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Sylvain Fort (Traducteur)
EAN : 9782851814050
180 pages
L'Arche (13/03/1998)
3.75/5   71 notes
Résumé :
C'est l'une des œuvres emblématiques du mouvement littéraire allemand Sturm und Drang. Elle a été créée le 13 janvier 1782 à Mannheim, où elle fit une forte impression. La pièce met en scène le comte Maximilian von Moor et ses deux fils, Franz et Karl. La jalousie qu'éprouve Franz pour son frère le pousse à mentir à son père sur le comportement de Karl parti étudier à Leipzig. Face aux accusations de vols et de luxure Maximilian répudie son fils. Cette nouvelle c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Schiller... dans les bottes ! Me pardonnerez-vous ce mauvais jeu de mots, ce calembour plus futile qu'utile (cette « fiente de l'esprit qui vole », comme aurait écrit quelqu'un dont le prénom commence par un V et le nom par un H) ? Mais il faut bien reconnaître qu'il donne un sacré coup de massue, l'animal, un vaste coup de pied dans la fourmilière avec ses Brigands, l'ami Schiller.

Comme je n'ai pas peur des mots, et encore moins du ridicule, je dis que cette pièce est une pièce maîtresse de la littérature mondiale, malgré ses faiblesses, ou plutôt même, en raison de ses faiblesses. C'est un peu comme les premiers tubes des Beatles, il y a à redire, c'est indéniable, mais quel jus, quel peps !

Cette pièce en particulier, ainsi que l'autre élément déclencheur, à savoir Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe ont changé la face du monde littéraire (et peut-être même un peu plus).

Nous sommes au XVIIIème siècle finissant, la Révolution Française n'a pas encore eu lieu mais pourtant, tous les ferments de la révolte sont là. le Romantisme allemand va naître de ça, et de là, le Romantisme tout court, avec toutes les suites qu'on lui connaît.
Et tout ça, cela vient d'où ? du Werther de Goethe et des Brigands de Schiller.

Alors, c'est vrai, je l'admets, elle n'est pas parfaite cette pièce, c'est une oeuvre de jeunesse, elle en porte tous les stigmates. Johann Christoph Friedrich Schiller ne s'appelle pas encore " von " Schiller, il a encore toute la fougue et l'inexpérience de son jeune âge, mais aussi, et surtout, toutes les qualités.

Alors oui, c'est vrai, c'est manichéen, c'est un peu brouillon, ça s'inspire sans doute un peu d'un passage d'une pièce de Shakespeare (Les Deux Gentilshommes de Vérone), mais c'est vivant tout plein, c'est bouillonnant. C'est nez au vent, c'est poitrine à l'air, ça n'en garde pas sous le pied, ça crache quand ça a envie de cracher, ça cogne quand ça a envie de cogner, ça pleure quand ça a envie de pleurer.

Bref, c'est à l'image du jeune Schiller, dont on sait tout le rocambolesque qui accompagne sa légendaire fuite de l'armée pour aller voir sa pièce montée (oui, je sais, ça commence à faire beaucoup pour les calembours foireux, veuillez m'excuser, j'ai dû avaler cette nuit par mégarde un pétard normalement destiné à un fl... euh, au 14 juillet je voulais dire et qui me reste sur l'estomac).

Évidemment, il y a un petit côté Robin des Bois dans le Karl von Moor des Brigands, mais avec un côté tellement plus désespéré. le thème principal de la pièce semble être le non-retour, la perte, le fait que ce qui est perdu, l'est à jamais. Un sens du tragique déjà admirable chez ce tout jeune auteur.

Nous sommes donc aux prises avec un vieux noble, le Prince von Moor, père de deux fils. L'un, Karl, brillant, noble, généreux adulé de tous mais qui, avec ses excentricités, a une fâcheuse tendance à brûler la chandelle par les deux bouts. L'autre, Franz, noueux, perfide, hypocrite et truqueur sait se montrer plus discret et moins excentrique, du moins, aux yeux de tous.

Un revers de fortune (que je ne vous révèle pas) conduit Karl à la faillite matérielle et sociale, lesquelles, en retour, le conduisent au brigandage. À telle enseigne que Karl van Moor va prendre la tête d'une redoutable bande de brigands qui sèment la terreur dans toute la Bavière et les régions environnantes jusqu'à la Bohème (l'actuelle République Tchèque — Bavière et Bohème ayant d'ailleurs la même origine étymologique).

Mais Karl von Moor est un chef de bande atypique, adulé de ses hommes en raison de sa vaillance et de son désintéressement. Sens de l'honneur porté jusqu'à son paroxysme, coups d'éclats retentissants auprès des riches et des puissants, parfois grand seigneur auprès des pauvres et des déshérités.

La tragédie de Schiller aura du retentissement en Allemagne et même bien plus loin en Europe, car qui pourrait dire qu'il n'y a pas une forte empreinte des Brigands dans le Doubrovski de Pouchkine et même, dans un autre registre et une autre époque, dans Les Trois Brigands de Tomi Ungerer ?

La pièce est pendant un bon bout de temps très agréable ; c'est seulement sur la fin, notamment le cinquième acte, que j'ai un peu souffert et que j'ai ressenti le vieillissement de la mouture. Donc, oui, certaines choses ont pris un petit coup de vieux depuis plus de deux siècles, mais une pièce qui a bien d'autres mérites et qui jalonne l'histoire dramatique et littéraire mondiale ce qui en fait, à mes yeux, un détour obligé pour tous les amoureux d'ontogenèse littéraire, mais ce n'est là, bien évidemment, que mon brigand d'avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
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Chiller aves Schiller,

Les Brigands est le succès de jeunesse de l'immense dramaturge allemand, égérie du romantisme, avec son meilleur pote Goethe.

"Hélas ! Aux coeurs heureux les vertus sont faciles !"

Charles de Moor est un damné de la terre, s'il n'y a pas d'amour heureux, comme écrivait Aragon, alors personne ne l'emportera au Paradis. Ce sanguinaire héros romantique ne saurait souffrir que d'aucun survive effrontément à son trépas. le romantisme transforme des êtres contingents et facultatifs en des vies indispensables à la nôtre et par là-même les objectivent, êtres-objets de notre possession, loin de toute la résilience et du relativisme moderne.

Il faut dire aussi que le romantisme, qui place l'amour-passion au dessus de tout, qui déborde et qui nous dit qu'il ne faut pas dominer ses passions, arrive aussi après des siècles de contraintes dans le domaine marital, c'est un exutoire, certes excessif, mais qui répond à l'excès inverse qui a longtemps prévalu. Ce jusquauboutisme, cette soif d'absolu, comme la levée d'une chape de plomb ?

Ce drame en 5 actes se laisse lire fort aisément, l'auteur l'écrit en 1781 aux prémices du romantisme: comment s'incarnera-t-il en littérature ? Une tragédie et un héros, qui se dresse face aux circonstances accablantes, inextricables, de l'existence, déchiré et trahi, mais dans un refus absolu de nuance, de sagesse, de compromis…

Mais ces héros romantiques allemands sont parfois monstrueux de possessivité, d'orgueil ce qui fait que l'on évite l'écueil du bon héros manichéen, parfois misérabiliste ou trop plein de complaisance qu'on a pu trouver chez un certain nombre de romantiques français, de Guernesey à Saint-Malo, et jusqu'aux contreforts du mâconnais… Sans une petite goutte d'ammoniaque comme disait Albert Cossery, sans un peu de la perversité d'une héroïne de Françoise Sagan ou de la rugosité d'un personnage de Simenon bref sans méchanceté on a pas l'humanité, on n'est pas crédible pour le lecteur, on n'a pas d'empathie quand tout est trop lisse et idéaliste.

L'attitude sans compromission des héros de l'époque en dit long sur le moral des jeunes artistocrates de la fin du XVIIIe siècle… le Werther de Goethe ne sera-t-il pas lui-même à l'origine d'une vague de suicides plus qu'inquiétante, suicides d'amants éconduits, mais aussi de tourtereaux, à l'image de celui orchestré par le dramaturge Kleist, à tel point que les intellectuels de l'époque, en aval de la condamnation aveugle de l'Eglise, s'emparent du sujet, à l'image de Madame de Staël et ses “réflexions sur le suicide”. L'aura de ce trépas volontaire, que chaque écrivain se refile comme le chapitre conclusif un peu facile, se poursuit jusqu'à la fin du XIXe siècle, le romantique Victor Hugo par exemple, clôt son Homme qui rit sous les flots…

Qu'en pensez-vous ?
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Je ne m'attendais vraiment pas à prendre autant de plaisir à lire cette pièce de Schiller, la première qu'il ait écrite, je crois. Je voulais surtout me coucher moins bête et découvrir l'auteur qui, à l'instar de Goethe, est indissociable de la culture et de la pensée allemandes.

J'ai vraiment beaucoup apprécié "Les Brigands", tragédie en cinq actes, et je me la suis très bien représentée jouée tout au long de ma lecture. C'est presque du romantisme avant l'heure bien que ça sonne terriblement comme du Shakespeare. Sauf que j'ai davantage aimé que Shakespeare qui a tendance à m'ennuyer ferme, exception faite d'"Othello", remarquable, et de "Beaucoup de bruit pour rien", inégalable dans le genre tragi-comique. Mais revenons aux "Brigands" de Schiller.

Le comte de Moor est un vieillard qui a deux fils, Charles et François - quel blasphème que le traducteur ait traduit ces deux prénoms ! - et une nièce, Amélie. Charles est le chouchou, François est l'envieux ; Amélie est folle du premier et convoitée par le second. Parti à l'Université mais requestionné pour la guerre, Charles est loin du logis et François qui le déteste le fait passer pour indigne puis pour mort. Son objectif : de cadet passer à aîné et hériter. Charles, se croyant maudit par son père, se fait bandit de grand chemin, chef de bande quelque part entre Robin des Bois et Cartouche. A partir de là, aventure sur aventure : dettes d'honneur, serments fraternels, parricide, fratricide, féminicide, assassinats, incendie, et j'en passe. Bref, pas le temps de reprendre son souffle, il faut garder le rythme. C'est parfaitement structuré et écrit, lyrique dans les paroxysmes de l'action, émouvant dans les intervalles.

Conquise par le théâtre de Schiller, ma prochaine étape : approcher sa poésie même si lire une poésie traduite est toujours plein de périls.

Challenge SOLIDAIRE 2020
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Pièce lue pour remplir le Challenge Solidaire et franchement je me suis forcée, j'ai mis plus d'un mois et je n'ai pas apprécié ! Non pas l'histoire en elle-même mais la lecture du théâtre me rebute alors que j'adore y aller ! du coup je n'ai pas savouré un seul instant, à tenter de m'y retrouver dans les personnages. Je ne m'autorise pas à mettre une note, n'ayant aucune capacité à juger ces écrits !

Le théâtre allemand du XVIIIè siècle m'a toujours semblé ardu et von Schiller n'a pas faussé mon opinion. Je vous laisse donc lire le résumé puis les autres critiques, la mienne n'a de critique le nom !

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE SOLIDAIRE 2020
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Je viens de finir Les brigands de Schiller, et je ne sais que dire. Ça m'a paru fort mais pourtant parfois un peu obscur. D'autant que cette oeuvre a été écrite en 1782, et que les sentiments mais surtout leur expression a beaucoup évolué. Oeuvre du Sturm und Drang on ne peut évidemment s'attendre à ce qu'elle soit mièvre.
C'est une histoire de jalousie entre deux frères, l'un Karl admiré du père, Maximilian de Moor tandis que le second Franz est jugé commun. L'aîné est parti étudier dans une autre ville et Franz en profite pour faire croire à son père qu'il est devenu un débauché. Sous couvert de décharger son père d'un acte difficile, le mauvais frère écrit à Karl que son père le renie alors que celui-ci lui a recommandé de ne pas le désespérer.
Il y a alternance des scènes entre le château et les forêts de Bohème où Franz se fait brigand avec ses camarades. Il en devient le capitaine et promet de ne jamais les quitter.
Auprès du vieux Moor vit Amalia, la fiancée de Karl que Franz veut séduire non par amour mais par haine. Il envisage aussi de se débarrasser du vieillard qui ne meurt pas assez vite pour devenir lui-même comte.
Encore une découverte qui en valait le coup. Merci le challenge théâtre.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
SPIEGELBERG : Qu'appelles-tu honnête ? Enlever à des richards un tiers des soucis dont ils ont par-dessus la tête et qui leur ôtent le bien précieux du sommeil, remettre en circulation l'or qui croupit, rétablir l'équilibre des fortunes, en un mot, ramener l'âge d'or, débarrasser le bon Dieu de plus d'un pensionnaire encombrant, lui épargner la guerre, la peste, la vie chère et les docteurs, c'est cela, vois-tu, ce que j'appelle être honnête, et je dis que c'est mettre un digne instrument dans les mains de la Providence.

( Was heissest du ehrlich ? Reichen Filzen ein Dritteil ihrer Sorgen vom Hals schaffen, die ihnen nur den golden Schlaf verscheuchen, das stockende Geld in Umlauf bringen, das Gleichgewicht der Güter wiederherstellen, mit einem Wort, das goldne Alter wieder zurückrufen, dem lieben Gott von manchem lästigen Kostgänger helfen, ihm Krieg, Pestilenz, teure Zeit und Doktors ersparen – siehst du, das heiss' ich ehrlich sein, das heiss' ich ein würdiges Werkzeug in der Hand der Vorsehung abgeben.)

Acte I, Scène 2.
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KARL : Je prends en dégoût notre siècle de barbouilleurs d'encre. [...] Ils grouillent maintenant comme des rats sur la massue d'Hercule, et ils étudient la moelle de son crâne, se demandent ce qu'il avait bien dans les couilles. Un abbé français nous enseigne qu'Alexandre était une poule mouillée, un professeur tuberculeux se met à chaque mot un flacon de sels sous le nez et fait une conférence sur la force. [...] Belle récompense pour vos sueurs sur le champ de bataille que de survivre dans la mémoire des collégiens et de voir ces écoliers traîner péniblement votre immortalité dans la courroie qui porte leurs livres.

(Mir ekelt vor diesem tintenklecksenden Säculum. [...] Da krabbeln sie nun, wie die Ratten auf der Keule des Herkules, und studieren sich das Mark aus dem Schädel, was das für ein Ding sei, das er in seinem Hoden geführt hat ! Ein französischer Abbé doziert, Alexander sei ein Hasenfuss gewesen, ein schwindsüchtiger Professor hält sich bei jedem Wort ein Fläschchen Salmiakgeist vor die Nase, und liest ein Kollegium über die Kraft. [...] Schöner Preis für euren Schweiss in der Feldschlacht, dass ihr jetzt in Gymnasien lebet, und eure Unsterblichkeit in einem Bücherriemen mühsam fortgeschleppt wird !)

Acte I, Scène 2.
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FRANZ : J'ai grandement le droit d'être fâché contre la nature, et, par mon honneur ! ce droit, je le ferai valoir. Pourquoi n'est-ce pas moi qui suis sorti le premier du ventre de ma mère ? Pourquoi ne suis-je pas fils unique ? pourquoi fallut-il que je fusse chargé du fardeau de la laideur ? pourquoi justement moi ? tout comme si ma naissance eût été quelque faillite ? Pourquoi pour moi ce nez de Lapon, cette gueule de moricaud, ces yeux de Hottentot ? Vrai, je crois que la nature a fait un ramassis de ce qu'il y avait de plus abominable dans toutes les espèces humaines, et qu'elle m'a pétri de cette pâte. Au meurtre ! qui lui a donné pleins pouvoirs pour tout accorder à l'autre, et tout me refuser ?

(Ich habe grosse Rechte, über die Natur ungehalten zu seyn, und bey meiner Ehre! ich will sie geltend machen. – Warum bin ich nicht der erste aus Mutterleib gekrochen ? Warum nicht der Einzige ? Warum mußte sie mir diese Bürde von Häßlichkeit aufladen ? gerade mir ? Nicht anders als ob sie bey meiner Geburt einen Rest gesezt hätte ? Wann gerade mir die Lappländers Nase? Gerade mir dieses Mohrenmaul? Diese Hottentotten Augen ? Wirklich ich glaube sie hat von allen Menschensorten das Scheußliche auf einen Hauffen geworffen, und mich daraus gebacken. Mord und Tod ! Wer hat ihr die Vollmacht gegeben jenem dieses zu verleyhen, und mir vorzuenthalten ?)
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FRANZ : (troublé) Si au moment de mourir l'effroi me saisit?
MOSER : J'ai vu déjà d'autres misérables qui, jusqu'à ce moment-là, opposaient à la vérité un défi opiniâtre, mais, en face de la mort elle-même, l'illusion s'évanouit. Je me tiendrai à votre chevet quand vous mourrez - j'aimerais voir partir un tyran - je serai là, et je vous regarderai dans les yeux quand le médecin prendra votre main froide et couverte de sueur, qu'il pourra à peine trouver votre pouls imperceptible, qu'il lèvera les yeux et vous dira, avec son terrible haussement d'épaules : tout secours humain est impuissant. Prenez garde alors, prenez garde de ne pas avoir l'apparence d'un Richard ou d'un Néron.
FRANZ : (se promenant avec agitation) Bavardage de curés que tout cela!
MOSER : Alors, pour la première fois, les glaives de l'éternité traverseront votre âme, et cette première fois sera trop tard. L'idée de Dieu éveille une terrible voisine, qui est l'idée du Juge. Vous, Moor, vous avez entre les mains la vie de milliers d'hommes, et, sur mille, vous en avez rendu malheureux neuf cent quatre-vingt-dix-neuf. Pour être un Néron, il ne vous manque que l'empire romain, pour être un Pizarre que le Pérou. Eh bien! croyez-vous donc que Dieu va permettre à un seul homme de se conduire comme un furieux dans son univers, et de mettre tout sens dessus dessous? Croyez-vous donc que ces neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ne soient là que pour leur ruine, pour servir de jouets à vos sataniques amusements? Oh! ne le croyez pas. Toutes les minutes que vous avez tué pour les autres, toutes les joies que vous leur avez empoisonnées, toutes les perfections dont vous leur avez barré le chemin, il vous en sera demandé compte un jour, et si vous trouvez quoi répondre, Moor, vous aurez gagné.
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FRANZ : C'est ton père : il t'a donné la vie, tu es sa chair, son sang, il doit donc être sacré pour toi. Voilà encore un raisonnement plein d'astuce. Je demanderais pourtant : pourquoi m'a-t-il fait ? pourtant pas par amour pour moi, qui devais seulement être appelé à l'existence ? M'a-t-il connu avant de me faire, a-t-il pensé à moi en me faisant ? A-t-il souhaité que je sois, en me faisant ? Savait-il ce que je serais ? Je ne le lui conseille pas, autrement j'aurais à le punir de m'avoir fait quand même. Puis-je lui en savoir gré, si je suis devenu un homme ? tout aussi peu que je pourrais l'accuser s'il avait fait de moi une femme. Puis-je reconnaître un amour qui n'est pas fondé sur la reconnaissance de mon moi ? Cette reconnaissance pouvait-elle exister, alors que ce moi ne devait être appelé à l'existence que par cet amour dont il doit être la condition préalable ? Où y a-t-il là quelque chose de sacré ? Peut-être dans l'acte même qui m'a appelé à la vie ? Comme si cet acte était autre chose qu'un bestial procédé pour la satisfaction d'un désir bestial ?

(Es ist dein Vater ! Er hat dir das Leben gegeben, du bist sein Fleisch, sein Blut – also sey er dir heilig ! Wiederum eine schlaue Konsequenz ! Ich möchte doch fragen, warum hat er mich gemacht ? doch wol nicht gar aus Liebe zu mir, der erst ein Ich werden sollte ? Hat er mich gekannt ehe er mich machte ? Oder hat er an mich gedacht, wie er mich machte ? Oder hat er mich gewünscht, da er mich machte ? Wußte er was ich werden würde ? das wollt ich ihm nicht rathen, sonst möcht ich ihn dafür strafen, daß er mich doch gemacht hat ? Kann ichs ihm Dank wissen, daß ich ein Mann wurde ? So wenig als ich ihn verklagen könnte, wenn er ein Weib aus mir gemacht hätte. Kann ich eine Liebe erkennen, die sich nicht auf Achtung gegen mein Selbst gründet ? Konnte Achtung gegen mein Selbst vorhanden seyn, das erst dadurch entstehen sollte, davon es die Voraussetzung seyn muß ? Wo stikt dann nun das Heilige ? Etwa im Aktus selber durch den ich entstund ? – Als wenn dieser etwas mehr wäre als viehischer Prozeß zur Stillung viehischer Begierden ?)
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