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Critique de cecilestmartin


Voilà un livre que je recommanderais à mes amis ! J'ai tout aimé : l'histoire d'amour, l'histoire dans l'Histoire, les questions posées, le difficile arbitrage que doit faire Michaël, le narrateur, son introspection, l'absence de manichéisme. Ici, il n'y a ni gentil, ni méchant : juste des êtres humains.
Le sujet du roman en quelques mots. En Allemagne, Michaël, 15 ans, entretient une relation amoureuse avec Hanna, de vingt ans son aînée. Chaque jour, il la rejoint et découvre avec elle les jeux amoureux, avec de véritables rituels autour du bain et de la lecture. L'adolescent, en effet, lit à voix haute pour Hanna les grands classiques.
Au bout de quelques mois, Hanna disparaît sans laisser de traces. Michaël la reconnaitra bien plus tard, alors qu'il fait des études de droit, dans le banc des accusés, lors d'un de ces nombreux procès d'après-guerre.
Certains souvenirs de cette relation, dont on comprend qu'elle déterminera toute sa vie affective d'adulte, vont éclairer Michaël sur le comportement d'Hanna durant le procès et la nature de ce qu'elle tait. Si rapidement il comprend quel secret a toujours caché Hanna, il doit décider de le dévoiler ou pas, c'est-à-dire faire des choix pour elle (ou contre elle, pour son bien).
Les personnages ont une réelle densité, la complexité de leurs sentiments, interrogations, choix est très bien restituée. Nous sommes pris dans le cheminement du narrateur, dans ses doutes ; ses questions deviennent les nôtres : peut-on aimer quelqu'un qui a commis des actes graves ? Peut-on juger isolément quand le crime revêt une dimension collective ? Comment préserver l'autre et doit-on le faire au mépris de ses choix ? Quelle parole et quelle légitimité portent le droit et la justice après-coup ? Etc.
Je me suis demandée si Bernhard Schlink avait prénommé son héroïne Hanna, en référence à Hannah Arendt et à ses travaux sur la banalité du mal. En effet, durant son procès, il n'est nullement question d'idéologie, de convictions ou d'antisémitisme. Hanna est une femme simple qui, à un moment de son parcours, a opéré un choix : celui qui semblait le mieux la protéger elle et son secret, même si cela passait par l'engagement dans les SS. Nous sommes loin de la représentation que l'on peut se faire d'une gardienne de camp… Se dégage de fait une profonde humanité, avec ce que cela peut recéler de sombre, et qui vient tout droit interroger le lecteur sur sa capacité à résister, à refuser, à choisir dans des circonstances similaires la voie la moins pire.
Je ne peux finir cette critique sans évoquer un des acteurs centraux du roman : le livre, ou plus précisément la place de la lecture, de l'accès à la culture si fondamental pour davantage comprendre le monde, sortir de l'obscurantisme, élaborer une conscience . La relation de Michaël et Hanna est fondée sur un échange : elle lui fait découvrir les sentiers des émois amoureux et de la volupté ; lui, la fait accéder au plaisir de la lecture, de la poésie, de la belle littérature, de la rencontre avec des personnages, des histoires, etc.
Ce roman est un chef d'oeuvre !



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