C'est étonnant qu'il n'y ait ici aucun compte-rendu de lecture de ces
Chroniques napolitaines. Est-ce un sujet si difficile ? J'avoue que je n'ai pas un sentiment univoque en refermant ce livre. Il se présente comme une suite de récits d'événements réels « couvrant les scandales des plus puissantes familles du royaume de
Naples, du XVe au XVIIIe siècle ».
L'un au moins de ces scandales est connu (au moins de mélomanes dans mon genre) : le prince et compositeur Gesualdo a assassiné sa jeune épouse et son amant. Tous sont entre l'invraisemblable et le difficilement croyable : joli choix pour des faits réels. Quasiment tous baignent dans une atmosphère de sexe et de mort, et il faut souvent avoir le coeur bien accroché pour supporter des détails pervers et surtout extrêmement violents, la justice et la religion de ces époques ne reculant devant aucune horreur pour obtenir et sanctionner leur « vérité ».
Cependant, par-dessus un évident désir de choquer,
Jean-Noël Schifano montre surtout une écriture extraordinaire, faite de phrases longues et contournées, et de mots rares et précieux. Et c'est la première qualité que j'ai aimée dans ce livre, bien qu'elle exige une lecture attentive et parfois fatigante.
Au fil des pages, j'ai de plus en plus apprécié l'amour de
Naples que l'auteur veut nous faire partager. Au-delà de quelques notes proches du cliché (tout napolitain est la proie de désirs violents, tout se sait toujours à
Naples...), il construit une ambiance faite de paysages (Le Vésuve, ses laves ardentes, ses secousses, les falaises, la mer, les ports de pèche, les avenues et les ruelles, les palais et les souterrains...) et de sentiments partagés par l'élite et la foule.
Retenez vos vomissements, que seul le Vésuve éructe ses flots dévastateurs, et aimez avec
Jean-Noël Schifano l'éternel peuple de
Naples et avec moi son écriture baroque.