. Les couloirs et les pièces de d’hôpital, les objets et les règles de vie d’une clinique, la présence sibylline des docteurs servent de fond à la ten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un petit roman graphique (72 pages en style aéré) dont le traitement graphique est très sobre, très simple comme certains dessins de presse, avec un emploi judicieux de la bichromie. Cette technique un peu minimaliste colle très bien au propos.

Il s'agit d'une autobiographie où l'auteur-illustrateur italien Pietro Scarnera nous décrit cinq années de sa vie marquées par l'absence et le vide, au chevet de son père. Celui-ci était tombé dans un coma profond suite à un arrêt cardiaque ayant entraîné une non-oxygénation prolongée du cerveau.

Par sa thématique, cette oeuvre graphique pourrait être rapprochée d'albums réalistes et sombres comme Paul À Québec de Michel Rabagliati, récipiendaire il y a quelque temps du prix FNAC ou de la Parenthèse d'Élodie Durand.

C'est une oeuvre intimiste, sans concession, crue, poignante de réalisme, de dureté aussi. On entre dans les hôpitaux, les cliniques, les centres de réadaptation, on partage le quotidien des proches, fait d'attentes, d'angoisses, de vide, de doutes, de soupçons, et d'espoirs, minces, ténus, mais toujours présents, aux moments les moins opportuns.

On y lit aussi une certaine défiance face au monde médical qui laisse les proches dans l'incertitude, voire le brouillard le plus total, comme s'il avait fait tout son devoir lorsqu'il assure que le coeur d'un patient fonctionne convenablement.

C'est également un voyage dans les souvenirs et la nostalgie, celle du déni de la perte d'un parent, celle d'une prise de conscience que quelque chose est brisé à jamais.

Dessins épurés, textes sobres, mais propos forts, qui témoignent d'une épreuve terrifiante, marquante, probablement formatrice pour ceux qui la vivent. Dépressifs, s'abstenir, mais pour tous les autres, un petit bijou de sincérité et d'expérience vécue. Ceci dit, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'histoire d'un deuil "ante-mortem", qui se fait lentement, mais pas en douceur. Pietro Scarnera pensait avoir perdu son père en le retrouvant sans connaissance, terrassé par une crise cardiaque... le vieil homme en réchappe finalement, mais dans quel état ! Coma profond, et cerveau probablement très endommagé. de sentences médicales pessimistes en infections, l'espoir s'affaiblit pour la famille.

Difficile de faire le deuil d'un défunt, mais difficile aussi et insupportable de perdre l'espoir face à la maladie, au coma... Aussi, lorsque son père apparaît dans les rêves de ce fils adulte, c'est en homme bien vivant et en pleine santé.

Par des dessins épurés, un texte sobre mais émouvant, l'auteur évoque ses visites quotidiennes et éprouvantes à l'hôpital (père momie/méconnaissable, médecins froids...), où il essaie de se persuader que chaque changement du malade est un progrès... Une poignante évocation de la maladie du point de vue des proches, qui se sentent impuissants malgré leur présence, leurs manifestations d'affection, leurs efforts, leurs espérances...

Deux postfaces très intéressantes : une sur le droit à l'euthanasie, une sur le coma.
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Bref, concis et déchirant, ce roman graphique décrit les cinq années pendant lesquelles l'auteur a assisté à l'agonie de son père, en état végétatif depuis une crise cardiaque.

Avec beaucoup de sobriété et d'élégance, on y décrit un cauchemar calme et paisible, fait de silences, de bruits de machines et de terribles moments d'espoir, toujours déçus et de plus en plus rares.

On y parle de l'absurdité de l'acharnement thérapeutique, quand il est devenu clair que la personne touchée n'en est plus une et ne le redeviendra jamais; mais que ses proches, culpabilisés et n'ayant de toute façon aucune autre alternative, sont forcés de la laisser dans cet état jusqu'à ce que mort s'ensuive.

On y décrit les "malades" eux-mêmes, figés dans des poses parfois grotesques, parfois déformés, souvent la trachée ouverte, passant leurs journées entre la télévision, des soins parfois terribles ("l'aspiration"...) et leurs proches, qui, au fil de visites, savent de moins en moins quoi faire pour s'en occuper.
Très souvent, tout ceci se finit, au bout de plusieurs années, par une mort en quelques jours suite à une banale infection.

A un moment, l'auteur déclare: "je continuais de croire, depuis le premier jour, que mon père n'était plus ici. Dans ce lit se trouvait une personne à laquelle j'étais lié d'une certaine façon, mais ce n'était pas mon père. Il m'arrivait bien plus souvent de sentir sa présence lorsque j'étais en dehors de la clinique".
Pour moi, ça résume toute l'horreur de cette situation: la personne atteinte est contrainte de "rester", sous une forme dans laquelle les personnes qui l'aiment ne peuvent plus la reconnaître - et parfois dans des souffrances muettes - tandis que les proches sont contraints de se soumettre à une sorte de mise en scène grotesque, forcés à un espoir que tout le moment sait absurde; et surtout, ils sont dans l'impossibilité de faire leur deuil.
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En 2003, le père de l'auteur fut victime d'un arrêt cardiaque. Si l'intervention des premiers secours le ramène à la vie, il ne se remettra jamais de cette attaque.

S'ensuit une longue prise en charge médicale : Service hospitalier de réanimation, Centre de réadaptation et Clinique privée spécialisée. Ce parcours a duré de 2003 à 2008. Cinq années à visiter son père quotidiennement, à relayer les membres de sa famille pour assurer une présence permanente auprès de ce père devenu absent. Cela dans le but de le stimuler, de le solliciter… et d'apprendre à l'aimer autrement.

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En postface, Fulvio de Nigris (Directeur d'un Centre d'études pour la recherche sur le Coma) souligne que « le coma représente un changement, pas seulement pour le patient, mais aussi pour les membres de sa famille qui doivent établir une relation avec une personne différente. le premier contact avec cette nouvelle personne (…) est une situation déroutante, face à laquelle il est difficile de savoir comment se comporter. Il peut y avoir une situation de rejet, mais cela peut également être le commencement d'un parcours vers l'acceptation et l'adaptation ».

C'est de cette démarche individuelle dont il est question dans cet album. le ton intimiste teinte le récit dès la première planche. Les dessins minimalistes imposent une forme de silence respectueux, il m'a accompagné durant toute la lecture.

En toute simplicité et de manière très humaine, Pietro Scarnera parle de son expérience. Au moment du drame, en 2003, l'auteur avait 24 ans. Avec pudeur, il se souvient de ce qu'était son quotidien : ses inquiétudes, ses attentes et tout le panel d'émotions par lequel il est passé. Un homme en permanence tiraillé par des sentiments contraires, entre l'espoir d'une possible amélioration et le besoin que tout s'arrête pour pouvoir enfin tourner la page sur cette interminable lutte contre la mort. On a l'impression qu'il a affronte seul les événements, comme s'il ne souhaitait pas déstabiliser davantage les membres de sa famille en se confiant à eux. Il tente de rationaliser les réactions physiques de son père… et il espère. Parfois, on le sent flotter, incapable de maîtriser ce sentiment d'angoisse permanente qui l'habite. En parallèle, on le voit attentif au fait de ne pas fuir sa propre vie : poursuivre ses études et maintenir un minimum de liens amicaux (mais on ne le verra pas en dehors des murs des établissements de soins). L'album dispose d'un rythme narratif atypique puisque le temps est suspendu aux battements de coeur saccadés du père de l'auteur.

Sans pathos et sans amertume, ce témoignage est certainement l'occasion pour l'auteur de conclure significativement ce long travail de deuil débuté malgré la présence de son père. Grâce à des ressentis qu'il exprime très clairement, on comprend sans difficulté comment telle ou telle situation se sont imprimées dans sa mémoire, à tel point qu'il peut les retranscrire fidèlement. J'ai trouvé ce récit fluide et accessible. Car s'il m'est facile d'imaginer ce qu'induit le fait de vivre aux côtés d'une personne en train de mourir, il m'est plus difficile d'appréhender la souffrance et l'inquiétude permanente que cela sous-tend à très long terme. Cinq ans ! Voire plus pour certaines familles croisées durant ce témoignage. Pietro Scarnera nous fait percevoir cette réalité.
(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Je ne suis pas une grande lectrice de BD, je n'en lis pratiquement jamais, mais c'est assez secouée que je referme cet ouvrage.

Dans Journal d'un adieu, Pietro Scarnera évoque les cinq années qui ont suivi l'attaque cardiaque de son père. Il y décrit aussi bien les conditions de vie des patients (machines, chambres d'hôpital, diverses infections...), que les émotions que peut ressentir un proche dans une telle situation: cette personne est-elle toujours celle que j'ai connu auparavant? Dois-je me sentir me coupable de penser que la mort serait une délivrance pour elle?...

Le style des dessins est en complète adéquation avec le texte: ils réussissent à traduire l'absurdité de certaines situations, et aussi à traduire les sentiments de manière très vraie.
Les sujets sensibles que sont la fin de vie, l'acharnement thérapeutique et la question de savoir si l'on a le droit ou non de décider de sa mort, sont traités ici de manière sobre et cartésienne, sans tomber dans des pages de pathos.

En bref, il s'agit d'une bande dessinée qui évoque un sujet pas amusant, mais qui pose des questions essentielles. Elle le traite avec le ton adéquat et c'est ce qui plait.
Je la recommanderais vivement à toute personne traversant ce type de situation, car je pense qu'elle peut vraiment aider à se sentir moins seul et à mieux comprendre ce que l'on ressent face à une telle épreuve.

Sans doute, l'émotion que cette lecture a suscité en moi n'est pas étrangère au fait que j'ai perdu moi aussi une personne proche, il y a moins d'un mois, après plusieurs années dans un état quasi-végétatif, mais j'ai dans tous les cas été extrêmement séduite par cette bande dessinée, et dire encore une fois que je la recommande chaudement ne sera pas de trop.
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critiques presse (1)
BDGest
02 mai 2012
Une œuvre lente, sincère et silencieuse qui aborde des thèmes difficiles, tels que la maladie, l’acharnement thérapeutique et la mort, tout en rendant hommage à la mémoire d’un père, celui de l’auteur.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je les ai vus fermer le cercueil, cimenter la niche. J'ai dû, mais peut-être aussi l'ai-je voulu, tout voir. Est-ce mal de dire que j'ai aussi éprouvé du soulagement ?
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Avec le temps, j’avais appris à me défendre. J’avais conçu des méthodes pour éviter d’être atteint par les choses qui m’entouraient. Quand j’allais voir mon père à la clinique, par exemple, je me réfugiais dans les mots croisés. (…) C’était ma méthode pour éviter d’appartenir à cet endroit, aux choses que je voyais ici
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Mais moi, je ne comprenais rien à la personne étendue sur ce lit. Peut-être que mon père, mon père tel que je m’en souvenais moi, était piégé quelque part et ne pouvait me répondre… ou peut-être était-il déjà autre part ? Peut-être que je l’avais perdu ce matin-là, quand son cœur s’était arrêté. Et pourtant, il n’y avait aucun doute que son corps était encore en vie, ses poumons respiraient encore, et son cœur battait à nouveau
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Nous étions traumatisés, chacun trop occupé par sa propre douleur pour se soucier de celle des autres.
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C’était comme si l’idée que j’avais de mon père avait explosé en mille fragments le matin où son cœur s’est arrêté, créant ainsi un puzzle que je n’arrivais plus à recomposer
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