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Bernard Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782070404582
249 pages
Gallimard (23/02/1999)
4.01/5   4186 notes
Résumé :
À quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard ; Michaël assiste, dans le cadre de ses études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Ha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (398) Voir plus Ajouter une critique
4,01

sur 4186 notes
Et voilà… ce soir je viens de tourner la dernière page du livre le liseur. Je ne sais pas si vous avez un pincement, parfois, vous aussi, lorsque cette fichue dernière page est finalement tournée ? Et bien là, c'est le cas.
Le liseur, c'est l'histoire d'un homme, Michaël, qui, toute sa vie, sera obnubilé par la première femme dont il est tombé amoureux, alors qu'il n'avait que 15 ans : Hanna.
Rapidement, elle réclame qu'il lui lise des livres, après, voire avant leurs ébats. Elle est passionnée par ses lectures, qu'elle écoute avec avidité.
Et puis un jour, sans la moindre explication, Hanna disparaît.
Il la retrouvera des années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, lors d'un procès sur des gardiennes de camps de concentration.
Hanna est l'une des accusées.
Imaginez... vous découvrez que celle que vous avez adulée, a pris part à ce qui vous fait le plus horreur dans l'histoire de votre pays.
C'est un terrible choc. Et c'est d'autant plus culpabilisant pour Michaël qu'il n'arrive pas à tourner la page, à ne plus penser à Hanna. Elle est en lui.
L'auteur nous guide dans les méandres des pensés du narrateur et on suit ses questionnements sans violences, sans heurts… mais hélas sans réponse non plus…
Comme lui, on est sous le charme d'Hanna, on préfèrerait tellement la haïr, mais non, elle nous touche malgré nous…
Il est question d'analphabétisme également dans ce livre, et des engrenages qu'un tel manque peut générer (et ce point me touche également beaucoup).
Je conseille évidemment ce roman.
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Lu puis vu dans la foulée . Une fois n'est pas coutume , la version cinématographique tres fidele m'a beaucoup plus enthousiasmé que la version papier...Winslet y est juste éblouissante !

Une fois de plus , la 4e de couv' balance allègrement les ¾ du récit ! Pénible , limite énervant ! Ça commençait mal...Contrairement à Michael qui , du haut de ses 15 ans , rencontrait Hanna , de 20 ans son ainée – cougar avant l'heure - et par la même , l'amour . Leurs rendez-vous prendront tres rapidement la forme de rituels immuables . La lecture avant le plaisir . Hanna , étrangement , ne concevant pas l'acte avant que celui qu'elle ne cessera d'appeller «  garçon «  ne lui déclame quelques pages de grands classiques . Education sentimentale versus enseignement . Chacun semble y trouver son compte , laissant l'attachement et l'affection les lier un peu plus chaque jour jusqu'à ce qu'Hanna ne disparaisse , sans crier gare , vouant Michael au désespoir le plus total...

Un bouquin en trois actes équilibrés et intenses . de la rencontre à l'abandon , des retrouvailles au dénouement final , ce court roman se tient parfaitement en allant à l'essentiel . Ce qui m'a véritablement laissé sur le carreau , spectateur passif - voire parfois ennuyé - d'un récit initiateur de réflexions incontournables , c'est cette narration descriptive et distanciée de l'auteur . Hermétisme le plus complet au style Schlink . Un récit pourtant narré à la premiere personne mais qui ne m'a jamais permis d'adhérer , d'intégrer , de m'enthousiasmer plus que de raison ! Des faits cliniques manquant profondément de chaleur , de sentiments tout simplement . Alors , bien sur , difficile dans cette Allemagne d'apres-guerre , de demander aux protagonistes d'effectuer un numéro de claquettes tout en balançant des confettis en jouant le Petit Bonhomme en Mousse au gazou mais quand meme...
Bon , le style de l'auteur est affaire de bon goût et je suis tres , tres loin d'en avoir le monopole . Par contre , si la narration émeut peu , les multiples questionnements suscités font mouche ! Quid du degré de responsabilité de l'éxécutante tortionnaire zélée , aussi aveugle et inculte soit-elle . Peut-on se relever , se reconstruire suite à une histoire d'amour qui vous a marqué au fer rouge ? Est-on à meme de comprendre , de pardonner quelqu'un jugé et condamné pour avoir perpétré les pires horreurs qui soient et ce , sans éprouver ce sentiment de honte prédominant d'avoir indirectement participé à tout cela ? Par ricochet , difficile d'appréhender , d'assumer ce que firent nos parents , nos ainés durant cette sale guerre sans en devenir les témoins dépositaires taraudés par la légitimité des exactions commises au nom du sacro saint National Socialisme . Et que dire de l'opprobe concernant Hanna ? de ce terrible secret qui aura gouverné toute sa vie , orienté malheureusement tous ses choix , la poussant meme au sacrifice supreme en la forçant à endosser des faits qu'elle n'engendra jamais ...Plutot mourir que se dévoiler ! L'abnégation supreme plutot que la déshonorante confession ! Glaçant...
Au final , des themes forts portés par une écriture qui l'est beaucoup moins...

The Reader , digeste !
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"Le liseur" n'est pas exactement un livre sur la deuxième guerre mondiale du côté allemand, mais plus une réflexion sur la justice, la culpabilité et la difficulté d'une réparation. C'est aussi le récit d'une singulière initiation amoureuse, et des répercussions de ce premier amour sur la vie entière de Michaël, le narrateur de cette histoire.

Les atrocités de la guerre servent d'amplificateur à Bernhard Schlink pour montrer, à travers l'histoire d'Hanna, que privilégier un accommodement personnel au détriment de l'intérêt collectif peut avoir des conséquences désastreuses pour les autres, comme pour soi-même. Pour ne pas dévoiler un secret dont elle a honte, Hanna fera des choix qui l'amèneront non seulement à participer aux crimes nazis en tant que surveillante d'un camp de concentration, mais aussi, plus tard, lors de son procès, à être condamnée bien plus lourdement que ses coaccusées.

Au camp, Hanna entretenait des relations avec certaines détenues qui devenaient temporairement ses "protégées", selon un rituel précis qui comprenait notamment des séances de lecture. Ce schéma n'est pas sans rappeler l'éprouvant film "Portier de nuit", dans la fascination qu'exerce le surveillant du camp sur la jeune déportée. Une emprise qu'Hanna reproduira d'une certaine façon pendant l'après-guerre, par les rituels de sa relation avec le jeune Michaël, alors âgé de quinze ans, qui ignore tout de son passé.

Michaël sera à jamais marqué par Hanna. Pendant ses études, il assistera, passif, à son procès ; ce n'est que plus tard qu'il cherchera à la comprendre. le souvenir obsédant de son premier amour le poussera ainsi à reprendre contact avec Hanna en prison, pour entreprendre, à sa manière, un multiple et délicat travail de réparation.

Ce récit juste et distancié, sans effet ostentatoire, m'a considérablement émue. Une émotion retrouvée dans la fidèle adaptation cinématographique avec Ralph Fiennes dans le rôle de Michaël adulte, et Kate Winslet dans celui d'Hanna.
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Tout d'abord, débarrassons-nous du coup de gueule contre Gallimard qui dévoile tout le récit dans sa 4ème de couv. Pas de bol, moi qui ne la lis jamais, mes yeux s'y sont exceptionnellement attardés et mal m'en a pris. Il m'est toujours pénible de commencer une lecture déflorée par l'éditeur qui pense sans doute que l'oeuvre doit être considérée moins pour son contenu que pour sa valeur littéraire, dans le style "peu importe de quoi parle ce roman, c'est le style qui compte, voyons".

Parlons tout de même de ce roman qui mérite d'être découvert. Si je n'ai pas été aussi transcendée que les nombreux avis élogieux lus pouvaient me le faire penser, j'ai néanmoins apprécié ce récit bien construit et émouvant. Et si je n'étais pas à deux doigts de faire une overdose de "nazis et Shoah", je l'aurais sans doute encore davantage apprécié, seulement il semblerait que les écrivains ne se lasseront jamais d'écrire sur les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale. Passe encore quand il s'agit de témoignages tels que ceux d'Irène Némirovsky, d'Imre Kertész ou de Hans Fallada, sans même parler d'Anne Frank ou de Primo Levi, mais quand il s'agit de pures fictions, je suis quand même un peu plus méfiante et dubitative. Avec "Le liseur", roman partiellement autobiographique, on est en quelque sorte au milieu du gué.

Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture de Bernhard Schlink particulièrement attachante, je reconnais que l'émotion passe bien et que le rythme, servi par des chapitres courts, est bon. J'ai également apprécié la pudeur qui régit la description des camps de concentration ; il n'en fait pas trop et nous épargne l'énumération trop connue des horribles conditions de vie et de mort dans ces lieux abjects, honte éternelle de l'espère dite "humaine". Cette retenue permet d'évoquer sans montrer et donne vraiment toute son intensité au récit.

Un roman personnel et sensible qui porte le lecteur à réfléchir et à s'interroger, à l'instar de Jean-Jacques Goldman dans sa chanson "Né en 17 à Leidenstadt" : "Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été allemand ?"


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J'ai beaucoup aimé l'histoire car cette époque me fascine toujours autant et j'avais lu peu de romans jusqu'ici sur la période située juste après la deuxième guerre mondiale, côté allemand.

Michaël, cet adolescent qui découvre ses premiers émois dans les bras d'une femme plus âgée, dont il ne sait rien en fait, est un héros plutôt sympathique, ainsi que les rituels instaurés dans cette relation : il lui fait la lecture à haute voix avant de passer aux ébats amoureux. Elle lui apprend tout en ce qui concerne la sensualité, mais il ne sait rien de son histoire.

En la retrouvant sur le banc des accusées, quelques années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, il comprend ce qu'elle a fait pendant la guerre. Néanmoins, il lui restera fidèle malgré tout, et essaiera toujours de comprendre en jugeant le moins possible et en suivant son parcours lors de l'incarcération. A propos du crime, il dit :

« Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension. » P 177

Il a compris aussi qu'elle préfère porter la responsabilité plutôt que d'avouer qu'elle ne sait pas lire. Nous avons chacun notre dignité…

Bernhard Schlink aborde aussi dans ce roman le thème de la génération suivante : peut-on juger ses propres parents en ce qui concerne leur attitude, leur passivité devant les crimes du 3e Reich et qu'en est-il de la honte ? Peut-on avoir honte et juger en même temps ?

« Ces distances prises par rapport aux parents, n'était-ce qu'une rhétorique, un bruit, un brouillage, cherchant à dissimuler que l'amour pour les parents avait irrémédiablement entraîné une complicité dans leurs crimes ? » P 191

J'ai aimé l'idée que la lecture à haute voix, avec tous ces romans qu'il enregistre sur cassettes, pour les partager avec elle, puisse l'amener à apprendre à lire et écrire. le lecteur vu sous l'angle du passeur en quelque sorte. Je retiens, surtout, la puissance de la lecture, de l'instruction aussi afin de pouvoir réfléchir, avoir un libre arbitre pour ne pas suivre aveuglément une idéologie barbare et prendre sa vie en mains au lieu de la subir…

J'ai pris mon temps pour entamer cette lecture, alors que j'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis longtemps, mais je pense qu'il y a un moment où on est prêt pour rencontrer un livre ou un auteur et qu'il faut suivre cette intuition.

J'ai trouvé un seul bémol à ce roman : l'écriture est assez froide, parfois même chirurgicale, ce qui m'a un peu désarmée, mais l'auteur l'a voulu ainsi, peut-être par pudeur, ou par respect pour l'autre. En tout cas, ce qui lie ces deux êtres est fascinant et conditionne leur avenir à tous les deux.

Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cet hommage que Bernhard Schlink rend à l'amour et à la littérature et c'est ce que je retiendrai de ce roman qui soulève de nombreuses réflexions chez le lecteur…

Je n'ai pas vu le film, est-il fidèle au roman?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Citations et extraits (282) Voir plus Ajouter une citation
J'ai pas lu toutes vos critiques les gens, mais la plupart parlent de "premiers émois" et d'amour. Mais c'est de la prédation sexuelle d'une adulte sur un enfant. Le protagoniste est sous le joug de cette personne et c'est carrément malsain. La directrice de la prison le fait remarqué à Mickael à la fin du roman. Il est complètement dans le déni.

Y'a plein d'autres sujet intéressants dans ce bouquin, notamment l'analphabétisation qui est la source des problèmes. La banalisation de la mort, la justice, le repenti,...
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[...] ... Quelquefois, Hanna remporta une sorte de succès. Je me rappelle son interrogatoire sur les sélections dans le camp. Les autres accusées nièrent avoir jamais rien eu à voir avec cela. Hanna reconnut si facilement y avoir participé, non pas seule, mais comme les autres et avec elles, que le président jugea bon d'insister.

- "Comment se déroulaient les sélections ?"

Hanna expliqua que les surveillantes s'étaient mises d'accord pour retirer dix déportées de chacun des six groupes de même effectif dont elles avaient la responsabilité, soit en tout soixante déportées, mais que, l'état sanitaire pouvant être très différent d'un groupe à l'autre, c'est finalement en commun qu'elles décidaient qui serait renvoyé. [= à Auschwitz et à la mort.]

- "Aucune d'entre vous n'a refusé de procéder ainsi, vous avez toutes agi en plein accord ?

- Oui.

- Vous ne saviez pas que vous envoyiez ces détenues à la mort ?

- Si, mais les nouvelles détenues arrivaient, et il fallait que des anciennes leur laissent la place.

- Donc, pour faire de la place, vous avez dit : toi, toi et toi, vous allez être renvoyées et mises à mort ?"

Hanna ne comprit pas ce que le président voulait lui demander.

- "J'ai ... Je veux dire ... Qu'est-ce que vous auriez fait ?"

Il y eut un moment de silence. Il n'est pas d'usage, dans la procédure en vigueur en Allemagne, que des accusés posent des questions aux juges. Mais voilà, la question avait été posée, et tout le monde attendait la réponse du président. Il était obligé de répondre, il ne pouvait éluder la question ni la balayer d'une remarque acerbe ou en posant lui-même une question en contre-feu ; c'était évident pour tout le monde, y compris pour lui, et je compris pourquoi il avait choisi ce truc de prendre l'air irrité. Il en avait fait un masque, derrière lequel il pouvait se donner un peu de temps pour trouver la réponse. Mais pas trop de temps : plus il attendait, plus la tension montait ; et plus la réponse devrait être bonne.

- "Il est des choses dans lesquelles on n'a tout simplement pas le droit de tremper et qu'il faut fuir, si cela ne vous coûte pas la vie."

Cela aurait peut-être suffi s'il avait dit la même chose, mais en parlant d'Hanna, ou encore de lui-même. Parler de ce que l'on doit et ne doit pas, et de ce que cela coûte, cela ne répondait pas au sérieux de la question qu'avait posée Hanna. Elle avait voulu savoir ce que, dans sa situation, elle aurait dû faire, et non s'entendre dire qu'il y a des choses qu'on ne fait pas. La réponse du juge était désemparée et pitoyable. Tout le monde le sentit. On réagit avec un soupir de déception, et l'on eut un regard étonné pour Hanna, qui avait en quelque sorte gagné cet échange. Mais elle restait plongée dans ses pensées.

- "Donc j'aurais ... Je n'aurais pas ... Je n'aurais pas dû, chez Siemens, aller m'engager ?"

Ce n'était pas une question adressée au juge. Elle parlait pour elle-même, se posait à elle-même la question, en hésitant, parce qu'elle ne se l'était jamais posée, qu'elle doutait que ce fût la bonne question, et qu'elle en ignorait la réponse. ... [...]
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A quinze ans, j'ai eu la jaunisse. La maladie débuta en automne et se termina au printemps. Plus l'année finissante devenait froide et sombre, plus j'étais faible. C'est seulement avec l'année nouvelle que je remontai la pente. Janvier fut tiède, et ma mère installa mon lit sur le balcon. Je voyais le ciel, le soleil, les nuages, et j'entendais les enfants jouer dans la cour. Par un début de soirée de février, j'entendis chanter un merle.
Ma première sortie, de la rue des Fleurs où nous habitions au deuxième étage d'un gros immeuble datant du début du siècle, fut pour aller dans la rue de la Gare. C'est là qu'un matin d'octobre, en rentrant du lycée, j'avais été pris de vomissements. Cela faisait plusieurs jours que je me sentais faible, plus faible que je ne l'avais jamais été encore de ma vie. Chaque pas me coûtait. Quand je montais des escaliers, à la maison ou au lycée, mes jambes me portaient à peine. Je n'arrivais pas non plus à manger. Même lorsque je me mettais à table en ayant faim, les aliments me dégoûtaient tout de suite. Le matin, je me réveillais la bouche sèche, avec l'impression que dans mon ventre les organes pesaient et n'étaient pas à leur place. J'avais honte d'être aussi faible. J'eus encore plus honte de vomir. Cela ne m'était encore jamais arrivé non plus. Ma bouche se remplit, j'essayai d'avaler, je serrai les lèvres et plaquai ma main sur ma bouche, mais ça jaillit et passa entre mes doigts. Alors, prenant appui sur le mur d'un immeuble, je regardai le vomi à mes pieds, en rendant des glaires liquides. La femme qui vint à mon aide le fit presque brutalement. Elle me prit par le bras et m'emmena, par une entrée sombre, dans une cour intérieure. En hauteur, d'une fenêtre à l'autre, du linge pendait à des cordes. Des piles de bois étaient entreposées dans la cour ; par la porte béante d'un atelier, une scie hurlait et des copeaux volaient. Près de la porte par laquelle nous étions passés, il y avait un robinet. La femme l'ouvrit, rinça d'abord ma main, puis prenant l'eau dans le creux de ses mains, m'aspergea la figure. Je m'essuyai avec mon mouchoir. "Prends l'autre!" Deux seaux étaient posés près du robinet, elle en prit un et le remplit. Je pris et remplis l'autre, et je traversai l'entrée derrière elle. D'un grand geste, elle jeta l'eau sur le trottoir, le flot entraîna le vomi dans le caniveau. Elle me prit des mains l'autre seau et acheva de rincer le trottoir à grand eau.
Elle se redressa et vit que je pleurais. "Garçon, dit-elle tout étonnée, garçon!". J'étais à peine plus grand qu'elle, je sentis ses seins contre ma poitrine, sentis ma mauvaise haleine et l'odeur de sa sueur fraîche, et je ne sus que faire de mes bras. Je cessais de pleurer.
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Je n'ai pas manqué un seul jour du procès. Les autres étudiants s'en étonnaient. [...]
Une seule fois, Hanna regarda vers le public et vers moi. [...]
Parfois son chignon serré laissait échapper des mèches qui venaient boucler sur le cou et flottaient dans un déplacement d'air. Parfois, Hanna portait une robe assez décolletée pour qu'on voie le grain de beauté qu'elle avait en haut de l'épaule gauche. Je me rappelais alors que j'avais soufflé sur cette épaule pour en écarter les cheveux, que j'avais embrassé ce cou et grain de beauté. Mais ce souvenir, je ne faisais que l'enregistrer, je ne ressentais rien.
Tout au long des semaines que dura le procès, je ne ressentis rien : ma sensibilité était comme anesthésiée.
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Je voulais à la fois comprendre et condamner le crime d'Hanna. Mais il était trop horrible pour cela. Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension (...) Je voulais assumer les deux, la compréhension et la condamnation. Mais les deux ensemble, cela n'allait pas.
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La petite-fille de Bernhard Schlink et Bernard Lortholary aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/la-petite-fille.html • le liseur de Bernhard Schlink, Bernard Lortholary aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/le-liseur.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsgallimard #editionsfolio
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