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EAN : 9782226188618
320 pages
Albin Michel (03/11/2008)
  Existe en édition audio
3.9/5   1298 notes
Résumé :
« Je m'appelle Saad Saad, ce qui signifie en arabe Espoir Espoir et en anglais Triste Triste. »

Saad veut quitter Bagdad, son chaos, pour gagner l'Europe, la liberté, un avenir.

Mais comment franchir les frontières sans un dinar en poche ? Comment, tel Ulysse, affronter les tempêtes, survivre aux naufrages, échapper aux trafiquants d'opium, ignorer le chant des sirènes devenues rockeuses, se soustraire à la cruauté d'un geôlier cyclopé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (154) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 1298 notes
Le roman se passe en Irak après le régime de Sadam Hussein.
Le héros principal du livre, Saad est un jeune Irakien qui ne peut plus rester dans son pays en ruines, dévasté par la guerre et appauvri par l'embargo.
Il voit mourir ses proches les uns après les autres et décide de rejoindre l'Angleterre.
L'auteur effectue des rapprochements entre le voyage d'Ulysse et celui de Saad qui, au contraire d'Ulysse, ne rentre pas chez lui mais cherche un endroit où se sentir chez lui.
Bien qu'écrit en 2008, le roman est d'une triste actualité pour ce qui est de l'immigration.
Eric-Emmanuel Schmitt donne la parole au jeune héros. Il lui fait tenir des propos très sévères envers les Européens. Les données ont beaucoup changé depuis la montée du radicalisme musulman envers qui nous pourrions nous montrer tout aussi sévères.
Le père de notre jeune héros est un ancien libraire qui détenait des ouvrages interdits comme dans tout régime totalitaire. Ses paroles peuvent être dramatiques, criantes de vérité ou parfois teintées d'un humour amené par la distance qu'il prend envers les évènements.
Les réflexions de Saad quand il arrive sur le territoire européen nous montrent les travers du système où les humains n'ont pas les mêmes droits, les mêmes chances.
Depuis, on a écrit beaucoup sur le sujet mais j'ai trouvé intéressant de le lire à nouveau.
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Ulysse from Bagdad, raconte le voyage de Saad, un jeune Bagdadi fuyant la dictature de Saddam Hussein. Alors que Saad était promis à un avenir brillant, sa vie bascule dans l'horreur : avec la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la seconde guerre du Golfe (1990-1991) sanctionnée par le blocus américain sur le pays, Saad voit mourir ses proches les uns après les autres. Saad qui signifie "triste" ou "espoir" selon si l'on retient la traduction anglaise ou arabe, décide de braver tous les obstacles pour aller s'installer à Londres. Il espère y trouver un asile où il pourra travailler pour subvenir aux besoins de sa famille restée en Irak. Apprenti terroriste, puis transporteur d'antiquités à Bagdad, gigolo de fortune au Caire, fiancé en Sicile, accueilli en France par les partisans du combat pour les sans-papiers, Saad poursuit sans relâche un rêve qui ne cessera de l'obséder. A travers cet exil, il cherche un sens à sa vie, lui qui désormais n'est plus qu'un clandestin. Aidé durant son périple par les apparitions de son père, Saad mène un combat dont l'issue ne dépendra que de lui. de tout ce qui constitue le quotidien des clandestins : la faim, la pauvreté, les interrogatoires, les passages à tabac, l'humiliation, le racisme, rien n'est épargné au jeune homme. Pourtant la réponse à ses souffrances, se trouve en lui. Il n'appartient qu'à lui de choisir sa destinée : celle d'un Saad triste ou celle d'un Saad, qui symboliserait l'espoir...

Calquant son histoire sur certains épisodes de l'Odyssée d'Ulysse, Eric-Emmanuel Schmitt soulève au délà du thème des clandestins et de la guerre en Irak, la question de l'identité : si ce roman peut sembler banal au premier abord, j'ai trouvé qu'il abordait avec finesse, un sujet bien plus universel que ce qu'il n'y parait. Ainsi "L'homme lutte contre la peur mais, contrairement à ce qu'on répète toujours, cette peur n'est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l'éprouve pas, certains n'ayant aucune imagination, d'autres se croyant immortels, d'autres encore espérant des rencontres merveilleuses après leur trépas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensées, c'est la peur de n'être rien. p.231 A mon sens, cette fuite, cet exil de Saad n'est que le décor nécessaire à Schmitt pour questionner son lecteur car finalement, peu importe les épreuves affrontées par le héros. Peut-être que je me trompe sur le sens donné à ce roman mais il me plait de penser que Schmitt souhaitait avant tout contextualiser sa réflexion. Il n'y a qu'à suivre les dialogues entre le fils et le père (que j'ai lus avec grand plaisir). Bien sûr, on aime ou on aime pas et l'écriture de Schmitt toujours empreinte de moralisme et de philosophie, peut agacer. Mais pour ma part, j'ai été touchée par ce roman qui a bien plus à donner que ce que l'on peut croire. J'ai trouvé le parallélisme avec les aventures d'Ulysse bien choisi et cela m'a donné envie de découvrir l'Illiade et l'Odyssée d'Homère. Peut-être est-ce un bon raccourci pour ceux qui n'aiment pas Schmitt ? Moi, ce livre m'a plu.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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" Je fus accueilli comme une merveille " .
Quatre filles sont nées avant " l'éclosion d'un petit soleil " :
Saad !
Très vite , il est adoré par ses parents , par ses soeurs .
Rien n'est trop beau pour lui .
Grâce à son père , bibliothécaire au lycée , notre bonhomme s'instruit , s'émerveille devant la littérature anglaise et spécialement celle d'Agatha Christie .
Assez jeune , il rencontre même la femme de sa vie .
" La vita è bella " quand on est insouciant et sans problème d'argent .

Son entrée à l'université lui ouvre cruellement les yeux : l'homme est un loup pour l'homme . En Irak , le chef de la meute s'appelle Saddam Hussein . Par sa mégalomanie et son despotisme , il va anéantir son pays , affamer la population , emprisonner tout opposant à son régime .
Il faut reconnaître que la Coalition Internationale menée par les Etats-Unis a achevé , à petit feu , le peuple par son embargo pendant plus de dix ans .

Et notre astre , Saad , perd ses repères , sa raison de vivre devant tous les malheurs qui l'accablent , lui , les siens , ses amis , ses voisins et tout l'Irak .
Son père , ses beaux-frères sont tués ; la pénurie d'aliments et de médicaments anémie les habitants ; le travail quasi-inexistant et mal payé les afflige .

Sous la pression de sa mère et de ses soeurs , il part pour l'Angleterre -
Pas un citytrip bien sûr !
Ce garçon , gâté , aimé , lettré doit devenir un clandestin !
Il affronte tous les dangers ; rencontre d'autres migrants aussi résolus que lui ; perd même sa morale en s'associant avec la mafia pour des besognes malsaines .
Son but : L'Angleterre ! Par n'importe quel moyen .
Elle est riche socialement , économiquement et puis , elle est le pays d'Agatha Christie . Donc , elle est magique !
Que le rêve est beau !

Saad se soucie-t-il du sort réservé aux femmes et aux filles irakiennes dans un pays continuellement sous l'effet des bombes, de la politique et de la religion extrémiste ; pourtant quatrième des plus grandes réserves de pétrole de l'OPEP .

Saad sait-il que le travail devient une denrée rare , même en Europe ?

Saad ignore-t-il le sort réservé aux migrants ?
Qu'ils sont parqués comme des poules ; qu'ils vivent l'agonie ; que ce sont des numéros ; qu'ils deviennent des gogos car beaucoup profitent de leur détresse !


On a beau dire que la Terre appartient à tout le monde et qu'il faut bien naître quelque part , mais certains sont mieux lotis que d'autres .

Saad n'est-il pas au courant du sort réservé aux immigrés , après la deuxième guerre mondiale ?
Appelés pour travailler dans les mines de charbon , ils logeaient dans des taudis ; ils " crevaient dans la fosse " ; ils succombaient à cette maudite silicose ; en plus , ils étaient mal vus par les autochtones .
Je me souviens de cette éternelle réflexion de mon père , immmigré italien , avec un trémolo dans la voix et un coeur rempli de tristesse : " je ne suis personne en Belgique et encore moins en Italie ; je suis apatride ! " Il a subi une trachéotomie à la fin de sa vie , à cause de cette fichue maladie . Ne sachant pas parler , il griffonnait quelques mots et surtout : Reggio Calabria !

Saad est naïf car il croit en l'homme comme l'auteur .
Eric-Emmanuel Schmitt décrit le parcours de son héros avec humanité mais avec un réalisme qui oblige le lecteur à se poser mille questions dont : suffit-il d'avoir un toit et de la nourriture pour être heureux ?
Peut-on oublier sa patrie ?

Quelques articles m'ont aiguillée :
-Histoire de l'immigration en Belgique au regard des politiques menées ( www. vivreenbelgique .be )
-La crise des migrants en 25 questions
( multimedia.lecho.be )
-L'accaparement des terres africaines
( paysansdumonde.over-blog-com )
-Le goût amer de l'Angleterre -Gauthier de Bock
Moustique 14 juillet 2018 )
- le temps des Egarés ( film de Virginie Sauveur )

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Eric-Emmanuel Schmitt m'énerve...je lui reconnais des qualités, ses livres sont toujours très agréables à lire, mais quelque chose m'énerve, dans le ton employé, sa façon de faire dériver ses récits vers une réflexion philosophico-gentillette...bref, autant dire que de moi même je ne serai pas aller lire Ulysse from Bagdad. C'est un cadeau.

Et pourtant...je dois dire que j'ai bien aimé ce roman. Bien sûr, les défauts que je trouve à cet auteur sont toujours là. La fin du livre s'essouffle un peu, sous le coup des dialogues père-fils, ersatz d'une maïeutique dont je me serai bien passée. Pour une fois, cependant, l'évolution du personnage s'articule bien avec le thème de ce livre, la traversée des pays pour atteindre l'Angleterre, et comment ce "voyage" change un homme. La fin, en demi-teinte et assez sombre, m'a également plu parce qu'elle ne tombe pas dans la facilité d'une fin heureuse.

Le thème du livre me touche, de toute manière. C'est sans doute aussi pourquoi je l'ai aimé. Il rappelle avec justesse l'absurdité d'avoir créé des barrières, l'injustice d'un système qui rejette des hommes sans-papiers et crée de l'exclusion, la façon si inhumaine de traiter des hommes qui ne cherchent qu'à se reconstruire et échapper à l'horreur et à la misère. J'avais un peu peur de ce que pouvais en faire l'auteur, mais je dois dire que sa façon de s'inspirer de l'Odyssée pour retracer ce "voyage" est plutôt bien trouvé.

Au final, je dois donc dire que ce livre là me touche, et que je l'ai bien aimé.
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« le problème des hommes, c'est qu'ils ne savent s'entendre entre eux que ligués contre d'autres. C'est l'ennemi qui les unit. En apparence, on peut croire que le ciment joignant les membres d'un groupe, c'est une langue commune, une culture commune, une histoire commune, des valeurs partagées ; en fait, aucun liant positif n'est assez fort pour souder les hommes ; ce qui est nécessaire pour les rapprocher, c'est un ennemi commun. »

Bagdad est en feu. Les bombardements grondent de toutes parts. Attentats-suicides, coups de feu et explosifs, la ville est plongée dans le chaos. D'abord, il y eut Leila, ce grand Amour. Puis son père, sa nièce, ses beaux-frères : tous morts. Pourtant, jusque là, Saad n'avait jamais imaginé sa vie ailleurs que sous l'aile protectrice du parti Baas de Saddam Hussein, transmission d'un héritage religieux plus qu'affectif. Admiré par son peuple autant que redouté, le dictateur irakien venait de déclencher, en 90, la guerre contre le Koweït. Alors que son peuple crevait de faim, il construisait de nouveaux palais, proclamant, à coup de dictature, sa haine à l'encontre des kurdes, juifs, chiites, complices d'Israël ou amoureux de l'Amérique. Mais tout cela, c'était avant Leila. Car depuis sa mort, les choses ont changé…

« le passé n'est pas un pays qu'on laisse facilement derrière soi »

Aujourd'hui, Saad déteste le monde arabe. Il a besoin de quitter l'Irak, de s'enfuir, d'éclore ailleurs. Autre villes, autres pays. Il caresse l'idée de gagner l'Europe. D'abord se rendre au Caire, rejoindre ensuite la Lybie, traverser jusqu'à Lampedusa puis Malte et s'établir à Londres. le statut de réfugié lui est refusé. Pour l'aider à passer les frontières, on lui proposera de devenir terroriste, de rallier Al-Qaida et le mouvement islamiste. Sait-il seulement, comme migrant, le chemin qui l'attend? Comment parcourir des milliers de kilomètres sans un dinar? le monde clandestin offre un univers cimenté par la peur et la méfiance. La promesse d'une vie meilleure arrivera-t-elle à effacer en lui cette vie d'avant marquée par la guerre, les souffrances et les morts? Durant ce long périple, il sera accompagné par le fantôme de son père, avec qui il aura des conversations sur l'importance des choix que nous faisons et avec lesquels il faut accepter de vivre.

« Les hommes sont des papillons qui se prennent pour des fleurs : dès qu'ils s'installent quelque part, ils oublient qu'ils n'ont pas de racine »

« le bonheur qu'on attend gâche parfois celui qu'on vit »

À bord des bateaux chargés de clandestins, il souffrira de la soif, de la faim, de crampes à l'estomac, de douleurs insupportables. le visage hagard, épuisé, il savait pourtant qu'il confiait sa vie à une fragile embarcation. Qu'en mer, quand la tempête se lève, les vagues ont des lames affinées qui vous avalent et vous noient. Et que peu survivent au naufrage… Mais Saad était prêt à tout pour oublier cette vie d'avant. Car en plus de la mer, il vivra la peur des gardes-côtes, la terreur des centres de détention et les interrogatoires sans fin. Il fuira la mafia d'Italie, les barbelés, les gens douteux et les assassins. Saad a envie de liberté autant qu'il a besoin de refaire sa vie. Ailleurs…

« -D'où es-tu?
-Je ne m'en souviens plus, Vittoria.
-Bien sûr… tu me le diras plus tard. Comment t'appelles-tu?
-Je ne m'en souviens plus. Comment veux-tu m'appeler?
-Puisque je t'ai trouvé nu sur la plage, telle Nausicaa découvrant Ulysse nu entre les roseaux, je t'appellerai Ulysse. »

Tel Ulysse, Saad est un héros. Il a choisi la vie à la mort, la liberté aux chaînes de la dictature.

« J'aimerais que tu t'épanches, Ulysse, que tu me fasses confiance, que tu me décrives ton passé.
-Qu'est-ce que ça changerait?
-Ça me permettrait de t'aimer mieux.
-Ta façon actuelle me convient.
-Ça prouverait que tu m'aimes. »

Éric-Emmanuel Schmitt arrive une fois de plus à me secouer les tripes. Cet homme, de loin l'un de mes auteurs favoris, est un vrai génie. Un génie de sensibilité face aux souffrances humaines et aux couleurs de l'âme. Il arrive à analyser le contexte historique et les enjeux dans lesquels ses personnages s'inscrivent pour nous faire vivre, de près, tantôt leurs blessures, tantôt leurs défis. Son univers romanesque est habité par la générosité et l'entraide. Dans Ulysse from Bagdad, donnant vie à Ulysse à travers le personnage de Saad, il questionne le sens du mot liberté et du sentiment d'appartenance. Être libre, mais a quel prix? Avec et contre qui? On a beau fuir son pays, ce qu'on trouve au bout du chemin n'est pas forcément le rêve qu'on souhaitait. Si l'homme était resté nomade, aujourd'hui, y aurait-il autant de frontières? Une chose est certaine, le rêve est le moteur de la vie. Et cette lecture s'inscrit parfaitement dans la crise actuelle des migrants en Syrie.

« Ériger des frontières, est-ce la seule manière pour les hommes de vivre ensemble? »

Merci à vous M. Schmitt, votre plume est magnifique et vos mots trouvent écho en moi…


Petit encart pour mentionner les romans d'Éric-Emmanuel Schmitt que j'ai adoré, comme je n'aurai peut-être jamais l'occasion de faire des billets sur ces lectures. Mes plus gros coups de coeur vont à ses romans du Cycle de l'invisible : Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, Oscar et la Dame rose et L'enfant de Noé. Sans oublier tous les autres : Lorsque j'étais une oeuvre d'art, Milarepa, le Sumo qui ne pouvait pas grossir, La Part de l'autre, Ma vie avec Mozart et d'autres encore.

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Ces dernières siècles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontières. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontière avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion.
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‘’Le plus difficile dans une discussion n’est pas de défendre une opinion mais d’en avoir une.’’
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Grâce à leurs intellectuels, Les Européens peuvent vivre à l'aise dans un monde double : ils parlent de paix et ils font la guerre, ils créent la rationalité et tuent à tour de bras, ils inventent les Droits de l'Homme et ils totalisent le plus grand nombre de vols, d'annexions, de massacres de toute l'histoire humaine. Drôle de peuple, les Européens, l'ami, drôle de peuple, un peuple dont la tête ne communique pas avec les mains.
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Les hommes tentent, pour oublier le vide, de se donner de la consistance, de croire qu'ils appartiennent pour des raisons profondes, immuables, à une langue, une nation, une région, une race, une morale, une histoire, une idéologie, une religion.
Or, malgré ces maquillages, chaque fois que l'homme s'analyse, ou chaque fois qu'un clandestin s'approche de lui, les illusions s'effacent, il aperçoit le vide: il aurait pu ne pas être ainsi, ne pas être italien, ne pas être chrétien, ne pas...
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Le chauffeur entama une discussion avec les douaniers. Ceux-ci demandèrent qu’on leur montrât le contenu de la camionnette.
Le chauffeur entrouvrit les portes.
― Vous voyez, rien que des biscuits.
Il referma lorsqu’une voix l’arrêta.
― Attends. Laisse-moi regarder un peu.
En poussant un soupir de lassitude, le chauffeur rouvrit plus large les portes. Nous reçûmes l’air frais de la nuit. Personne ne bougea.
―Putain, ils puent tes biscuits !
― De toutes façons, ce n’est pas à toi que je veux les vendre, rétorqua le chauffeur. Par contre, je voulais t’en offrir.
― Ah non, ils empestent. Qu’est ce qu’il y a d’autres dans ton camion ?
― Ah peut-être qu’il y a une charogne au fond du camion, j’au dû charger un peu vite parce que j’étais pressé. Oui, c’est possible qu’il y ait un rat mort là-bas au fond.
― Un rat mort ? Une colonie de rats morts tu veux dire. Enlève-moi ces boîtes que je jette un œil.
― Ecoute, je suis en retard. Mon patron va me tuer si je ne livre pas à temps.
― Enlève ces boîtes.
― Non.
― Tu refuses ?
― Oui, je vais perdre mon travail.
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