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EAN : 9782362010156
304 pages
L’Editeur (07/10/2010)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Instant damnés a pour cadre la prison de Clairvaux où l’auteur a purgé la plus grande partie de sa peine et qu’il décrit en ouverture de son livre. Dans ce décor unique et immuable où drogues et alcool circulent partout, on croise des détenus dont le pittoresque cache mal le désespoir, mais pour qui la solidarité n’est pas un vain mot. Cependant, Régis Schleicher est bien plus qu’un observateur, il dit comment, pour survivre dans de telles conditions, un homme doit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Régis Schleicher a passé 25 années de sa vie en prison dont une grande partie à la prison de Clairvaux qui constitue le cadre de ce témoignage. Membre d'Action directe, il a été arrêté en 1984, condamné à la réclusion perpétuelle avec une période de sûreté incompressible de 15 ans. Comme l'indique l'auteur p. 54, la période de sûreté est la « période durant laquelle un condamné ne peut bénéficier d'aucun aménagement de peine ». Dans ce livre en forme de témoignage, il raconte son quotidien, émaillé de rencontres fortes et dresse le portrait d'hommes et de femmes qui l'ont marqué.

L'auteur se livre à travers de courts chapitres titrés qui abordent des thèmes variés, ayant tous trait au quotidien de la prison, des plus légers au plus graves. Dans un chapitre intitulé « Les frites », Régis Schleicher traite de la question de la nourriture qui « tient une place centrale dans les rythmes et les conversations de tous les lieux : asiles, prisons, hôpitaux, etc., où l'on vit claustré » (p. 65). le mercredi, jour des frites, revêt une place centrale dans le morne quotidien des prisonniers. Mais les thèmes abordés sont souvent plus graves, telle la réflexion autour des suicides en prison ou bien la question du droit au parloir. L'auteur évoque également « la belle », ces évasions, réussies ou ratées. Il connaît bien la question puisqu'en 2003, il a tenté de s'évader de la prison de Moulins, réputée la plus sécurisée de France.

Bien souvent, l'auteur dresse des portraits de taulards sans concession, narrant des histoires singulières, des parcours de vie. Toujours des histoires de très longues peines, à l'image de la sienne. Un portrait a retenu mon attention, celui de Chriske qui est l'illustrateur du présent témoignage. Chriske est un détenu, tout comme l'a été Schleicher, qui a tenté maintes fois de s'enfuir, qui incarne « les ailes brisées de la liberté » (p. 220). Ce détenu possède un coup de crayon talentueux : il exerce « comme caricaturiste en titre d'un grand quotidien régional, Les Dernières nouvelles d'Alsace, forçat certes, mais de l'actualité » (p. 221). Les dessins sont ironiques, acerbes, mordants, dénonçant les réalités que pointe Schleicher, venant les appuyer par le talent de son crayon.

J'ai trouvé le style de l'auteur lourd et maladroit : on note une alternance entre des phrases très (trop) travaillées avec des termes recherchés relevant du langage soutenu et un parler argotique propre au langage des prisonniers, donnant lieu à des notes explicatives. Certaines phrases sont difficiles à comprendre et nécessitent plusieurs lectures.

On peut noter également beaucoup de prises de position polémiques sur le système carcéral et le monde de la justice. Bien que s'en défendant, l'auteur fait montre de beaucoup de manichéisme : « Il convient cela dit de relativiser. Car le cerveau manichéen du taulard éprouve le travers souvent de ne mémoriser que les éléments l'ayant impressionné sur le mode négatif, rarement le bien dont il a été le témoin ou dont il a fait l'objet » (p. 195). Sa vision de la prison reste très noire, même si, au final, il livre aux lecteurs des éléments plus positifs, à travers les rencontres qu'il a pu faire lors de son incarcération : « Mais de tout ce sordide me restera surtout le souvenir de la chance, rare, dont j'ai bénéficié. La rencontre d'hommes vrais et honnêtes, entiers, fiers et altiers, loyaux, dont certains m'ont honoré de cette espèce de fraternité qui lie les êtres lorsque l'horizon s'est fermé et qu'il ne reste plus que la vérité » (p. 292). Il témoigne de ces rencontres singulières dans les nombreux portraits qu'il brosse au fil de son ouvrage.

« Clairvaux : instants damnés » se conclut par une sortie en demi-teinte, sous la forme d'une libération conditionnelle en centre de semi-liberté : « […] « ils » m'avaient pris vingt-cinq années de ma vie, et dérobé jusqu'au plaisir d'une franche sortie » (p. 302).

Un témoignage intéressant sur les très longues peines mais subsiste l'impression que l'auteur s'est très peu livré sur lui-même. Il parle peu de sa propre condamnation, de son parcours, de ses états d'âme. On peut seulement les inférer de ses portraits et réflexions sur le quotidien usant de la prison.
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Régis Schleicher est un ancien membre d'Action Directe, groupe armé anarcho-communiste. Il est condamné deux fois à la réclusion à perpétuité pour sa participation à la fusillade de l'avenue Trudaine le 31 mai 1983, qui coûta la vie à deux policiers. Sa peine fut assorti d'une peine de sûreté incompressible de 15 ans.
Après sa tentative d'évasion de la prison de Moulins, réputée la plus sécurisée de France, il est transféré à la maison centrale de Clairvaux. Après vingt cinq ans passés derrière les barreaux, depuis sa première incarcération, il bénéfie d'un régime de semi liberté, puis d'une libération conditionnelle le 26 mai 2010.

Dans Clairvaux instants damnés, Régis Schleicher revient sur ces nombreuses années d'enfermement en nous dévoilant son quotidien parmi les exclus de la société.
Le livre est composé des souvenirs instantanés, de personnes qui ont marqué sa vie de taulard, qu'elles soient détenus comme lui ou membres du personnel. Chacune d'elles lui a offert des moments qu'il a gravé dans sa mémoire.
Mais il est aussi rythmé par ses réflexions sur la détention et les conditions d'enfermement dans les établissements pour longues peines.
Avec beaucoup de diplomatie et de pertinence, il met au jour les discordances naturelles entre les détenus et ceux qui sont en charge de les garder. Cette cohabitation forcée met en évidence des dysfonctionnements nuisibles à la socialisation d'individus mis au ban de la société.
Beaucoup de sujets viennent nourrir ses pensées. Il revient entre autre sur le problème de promiscuité et d'atteinte aux moeurs lors des parloirs.Ce lieu où les détenus reçoivent les visites de leurs proches est aussi celui de moments intimes maladroits pour les couples. Ce qui donne forcement lieu à des débordements et des heurts. Depuis des solutions ont été trouvées pour régler ce problème au travers des salons familiaux ou des unités de visite familiale. Schleicher parle très peu de lui. Il dépeint ses camarades d'infortune et ce qu'ils lui ont apporté.

Ce témoignage, écrit avec pudeur mais discernement, offre 300 pages d'un quotidien sous surveillance.

Ce livre m'a été offert dans le cadre de l'opération masse critique organisée par Babelio. Je les en remercie, ainsi que l 'Editeur pour l'envoi de cet ouvrage.

Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les gens qui peuplent ces pages aussi ont laissé en moi des traces , aujourd’hui , eux aussi me ' constituent ' . Ils m'ont aidé à me situer , par adhésion ou par répulsion , c'est selon .Je tenais à rendre hommage à ceux qui m'ont permis de demeurer un être capable d'émotions et de choix .
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Mais de tout ce sordide me restera surtout le souvenir de la chance, rare, dont j’ai bénéficié. La rencontre d’hommes vrais et honnêtes, entiers, fiers et altiers, loyaux, dont certains m’ont honoré de cette espèce de fraternité qui lie les êtres lorsque l’horizon s’est fermé et qu’il ne reste plus que la vérité.
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Le loup de la fable n'en finissant jamais de revêtir la peau de l'agneau, je préconise le cuir bien dur et les dents pointues pour s'en préserver !
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Il convient cela dit de relativiser. Car le cerveau manichéen du taulard éprouve le travers souvent de ne mémoriser que les éléments l’ayant impressionné sur le mode négatif, rarement le bien dont il a été le témoin ou dont il a fait l’objet. Un hommage doit donc légitimement être rendu à ceux qui le dispensent.
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